MAÎTRE DE L'ÉNÉIDE, LIMOGES, VERS 1530-1535
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ƒ: In addition to the regular Buyer’s premium, a c… Read more LE MAÎTRE DE L'ÉNÉIDEANCIENNE COLLECTION MONSIEUR ET MADAME KAHN-SRIBER
MAÎTRE DE L'ÉNÉIDE, LIMOGES, VERS 1530-1535

PAIRE DE PLAQUES REPRESENTANT LES FUNERAILLES DE MISENE ET LES PRODIGES ANNONCANT AU ROI LATINUS L'ARRIVEE D'ENEE

Details
MAÎTRE DE L'ÉNÉIDE, LIMOGES, VERS 1530-1535
PAIRE DE PLAQUES REPRESENTANT LES FUNERAILLES DE MISENE ET LES PRODIGES ANNONCANT AU ROI LATINUS L'ARRIVEE D'ENEE
En émail peint polychrome; enchâssées dans un cadre en chêne et bronze doré d'époque postérieure
Hauteur : 22,5 cm. (8 ¾ in.) ; Largeur : 20,4 cm. (8 in.)
Hauteur totale : 24,8 cm. (9.8 in.) ; Largeur totale : 27 cm. (10.6 in.)
Provenance
Ancienne collection Demidoff, Florence à la villa San Donato.
Vente collection Demidoff, Paris, le 3 mars 1870, les funérailles de Misène (lot n°461) vendue pour 560 francs et l’arrivée d’Enée au Latium (les Prodiges annonçant au roi Latinus l'arrivée d'Enée) (lot n°467) vendue pour 1000 francs.
La baronne James de Rothschild (1805-1886) a acquis les plaques au cours de cette vente.
Ancienne collection Monsieur et Madame Kahn-Sriber, et par descendance au propriétaire actuel.
Literature
J.-J. MARQUET DE VASSELOT, Une Suite d’Emaux Limousins. A sujets tirés de l’Enéide, Paris, Ecole des Chartes, 1912.
S. BARATTE, Musée du Louvre, Les émaux peints de Limoges, Paris, 2000, pp. 56-62.
S. BARATTE, « La série de Plaques du Maître de l’Enéide », A. Erlande-Brandenburg, J-M. Leniaud and X. Dectot, Etudes d’histoire de l’art offertes à Jacques Thirion. Des premiers temps chrétiens au XXe siècle, Paris, Ecole des Chartes, 2001, pp. 144-146.
P. VERDIER, The Walters Art Gallery, Catalogue of the Painted Enamels of the Renaissance, 1967, pp. 75-89.
Special notice
ƒ: In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 5.5% inclusive of VAT of the hammer price will be charged to the buyer. It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot outside the European Union within the legal time limit. (Please refer to section VAT refunds)
Further details
A PAIR OF PAINTED POLYCHROME ENAMELS REPRESENTING SCENES FROM BOOK VI AND VII OF THE AENEID : THE FUNERAL OF MISENUS AND THE PRODIGIES ANNOUNCING KING LATINUS THE ARRIVAL OF AENEAS, THE AENEID MASTER, CIRCA 1530-1535

Brought to you by

Nathalie Honnay
Nathalie Honnay

Lot Essay

UNE IMPORTANTE REDECOUVERTE

Nos deux plaques en émail peint polychrome font partie du célèbre ensemble de l’Enéide, relatant l’épopée du troyen Enée fuyant en Italie après la destruction de Troie, d’après l’œuvre de Virgile (70 avant J.C. - 19 avant J.C.). Nos plaques sont données à l’artiste limousin identifié comme le Maître de l’Enéide, actif vers 1530-1535 et représentent les funérailles de Misène et les prodiges annonçant au roi Latinus l’arrivée d’Enée.

La connaissance de cet ensemble homogène fut rendue possible lors de l’Exposition Universelle de 1867 dans laquelle plusieurs plaques furent présentées et rapprochées des gravures précitées. Depuis l’article de Jean-Joseph Marquet de Vasselot de 1912 paru dans le Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, identifiant soixante-trois plaques dont les nôtres, la connaissance de l’ensemble s’est améliorée (n°35 et n°46 ; loc. cit.). D’après Sophie Baratte quatre-vingt-deux plaques du maître de l’Enéide sont connues de nos jours (loc. cit. pp. 56-62). La majorité de ces plaques émaillées est aujourd’hui conservée dans les principaux musées d’Europe et d’Amérique du Nord : le Louvre en conserve onze, quinze sont au Metropolitan Museum, sept à la Walters Art Gallery de Baltimore, deux au Victoria & Albert Museum, une au Musée National de la Renaissance d’Ecouen, etc.

La réapparition sur le marché de l’art de deux plaques de ce formidable ensemble constitue une opportunité de mieux connaître l’œuvre de ce remarquable émailleur.

LE CONTEXTE DE LA CREATION DE NOS EMAUX

Le corpus du maître de l’Enéide est pour le moment limité à cette série de plaques illustrant les aventures d’Enée. La source iconographique directe de nos plaques est issue des gravures sur bois accompagnant l’ouvrage de Sébastien Brant (1457-1521), Virgile, imprimé à Strasbourg en 1502 par Jean Grüninger. Dans cet ouvrage, l’auteur commente l’œuvre de Virgile et les planches gravées accompagnent son commentaire. L’ensemble de l’Enéide est exceptionnel par la volonté de reproduire un grand nombre des planches publiées dans cet ouvrage. Dans le Virgile, l’épisode de l’Enéide comporte treize livres et 143 illustrations, il semblerait que le maître de l’Enéide se soit arrêté au livre IX . Il est possible que la mort du maître de l’Enéide ait eu raison de la poursuite d’une telle entreprise.

Bien que l’ampleur de l’œuvre soit sans comparaison dans l’émaillerie limousine, l’identité du maître de l’Enéide, tout comme celle du possible commanditaire des émaux, demeurent mystérieuses. Les tentatives d’attribution de cet ensemble à un émailleur connu sont toujours sujettes à discussion et l’identité du maître de l’Enéide reste inconnue jusqu’à ce jour. Il est probable qu’une telle série ait été destinée à un studiolo pour s’intégrer à un ensemble de boiseries. A la différence des gravures sur bois de l’ouvrage de Grüninger, encore marqué par le style gothique, les figures de nos plaques sont idéalisées selon les canons de la Renaissance et les compositions sont plus claires et moins touffues.


L’ICONOGRAPHIE ET LA TECHNIQUE DE NOS DEUX PLAQUES

Notre première plaque représente les Prodiges annonçant au roi Latinus l’arrivée d’Enée, scène tirée du livre VII. Sur le rivage au premier plan figure le roi Latinus et sa fille Lavinia, identifiés par leurs phylactères, devant un autel. Devant eux est représenté le laurier au feuillage sacré sur lequel un essaim d’abeilles vient se poser permettant au devin d’annoncer l’arrivée prochaine d’Enée au Latium. Enée est lui-même visible dans son vaisseau approchant du rivage. Au second-plan, le roi Latinus est couché au pied de la statue de Faunus, un des rois mythiques du Latium et père de Latinus.

La seconde plaque figure les funérailles de Misène, scène tirée du livre VI du Virgile de Grüninger. Au premier plan à droite, deux vaisseaux troyens sont au mouillage tandis qu’à gauche, trois personnages portent le corps de Misène, ce dernier, un des compagnons d’Enée, était réputé pour sa maîtrise de la trompette lors des combats. Le bruit de son clairon fût perçu comme un défi pour les dieux à tel point que Triton, jaloux, le précipita dans les flots au port de Cumes. Enée, après avoir trouvé le corps sans vie de Misène sur le rivage, souhaite lui rendre les honneurs. Sur notre plaque sont visibles à l’arrière-plan les préparatifs des funérailles, avec la préparation d’une fosse et d’un bûcher.

Par rapport aux gravures de l’ouvrage de Grüninger, les funérailles de Misène sont légèrement simplifiées, un des bûcherons n’a pas été représenté et l’ensemble présente moins de profondeur.
Dans les prodiges annonçant au roi Latinus l’arrivée d’Enée, l’émailleur a été globalement plus fidèle au bois gravé.

Nos deux plaques faisaient partie de la prestigieuse collection Demidoff conservée à Florence à la villa San Donato. Plusieurs ventes furent organisées lorsque la villa fut vendue dont une vente en plusieurs vacations au 26 boulevard des Italiens à Paris entre le 21 février et le 3 mars 1870. Une plaque conservée au Louvre, Apparition de Créüse à Enée (inventaire OA 7554) possède la même provenance. Nos deux plaques figurent dans la 2ème partie de cette vente du mercredi 30 mars 1870 parmi un ensemble de douze plaques du maître de l’Enéide. Elles étaient alors attribuées à « Colin Noylier ». Les funérailles de Misène (lot n°461) fut vendue 560 francs et l’arrivée d’Enée au Latium (lot n°467) fut vendue 1000 francs. La baronne James de Rothschild (1805-1886) a acquis les plaques au cours de cette vente.

Les deux plaques comportent toutes les spécificités du maître de l’Enéide, relevées notamment par Baratte, dans la manière de représenter les flots avec de nombreux traits parallèles sur un émail bleu-gris, une prédominance des tons brun et jaune, la couleur des carnations blanc-rosé est particulière tout comme l’abondance des rehauts dorés. De plus, le feu est souvent représenté par de grandes volutes (Cf. Enée offrant un sacrifice aux dieux du monde souterrain, de la Walters Collection). D’un point de vue technique, le maître de l’Enéide utilise le fondant sur la face rendant visible la couleur du cuivre, de la même manière que Léonard Limosin (vers 1505-1575/1577), autre grand émailleur de Limoges, contemporain du maître de l’Enéide.

Les deux plaques ici présentes provenant de la célèbre collection Demidoff sont non seulement un jalon important dans l’histoire de l’art, elles comptent en effet parmi les premières scènes profanes représentées en émail peint, et leur réapparition sur le marché de l’art est également un événement majeur pour les collectionneurs, amateurs et experts.

Parmi les plaques encore en mains privées, deux sont passées en vente chez Christie’s Londres, le 16 avril 1991, lot 22, une à l’hôtel Drouot, le 9 décembre 1992, lot 60, deux chez Sotheby’s New-York, The Keir Collection of Medieval Works of Art, le 20 novembre 1997, lots 125 et 126, et six chez Sotheby’s Londres, Treasures including selected works from the Collections of the Dukes of Northumberland, le 9 juillet 2014, lot 2 (vendues 1.538.500£).


AN IMPORTANT REDISCOVERY

Our two present enamel plaques are part of the famous Aeneid series, depicting the epic of the Trojan hero Aeneas after the fall of Troy, a masterpiece by the Latin poet Virgil (70-19BC). Attributed to a master from Limoges named The Aeneid Master, working around 1530-1535, our plaques represent the Funeral of Misenus and the Prodigies announcing the arrival of Aeneas to King Latinus.
A first group of these enamels was studied in 1867, on the occasion of the Paris Exposition Universelle, as stated on the Catalogue Général of the exhibition. The playwright and bibliophile Victorien Sardou saw the twelve enamels on view and recognized the similarity of the compositions to the illustrations in a sixteenth century edition of Virgil’s work in his possession. One year later, Alfred Darcel discovered that the woodcuts in Sardou’s edition were originally prepared for a previous edition and eventually pointed out the iconographic source of the panels (Caroselli, op.cit., p. 77). The attribution of the Aeneid enamels was much-debated by early scholars. Our knowledge about this series has improved since Jean-Joseph Marquet de Vasselot published an article in the Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français in 1912, in which he identified sixty-three plaques from this series, including ours (n°35 and n°46; loc. cit.). Most of these enamels can be found today in important European and North American museum collections: eleven are preserved at the Louvre, fifteen at the Metropolitan Museum of Art, New York, seven can be found at the Walters Art Gallery of Baltimore, two at the Victoria & Albert Museum, and one at the Musée National de la Renaissance d’Ecouen, among other institutions. The reappearance on the art market of two plaques belonging to this magnificent group offers the opportunity to know more about the work of this outstanding enameller.


THE CONTEXT OF THE CREATION OF OUR ENAMELS
This artist’s work is currently confined to this series of plaques illustrating the adventures of Aeneas.
The iconographic source of the panels originates from woodcut illustrations of Virgile, a publication by the master printer Johann Grüninger in 1502 in Strasbourg, edited by Sébastien Brandt (1457-1521). In Virgile, each engraved plate accompanies the author’s comments on Virgil’s work. The series of enamels is exceptional due to the ambition of depicting so many of the plates published in Brandt’s work. In this publication, the episode of the Aeneid comprises thirteen books and 143 illustrations, however, it would seem that the master of the Aeneid stopped his illustrations at book IX, perhaps due to the event of his own death.

Although the Master of the Aeneid was one of the greatest of Renaissance enamellers, the identity of the artist, as well as a possible patron for his work, remains unknown to this day. Many attempts to attribute the Aeneid enamels to famous enamellers have been made and remain a topic for discussion today. It is likely that such a set was intended for a studiolo integrated within wood paneling. Unlike the wood engravings from Grüninger’s publication, in which elements of a gothic style remain, the figures in our plaques are idealized according to Renaissance canons and the compositions are clearer and simplified.


THE ICONOGRAPHY AND THE TECHNIQUE OF OUR PLAQUES
Our first Aeneid enamel represents the funeral of Misenus, a scene from book VI of the Virgile of Grüninger. Misenus, a companion of Aeneas, was known for his mastery of the trumpet before battle. The sound of his clarion call was perceived as a challenge by the gods, to the point that Triton drowned him in the sea. When Aeneas discovers Misenus’ body on the shore he wishes to honour his friend and, as illustrated in our plaque, a funeral is being prepared by his companions. On the shore in the center, three characters take the corpse, and farthest, other companions dig a grave and prepare a pyre. On the left, a large pot is on the stove and at the forefront, the vessels of the Trojans can be seen.

The second plaque represents the Prodigies announcing the arrival of Aeneas to King Latinus. This scene is taken from book VII, when Aeneas arrives at Latium. At the forefront, King Latinus and his daughter Lavinia, are represented standing next to an altar. In front of them is the sacred laurel tree on which a swarm of bees has settled, allowing the soothsayer to announce Aeneas’ impending arrival at Latium. On the shore, Aeneas approaches the land of King Latinus in a vessel, and upstage, King Latinus is lying at the feet of the statue of King Faunus, one of the mythical kings of Latium and his father.

In comparison with the engravings from the 1502 edition of Grüninger, the plaque depicting the funeral of Misenus is slightly simplified, as one pyre is not represented and the whole is less profound. However, in the second plaque, the enameller followed the engraved woodcut more faithfully.

These two plaques were part of the prestigious Demidoff collection, preserved in Florence at the villa San Donato. Many sales were organised once the villa was sold, including a sale at 26 Boulevard des Italiens in Paris, which occurred from the 21st of February until the 3rd March 1870. Among the plaques preserved at the Louvre, the one representing the Appearance of Creusa to Aeneas (inventory OA 7554), has this same provenance. Our two enamels were included in the second part of this sale, on Wednesday 30th March 1870, among an ensemble of twelve enamels by the master of the Aeneid. They were at the time attributed to a “Colin Noyller”. The Funeral of Misenus (lot n°461) was sold for 560 French francs, and the Arrival of Aeneas to Latium (lot n°467) was sold for 1000 francs. It is probable that the Baroness James de Rothschild (1805-18836) acquired the plaques during this sale.

As noted by Baratte, both of our plaques display all the characteristics of the Aeneid Master. His style is characterized by a roundness of form coupled with a sketchiness of drawing, particularly in passages of enlevage, a preponderance of brown and yellow tones, a pinkish-white flesh colour and a lavish use of gold surface decoration. His way of representing waves with blue-grey enamels or fire with vigorous curling smoke (Cf. Aeneas Offers Sacrifice to the Gods of the Lower World, Walters Collection) are clearly observable on these plaques. From a technical point of view, the Aeneid Master, like his contemporary Léonard Limosin (circa 1505-1575/1577), another great enameller from Limoges, also frequently uses a transparent flux which allows the colour of the copper to show through.

Our two enamel plaques from this outstanding master, formerly from the famous Demidoff collection, are not only an important milestone for art history, as they are among the first scenes of profane life displayed in painted enamel, but also a major event for collectors, amateurs and experts, as they represent a rare reappearance in the art market.

Among the plaques remaining in private hands, two were sold by Christie’s London on April 16th 1991, lot 22, one at the hotel Drouot on December 9th 1992, lot 60, two at Sotheby’s New York, The Keir Collection of Medieval Works of Art on November 20th 1997, lot 125 and 126, and six plaques, part of the Treasures including selected works from the Collections of the Dukes of Northumberland were sold by Sotheby’s London on July 9th 2014 (lot 2 sold for £1,538,500).

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