拍品專文
Cette statue archaïque peut être considérée comme la plus belle œuvre de Kartinhé Kambiré (vers 1850 - vers 1910), maître fondateur du style dit de Tinkhiero et un des plus grands artistes Lobi. Son travail fut célébré pendant l’exposition Les Maîtres de la sculpture de Côte d'Ivoire au Musée Rietberg à Zürich et plus tard au Musée du quai Branly - Jacques Chirac à Paris en 2015. Une autre effigie d’ancêtre (thilkotin) de Kambiré de la collection François et Marie Christiaens fut décrite par Daniela Bognolo dans le catalogue de l’exposition (p. 193, fig. 264).
Les thilkotina sont des représentations anthropomorphes destinées à personnifier la puissance de l’ancêtre protecteur du village. Leur création a joué un rôle déterminant dans le développement stylistique de la statuaire Lobi : c’est par l’aspect et l’esthétique de ces grandes effigies que chaque lignage exprime l’origine de sa propre identité culturelle. Elles sont placées dans la chambre-autel de la maison (thilduu), où, au fil des générations, le culte des ancêtres est perpétué.
Karinthé Kambiré serait né dans les années 1850 à Tinkiro, village où sa famille orginaire de Malba se serait installée et où il aurait vécu jusqu’à sa mort vers 1910. Sculpteur de grand talent aux gestes prestes, son savoir-faire fut très tôt sollicité par les lignages Kambou-Kambiré implantés à l’est de Kampti, et pour lesquels Karinthé travailla toute sa vie durant. Après sa mort, son fils Jiarmorko Hien perpétua le style – déjà dit de Tinkhiero – à Yolingira (sud de Kampti) où il s’était rendu et où il vécut jusqu’à sa mort. La renommée du père allait pousser de nombreux aspirants sculpteurs Lobi et Teésè des alentours à venir s’initier auprès de Jiarmorko, ce qui favorisa la diffusion du style.
Comme l'écrit Bognolo : « Par leur allure quasi martiale, figées en position de "garde-à-vous", les statues de style de Tinkhiero reflètent parfaitement l’austérité que les Lobi recherchent pour leurs supports cultuels : rigidité et massivité de la figure, épaules carrées et remontées, traits stéréotypes du visage à l’air plutôt maussade. » La délicate rondeur des volumes est magnifiquement rendue par l’allure corporelle de cette majestueuse figure féminine, portant des labrets aux deux lèvres. La tête est joliment modelée et les proportions du visage soigneusement respectées. Les yeux taillés en amande sont soulignés par des paupières finement ourlées surmontées de sourcils convergeant vers un nez cassé. Une telle physionomie donne au visage une expression à la fois douce et austère qui émane également d’une tête Lobi de Kambiré publiée par Bognolo (op. cit., p. 194, fig. 265). Une statue masculine pouvant être attribuée au même sculpteur et appartenant à la collection William A. McCarty-Cooper fut publiée en 1981 par Piet Meyer dans Kunst und Religion der Lobi (Zürich, Museum Rietberg, p. 58, n° 5).
Les thilkotina sont des représentations anthropomorphes destinées à personnifier la puissance de l’ancêtre protecteur du village. Leur création a joué un rôle déterminant dans le développement stylistique de la statuaire Lobi : c’est par l’aspect et l’esthétique de ces grandes effigies que chaque lignage exprime l’origine de sa propre identité culturelle. Elles sont placées dans la chambre-autel de la maison (thilduu), où, au fil des générations, le culte des ancêtres est perpétué.
Karinthé Kambiré serait né dans les années 1850 à Tinkiro, village où sa famille orginaire de Malba se serait installée et où il aurait vécu jusqu’à sa mort vers 1910. Sculpteur de grand talent aux gestes prestes, son savoir-faire fut très tôt sollicité par les lignages Kambou-Kambiré implantés à l’est de Kampti, et pour lesquels Karinthé travailla toute sa vie durant. Après sa mort, son fils Jiarmorko Hien perpétua le style – déjà dit de Tinkhiero – à Yolingira (sud de Kampti) où il s’était rendu et où il vécut jusqu’à sa mort. La renommée du père allait pousser de nombreux aspirants sculpteurs Lobi et Teésè des alentours à venir s’initier auprès de Jiarmorko, ce qui favorisa la diffusion du style.
Comme l'écrit Bognolo : « Par leur allure quasi martiale, figées en position de "garde-à-vous", les statues de style de Tinkhiero reflètent parfaitement l’austérité que les Lobi recherchent pour leurs supports cultuels : rigidité et massivité de la figure, épaules carrées et remontées, traits stéréotypes du visage à l’air plutôt maussade. » La délicate rondeur des volumes est magnifiquement rendue par l’allure corporelle de cette majestueuse figure féminine, portant des labrets aux deux lèvres. La tête est joliment modelée et les proportions du visage soigneusement respectées. Les yeux taillés en amande sont soulignés par des paupières finement ourlées surmontées de sourcils convergeant vers un nez cassé. Une telle physionomie donne au visage une expression à la fois douce et austère qui émane également d’une tête Lobi de Kambiré publiée par Bognolo (op. cit., p. 194, fig. 265). Une statue masculine pouvant être attribuée au même sculpteur et appartenant à la collection William A. McCarty-Cooper fut publiée en 1981 par Piet Meyer dans Kunst und Religion der Lobi (Zürich, Museum Rietberg, p. 58, n° 5).