Lot Essay
"Le charme de cette sculpture vient de l’harmonieuse unité du visage et du corps, renforcée par quelques touches de couleur ; seule une stylistique puissamment originale et parfaitement maîtrisée peut réaliser cette osmose exceptionnelle."
Liliane et Michel Durand-Dessert
Cette représentation d’une femme assise s’inscrit dans une typologie très spécifique de la statuaire Bidjogo. Si un certain nombre de représentations anthropomorphes est connu, le caractère plutôt abstrait de la plupart d’entre elles les distingue de l’ensemble plus restreint de sculptures présentant de manière presque naturaliste une femme assise sur un siège. Conservées dans des temples ad hoc, leur fonction semble avoir été multiple : elles pouvaient servir dans des cadres rituels différents tels que le mariage, la divination, les règlements de conflits, la guérison, la sorcellerie ou encore certains rituels d’initiation. H. A. Bernatzik mentionne également que certaines servaient de réceptacles pour l’âme d'un ancêtre (Bernatzik, H.A., Äthiopien des Westens. Forschungsreisen in Portugiesisch-Guinea, Vienne, 1933, pp. 217-218). Compte tenu de la qualité sculpturale de cette pièce, il est possible qu’elle s’inscrive dans cette dernière catégorie. Dans ce cas, l’incarnation d’un personnage féminin serait sans doute en lien avec le rôle central qu’occupait la symbolique de la femme autrefois dans la vie sociale Bidjogo ; symbolique qui se manifestait particulièrement dans le cadre des rites d’initiation defunto documentés par Danielle Duquette lors de ses études de terrain. (Duquette, D.G., Woman Power and Initiation in the Bissagos Islands, African Arts, vol. 12, n° 3, pp. 31-35).
Au cours de la classification de la statuaire Bidjogo qu’il entreprit en se basant principalement sur les informations fournies par H. A. Bernatzik en 1933, André Gordst qualifia la statue des Durand-Dessert comme l' « une des sculptures les plus remarquables. La composition plastique de cette statuette est de très haute qualité artistique. Le dos, le devant et les flancs sont d’un modelé remarquable et techniquement parfait. La récurrence des formes coniques de la bouche, des seins, du ventre et des genoux sont uniques dans la statuaire traditionnelle Bijago et la patine rougeâtre qui la recouvre révèle l’extraordinaire beauté de la pièce. Nous nous trouvons ici devant le point final d’une évolution génétique des formes dans cette sculpture longtemps ignorée mais qui néanmoins peut figurer parmi les plus belles réussites de la sculpture ouest-africaine » (Gordst, A., "La statuaire traditionnelle bijago", dans Arts d’Afrique Noire, vol. 18, 1976, p. 15).
Cf. pour un exemple similaire, voir celui de la collection Marian et Daniel Malcolm, publié dans African Art from New Jersey Collections, Montclair Art Museum, New Jersey, 1983, fig. 52.
Liliane et Michel Durand-Dessert
Cette représentation d’une femme assise s’inscrit dans une typologie très spécifique de la statuaire Bidjogo. Si un certain nombre de représentations anthropomorphes est connu, le caractère plutôt abstrait de la plupart d’entre elles les distingue de l’ensemble plus restreint de sculptures présentant de manière presque naturaliste une femme assise sur un siège. Conservées dans des temples ad hoc, leur fonction semble avoir été multiple : elles pouvaient servir dans des cadres rituels différents tels que le mariage, la divination, les règlements de conflits, la guérison, la sorcellerie ou encore certains rituels d’initiation. H. A. Bernatzik mentionne également que certaines servaient de réceptacles pour l’âme d'un ancêtre (Bernatzik, H.A., Äthiopien des Westens. Forschungsreisen in Portugiesisch-Guinea, Vienne, 1933, pp. 217-218). Compte tenu de la qualité sculpturale de cette pièce, il est possible qu’elle s’inscrive dans cette dernière catégorie. Dans ce cas, l’incarnation d’un personnage féminin serait sans doute en lien avec le rôle central qu’occupait la symbolique de la femme autrefois dans la vie sociale Bidjogo ; symbolique qui se manifestait particulièrement dans le cadre des rites d’initiation defunto documentés par Danielle Duquette lors de ses études de terrain. (Duquette, D.G., Woman Power and Initiation in the Bissagos Islands, African Arts, vol. 12, n° 3, pp. 31-35).
Au cours de la classification de la statuaire Bidjogo qu’il entreprit en se basant principalement sur les informations fournies par H. A. Bernatzik en 1933, André Gordst qualifia la statue des Durand-Dessert comme l' « une des sculptures les plus remarquables. La composition plastique de cette statuette est de très haute qualité artistique. Le dos, le devant et les flancs sont d’un modelé remarquable et techniquement parfait. La récurrence des formes coniques de la bouche, des seins, du ventre et des genoux sont uniques dans la statuaire traditionnelle Bijago et la patine rougeâtre qui la recouvre révèle l’extraordinaire beauté de la pièce. Nous nous trouvons ici devant le point final d’une évolution génétique des formes dans cette sculpture longtemps ignorée mais qui néanmoins peut figurer parmi les plus belles réussites de la sculpture ouest-africaine » (Gordst, A., "La statuaire traditionnelle bijago", dans Arts d’Afrique Noire, vol. 18, 1976, p. 15).
Cf. pour un exemple similaire, voir celui de la collection Marian et Daniel Malcolm, publié dans African Art from New Jersey Collections, Montclair Art Museum, New Jersey, 1983, fig. 52.