PAIRE D'ENCOIGNURES D'EPOQUE LOUIS XV
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PAIRE D'ENCOIGNURES D'EPOQUE LOUIS XV

ESTAMPILLE DE BERNARD II VAN RISEN BURGH DIT B. V. R. B. II, VERS 1750

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PAIRE D'ENCOIGNURES D'EPOQUE LOUIS XV
ESTAMPILLE DE BERNARD II VAN RISEN BURGH DIT B. V. R. B. II, VERS 1750
En vernis européen à l'imitation de la Chine, à décor or, noir et polychrome, poirier noirci et partiellement doré, ornementation de bronze ciselé et doré, les dessus de marbre portor restaurés et associés, la façade centrée d'un cartouche rocaille formé de palmes, velum et cabochons représentant pour la première une pagode inscrite dans un paysage lacustre et pour la seconde des pagodes dans un paysage arboré, le fond à treillage, les écoinçons à coquilles, les deux vantaux en placage au revers de merisier et filets d'amarante découvrant deux étagères, chaque encoignure avec une trace d'estampille sur chaque montant antérieur BVRB, portant sur le dessus deux étiquettes imprimées inscrites "Collection / Jacques Guerlain" et monogrammées JG et portant au dos une étiquette inscrite à l'encre noire "M.J.J.Guerlain", la première avec une étiquette inscrite à l'encre bleue "Guerlain" ; usures et quelques retouches au vernis
H.: 96 cm. (37 ¾ in.) ; L.: 81,5 cm. (32 in.) ; P.: 58,5 cm. (23 in.)
Bernard II Van Risen Burgh (B. V. R. B.), reçu maître vers 1730
Provenance
Collection Jacques Guerlain ;
puis Jean-Jacques Guerlain ;
puis par descendance.


Literature
Connaissance des Arts, septembre 1955, No 43,
Cat. Expo., « Grands Ebénistes et Menuisiers Parisiens du XVIIIe siècle. 1740-1790 », 1955, No. 28.
Exhibited
Grands Ebénistes et Menuisiers Parisiens du XVIIIe siècle. 1740-1790, Musée des Arts Décoratifs, Paris, décembre 1955 – février 1956, No. 28.
Special notice
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Further details
A PAIR OF LOUIS XV ORMOLU-MOUNTED PARCEL-GILT, POLYCHROME AND BLACK JAPANNED AND EBONISED-PEARWOOD ENCOIGNURES STAMPED BY II VAN RISEN BURGH CALLED B.V.R.B II, CIRCA 1750

路易十五時期漆藝牆角櫃一對,附有伯納德二世‧范‧里森‧伯格印章,十八世紀中葉

Lot Essay

Cette élégante paire d’encoignures offre un important témoignage du travail d’un des plus grands ébénistes du règne de Louis XV. Estampillées Bernard II van Risen Burgh, elle ont fait partie pendant plusieurs générations des collections Guerlain, associant à travers les siècles deux noms synonymes d’excellence et raffinement.

BERNARD II VAN RISEN BURGH

Fils d’un ébéniste hollandais installé à Paris dans les années 1680 et spécialisé dans la fabrication des caisses de régulateur et dans la marqueterie d’écaille et de métal, Bernard II van Risen Burgh demeura toute sa vie dans le Faubourg Saint-Honoré. Il habita successivement les rues de Reuilly, de Saint-Nicolas et de Charenton. Il meurt en 1766 après avoir vendu son fonds de commerce à son fils, appelé Bernard III. Reçu maître avant 1730, son estampille ‘BVRB’ demeura longtemps inconnue, jusqu’à son identification tardive en 1957 par Jean-Pierre Baroli (‘’Le mystérieux B.V.R.B enfin identifié’’, in Connaissance des Arts, mars 1957, pp. 56-63).

BVRB ET LES MARCHANDS-MERCIERS

L’utilisation de cet acronyme comme signature par les trois générations de van Risen Burgh s’explique, selon celui qui l’a découverte, à la fois pour une raison pratique et pour une raison commerciale. Pratique car le nom complet nécessiterait un long fer difficile à frapper ; commerciale car ayant travaillé presque exclusivement pour des marchands-merciers, BVRB aurait été fortement encouragé par ces derniers à conserver cet anonymat relatif. Lazare Duvaux, François-Charles Darnault, Thomas Joachim Hébert, et Simon Philippe Poirier bénéficièrent entre autres du somptueux travail de l’ébéniste parisien. Par le biais de ces marchands et au fil de livraisons plus prestigieuses les unes que les autres, BVRB devient l’ébéniste le plus en vue du règne de Louis XV.
En effet, dès 1737, avec une commode en laque du Japon livrée à la reine Marie Leszczynska pour son cabinet de retraite du château de Fontainebleau (Musée du Louvre, inv. OA 11193), BVRB pénétrait, par l’intermédiaire de Thomas Joachim Hébert, le marché des meubles de la Couronne.
Cette association de BVRB avec les grands décorateurs parisiens est symptomatique du marché du luxe au XVIIIe siècle. Les intérêts liés des artisans et des ordonnateurs du goût s’articulent ainsi : l’ébéniste accède grâce au marchand-mercier, en même temps qu’à une clientèle prestigieuse et fortunée, à des matériaux exotiques ou luxueux et à des procédés dont ils détiennent un quasi-monopole. Le marchand-mercier quant à lui s’attache en retour les services des meilleurs artistes pour séduire cette riche clientèle désireuse de posséder les dernières créations à la mode.
Parmi de nombreux exemples prouvant la pérennité de cette collaboration entre BVRB et les marchands-merciers, et leurs bénéfices mutuels, citons aussi la livraison du 18 février 1745 à Versailles pour le cabinet de retraite de la Dauphine d’un secrétaire à pente marqueté en bois de bout (Musée des châteaux de Versailles et de Trianon, inv. V5268). Enfin, en 1760, le prince de Condé payait à Philippe-Simon Poirier une commode exceptionnelle destinée au Palais Bourbon, ornée de plaques de porcelaine enchâssées dans un réseau de bronze (Collection particulière, inv. RO 84).
Ces différents exemples prouvent l’étroitesse des relations entre les différents marchands-merciers parisiens et BVRB, la place de choix qu’il occupait parmi les artisans de son temps et la longévité de sa carrière. Ils permettent aussi de mettre en lumière la diversité d’une œuvre que caractérisent notamment le renouvellement des formes, la multiplicité des matériaux utilisés, et l’habileté à s’adapter aux progrès techniques et à ceux de la mode.

LAQUES ORIENTALES ET VERNIS FRANÇAIS

Toutefois, la production la plus emblématique du prolifique Bernard II van Risen Burgh fut l’utilisation des laques asiatiques et du vernis Martin. Et si les œuvres de l’ébéniste qui associent les deux techniques sont nombreuses, rares sont celles où le vernis européen est exclusivement utilisé.
Par souci d’égaler la qualité des œuvres asiatiques, des vernisseurs français s’employèrent dès le XVIIème siècle à imiter ces productions. Parmi ces talentueux artisans, les frères Martin, qui jouissaient d’un privilège royal et d’une excellente réputation, donnèrent leur nom à cette technique. Guillaume et Etienne-Simon Martin s'associèrent en 1727, dirigeant respectivement leurs ateliers de peinture des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Martin. Guillaume Martin avait été reçu Maître peintre, sculpteur et enlumineur en 1713 et nommé Vernisseur du roi par brevet de 1725. Etienne-Simon, quant à lui, devint maître en 1728. Plus tard, Robert, et son dernier frère Julien, adhérèrent à la société formée par leurs aînés, ajoutant ainsi un troisième atelier rue Magloire en 1748 ; et leur entreprise fut érigée en Manufacture royale. Leurs imitations parfaites des laques et des décors orientaux les rendirent vite si célèbres que les rédacteurs des catalogues de vente de l'époque les mentionnaient dans leurs notices.
BVRB eut maintes fois l’occasion, par l’entremise des marchands-merciers, de mettre en valeur les panneaux des frères Martin. Il devint même un maître incontesté de cette technique et ses œuvres enrichissent aujourd’hui les collections des plus grands musées. Concernant les laques asiatiques, nous l’avons dit, les exemples sont nombreux. Des commodes galbées sont notamment visibles parmi les collections du Victoria and Albert Museum de Londres (inv. 1105-1882) et du J. Paul Getty Museum de Los Angeles (inv. 65.DA.4). Quant aux encoignures, une paire à deux portes en laque de Coromandel fit partie des collections Double, puis Doisteau, avant de finir au Metropolitan Museum de New-York avec l’ensemble de la collection Charles Wrightsman (inv. 1983.185.2). Une autre en laque du Japon et en vernis orne depuis la fin du XIXe siècle l’escalier de l’hôtel particulier de Nissim de Camondo (Inv. Cam. 36.1 et 2)
En revanche, les encoignures en vernis sont extrêmement rares. Outre notre paire, on compte celle de l’ancienne collection Louis-Jean Gaignat (1698-1768), illustrée par Gabriel de Saint-Aubin lors de la vente de sa collection en 1769, et réapparue plus récemment sur le marché (vente Sotheby’s, Londres, 06 juillet 2011, lot 16). Une seule autre, acquise par Georges IV, fait aujourd’hui partie des collections de la Reine d’Angleterre (Carlton House, The Past Glories of George IV`s Palace, 1991, p.64.)
Ces exemples montrent à quel point, et ce bien avant l’identification du maître, les œuvres estampillées BVRB recueillaient les suffrages des plus grands collectionneurs. L’examen attentif de nos encoignures explique aisément ce succès mérité. Il confirme la réputation d’excellence de l’ébéniste. Comme le notait Pierre Verlet (Le mobilier français du XVIIIème siècle, Paris, 1989, p. 131) la construction est particulièrement soignée, surtout pour l’époque. En chêne et non en pin, le bâti comporte des assemblages nets et réguliers ; les fonds se composent de panneaux chevillés et chanfreinés, très réguliers. Cette âme de bois discrète sert de support au décor le plus raffiné possible.

UNE ŒUVRE CHARNIERE DANS LA PRODUCTION DE BVRB

Ces observations et la comparaison de notre paire d’encoignures avec les autres exemples de la production de BVRB permettent de préciser leur date d’exécution. On remarque en effet que les exemplaires produits vers 1740, comme la paire conservée à la Résidence de Münich (inv. M 23-24), ou celle qui se trouve au J. Paul Getty Museum (inv. 72.DA.44.1), se caractérisent par leurs montants et leurs pieds droits, un fond plat, une plinthe à la découpe simple et une ouverture à deux vantaux.
Après 1750 a contrario, les montants comme les pieds sont mouvementés, la découpe de la plinthe plus déchiquetée et la façade au galbe très prononcé ouvre par un seul vantail. Citons par exemple la paire provenant de la collection Machaut d’Arnouville datée de ces années-là (vente Christie’s, New-York, 2 novembre 2000, lot 231).
Notre paire, aux montants droits mais aux pieds cambrés, ouvrant par deux vantaux mais à la plinthe savamment dessinée, se situerait donc à mi-chemin entre ces deux périodes de productions, à la toute fin des années 1740, lorsque les ‘’C’’ couronnés disparaissent des montures de bronze doré.

LES BRONZES DORES

Offrant un parfait contraste avec le vernis qu’elles accompagnent, les montures de bronze doré occupent dans les créations de BVRB une place particulièrement importante. En effet, BVRB est réputé pour la conception extraordinaire de ses montures qui participent à l’harmonie générale des lignes de ses meubles. Leur brunissage et leur ciselure impeccables ont parfois été attribués aux bronziers Pierre Regnault et Louis Blondel qui déjà travaillèrent pour son père. Contrairement aux pratiques de l’époque, les modèles de bronzes de BVRB se retrouvent uniquement sur ses meubles, à l’exclusion de tout autre ébéniste. Il est donc légitime de penser avec les spécialistes de son œuvre que BVRB dessinait ces montures, et les fondait peut-être à partir de ses propres moules, en totale illégalité vis-à-vis des règles corporatives. Ou bien avait-il convenu avec les marchands-merciers un usage exclusif de certains de leurs modèles. Quoiqu’il en soit, certains rinceaux feuillagés et agrafes rocailles, caractéristiques de son œuvre participent à la naissance d’un style propre et bien identifiable.

GUERLAIN : UNE PROVENANCE PRESTIGIEUSE

L’histoire de ces spectaculaires encoignures est largement associée à celle de la famille Guerlain dans les collections de laquelle elles ont figuré durant plusieurs générations. En effet, elles ont fait partie de la collection de Jacques Guerlain. Troisième du nom dans la dynastie des célèbres parfumeurs, Jacques Edouard Guerlain (1874-1963) fut l’un des nez les plus prolifiques et doués du siècle passé. Créant des fragrances devenues iconiques, il a marqué l’histoire du luxe parisien
Avec le même souci de perfection et d’équilibre qui animait l’artisan du XVIIIème siècle, avec le même goût pour l’exotisme et les essences luxueuses, Jacques Guerlain et ses héritiers auront largement contribué à la réputation sans faille de l’élégance française à travers le monde.
Ce merveilleux alchimiste considérait la parfumerie comme un art et connaissait l’art comme la parfumerie. « Il travaillait comme un peintre de portrait à son chevalet » dira de lui son petit-fils Jean-Paul Guerlain. Esthète et poète, il réunit dans sa demeure parisienne de la plaine Monceau, au 22 rue Murillo, un fabuleux ensemble de tableaux, de meubles et d’objets d’art.
Hubert Robert, Fragonard, Manet, Sisley, Gauguin… à la litanie des plus grands maîtres de la peinture répondait celle des ébénistes. André-Charles Boulle, notamment, et bien sûr BVRB, dont il possédait, outre notre paire d’encoignures, une curieuse commode en cabinet en laque du Japon. Comme une dernière illustration des valeurs de transmission chères à la famille Guerlain, une ultime démonstration de son goût, cette commode a rejoint les collections du Musée du Louvre (inv. OA 11745) en même temps que l’emblématique Pie de Claude Monet, une autre œuvre phare des collections Guerlain.

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