Lot Essay
"Nous avons une statue makonde, dont le visage est bouleversant : le crâne a la forme d'un oeuf et le bonnet a l'air d'une coquille dont le visage semble éclore ; la lèvre supérieure hypertrophiée, les yeux latéraux en amande, fendus horizontalement lui donnent un caractère zoomorphe accentué encore par les scarifications nasales ; le visage, mystérieux comme celui d'une créature de la lagune, a l'air de flotter sur les eaux, dans une sorte d'état hypnotique."
Liliane et Michel Durand-Dessert
Beaucoup plus rares que leurs masques iconiques, les sculptures figuratives Makonde sont principalement conservées dans les anciennes collections muséales. Stylistiquement, cette pièce est typique des sculptures Makonde collectées dans les premières décennies du XXe siècle. On peut observer des exemples de masques de ce style aux musées Pitt-Rivers (inv. n° 1918.44.2), Brooklyn (inv. n° 22.1588) et Dapper ; quant aux sculptures, on les trouve dans le Museu Nacional de Etnologia de Lisbonne et le Museu Nacional de Ciencia Natural du Mozambique. Le style Makonde se distingue souvent par un front incliné contrebalancé par de lourdes bajoues ; une bouche à la lèvre supérieure charnue portant un labret et dissimulant le menton ; de grands yeux ovales ; un nez plat, et de larges narines finement sculptées. Ces rares sculptures en bois étaient appelées masinamu (au singulier “lisinamu”) et représentaient des ancêtres mythiques du clan ainsi que les aînés décédés. À l'époque pré-coloniale, les Makonde n'avaient pas de vrais chefs : seuls les plus anciens du clan et les devins humu (au pluriel vahumu) faisaient autorité. Au sein de ce groupe, un culte important était pratiqué : on vénérait les ancêtres les plus sages pratiquant le ntela (“médecine”) comme des divinités mineures. Les masinamu ont été conservés dans les habitats des chefs de villages et des vahumu où ils étaient probablement associés à des tombeaux d'ancêtres. Ils étaient souvent peints et décorés de tatouages Makonde. La tête magnifiquement sculptée dans le style classique Makonde, au contraste exquis du visage noir, des yeux blancs et de la coiffe rouge, fait de cette grande sculpture une des plus réussies et une des seules à avoir été conservée en mains privées.
Liliane et Michel Durand-Dessert
Beaucoup plus rares que leurs masques iconiques, les sculptures figuratives Makonde sont principalement conservées dans les anciennes collections muséales. Stylistiquement, cette pièce est typique des sculptures Makonde collectées dans les premières décennies du XXe siècle. On peut observer des exemples de masques de ce style aux musées Pitt-Rivers (inv. n° 1918.44.2), Brooklyn (inv. n° 22.1588) et Dapper ; quant aux sculptures, on les trouve dans le Museu Nacional de Etnologia de Lisbonne et le Museu Nacional de Ciencia Natural du Mozambique. Le style Makonde se distingue souvent par un front incliné contrebalancé par de lourdes bajoues ; une bouche à la lèvre supérieure charnue portant un labret et dissimulant le menton ; de grands yeux ovales ; un nez plat, et de larges narines finement sculptées. Ces rares sculptures en bois étaient appelées masinamu (au singulier “lisinamu”) et représentaient des ancêtres mythiques du clan ainsi que les aînés décédés. À l'époque pré-coloniale, les Makonde n'avaient pas de vrais chefs : seuls les plus anciens du clan et les devins humu (au pluriel vahumu) faisaient autorité. Au sein de ce groupe, un culte important était pratiqué : on vénérait les ancêtres les plus sages pratiquant le ntela (“médecine”) comme des divinités mineures. Les masinamu ont été conservés dans les habitats des chefs de villages et des vahumu où ils étaient probablement associés à des tombeaux d'ancêtres. Ils étaient souvent peints et décorés de tatouages Makonde. La tête magnifiquement sculptée dans le style classique Makonde, au contraste exquis du visage noir, des yeux blancs et de la coiffe rouge, fait de cette grande sculpture une des plus réussies et une des seules à avoir été conservée en mains privées.