Lot Essay
Le modèle de ces coffres s’inspire directement des dessins imaginés et mis en forme par l’ébéniste du Roi, André-Charles Boulle (1642-1732) plus d’un siècle auparavant. Remise au goût du jour dès les années 1770 par les plus grands maîtres du XVIIIe siècle tels qu’Etienne Levasseur ou encore Adam Weisweiler, cette passion du mobilier Boulle perdurera jusqu’au XIXe siècle avec des créateurs tels que les frères Béfort, spécialisés dans la marqueterie d’écaille de tortue.
TYPOLOGIE DU MEUBLE
Les coffres de mariage ont longtemps été destinés au rangement du trousseau de la mariée. Ce type de meuble existe depuis le Moyen-Age et sont pour les plus précieux d’entre eux très richement sculptés, très souvent aux emblèmes de la famille. Cependant ils n’existent sous cette forme de sarcophage que depuis le XVIIe siècle en Italie, dérivant du cassone italien. C’est le célèbre Jean Berain (1640-1711) qui fut l’un des premiers à défendre cette forme en France et chercha notamment à l’adapter aux commodes et aux bureaux. Bien que Boulle puisse s’être fortement inspiré de Bérain pour ses propres créations, une collaboration entre ces deux artistes n’est pas impossible. Pensons notamment à la fameuse paire de coffres en première partie et contre-partie d’André-Charles Boulle anciennement conservée dans les collection Demidoff au Palais de San Donato puis acquise par le J. P. Getty Museum en 1982. (Inv. 82.DA.109.1-2) Cette paire appartenait originellement à Claude-François Julliot et fut vendu au moment du décès de sa femme le 20 novembre 1777, lot 706 (ill. C. Bremer-David, Decorative Arts. An illustrated summary catalogue of the collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, 1993, p. 13).
Cherchant leur inspiration dans l’immense répertoire des siècles et des cultures passés, les artistes et artisans du XVIIIe, dans la lignée de Boulle, puis de la Restauration au XIXème siècle surent parfaitement s’adapter et répondre aux nouvelles exigences de confort et de commodité réclamées par les amateurs. Du talent de ces grands maîtres naîtront les plus belles répliques. André-Charles Boulle ne fera pas exception à cette règle. Sa technique sera à de maintes reprises imitée, la mécanisation du processus permettant une finition et un rendu d’une perfection admirable, comme en témoigne notre présent lot. La marqueterie Boulle marque la tradition avec le début du XVIIIe siècle. Le masque du tiroir central est également un élément reprit des fameuses commodes aussi appelées « bureau en commodes » du musée du Louvre par Boulle (Inv. OA5477-78) (Ill. D. Alcouffe, Le mobilier du Musée du Louvre, Tome 1, Dijon, 1993, p.91 et 95). Ils viennent s’orner d’ornements déjà Louis XVI, comme le vase antiquisant de l’entretoise. Ce modèle se retrouve notamment sur la rampe d’escalier aujourd’hui installée à Hertford House et provenant de l’Hôtel de Nevers de la rue de Richelieu. (ill. P. Hughes, The Wallace Collection Catalogue of Furniture, Tome III, Londres, 1996, p. 1187).
JEAN-BAPTISTE BEFORT (1783-1840)
D'origine belge, l'ébéniste, Jean-Baptiste Béfort s'installera à Paris au faubourg Saint-Honoré dès 1817. Il fut rapporté qu’il porta « le talent d’ébéniste à un degré de supériorité que les meilleurs ouvriers de Paris peuvent attester ». Sa réputation était telle que sous le règne de Louis-Philippe il put obtenir plusieurs commandes pour le duc d’Orléans pour son pavillon de Marsan aux Tuileries. Ces commandes incluaient un certain nombre de meubles Boulle pour lesquels le duc avait un penchant tout particulier. Dans un genre plus simple, nous connaissons de Jean-Baptiste Béfort dit « Béfort Père » un coffre sur piétement entièrement marqueté en contrepartie qui pourrait être rapproché de notre présent lot. (ill. C. Payne, Paris Furniture, the luxury market of the 19th century, Saint-Rémy-en-l’eau, 2018, p. 253)
UN MODELE ROYAL
Cette paire de coffres est très certainement la reproduction du modèle des coffres de mariage faisant aujourd’hui partie de la Wallace Collection (F 47 et F48) et qui seraient selon F. J. B Watson, d’origine royale complétée par quelques ornements de bronze probablement postérieurs. (ill. P. Hughes, The Wallace Collection Catalogue of Furniture, Tome II, Londres, 1996, p. 685). Nous savons notamment qu’elle fut léguée par la 2ème marquise de Hertford à son fils, dans son testament rédigé le 13 octobre 1831. Bien que le dessin et la couleur de la marqueterie diffèrent, la typologie du meuble est parfaitement identique. Le piétement, notamment, présente ce même jeu de feuillage déchiqueté et de rosaces. L’entretoise en X est centrée d’un vase antique. De la même manière le piétement des coffres en masques de satyre terminés par des pieds en griffes sont identiques.
Un autre exemplaire en marqueterie Boulle d’écaille de tortue teinte en rouge très semblable à notre version en contre-partie fut passée en vente chez Sotheby’s, Monaco, le 11 février 1979, lot 378. Chez Christie’s à Londres sera vendu dix ans plus tard, le 17 mars 1989, lot 411, une paire de coffres identiques présentant une marqueterie Boulle dite « classique » en écaille noire, datée de 1840.
TYPOLOGIE DU MEUBLE
Les coffres de mariage ont longtemps été destinés au rangement du trousseau de la mariée. Ce type de meuble existe depuis le Moyen-Age et sont pour les plus précieux d’entre eux très richement sculptés, très souvent aux emblèmes de la famille. Cependant ils n’existent sous cette forme de sarcophage que depuis le XVIIe siècle en Italie, dérivant du cassone italien. C’est le célèbre Jean Berain (1640-1711) qui fut l’un des premiers à défendre cette forme en France et chercha notamment à l’adapter aux commodes et aux bureaux. Bien que Boulle puisse s’être fortement inspiré de Bérain pour ses propres créations, une collaboration entre ces deux artistes n’est pas impossible. Pensons notamment à la fameuse paire de coffres en première partie et contre-partie d’André-Charles Boulle anciennement conservée dans les collection Demidoff au Palais de San Donato puis acquise par le J. P. Getty Museum en 1982. (Inv. 82.DA.109.1-2) Cette paire appartenait originellement à Claude-François Julliot et fut vendu au moment du décès de sa femme le 20 novembre 1777, lot 706 (ill. C. Bremer-David, Decorative Arts. An illustrated summary catalogue of the collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, 1993, p. 13).
Cherchant leur inspiration dans l’immense répertoire des siècles et des cultures passés, les artistes et artisans du XVIIIe, dans la lignée de Boulle, puis de la Restauration au XIXème siècle surent parfaitement s’adapter et répondre aux nouvelles exigences de confort et de commodité réclamées par les amateurs. Du talent de ces grands maîtres naîtront les plus belles répliques. André-Charles Boulle ne fera pas exception à cette règle. Sa technique sera à de maintes reprises imitée, la mécanisation du processus permettant une finition et un rendu d’une perfection admirable, comme en témoigne notre présent lot. La marqueterie Boulle marque la tradition avec le début du XVIIIe siècle. Le masque du tiroir central est également un élément reprit des fameuses commodes aussi appelées « bureau en commodes » du musée du Louvre par Boulle (Inv. OA5477-78) (Ill. D. Alcouffe, Le mobilier du Musée du Louvre, Tome 1, Dijon, 1993, p.91 et 95). Ils viennent s’orner d’ornements déjà Louis XVI, comme le vase antiquisant de l’entretoise. Ce modèle se retrouve notamment sur la rampe d’escalier aujourd’hui installée à Hertford House et provenant de l’Hôtel de Nevers de la rue de Richelieu. (ill. P. Hughes, The Wallace Collection Catalogue of Furniture, Tome III, Londres, 1996, p. 1187).
JEAN-BAPTISTE BEFORT (1783-1840)
D'origine belge, l'ébéniste, Jean-Baptiste Béfort s'installera à Paris au faubourg Saint-Honoré dès 1817. Il fut rapporté qu’il porta « le talent d’ébéniste à un degré de supériorité que les meilleurs ouvriers de Paris peuvent attester ». Sa réputation était telle que sous le règne de Louis-Philippe il put obtenir plusieurs commandes pour le duc d’Orléans pour son pavillon de Marsan aux Tuileries. Ces commandes incluaient un certain nombre de meubles Boulle pour lesquels le duc avait un penchant tout particulier. Dans un genre plus simple, nous connaissons de Jean-Baptiste Béfort dit « Béfort Père » un coffre sur piétement entièrement marqueté en contrepartie qui pourrait être rapproché de notre présent lot. (ill. C. Payne, Paris Furniture, the luxury market of the 19th century, Saint-Rémy-en-l’eau, 2018, p. 253)
UN MODELE ROYAL
Cette paire de coffres est très certainement la reproduction du modèle des coffres de mariage faisant aujourd’hui partie de la Wallace Collection (F 47 et F48) et qui seraient selon F. J. B Watson, d’origine royale complétée par quelques ornements de bronze probablement postérieurs. (ill. P. Hughes, The Wallace Collection Catalogue of Furniture, Tome II, Londres, 1996, p. 685). Nous savons notamment qu’elle fut léguée par la 2ème marquise de Hertford à son fils, dans son testament rédigé le 13 octobre 1831. Bien que le dessin et la couleur de la marqueterie diffèrent, la typologie du meuble est parfaitement identique. Le piétement, notamment, présente ce même jeu de feuillage déchiqueté et de rosaces. L’entretoise en X est centrée d’un vase antique. De la même manière le piétement des coffres en masques de satyre terminés par des pieds en griffes sont identiques.
Un autre exemplaire en marqueterie Boulle d’écaille de tortue teinte en rouge très semblable à notre version en contre-partie fut passée en vente chez Sotheby’s, Monaco, le 11 février 1979, lot 378. Chez Christie’s à Londres sera vendu dix ans plus tard, le 17 mars 1989, lot 411, une paire de coffres identiques présentant une marqueterie Boulle dite « classique » en écaille noire, datée de 1840.