Lot Essay
Dans l’art de l’Île de Pâques semblent se distinguer de manière générale deux classes de figures anthropomorphes : les figures qui formellement correspondent à un canon typologique et sont donc standardisées, et celles qui échappent à une typologie fixe et sont à considérer comme non-standardisées.
Il existe plusieurs types de figures anthropomorphes standardisées : parmi les plus connues les sculptures identifiées comme moai kavakava (type masculin décharné), moai papa (type féminin plat), moai tangata (type masculin naturaliste), moai tangata manu (homme-oiseau), moai moko (type lézard) etc. À côté de ces œuvres existent des sculptures non-standardisées ou hétérogènes dont la signification symbolique est encore peu connue. « L’utilisation des particularités naturelles du bois a déterminé, d’une manière non négligeable, les formes souvent contournées de ces œuvres…Des branches recourbées et noueuses ont suscité la fantaisie du sculpteur, qui les a mises à profit pour créer des êtres monstrueux et bizarres.»(F. Forment & H-M. Esen-Baur, L’Île de Pâques : une énigme ?, Bruxelles 1990, p. 241). Cependant, il est probable que la création de ces sculptures soit liée aux croyances pascuanes relatives au monde des esprits ancestraux. Appelés de manière générale akuaku ces esprits devaient se manifester à tout moment dans la vie des hommes et pouvaient avoir une influence positive, voire protectrice sur eux.
Sculptée dans un fragment de bois courbé, cette figure, à classifier dans la catégorie des figures non-standardisées, est remarquable par la prouesse de l’exécution artistique. La tête ornée d'une coiffure nettement définie, les lobes d’oreilles percés, le visage aux sourcils proéminents et l’expression naturaliste rappellent les figures moai tangata. On y retrouve cependant la torsion du corps à la colonne vertébrale et aux côtes saillantes, avec des bras courbés, et posés sur la poitrine, que nombreuses figures moai moko possèdent (voir par exemple Forment & Esen-Baur, ibid., p. 202- 206, figures 21-24). Comme le souligne Adrienne Kaeppler, « le dos, et surtout la colonne vertébrale saillante, est un élément important et récurrent de l’art de Rapa Nui […] La colonne vertébrale et les côtes servent aussi pour incorporer des traits d’oiseaux et de lézards dans la forme humaine » (A.Kaeppler, Sculptures of Barkcloth and Wood from Rapa Nui : Symbolic Continuities and Polynesian Affinities, RES : Anthropology and Aesthetics, no. 44, automne 2003, p. 15). Selon Kaeppler ces éléments dérivent d’une importante symbolique de fertilité.
Pour une figure moai kavakava du même style, collecté en 1841 et maintenant dans le Museum of Natural History, New York, voir Th. Heyerdahl, The Art of Easter Island, 1975, fig. 81b.
Il existe plusieurs types de figures anthropomorphes standardisées : parmi les plus connues les sculptures identifiées comme moai kavakava (type masculin décharné), moai papa (type féminin plat), moai tangata (type masculin naturaliste), moai tangata manu (homme-oiseau), moai moko (type lézard) etc. À côté de ces œuvres existent des sculptures non-standardisées ou hétérogènes dont la signification symbolique est encore peu connue. « L’utilisation des particularités naturelles du bois a déterminé, d’une manière non négligeable, les formes souvent contournées de ces œuvres…Des branches recourbées et noueuses ont suscité la fantaisie du sculpteur, qui les a mises à profit pour créer des êtres monstrueux et bizarres.»(F. Forment & H-M. Esen-Baur, L’Île de Pâques : une énigme ?, Bruxelles 1990, p. 241). Cependant, il est probable que la création de ces sculptures soit liée aux croyances pascuanes relatives au monde des esprits ancestraux. Appelés de manière générale akuaku ces esprits devaient se manifester à tout moment dans la vie des hommes et pouvaient avoir une influence positive, voire protectrice sur eux.
Sculptée dans un fragment de bois courbé, cette figure, à classifier dans la catégorie des figures non-standardisées, est remarquable par la prouesse de l’exécution artistique. La tête ornée d'une coiffure nettement définie, les lobes d’oreilles percés, le visage aux sourcils proéminents et l’expression naturaliste rappellent les figures moai tangata. On y retrouve cependant la torsion du corps à la colonne vertébrale et aux côtes saillantes, avec des bras courbés, et posés sur la poitrine, que nombreuses figures moai moko possèdent (voir par exemple Forment & Esen-Baur, ibid., p. 202- 206, figures 21-24). Comme le souligne Adrienne Kaeppler, « le dos, et surtout la colonne vertébrale saillante, est un élément important et récurrent de l’art de Rapa Nui […] La colonne vertébrale et les côtes servent aussi pour incorporer des traits d’oiseaux et de lézards dans la forme humaine » (A.Kaeppler, Sculptures of Barkcloth and Wood from Rapa Nui : Symbolic Continuities and Polynesian Affinities, RES : Anthropology and Aesthetics, no. 44, automne 2003, p. 15). Selon Kaeppler ces éléments dérivent d’une importante symbolique de fertilité.
Pour une figure moai kavakava du même style, collecté en 1841 et maintenant dans le Museum of Natural History, New York, voir Th. Heyerdahl, The Art of Easter Island, 1975, fig. 81b.