LA STATUE MBEMBE DURAND-DESSERT
THE DURAND-DESSERT MBEMBE FIGURE
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LA STATUE MBEMBE DURAND-DESSERT THE DURAND-DESSERT MBEMBE FIGURE

RÉGION EWAYON RIVER, ÉTAT DE CROSS RIVER, NIGÉRIA

Details
LA STATUE MBEMBE DURAND-DESSERT
THE DURAND-DESSERT MBEMBE FIGURE
RÉGION EWAYON RIVER, ÉTAT DE CROSS RIVER, NIGÉRIA
Hauteur : 75 cm. (29½ in.)
XVIIe - XVIIIe siècle
Provenance
O. Traoré, Lomé, Togo
Hélène Leloup, Paris
Collection Kerbourc'h, 1974 - 1993
Alain de Monbrison, Paris
Collection Liliane et Michel Durand-Dessert, Paris
Literature
Kamer, H., Ancêtres M'Bembé, Paris, 1974, n° 8
de Monbrison, A., Collection Kerbourc'h, Paris, 1993, p. 79
Lehuard, R., "La collection Kerbourc’h", Arts d’Afrique Noire, printemps 1994, n° 89, p. 14
Lehuard, R., "Regards croisés sur les arts primitifs", Arts d’Afrique Noire, hiver 2000, n° 116, p. 14
Tosatto, G. et Viatte, G., L’Art au futur antérieur. Liliane et Michel Durand-Dessert, un autre regard, Grenoble, 2004, n° 33, 33 bis et 33 ter
Bassani, E., Arts of Africa. 7000 ans d'art africain, Lausanne, 2005, p. 214, n° 87a
Paudrat, J.L. et al., Fragments du Vivant : sculptures africaines dans la collection Durand-Dessert, Paris, 2008, première de couverture, n° 101, 102, 142 et 258
Tribal Art Magazine, n° 48, printemps 2008, p. 13
Lebas, A., Arts du Nigeria dans les collections privées françaises, Milan, 2012, n° 85
Bassani, E., L’art africain, Lausanne, 2012, p. 82, n° 57
LaGamma, A., Silenced Mbembe Muses, Metropolitan Museum Journal, New York, vol. 48, 2013, p. 154, fig. 19
LaGamma, A., "Guerriers et mères : art épique Mbembe", Tribal Art Magazine, n° 74, hiver 2014, p. 99, no. 16









Exhibited
Paris, Galerie Hélène Kamer, Ancêtres M'Bembé, 1974
Paris, Galerie Alain de Monbrison, Collection Kerbourc'h, 24 novembre 1993 - 4 janvier 1994
Grenoble, Musée de Grenoble, L’Art au futur antérieur. Liliane et Michel Durand-Dessert, un autre regard, 10 juillet - 04 octobre 2004
Monaco, Forum Grimaldi, Arts of Africa : 7000 ans d'art africain, 16 juillet - 4 septembre 2005
Paris, La Monnaie de Paris, Fragments du Vivant : sculptures africaines dans la collection Durand-Dessert, 10 - 24 septembre 2008
Québec, Musée de la civilisation, Arts du Nigeria dans les collections privées françaises, 24 octobre 2012 - 21 avril 2013
New York, The Metropolitan Museum of Art, Warriors and Mothers: Epic Mbembe Art, 9 décembre 2014 - 16 septembre 2015

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Lot Essay

"L’expression du visage est d’une douceur sereine, sans faiblesse et sans faille, comme seule une force infinie peut la conférer ; la tête est d’une harmonie exceptionnelle : elle est auréolée d’une coiffe en léger relief, qui dessine un triangle au sommet du front, d’où elle part en deux courbes élégantes qui viennent rejoindre les maxillaires ; elles s’achèvent là avec, comme deux points d’orgue, la forme ovoïde des oreilles placées bas, à la racine du cou, avec une inclinaison juste et parfaite, car la tête est légèrement relevée, dans une position d’oraison. En vertu d’un phénomène analogue à celui qui l’on n’observe d’ordinaire que pour les bronzes, l’érosion semble avoir protégé la surface en réalisant avec le bois fossilisé une sorte d’alliage qui a la beauté sensible et vibrante d’une peau parcheminée ; attaquant en revanche les parties tendres, elle fait apparaître les strates du bois ; elle réalise ainsi le miracle d’une véritable osmose entre l’enveloppe, la surface, la peau ravinée et l’intérieur même du corps ; la sculpture est devenue un être de chair auquel les dieux ont insufflé une âme : véritable émanation du tambour, jusque dans sa posture médiative, son regard de Sphinx porte au loin, là ou porte le son…"

Liliane et Michel Durand-Dessert

L'Odyssée de la figure Mbembe des Durand-Dessert : du Nigéria au XVIIe siècle jusqu'au Metropolitan Museum of Art de New York

Sculptée probablement entre les XVIIe et XVIIIe siècles et comptant parmi les plus anciennes et les plus spectaculaires sculptures en bois provenant d'Afrique subsaharienne, cette représentation d’un personnage assis était à l’origine une partie intégrante d’un tambour monumental positionné au centre d'un village Mbembe au sud-est du Nigeria. Pendant des siècles, ces tambours à fente – fabriqués à partir de troncs d’arbres évidés – ont constitué le point central des rituels du village. Ils étaient sculptés à partir d’un bois dur (afzelia africana) dont les maillures confirment que cette statue ait servi de sommet de tambour et qu’elle fût sans doute à l’origine la partie d’une entité plus grande. Ces tambours exposés sur la place d’un village, et donc victimes des intempéries, ont de ce fait une surface marquée par l’érosion et les extrémités anthropomorphes brisées. Vénérés comme des statues d’ancêtres, ces objets ont été précieusement conservés durant de nombreuses générations. Le personnage représente vraisemblablement la femme d’un guerrier légendaire ayant donné naissance au premier descendant mâle du clan à l’origine du lignage. La surface érodée renforce l'aspect archaïque émanant de cette statue. L’érosion a donné lieu aux rainures profondes qui définissent l’esthétique globale et a lentement renforcé la qualité de la figure. Malgré ce processus d’usure, une grande partie des détails de la surface est restée intacte : les yeux, le nez, la bouche restent lisibles et le visage exprime une expression d’introspection contemplative. Paradoxalement, la longue exposition aux intempéries semble avoir d’une certaine façon changé la figure, de sorte que son essence soit révélée.

En 1974, Hélène Kamer présenta cette figure lors de l’exposition historique "Ancêtres M’Bembé" dans sa galerie à Paris. Marchande d'art reconnue mondialement, elle découvrit pour la première fois cet art au début des années 1970 grâce à O. Traoré, antiquaire africain. A sa demande, Traoré revint deux fois à Paris avec de nouvelles statues et des informations complémentaires à leur sujet. Ces dernières, au nombre de onze et aux dimensions monumentales, furent présentées par Hélène Kamer en 1974 : toutes reflétaient une tradition sculpturale nigériane encore ignorée des connaisseurs et collectionneurs d'art africain. La sensibilité de la sculpture Mbembe était une avancée importante par rapport aux goûts déjà établis, comme la statuaire raffinée Fang ou encore Baoule. Consacrer toute une exposition uniquement aux "statues érodées" était alors à l'époque une prise de position audacieuse révélatrice de son esprit d'avant-garde.

Cette exposition fut un grand succès (fig. 1). En février 1974, peu avant l’ouverture de l’exposition, une œuvre majeure fut déjà acquise par le conservateur Pierre Meauzé pour le Musée des Arts Africains et Océaniens, exposée aujourd’hui au Pavillon des Sessions du Louvre (fig. 2).Traoré disparut après l’exposition et toutes les statues Mbembe furent dispersées par la même occasion ; le corpus a donc été établi avec la publication du catalogue de l’exposition, aujourd'hui encore le seul ouvrage consacré à ce sujet. Ainsi réparti dans le monde entier parmi les collections privées et institutionnelles après l’exposition, cet ensemble unique d'avants de tambour Mbembé a été réuni pour la première fois, depuis 1974, au Metropolitan Museum of Art à New York pour l'exposition « Warriors and Mothers: Epic Mbembe Art » organisée par Alisa LaGamma en 2014.
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