Maternité Kuyu aux jumeaux
Kuyu maternity figure with twins
Maternité Kuyu aux jumeauxKuyu maternity figure with twins

République Démocratique du Congo

Details
Maternité Kuyu aux jumeaux
Kuyu maternity figure with twins
République Démocratique du Congo
Bois, métal
Hauteur : 70 cm. (27 1/2 in.)
Provenance
Collectée par Aristide Courtois
Collection Pierre et Claude Vérité, Paris
Literature
Les arts africains, Paris, 1955, #265
Vérité, Pierre, La sculpture en Afrique Noire, Sochaux, 1970 : #123 (non ill.)
Exhibited
Paris, Cercle Volney, Les Arts Africains, 3 juin-7 juillet 1955
La sculpture en Afrique Noire, Maison des Arts et Loisirs de Sochaux, Sochaux, 23 mai-28 juin 1970

Brought to you by

Chloé Beauvais
Chloé Beauvais

Lot Essay

Cette maternité, collectée par Aristide Courtois est restée jusqu’à présent dans la célèbre collection Vérité. Elle n’a été que très peu exposée et publiée. Ce thème est rare dans le corpus kuyu sauvegardé. Faisant partie de la grande tradition kuyu à son apogée, cette mère dont seul le haut du corps est donné à voir, présente ses jumeaux en majesté, définis uniquement par leur tête. Cela témoigne pour cette femme d’un état supérieur de pouvoir, car les jumeaux ne sont pas des enfants ordinaires ; non pas des réincarnations d'ancêtres, mais au contraire une manifestation directe dans le Visible d’un ordre cosmogonique préalable aux ancêtres. Ainsi chez les Kuyu, la gémellité peut s’appliquer a un enfant unique et le terme ≪ jumeau ≫ à diverses sortes d'anormalités, dont le ≪double≫ n’est qu’une des formes. Un exemplaire similaire se trouve au musée d’ethnographie d’Anvers.

L’animal sur la coiffe ≪ en calotte ≫ a été identifié comme une hyène par un initie de la région. Compte tenu du thème, il ne s’agit sans doute pas d’une référence à un trait de caractère mais plutôt de l’appartenance à un clan.

Comme sur les pièces les plus anciennes, le visage est scarifié sur les tempes, ici ≪ en caracole ≫ , suivant l’expression du Professeur Jean Maes1. Ces marques permanentes sont complétées par une couronne de dessins réguliers sur le front, probablement peints sur les vivants à l’occasion de certains rituels. Les dents sont en colonne, comme sur toutes les têtes de ce style. Le collier imite les perles portées par les personnages importants.

Le tronc est scarifié d’une bande verticale centrale, croisée au niveau du nombril par une bande horizontale et, partant du nombril, mais en biais cette fois, le dessin se continu jusqu’à la taille. Au-dessus des seins, la même bande suit le décolleté. Le tout est compose de petits grains extrêmement réguliers. Par contre, des épaules jusqu’à la tête des enfants, on remarque non plus des grains mais des ≪ pattes de poules ≫ .

Comme toutes les pièces kuyu, cette maternité magnifique doit être regardée de dos. La coiffure rasée très haut met en valeur deux chéloïdes, dont on a perdu la signification mais que l’on retrouve sur la plupart des sculptures anciennes. On remarquera aussi les quatre rectangles minutieusement taillés. L’objet se termine par une jupette lisse contrairement à celles des statues, habituellement plissée. Dans la rainure creuse du cône qui la prolonge s’attachait une robe de raphia. Ce type de support perce en son centre, permettait seulement de déplacer l’objet au cours d’une cérémonie.

Anne-Marie Bénézech, septembre 2017

(1) Célèbre ethnographe du Musée de Tervuren.

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