Lot Essay
Cet élégant rafraîchissoir livré à Versailles au début du règne de Louis XVI par François-Gaspard Teuné illustre parfaitement la qualité des commandes princières et leur rôle déterminant dans les innovations de l’ébénisterie au XVIIIe siècle.
François-Gaspard Teuné débute sa carrière dans l’atelier de son oncle : Jean-Baptiste Popsel, ouvrier libre du Faubourg Saint Antoine passé maître en 1755. Prenant le même chemin, Teuné exerce d’abord comme ouvrier libre dès 1757 et accède à la maîtrise en 1766.
S’il se spécialise dans la production de bureaux à cylindre, dont l’un des plus remarquables exemples se trouve aujourd’hui conservé au Musée du Louvre (AO 9501 ; don de Jacques Lenté en 1947.), la soixante d’ouvrages portant son estampille recensée aujourd’hui témoigne d’une production rare aussi soignée que variée.
La préciosité de ses œuvres lui vaut de collaborer avec l’ébéniste du Roi Oeben et de répondre à de prestigieux commanditaires.
Ce rafraichissoir en est un parfait exemple : d’une série de quatre, il fut livré à Versailles en 1775 pour meubler la salle à manger du comte d’Artois. Les archives nationales conservent le document attestant du remboursement fait « Aux Valets de chambre tapissiers de Monseigneur pour l’Ameublement d’une salle à manger à Versailles consistant en […] quatre tables dites servantes de bois de rose avec fontes dorées et argentées […] (A.N. R/1/310). Notre meuble, comme la table du même ensemble (vente 20 février 1983, Versailles, lot 171) porte par ailleurs la marque du prince « CDT ».
Frère cadet de Louis XVI, le comte d’Artois, prince de sang et futur Charles X, n’était pas destiné au trône. Esthète et hédoniste, il eut par conséquent tout le loisir de développer un gout sûr pour l’ameublement de ses nombreuses demeures ; s’entourant toujours des meilleurs artistes. Avant Bagatelle, Maisons ou Saint-Germain-en-Laye, c’est à Versailles que le comte d’Artois fait embellir ses grands appartements.
Situés dans l’aile des princes ou aile du Midi, ils comprenaient une dizaine de pièces, sur deux étages mais aménagées au même niveau d’élévation de la façade du château. La hauteur sous plafond initiale était par là-même divisée par deux, offrant aux occupants un plus grand confort. A la multiplication et à la spécialisation croissante des pièces au XVIIIème siècle répond celle des meubles ; et pour la salle à manger, nouvelle venue de la distribution des appartements français, un mobilier adéquat apparaît. Le rafraichissoir permettait notamment un service de table sans domestique et plus intime. Notre exemplaire livré par Teuné, avec ses lignes sinueuses et son délicat placage de bois de rose, illustre parfaitement ce souci constant de combiner préciosité et fonctionnalité, et de mettre le savoir-faire des ébénistes au service d’un art de vivre.
François-Gaspard Teuné débute sa carrière dans l’atelier de son oncle : Jean-Baptiste Popsel, ouvrier libre du Faubourg Saint Antoine passé maître en 1755. Prenant le même chemin, Teuné exerce d’abord comme ouvrier libre dès 1757 et accède à la maîtrise en 1766.
S’il se spécialise dans la production de bureaux à cylindre, dont l’un des plus remarquables exemples se trouve aujourd’hui conservé au Musée du Louvre (AO 9501 ; don de Jacques Lenté en 1947.), la soixante d’ouvrages portant son estampille recensée aujourd’hui témoigne d’une production rare aussi soignée que variée.
La préciosité de ses œuvres lui vaut de collaborer avec l’ébéniste du Roi Oeben et de répondre à de prestigieux commanditaires.
Ce rafraichissoir en est un parfait exemple : d’une série de quatre, il fut livré à Versailles en 1775 pour meubler la salle à manger du comte d’Artois. Les archives nationales conservent le document attestant du remboursement fait « Aux Valets de chambre tapissiers de Monseigneur pour l’Ameublement d’une salle à manger à Versailles consistant en […] quatre tables dites servantes de bois de rose avec fontes dorées et argentées […] (A.N. R/1/310). Notre meuble, comme la table du même ensemble (vente 20 février 1983, Versailles, lot 171) porte par ailleurs la marque du prince « CDT ».
Frère cadet de Louis XVI, le comte d’Artois, prince de sang et futur Charles X, n’était pas destiné au trône. Esthète et hédoniste, il eut par conséquent tout le loisir de développer un gout sûr pour l’ameublement de ses nombreuses demeures ; s’entourant toujours des meilleurs artistes. Avant Bagatelle, Maisons ou Saint-Germain-en-Laye, c’est à Versailles que le comte d’Artois fait embellir ses grands appartements.
Situés dans l’aile des princes ou aile du Midi, ils comprenaient une dizaine de pièces, sur deux étages mais aménagées au même niveau d’élévation de la façade du château. La hauteur sous plafond initiale était par là-même divisée par deux, offrant aux occupants un plus grand confort. A la multiplication et à la spécialisation croissante des pièces au XVIIIème siècle répond celle des meubles ; et pour la salle à manger, nouvelle venue de la distribution des appartements français, un mobilier adéquat apparaît. Le rafraichissoir permettait notamment un service de table sans domestique et plus intime. Notre exemplaire livré par Teuné, avec ses lignes sinueuses et son délicat placage de bois de rose, illustre parfaitement ce souci constant de combiner préciosité et fonctionnalité, et de mettre le savoir-faire des ébénistes au service d’un art de vivre.