Lot Essay
Ce sceptre Akua ka’ai représentant une divinité hawaïenne est une découverte majeure au sein de l’étroit corpus produit pendant la période d'efflorescence du style Kona (vers 1790-1820). Il est à rapprocher du sceptre du Pitt Rivers Museum, Oxford (#1884.65.42), acquis par Augustus Henry Lane Fox Pitt Rivers en 1879 (hauteur totale 35,5 cm ; hauteur de la figure 21 cm). Cinq autres sceptres comparables peuvent être mentionnés :
- Collection The Earls of Warwick, the Trustees of the Warwick Castle Resettlement, probablement ex Leverian Museum ; vendu par
Sotheby’s Londres, 8 octobre 1969 ; très probablement le même que celui illustré par Sarah Stone en 1783 (voir p. 97 de Art and Artifacts of the 18th Century : Objects in the Leverian Museum as painted by Sarah Stone, par Roland W. Force et Maryanne Force [Honolulu, Bishop Museum Press, 1968] Fig. A) ; hauteur 60 cm ; hauteur de la figure 37,5 cm ;
- Royal Scottish Museum, Edinburgh (#1891-26), hauteur 9 cm ; hauteur de la figure 17,8 cm ;
- Pitt Rivers Museum, Oxford (#1936.26.10) ; collecté par Edward Lawson, propriétaire d’un navire baleinier dans le Pacifique Sud, circa 1819-1840 ; hauteur 37 cm ; hauteur de la figure 14 cm ;
- Honolulu Academy of Arts (#3075.1), hauteur 56 cm, hauteur de la figure 23 cm ; collecté à Haleo- Keawa, Honaunau, Hawaii, par
Midshipman John Knowles, H.M.S. Blonde en 1825, pendant le Sandwich Islands Voyage ;
- Bernice P. Bishop Museum, Honolulu (#L887), hauteur de la figure 14,5 cm ; collecté à Keaupuka, Kona, Hawaii.
Il n’y a qu’environ 60 sceptres de ce type connus, la majorité faisant partie des collections publiques. Leur petite taille explique qu’ils soient parvenus jusqu’à nous en plus grand nombre que les grandes sculptures hawaïennes. La qualité sculpturale de ce sceptre et son bon état renforcent l’intérêt de cette découverte. Comme pour nombre de sculptures polynésiennes, son histoire n’a pas été conservée. Cependant, ayant été trouvé chez un antiquaire à Cape Cod, il est probable qu’il provienne d’une des nombreuses familles liées à l’activité baleinière dans le Pacifique Sud au début du 19ème siècle.
On sait peu de choses sur la fonction précise de ces sceptres. Nous pouvons supposer qu’ils ont été sculptés par des artistes-prêtres, appelés kahuna, pour des individus de haut rang, comme avatars personnels et privés. Une description de leur utilisation connue coïncide avec une cérémonie de consécration d’un nouveau temple, ou heiau, évoquée par Cox et Davenport. Durant cette cérémonie, les propriétaires de sceptres, après avoir attaché des bandes de tapa à leurs tiges, maintinrent les figures au-dessus de leur tête pendant la déclamation des chants. Puis une procession fut formée avec les propriétaires de sceptres akua ka’ai suivant les prêtres jusqu’à la montagne, afin de se procurer des arbres koa pour préparer une annexe au temple. Le lendemain matin, les figures akua ka’ai furent amenées au bord de l’océan, et après les avoir plantées dans le sable, les participants à la procession se baignèrent dans la mer (Cox et Davenport, Hawaiian Sculpture, 1974 : 87). Ce sceptre est dans le style Kona, seul style sculptural hawaïen au vocabulaire esthétique identifié, qui peut être documenté comme se développant sur la côte de Kona sur l’île d’Hawaï vers la fin des années 1700. Facilement identifiable, ce style est défini par de grandes têtes soigneusement taillées aux grandes coiffures élaborées et frisées, des visages dominés par des bouches surdimensionnées et hargneuses, aux lèvres en forme de «huit», des mentons prognathes, et des yeux disloqués. Les corps musclés dans le style « lutteur », les genoux pliés et les bras tendus sur les côtés, sous des épaules puissantes et des pectoraux bien définis. La vitalité du style est renforcée par l’utilisation prudente de marques d’outils à rayons parallèles définissant la musculature, particulièrement fines notamment dans le traitement quadrilatéral des jambes aux genoux pointus.
L‘eflorescence de ce style peut être attribuée à l’accession au pouvoir de Kamehameha. En 1790, alors qu’il réunissait la plupart des îles sous son règne et prévoyait d’autres conquêtes, il se plaça sous la protection du dieu de la guerre, Ku ka ‘ili moku, prédateur territorial.
Kamehameha consacra des temples à son dieu pour la légitimation de son pouvoir, et “la stimulation résultante à l’égard d’un seul effort, l’unité du but et de la concentration de la production par un nombre limité de sculpteurs kahuna dans une zone relativement petite qui semble avoir abouti à l’émergence du style expressionniste de Kona” (ibid., p. 78). Alors que le style Kona est généralement daté de 1790 à 1819, ainsi qu’en témoigne le dessin de Sarah Stone de 1783 d’un autre akua ka’ai de style Kona de la collection du Leverian Museum, il était déjà florissant lors des voyages du Capitaine Cook, au cours desquels ont été acquis nombre d’objets de la collection du Leverian.
- Collection The Earls of Warwick, the Trustees of the Warwick Castle Resettlement, probablement ex Leverian Museum ; vendu par
Sotheby’s Londres, 8 octobre 1969 ; très probablement le même que celui illustré par Sarah Stone en 1783 (voir p. 97 de Art and Artifacts of the 18th Century : Objects in the Leverian Museum as painted by Sarah Stone, par Roland W. Force et Maryanne Force [Honolulu, Bishop Museum Press, 1968] Fig. A) ; hauteur 60 cm ; hauteur de la figure 37,5 cm ;
- Royal Scottish Museum, Edinburgh (#1891-26), hauteur 9 cm ; hauteur de la figure 17,8 cm ;
- Pitt Rivers Museum, Oxford (#1936.26.10) ; collecté par Edward Lawson, propriétaire d’un navire baleinier dans le Pacifique Sud, circa 1819-1840 ; hauteur 37 cm ; hauteur de la figure 14 cm ;
- Honolulu Academy of Arts (#3075.1), hauteur 56 cm, hauteur de la figure 23 cm ; collecté à Haleo- Keawa, Honaunau, Hawaii, par
Midshipman John Knowles, H.M.S. Blonde en 1825, pendant le Sandwich Islands Voyage ;
- Bernice P. Bishop Museum, Honolulu (#L887), hauteur de la figure 14,5 cm ; collecté à Keaupuka, Kona, Hawaii.
Il n’y a qu’environ 60 sceptres de ce type connus, la majorité faisant partie des collections publiques. Leur petite taille explique qu’ils soient parvenus jusqu’à nous en plus grand nombre que les grandes sculptures hawaïennes. La qualité sculpturale de ce sceptre et son bon état renforcent l’intérêt de cette découverte. Comme pour nombre de sculptures polynésiennes, son histoire n’a pas été conservée. Cependant, ayant été trouvé chez un antiquaire à Cape Cod, il est probable qu’il provienne d’une des nombreuses familles liées à l’activité baleinière dans le Pacifique Sud au début du 19ème siècle.
On sait peu de choses sur la fonction précise de ces sceptres. Nous pouvons supposer qu’ils ont été sculptés par des artistes-prêtres, appelés kahuna, pour des individus de haut rang, comme avatars personnels et privés. Une description de leur utilisation connue coïncide avec une cérémonie de consécration d’un nouveau temple, ou heiau, évoquée par Cox et Davenport. Durant cette cérémonie, les propriétaires de sceptres, après avoir attaché des bandes de tapa à leurs tiges, maintinrent les figures au-dessus de leur tête pendant la déclamation des chants. Puis une procession fut formée avec les propriétaires de sceptres akua ka’ai suivant les prêtres jusqu’à la montagne, afin de se procurer des arbres koa pour préparer une annexe au temple. Le lendemain matin, les figures akua ka’ai furent amenées au bord de l’océan, et après les avoir plantées dans le sable, les participants à la procession se baignèrent dans la mer (Cox et Davenport, Hawaiian Sculpture, 1974 : 87). Ce sceptre est dans le style Kona, seul style sculptural hawaïen au vocabulaire esthétique identifié, qui peut être documenté comme se développant sur la côte de Kona sur l’île d’Hawaï vers la fin des années 1700. Facilement identifiable, ce style est défini par de grandes têtes soigneusement taillées aux grandes coiffures élaborées et frisées, des visages dominés par des bouches surdimensionnées et hargneuses, aux lèvres en forme de «huit», des mentons prognathes, et des yeux disloqués. Les corps musclés dans le style « lutteur », les genoux pliés et les bras tendus sur les côtés, sous des épaules puissantes et des pectoraux bien définis. La vitalité du style est renforcée par l’utilisation prudente de marques d’outils à rayons parallèles définissant la musculature, particulièrement fines notamment dans le traitement quadrilatéral des jambes aux genoux pointus.
L‘eflorescence de ce style peut être attribuée à l’accession au pouvoir de Kamehameha. En 1790, alors qu’il réunissait la plupart des îles sous son règne et prévoyait d’autres conquêtes, il se plaça sous la protection du dieu de la guerre, Ku ka ‘ili moku, prédateur territorial.
Kamehameha consacra des temples à son dieu pour la légitimation de son pouvoir, et “la stimulation résultante à l’égard d’un seul effort, l’unité du but et de la concentration de la production par un nombre limité de sculpteurs kahuna dans une zone relativement petite qui semble avoir abouti à l’émergence du style expressionniste de Kona” (ibid., p. 78). Alors que le style Kona est généralement daté de 1790 à 1819, ainsi qu’en témoigne le dessin de Sarah Stone de 1783 d’un autre akua ka’ai de style Kona de la collection du Leverian Museum, il était déjà florissant lors des voyages du Capitaine Cook, au cours desquels ont été acquis nombre d’objets de la collection du Leverian.