GROUPE EN BRONZE REPRESENTANT LAOCOON
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COLLECTION PRIVEE SUISSE
GROUPE EN BRONZE REPRESENTANT LAOCOON

D'APRES L'ANTIQUE, ITALIE, ENTOURAGE DE GIOVANNI BATTISTA FOGGINI (1652-1725), FIN DU XVIIe OU DEBUT DU XVIIIe SIECLE

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GROUPE EN BRONZE REPRESENTANT LAOCOON
D'APRES L'ANTIQUE, ITALIE, ENTOURAGE DE GIOVANNI BATTISTA FOGGINI (1652-1725), FIN DU XVIIe OU DEBUT DU XVIIIe SIECLE
Portant le C couronné et l’inscription gravée Donné en/ 1787 par S.A.R./ M. le Comte/ d’Artois à son/ conseiller privé/ Mr. Benoist de/ Bonnieres avocat/ au parlement de/ Paris; sur un socle rectangulaire entièrement moulé de style naturaliste; patine brun foncé à rehauts rouge mordoré
H.: 56 cm. (22 in.); L.: 44 cm. (17 3/8 in.); P.: 21,7 cm. (8 ½ in.)
Provenance
Par tradition dans la collection du comte d'Artois.
Donné en 1787 par le comte d'Artois à son avocat Alexandre-Jules-Benoît de Bonnières (1750-1801).
Collection privée suisse depuis les années 1960.
Literature
BIBLIOGRAPHIE COMPARATIVE:
L. M. Chaudon, Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique, Paris, 1810, vol. 3, p. 122.
K. Lankheit, Florentinische Barockplastik - Die Kunst am Hofe der Letzten Medici 1670-1743, Munich, 1962.
F. Haskell et N. Penny, Pour l'amour de l'antique, 1988, pp. 259-63, fig. 121.
D. Alcouffe, La Folie d’Artois, Paris, 1988.
G. Pratesi, ed., Repertorio della Scultura Fiorentina dei Seicento e Settecento, Turin, 1993, I, pp. 45-46, 79-81, II, figs. 212-213.
P. Fogelman, P. Fusco et M. Cambareri, Italian and Spanish Sculpture - Catalogue of the J. Paul Getty Museum Collection, Los Angeles, 2002, n° 32.
Further details
A BRONZE GROUP OF THE LAOCOON, AFTER THE ANTIQUE, ITALIAN, CIRCLE OF GIOVANNI BATTISTA FOGGINI (1652-1725), LATE 17TH OR EARLY 18TH CENTURY
Sale room notice
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Mathilde Bensard
Mathilde Bensard

Lot Essay

LE MODELE DU LAOCOON: INFLUENCES ET STYLE
Ce groupe en bronze s'inspire de l'un des marbres les plus célèbres de l'antiquité classique, découvert le 14 janvier 1506 près de Santa Maria Maggiore à Rome. Il représente le prêtre Laocoon et ses fils, engagés dans une lutte désespérée contre les serpents envoyés pas la déesse Minerve pour les tuer. La popularité de ce bronze repose non seulement sur ses qualités artistiques intrinsèques, mais également sur le fait qu'il semblait être celui auquel Pline faisait référence pour le palais de Titus.
L'admiration que suscite le groupe est continue durant toute la Renaissance, l'âge Baroque et le Néo-classicisme; celui-ci est en effet reproduit à plus ou moins grande échelle par les artistes les plus accomplis. Parmi ces groupes, deux versions sont envoyées en France au XVIe siècle et un groupe en marbre est exécuté pour Versailles à la fin du XVIIe siècle par Tuby, ainsi qu'une version en bronze fondue par les Keller sous la direction de Girardon (Haskell et Penny, loc. cit.).

Notre bronze est à rapprocher d’une version attribuée à Giovanni Battista Foggini conservée au Getty Museum, à Los Angeles (Fogelman, loc. cit.). En effet, les dimensions (56 × 44 × 21,9 cm.), la qualité de la ciselure et la patine rouge mordoré sont identiques. Le visage du prêtre Laocoon est également très similaire et l’arrière de l’autel est laissé fermé dans les deux versions. On note cependant une variante au niveau du traitement des cheveux des deux fils, la version du Getty étant plus proche du style de Foggini. Les bases présentent aussi des différences, la nôtre possédant une végétation plus dense. La végétation est néanmoins proche de celle d’autres groupes de Foggini comme par exemple celui d'Apollon écorchant Marsyas (Christie’s Paris, Collection du baron Hottinguer, 2 décembre 2003, lot 80). Ces différences avec la version du Getty laissent penser que ces deux versions ne sont pas fondues d’après le même modèle. Cependant, grâce à la méthode du moulage à la cire perdue, le sculpteur était capable de varier les détails de chaque bronze alors que le groupe n'était encore qu’un modèle en cire. Chaque pièce est donc une composition unique.
Un inventaire de 1780 fait à Doccia décrit un Laocoon réalisé par Foggini et on connait une quittance de paiement de 1748 pour un Laocoon à Vincenzo Foggini (son fils, lui aussi sculpteur). Cela amène à se poser la question de l'implication de Foggini dans la réalisation de notre bronze, et s’il n’y a pas un lien plus étroit que ce qui était auparavant reconnu entre notre groupe et la version du Getty.
Trois autres groupes en bronze, pour ainsi dire identiques à notre bronze et tous décrits comme français, ont récemment été offerts sur le marché de l'art (Christie’s Paris, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, 25 février 2009, lot 576, Christie's Londres, 7 juillet 1987, lot 174 et Sotheby's Londres, 9 juillet 1992, lot 161).

GIOVANNI BATTISTA FOGGINI, MAITRE DU BAROQUE
Giovanni Battista Foggini (1652-1725) est, avec son rival Massimiliano Soldani-Benzi, le plus important protagoniste du mouvement baroque tardif de Florence. Il se forme initialement comme peintre mais son talent pour la sculpture devient rapidement flagrant et en 1673 il est envoyé par le Grand Duc Côme III de Médicis pour travailler à l'Académie Florentine. A son retour à Florence, il se voit confier rapidement d'importantes commandes de la famille Médicis, et en 1686 il est nommé Sculpteur Grand Ducal, prenant la direction de l'atelier et de la fonderie tenus auparavant par Giambologna. Sa réputation est telle qu’il reçoit des commandes de Louis XIV. Il est certain que notre bronze se trouvait en France entre 1745 et 1749 comme l'atteste le poinçon au C couronné. De plus, l’inscription gravée sur le côté gauche Donné en/ 1787 par S.A.R./ M. le Comte/ d’Artois à son/ conseiller privé/ Mr. Benoist de/ Bonnieres avocat/ au parlement de/ Paris indique que notre bronze a appartenu au comte d’Artois qui en 1787, probablement à la suite d’un service rendu par son avocat Alexandre-Jules-Benoît de Bonnières, lui fait cadeau de ce magnifique groupe du Laocoon.


LE COMTE D'ARTOIS, UN MECENE FASTUEUX
Charles-Philippe de France, comte d'Artois (1757-1824) et futur Charles X (1757-1836) était le cinquième fils du Dauphin Louis-Ferdinand de France et de Marie-Josèphe de Saxe, petit-fils de Louis XV et frère de Louis XVI et du comte de Provence (futur Louis XVIII). Charles-Philippe de France prend le titre de comte d'Artois en mémoire de Robert de France, comte d'Artois et frère de Saint Louis. L'attribution de ce titre est également une conséquence de la tentative d'assassinat de Louis XV par Damiens, originaire de l'Artois. A la suite de cet évènement, les Etats d'Artois proposent en réparation à Louis XV de lui fournir le double de ce qu'ils lui devaient en argent et en hommes. Louis XV refuse cette proposition et, pour prouver son absence de rancune à l'encontre de l'Artois, fait donner le titre de comte d'Artois à son petit-fils, né cette année-là.
Amateur d’art, mécène fastueux, passionné d’architecture et de chasse, le comte d'Artois était très proche de Marie-Antoinette qui l’encourage à s’entourer des meilleurs artistes, sculpteur, peintres, courtiers en art de l’époque afin d’enrichir sa collection. Il établit sa résidence au palais du Temple, demeure du Grand prieur de Malte en 1776 et est conseillé dans ses achats d’œuvre d’art et plus précisément de peintures pour cette résidence par son ami Joseph-Hyacinthe François de Vaudreuil (1740-1817). En 1777 à la suite d’un pari ‘fou’ avec la Reine Marie-Antoinette il se lance dans la construction du château de Bagatelle en moins de 100 jours avec l’architecte François-Joseph Bélanger.

ALEXANDRE-JULES-BENOIT DE BONNIERES, AVOCAT ET AMI DU COMTE D'ARTOIS
Alexandre-Jules-Benoît de Bonnières (1750-1801), était l’un des meilleurs avocats du parlement de Paris de la fin du XIXe siècle, connu pour sa grande maîtrise de l’élocution, l’importance des causes qu’il a défendues et son désintéressement, ne se faisant jamais payer d’avance. Ayant étudié le droit auprès du célèbre Pothier, il est diplômé en 1769, devient l’avocat de la ville d’Orléans puis exerce au barreau de Paris. Il était très lié avec le comte d’Artois, tout d’abord comme son avocat plaidant, puis son maître des requêtes et enfin l’intendant de sa maison. Le comte d’Artois se voit obligé d’émigrer à Turin lors de la Révolution française et Bonnières fait le déplacement en 1791 pour régler ses créanciers. Décoré du cordon de Saint-Michel, Bonnières voit sa vie mise en péril pendant la Terreur et ne doit son salut qu’à son courage et ses amitiés, comme le note Chaudon : « Dans toutes les circonstances difficiles où s’est trouvé Bonnières pendant le cours de la révolution, il a, par son courage et sa prudence, mérité la confiance et les éloges des différens partis ; sa moralité, sa douceur lui ont concilié l’estime et l’amitié de tout le barreau » (loc. cit.).

L'apparition du groupe en bronze ici présent, en lien avec l'un des sculpteurs les plus talentueux de son époque, est une opportunité importante pour les collectionneurs, amateurs et passionnés de sculpture.

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