拍品專文
Cette commode en acajou, aux lignes épurées ponctuée d’élégants bronzes dorés, fut réalisée par le célèbre ébéniste Jean-François Oeben. Elle fait partie d’un remarquable groupe de commodes “à la grecque” probablement livré à Madame de Pompadour vers 1761.
LES COMMODES ‘A LA GRECQUE’ DE MADAME DE POMPADOUR
Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour (1721-1764), maîtresse, amie et conseillère du roi Louis XV, eut un rôle prédominant dans l’évolution du goût en France au milieu du XVIIIe siècle. Appuyée par son frère le marquis de Marigny qui fut nommé directeur des Bâtiments du Roi en 1751, celle-ci imposa à la cour le style “à la grecque”, première expression du néoclassicisme dans les arts décoratifs français au XVIIIe siècle. C’est à l’ébéniste Jean-François Oeben, auteur de cette commode, que Madame de Pompadour commanda ses plus luxueuses et audacieuses commandes.
L’inventaire après décès de Madame de Pompadour signale dix-sept commodes “à la grecque”. Douze sont en acajou à Ménars, dont l’estimation varie entre 180, 200 et 240 livres, et étaient destinées aux chambres d’invités. Dans sa chambre, Madame de Pompadour en possède une version plus riche en bois satiné et ornementation de bronze doré, estimée à 400 livres. Une version moins luxueuse, toujours en bois satiné, estimée à 240 livres se trouve dans son appartement au château de Versailles. Une commode du modèle simple de Ménars en acajou meubla également sa chambre du château d’Auvilliers.
Alexandre Pradère explique que l’expression commode “à la grecque” renvoie au type de commode rectangulaire à décrochement central et vantaux sur les côtés correspondant au présent modèle. La formule est mise au point par Jean-François Oeben, le ressaut central justifié par le mécanisme de verrouillage de la commode en un seul tour de clé (A. Pradère, Madame de Pompadour et le goût grec, 1989, p. 109).
En 1763, l’inventaire après décès d’Oeben fait mention, parmi les ouvrages restant à livrer à la marquise pour le château de Ménars et d’Auvilliers, deux commodes en acajou à vantaux : “deux corps de commode de bois de bois d’acajou massif, […] garnis chacun de trois tiroirs dans le milieu deux petites portes sur le côté, prisés ensemble 220 livres” (inventaire de Jean-François Oeben, NAAF, t. XV, Paris, 1899, p. 365).
Sept commodes de ce modèle par Jean-François Oeben, dont la présente, sont aujourd’hui connues. Cette série très probablement livrée à madame de Pompadour pour son château de Ménars offre une grande homogénéité tant dans la forme que dans la qualité de l’acajou utilisé : vente Paris, palais Galliera, 22 novembre 1982, lot 144 ; vente Cheverny, 23 juin 1990, lot 416 ; vente Paris, 4 novembre 1995, une paire ; vente Versailles, 30 novembre 1997, lot 120 ; et la commode de la collection Lagerfeld, vente Christie’s Monaco, 28 avril 2000, lot 78.
LE CHATEAU DE MENARS
Le château de Ménars fut édifié par Guillaume Charron, conseiller et trésorier général du roi Louis XV, au milieu du XVIIe siècle. Le domaine fut vendu en 1760 à la marquise de Pompadour qui y entreprit immédiatement des travaux d'aménagement très importants, en y ajoutant notamment deux ailes par l’architecte Ange-Jacques Gabriel. A partir de 1764, le frère de la marquise, le marquis de Marigny, hérita du domaine et continua l'œuvre entreprise. Un contemporain écrivait: “Il faudrait un volume pour décrire les richesses en tout genre de cette demeure enchantée. Nous mîmes quatre heures à parcourir les seuls appartements. Les morceaux des plus grands maîtres en peinture, sculptures de marbre et de bronze, les vases antiques, les livres rares, les agates, les porphyres, les porcelaines, tout est rassemblé....” (lettre de Grignon Vandebergh du 13 juillet 1773, in A. Hallays, « Journal des Débats », 26 avril 1907).
This elegant commode, with its refined lines adorned with discreet ormolu mounts, was executed by the celebrated ébéniste Jean-François Oeben.
THE COMMODES ‘A LA GRECQUE’ OF MADAME DE POMPADOUR
Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour (1721-1764), was the mistress and trusted friend of Louis XV, as well as a tastemaker playing an instrumental role in the evolution of taste in the mid-18th Century France. Supported by the marquis de Marigny, her brother and Directeur des Bâtiments du roi from 1751, Madame de Pompadour popularised the style ‘à la grecque’ at Court, as it became the nascent expression of neoclassicisim in 18th Century decorative arts.
As befits a tastemaker, the marquise commissioned the most ambitious and sumptuous commodes from the ébéniste Jean-François Oeben. In the inventory drawn up following her death in 1764, no less than seventeen commodes ‘à la grecque’ are recorded. Twelve of those - estimated between 180, 200 and 240 livres each - were executed in mahogany to furnish the guestrooms at the château de Ménars. A richer version of the latter commode, executed in bois satiné with gilt-bronze mounts, estimated at a cost of 400 livres, adorned the bedchamber of the marquise, whilst two simpler versions, in bois satiné and mahogany respectively, were commissioned for her appartements at Versailles and her bedchamber at the château d’Auvilliers.
Alexandre Pradère explains that the term commode ‘à la grecque’ refers to the type of rectangular commodes ‘à ressaut’, with the central breakfront panel flanked by two doors. This particular form of commode was invented by Jean-François Oeben and the breakfront used to conceal the central locking mechanism of the drawers (A. Pradère, Madame de Pompadour et le goût grec, 1989, p. 109).
The inventory taken following Oeben’s own demise in 1763 lists, amongst the works still to be supplied to the marquise for the châteaux de Ménars and Auvilliers, two mahogany ‘commodes à vantaux’: ‘deux corps de commode de bois d’acajou massif, […] garnis chacun de trois tiroirs dans le milieu deux petites portes sur le côté, prisés ensemble 220 livres’ (inventory of Jean-François Oeben, NAAF, t. XV, Paris, 1899, p. 365).
Seven commodes of the model executed by Jean-François Oeben, including the one offered here, were sold at auction. This ensemble of commodes, most certainly supplied to Madame de Pompadour for the château de Ménars, reveals a certain consistency both in terms of the general form and the quality of the mahogany veneers used: amongst these one was sold Paris, Palais Galliera, 22 November 1982, lot 144 ; a further example sold Cheverny, 23 June 1990, lot 416 ; a pair sold Paris, 4 November 1995 ; another commode sold Versailles, 30 November 1997, lot 120 ; and the commode sold from the Lagerfeld Collection, Christie’s Monaco, 28 April 2000, lot 78.
LE CHATEAU DE MENARS
The château de Ménars was built by Guillaume Charron, advisor and trésorier général to Louis XV, in the middle of the 17th century. The estate was sold in 1760 to the marquise de Pompadour who immediately commissioned extensive restoration works, including the construction of two additional wings by the architect Ange-Jacques Gabriel.
In 1764, the marquis de Marigny, brother of the marquise, inherited the estate and took over the renovation works continued. An inspired contemporary wrote : ‘Il faudrait un volume pour décrire les richesses en tout genre de cette demeure enchantée. Nous mîmes quatre heures à parcourir les seuls appartements. Les morceaux des plus grands maîtres en peinture, sculptures de marbre et de bronze, les vases antiques, les livres rares, les agates, les porphyres, les porcelaines, tout est rassemblé....’ (Grignon Vandebergh, 13 July 1773, in A. Hallays, ‘Journal des Débats’, 26 April 1907).
LES COMMODES ‘A LA GRECQUE’ DE MADAME DE POMPADOUR
Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour (1721-1764), maîtresse, amie et conseillère du roi Louis XV, eut un rôle prédominant dans l’évolution du goût en France au milieu du XVIIIe siècle. Appuyée par son frère le marquis de Marigny qui fut nommé directeur des Bâtiments du Roi en 1751, celle-ci imposa à la cour le style “à la grecque”, première expression du néoclassicisme dans les arts décoratifs français au XVIIIe siècle. C’est à l’ébéniste Jean-François Oeben, auteur de cette commode, que Madame de Pompadour commanda ses plus luxueuses et audacieuses commandes.
L’inventaire après décès de Madame de Pompadour signale dix-sept commodes “à la grecque”. Douze sont en acajou à Ménars, dont l’estimation varie entre 180, 200 et 240 livres, et étaient destinées aux chambres d’invités. Dans sa chambre, Madame de Pompadour en possède une version plus riche en bois satiné et ornementation de bronze doré, estimée à 400 livres. Une version moins luxueuse, toujours en bois satiné, estimée à 240 livres se trouve dans son appartement au château de Versailles. Une commode du modèle simple de Ménars en acajou meubla également sa chambre du château d’Auvilliers.
Alexandre Pradère explique que l’expression commode “à la grecque” renvoie au type de commode rectangulaire à décrochement central et vantaux sur les côtés correspondant au présent modèle. La formule est mise au point par Jean-François Oeben, le ressaut central justifié par le mécanisme de verrouillage de la commode en un seul tour de clé (A. Pradère, Madame de Pompadour et le goût grec, 1989, p. 109).
En 1763, l’inventaire après décès d’Oeben fait mention, parmi les ouvrages restant à livrer à la marquise pour le château de Ménars et d’Auvilliers, deux commodes en acajou à vantaux : “deux corps de commode de bois de bois d’acajou massif, […] garnis chacun de trois tiroirs dans le milieu deux petites portes sur le côté, prisés ensemble 220 livres” (inventaire de Jean-François Oeben, NAAF, t. XV, Paris, 1899, p. 365).
Sept commodes de ce modèle par Jean-François Oeben, dont la présente, sont aujourd’hui connues. Cette série très probablement livrée à madame de Pompadour pour son château de Ménars offre une grande homogénéité tant dans la forme que dans la qualité de l’acajou utilisé : vente Paris, palais Galliera, 22 novembre 1982, lot 144 ; vente Cheverny, 23 juin 1990, lot 416 ; vente Paris, 4 novembre 1995, une paire ; vente Versailles, 30 novembre 1997, lot 120 ; et la commode de la collection Lagerfeld, vente Christie’s Monaco, 28 avril 2000, lot 78.
LE CHATEAU DE MENARS
Le château de Ménars fut édifié par Guillaume Charron, conseiller et trésorier général du roi Louis XV, au milieu du XVIIe siècle. Le domaine fut vendu en 1760 à la marquise de Pompadour qui y entreprit immédiatement des travaux d'aménagement très importants, en y ajoutant notamment deux ailes par l’architecte Ange-Jacques Gabriel. A partir de 1764, le frère de la marquise, le marquis de Marigny, hérita du domaine et continua l'œuvre entreprise. Un contemporain écrivait: “Il faudrait un volume pour décrire les richesses en tout genre de cette demeure enchantée. Nous mîmes quatre heures à parcourir les seuls appartements. Les morceaux des plus grands maîtres en peinture, sculptures de marbre et de bronze, les vases antiques, les livres rares, les agates, les porphyres, les porcelaines, tout est rassemblé....” (lettre de Grignon Vandebergh du 13 juillet 1773, in A. Hallays, « Journal des Débats », 26 avril 1907).
This elegant commode, with its refined lines adorned with discreet ormolu mounts, was executed by the celebrated ébéniste Jean-François Oeben.
THE COMMODES ‘A LA GRECQUE’ OF MADAME DE POMPADOUR
Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour (1721-1764), was the mistress and trusted friend of Louis XV, as well as a tastemaker playing an instrumental role in the evolution of taste in the mid-18th Century France. Supported by the marquis de Marigny, her brother and Directeur des Bâtiments du roi from 1751, Madame de Pompadour popularised the style ‘à la grecque’ at Court, as it became the nascent expression of neoclassicisim in 18th Century decorative arts.
As befits a tastemaker, the marquise commissioned the most ambitious and sumptuous commodes from the ébéniste Jean-François Oeben. In the inventory drawn up following her death in 1764, no less than seventeen commodes ‘à la grecque’ are recorded. Twelve of those - estimated between 180, 200 and 240 livres each - were executed in mahogany to furnish the guestrooms at the château de Ménars. A richer version of the latter commode, executed in bois satiné with gilt-bronze mounts, estimated at a cost of 400 livres, adorned the bedchamber of the marquise, whilst two simpler versions, in bois satiné and mahogany respectively, were commissioned for her appartements at Versailles and her bedchamber at the château d’Auvilliers.
Alexandre Pradère explains that the term commode ‘à la grecque’ refers to the type of rectangular commodes ‘à ressaut’, with the central breakfront panel flanked by two doors. This particular form of commode was invented by Jean-François Oeben and the breakfront used to conceal the central locking mechanism of the drawers (A. Pradère, Madame de Pompadour et le goût grec, 1989, p. 109).
The inventory taken following Oeben’s own demise in 1763 lists, amongst the works still to be supplied to the marquise for the châteaux de Ménars and Auvilliers, two mahogany ‘commodes à vantaux’: ‘deux corps de commode de bois d’acajou massif, […] garnis chacun de trois tiroirs dans le milieu deux petites portes sur le côté, prisés ensemble 220 livres’ (inventory of Jean-François Oeben, NAAF, t. XV, Paris, 1899, p. 365).
Seven commodes of the model executed by Jean-François Oeben, including the one offered here, were sold at auction. This ensemble of commodes, most certainly supplied to Madame de Pompadour for the château de Ménars, reveals a certain consistency both in terms of the general form and the quality of the mahogany veneers used: amongst these one was sold Paris, Palais Galliera, 22 November 1982, lot 144 ; a further example sold Cheverny, 23 June 1990, lot 416 ; a pair sold Paris, 4 November 1995 ; another commode sold Versailles, 30 November 1997, lot 120 ; and the commode sold from the Lagerfeld Collection, Christie’s Monaco, 28 April 2000, lot 78.
LE CHATEAU DE MENARS
The château de Ménars was built by Guillaume Charron, advisor and trésorier général to Louis XV, in the middle of the 17th century. The estate was sold in 1760 to the marquise de Pompadour who immediately commissioned extensive restoration works, including the construction of two additional wings by the architect Ange-Jacques Gabriel.
In 1764, the marquis de Marigny, brother of the marquise, inherited the estate and took over the renovation works continued. An inspired contemporary wrote : ‘Il faudrait un volume pour décrire les richesses en tout genre de cette demeure enchantée. Nous mîmes quatre heures à parcourir les seuls appartements. Les morceaux des plus grands maîtres en peinture, sculptures de marbre et de bronze, les vases antiques, les livres rares, les agates, les porphyres, les porcelaines, tout est rassemblé....’ (Grignon Vandebergh, 13 July 1773, in A. Hallays, ‘Journal des Débats’, 26 April 1907).