Lot Essay
Le « déjeuner réticulé chinois » du comte Boulay de la Meurthe.
Un premier registre conservé aux archives de Sèvres-Cité de la Céramique (Vv 7, folio 5, verso), mentionne ce qui est probablement l’entrée de ce déjeuner au magasin de vente en avril 1862. Il donne ainsi la liste des pièces qui le composent avec leur prix de revient et leur prix de vente :
Forme
Plateau
Jatte
Cafetière
Théière
Pot à lait
Sucrier
Tasse à thé et soucoupe
Tasse à café et soucoupe
Prix de revient
789.50 francs
345 francs
237.50 francs
232.50 francs
202 francs
220 francs
166.62 francs
150 francs
Prix de vente
1,050 francs
460 francs
315 francs
310 francs
270 francs
295 francs
220 francs
200 francs
Finalement, le registre du magasin de ventes de la manufacture, également conservé aux archives de Sèvres-Cité de la Céramique, mentionne la livraison de ce service (Vbb 12, folio 35) :
Donné à M le comte J. Boulay (de la Meurthe), Sénateur en aout 1863 / Service de déjeuner chinois réticulé fond bleu lapis décor en or repris en or et couleur.
Le comte Jean Boulay de la Meurthe (1761-1840), issu d’une famille de paysans vosgiens, suit des études de droit à Nancy et exerce à Paris en tant qu’avocat. Il soutient le Coup d’Etat du 18 Brumaire, et est nommé par Napoléon Bonaparte en janvier 1800, président de la section de la législation au Conseil d’Etat dans le cadre de laquelle il contribue à la rédaction du Code Civil. Elevé à la dignité de comte en 1808, il part en exil en Allemagne de 1815 à 1819 au retour des Bourbon, puis rentre en France. Il a deux enfants, Henri et François-Joseph (1799-1880). C’est ce dernier, 3e comte Boulay, qui fut le récipiendaire de ce rare service en 1862 ; il était conseiller d’Etat, sénateur (1857-70) et membre du conseil de l’Instruction publique. Son arrière-petit-fils, Alfred, 6e comte, épousera Monique d’Harcourt, fille d’Isabelle d’Orléans.
Le décor « réticulé ».
Alexandre Brongniart, à l’époque directeur de la manufacture de Sèvres, était fasciné par l’Asie et ses techniques de productions porcelainières. Il avait eu l’occasion d’admirer des pièces chinoises réticulées à l’occasion d’une vente chez un antiquaire parisien du nom de F. Sallé en 1826. Cette vente comportait une section intitulée « Les porcelaines chinoises ajourées » ; elles seront l’inspiration de la production sévrienne quelques années plus tard avec la création en novembre 1831 du « déjeuner chinois réticulé ».
Pour ce travail Hyacinthe Régnier (modeleur et sculpteur à la manufacture de 1825 à 1863) est payé à l’avance pour un ensemble de dessins préparatoires. L’année suivante, il réalise d’autres dessins et les finalise pour que débute la production ; il travaillait aussi au même moment sur les ornements en relief du « Vase de la Renaissance ». Les premières pièces réticulées sont produites en 1832, et exposées la même année au Louvre. Elles présentent des doubles parois de porcelaine soutenues entre elles par de petites sections de porcelaine, la paroi extérieure étant ajourée. Ce travail demandait l’intervention de trois ouvriers différents : le tourneur qui créait la paroi intérieure, le modeleur qui créait la paroi externe et appliquait les anses et déversoirs, et une troisième personne pour créer le décor ajouré. Ensuite interviennent les décorateurs et doreurs. Tout ce long processus d’ajourage étant très élaboré, coûteux et demandant un important travail aux ouvriers, son dessin est finalement simplifié par Léon Kann en 1900.
Pour une étude sur la vente de 1826, pour les dessins préparatoires de Régnier et quelques illustrations, voir par Tamara Préaud, The Sèvres Porcelain Manufactory Alexandre Brongniart and the Triumph of Art and Industry, 1800-1847, Catalogue d’exposition au Bard Graduate Centre for studies in the Decorative Arts, New York, Octobre 1997 - Février 1998, p.267, n.76 ; et par Marcelle Brunet et Tamara Préaud, Sèvres des origines à nos jours, Fribourg, 1978, p.297, n.390.
D’autres modèles de « service réticulé chinois ».
A l’instar de Louis XVIII et de Charles X, le roi Louis-Philippe et la reine Marie-Amélie ont passé de nombreuses commandes auprès de la manufacture royale de Sèvres. Sept déjeuners chinois réticulés ont été acquis par la reine pour son utilisation personnelle et prévus pour être offerts ; cf. Tamara Préaud, Op.cit., p.76, fig. 6-2 pour l’exemplaire de 1840 créé pour la reine Marie-Amélie et aujourd’hui dans les collections du Musée du Louvre. Plusieurs exemplaires sont répertoriés et certains ont des liens avec la monarchie ou la Maison impériale. Citons les chronologiquement : - un premier exemple de 1837, à fond turquoise, livré le 14 juillet 1838 à la Reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, roi des Français; pour une illustration, voir la vente chez Sotheby's New-York, le 22 mai 1997, lot 40;
- un deuxième de 1839, à fond corail, livré soit sur ordre de Monsieur l'Intendant Général (au nom de Louis-Philippe) le 12 août 1842 à Monsieur de Cambacérès, Pair de France; soit sur ordre de Louis-Philippe en juin 1844 à Monsieur de Rothschild, puis dans la collection Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé (Christie's Paris, Collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé, le 25 février 2009, lot 733) et maintenant conservé dans les collections du Fine Arts Museums de San Francisco, Legion of Honor Museum [2009.11.1-10];
- un troisième de 1840, à fond rose, livré en 1840 également à la Reine Marie-Amélie et conservé dans les collections du Musée du Louvre, don de M. et Mme Jean-Marie Rossi [OA11098-11111]; pour une illustration, voir le catalogue d'exposition Un âge d'or des arts décoratifs 1814-1848, Paris, 1991, p.279 ;
- un quatrième de 1841, à fond rouge, présent de Louis-Philippe, roi des Français au Vice-Roi d'Egypte Méhemmet'Ali, livré le 13 octobre 1841 et maintenant conservé dans une collection privée après avoir été vendu deux fois chez Christie’s - Christie's Monaco, le 12 décembre 1999, lot 936 et Christie’s Paris, le 24 juin 2009, lot 141 ;
- un cinquième de 1842, à fond vert, probablement livré au roi Louis-Philippe ou à la reine Marie-Amélie, conservé dans les collections du Detroit Institute of Art, Detroit (2008.15.1-24);
- un sixième de 1846, à fond vert pâle, conservé dans une collection privée; pour une illustration, voir la vente chez Christie's New-York, le 20 avril 2005, lot 172;
- un septième de 1861, à fond blanc, conservé dans les collections du Metropolitan Museum de New York; pour une illustration, voir par Marcelle Brunet et Tamara Préaud, Sèvres des origines à nos jours, Fribourg, 1978, p. 297, n. 390 ;
- un huitième de 1863 à fond bleu-lapis, offert par l’empereur Napoleon III à M le comte J. Boulay (de la Meurthe), sénateur, en aôut 1863, l’exemplaire ci-présent.
The Count Boulay de La Meurthe « Déjeuner Chinois Réticulé » at Sèvres
A first ledger, conserved at the archives of Sèvres-Cité de la Céramique (Vv 7, folio 5, verso), records the entrance of what is likely the present tea and coffee service into the saleroom of the manufactory in April 1862, noting the pieces that comprise the service along with the respective cost of production and the selling price:
Shape
Plateau (tray)
Jatte (bowl)
Cafetière (coffee-pot)
Théière (teapot)
Pot à lait (milk jug)
Sucrier (sugar-bowl)
Tasse à thé et soucoupe (teacup/saucer)
Tasse à café et soucoupe (coffee-cup/saucer)
Production Cost
789.50 francs
345 francs
237.50 francs
232.50 francs
202 francs
220 francs
166.62 francs
150 francs
Selling Price
1,050 francs
460 francs
315 francs
310 francs
270 francs
295 francs
220 francs
200 francs
A second ledger, also held in the archives of Sèvres-Cité de la Céramique (Vbb 12, folio 35), records the service leaving the saleroom:
Given to the count J. Boulay (de la Meurthe), Senator, in August 1863 / pierced chinese style tea and coffee service - blue lapis ground with gilt decoration repeated in gilt and in colour.
Originally from a family of Vosges peasants, Jean Boulay de la Meurthe (1761-1840), studied law in Nancy before moving to Paris to practice law. A supporter of the Coup d'Etat of 18 Brumaire, Napoleon Bonaparte appointed him president of the legislative section of the
State Council in January 1800, in which position he contributed to the drafting of the Civil Code. Elevated to the peerage in 1808, Boulay de la Meurthe went into exile in Germany from 1815 to 1819, during which years Bourbon kings were again in power. He had two children, Henri and François-Joseph (1799-1880). It was his younger son, 3rd count Boulay, who received the present rare service in 1863, a gift of emperor Napoleon III. A respected politician, Count François-Joseph Boulay de la Meurthe served as councilor of the state, senator (1857-70), and member of the council on public education. His great-grandson, Alfred, the 6th count, married Monique d'Harcourt, daughter of Isabelle d'Orléans.
The pierced double-walled decoration
During his tenure as director of the Sèvres porcelain factory, Alexandre Brongniart became fascinated by Asia and its production techniques for porcelain. In 1826, he had the opportunity to admire examples of Chinese double-walled pierced decoration at an exhibition and sale held at the gallery of the Parisan antique dealer F. Sallé. Included was a selection of pieces offered under the heading
« Chinese Openwork Porcelains ». These pieces were the direct inspiration for the « déjeuner chinois réticulé », first created at Sèvres several years later in November 1831.
For his work on his director’s pet project, Hyacinthe Régnier (modeler and sculptor at the manufactory from 1825 to 1863) was paid in advance for a selection of preparatory drawings. The following year, while at the same time working on the relief decoration for the monumental « Vase de la Renaissance », Régnier produced further designs and finalised drawings, allowing production on the Chinese-inspired déjeuner to begin. The first pierced pieces were produced in 1832 and exhibited that same year at the Louvre. They showcased a double-walled design, the layers of porcelain separated and supported by tiny interior walls, the exterior wall pierced overall as a net. To fashion these masterworks, the expertise of three separate craftsmen was needed – that of the turner to create the solid interior wall, the modeler to create the exterior wall and apply the handles and spouts, and of a third specialized craftsman to cut the complicated pierced design into the exterior wall. Only then could the usual decorators and gilders work their magic. As one might imagine, the long process needed to create the double-walled pierced forms was hugely expensive and time-consuming. Régnier’s original design was, therefore, simplified in 1900 by Léon Kann.
For a discussion of the sale of 1826 and illustrations of Régnier’s preparatory drawings, see Tamara Préaud, The Sèvres Porcelain Manufactory Alexandre Brongniart and the Triumph of Art and Industry, 1800-1847, Exhibition Catalogue, Bard Graduate Centre for Studies in the Decorative Arts, New York, Octobre 1997 - Février 1998, p.267, n.76 ; also Marcelle Brunet et Tamara Préaud, Sèvres des origines à nos jours, Fribourg, 1978, p.297, n.390.
Extant examples of the « Déjeuner chinois réticulé ».
As was true of the 19th century French monarchs Louis XVIII and Charles X, King Louis-Philippe and Queen Marie-Amélie placed many orders with the Royal Manufacture of Sèvres. At least seven déjeuners chinois réticulés were commissioned by the queen, both for her personal use and as intended gifts. Some recorded examples tied to the monarchy or to the Imperial Household can be mentioned in a chronological order:
- a first in 1837, turquoise ground, delivered 14 July 1838 to Queen Marie-Amélie, wife of Louis-Philippe, King of France; for an illustration, see Sotheby's New-York, le 22 May 1997, lot 40;
- a second in 1839, coral ground, either that delivered by order of Monsieur l'Intendant Général (in the name of Louis-Philippe) 12 August 1842 to Monsieur de Cambacérès, peer of France; or that given by order of Louis Philippe in June 1844 to Monsieur de Rothschild, later in the collection of Yves Saint-Laurent and Pierre Bergé (Christie's Paris, Collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé, 25 February 2009, lot 733), now held in the collection of the Fine Arts Museums of San Francisco, Legion of Honor Museum [2009.11.1-10];
- a third in 1840, pink ground, delivered in 1840 also to Queen Marie-Amélie et now in the collections of the Musée du Louvre, a gift of M. et Mme Jean-Marie Rossi [OA11098-11111]; for an illustration, see the exhibition catalogue Un âge d'or des arts décoratifs 1814-1848, Paris, 1991, p.279;
- a fourth in 1841, red ground, gift of Louis-Philippe, king of France to Viceroy of Egypt Méhemmet'Ali, delivered 13 October 1841 and now in a private collection, having been sold twice at Christies - Christie's Monaco, 12 December 1999, lot 936 and Christie’s Paris, 24 June 2009, lot 141 ;
- a fifth in 1842, green ground, probably delivered to King Louis-Philippe or to Queen Marie-Amélie, now in the collection of the Detroit Institute of Art, Detroit (2008.15.1-24);
- a sixth in 1846, pale green ground, held in a private collection; for an illustration, see sale Christie's New York, 20 April 2005, lot 172;
- a seventh in 1861, white ground with pink ; in the collection of the Metropolitan Museum of New York; for an illustration, see Marcelle Brunet et Tamara Préaud, Sèvres des origines à nos jours, Fribourg, 1978, p. 297, n. 390;
- one last in 1863, faux lapis-lazuli ground, the gift of emperor Napoleon III to M le comte J. Boulay (de la Meurthe), senator, in August 1863, the present example.
Un premier registre conservé aux archives de Sèvres-Cité de la Céramique (Vv 7, folio 5, verso), mentionne ce qui est probablement l’entrée de ce déjeuner au magasin de vente en avril 1862. Il donne ainsi la liste des pièces qui le composent avec leur prix de revient et leur prix de vente :
Forme
Plateau
Jatte
Cafetière
Théière
Pot à lait
Sucrier
Tasse à thé et soucoupe
Tasse à café et soucoupe
Prix de revient
789.50 francs
345 francs
237.50 francs
232.50 francs
202 francs
220 francs
166.62 francs
150 francs
Prix de vente
1,050 francs
460 francs
315 francs
310 francs
270 francs
295 francs
220 francs
200 francs
Finalement, le registre du magasin de ventes de la manufacture, également conservé aux archives de Sèvres-Cité de la Céramique, mentionne la livraison de ce service (Vbb 12, folio 35) :
Donné à M le comte J. Boulay (de la Meurthe), Sénateur en aout 1863 / Service de déjeuner chinois réticulé fond bleu lapis décor en or repris en or et couleur.
Le comte Jean Boulay de la Meurthe (1761-1840), issu d’une famille de paysans vosgiens, suit des études de droit à Nancy et exerce à Paris en tant qu’avocat. Il soutient le Coup d’Etat du 18 Brumaire, et est nommé par Napoléon Bonaparte en janvier 1800, président de la section de la législation au Conseil d’Etat dans le cadre de laquelle il contribue à la rédaction du Code Civil. Elevé à la dignité de comte en 1808, il part en exil en Allemagne de 1815 à 1819 au retour des Bourbon, puis rentre en France. Il a deux enfants, Henri et François-Joseph (1799-1880). C’est ce dernier, 3e comte Boulay, qui fut le récipiendaire de ce rare service en 1862 ; il était conseiller d’Etat, sénateur (1857-70) et membre du conseil de l’Instruction publique. Son arrière-petit-fils, Alfred, 6e comte, épousera Monique d’Harcourt, fille d’Isabelle d’Orléans.
Le décor « réticulé ».
Alexandre Brongniart, à l’époque directeur de la manufacture de Sèvres, était fasciné par l’Asie et ses techniques de productions porcelainières. Il avait eu l’occasion d’admirer des pièces chinoises réticulées à l’occasion d’une vente chez un antiquaire parisien du nom de F. Sallé en 1826. Cette vente comportait une section intitulée « Les porcelaines chinoises ajourées » ; elles seront l’inspiration de la production sévrienne quelques années plus tard avec la création en novembre 1831 du « déjeuner chinois réticulé ».
Pour ce travail Hyacinthe Régnier (modeleur et sculpteur à la manufacture de 1825 à 1863) est payé à l’avance pour un ensemble de dessins préparatoires. L’année suivante, il réalise d’autres dessins et les finalise pour que débute la production ; il travaillait aussi au même moment sur les ornements en relief du « Vase de la Renaissance ». Les premières pièces réticulées sont produites en 1832, et exposées la même année au Louvre. Elles présentent des doubles parois de porcelaine soutenues entre elles par de petites sections de porcelaine, la paroi extérieure étant ajourée. Ce travail demandait l’intervention de trois ouvriers différents : le tourneur qui créait la paroi intérieure, le modeleur qui créait la paroi externe et appliquait les anses et déversoirs, et une troisième personne pour créer le décor ajouré. Ensuite interviennent les décorateurs et doreurs. Tout ce long processus d’ajourage étant très élaboré, coûteux et demandant un important travail aux ouvriers, son dessin est finalement simplifié par Léon Kann en 1900.
Pour une étude sur la vente de 1826, pour les dessins préparatoires de Régnier et quelques illustrations, voir par Tamara Préaud, The Sèvres Porcelain Manufactory Alexandre Brongniart and the Triumph of Art and Industry, 1800-1847, Catalogue d’exposition au Bard Graduate Centre for studies in the Decorative Arts, New York, Octobre 1997 - Février 1998, p.267, n.76 ; et par Marcelle Brunet et Tamara Préaud, Sèvres des origines à nos jours, Fribourg, 1978, p.297, n.390.
D’autres modèles de « service réticulé chinois ».
A l’instar de Louis XVIII et de Charles X, le roi Louis-Philippe et la reine Marie-Amélie ont passé de nombreuses commandes auprès de la manufacture royale de Sèvres. Sept déjeuners chinois réticulés ont été acquis par la reine pour son utilisation personnelle et prévus pour être offerts ; cf. Tamara Préaud, Op.cit., p.76, fig. 6-2 pour l’exemplaire de 1840 créé pour la reine Marie-Amélie et aujourd’hui dans les collections du Musée du Louvre. Plusieurs exemplaires sont répertoriés et certains ont des liens avec la monarchie ou la Maison impériale. Citons les chronologiquement : - un premier exemple de 1837, à fond turquoise, livré le 14 juillet 1838 à la Reine Marie-Amélie, épouse de Louis-Philippe, roi des Français; pour une illustration, voir la vente chez Sotheby's New-York, le 22 mai 1997, lot 40;
- un deuxième de 1839, à fond corail, livré soit sur ordre de Monsieur l'Intendant Général (au nom de Louis-Philippe) le 12 août 1842 à Monsieur de Cambacérès, Pair de France; soit sur ordre de Louis-Philippe en juin 1844 à Monsieur de Rothschild, puis dans la collection Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé (Christie's Paris, Collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé, le 25 février 2009, lot 733) et maintenant conservé dans les collections du Fine Arts Museums de San Francisco, Legion of Honor Museum [2009.11.1-10];
- un troisième de 1840, à fond rose, livré en 1840 également à la Reine Marie-Amélie et conservé dans les collections du Musée du Louvre, don de M. et Mme Jean-Marie Rossi [OA11098-11111]; pour une illustration, voir le catalogue d'exposition Un âge d'or des arts décoratifs 1814-1848, Paris, 1991, p.279 ;
- un quatrième de 1841, à fond rouge, présent de Louis-Philippe, roi des Français au Vice-Roi d'Egypte Méhemmet'Ali, livré le 13 octobre 1841 et maintenant conservé dans une collection privée après avoir été vendu deux fois chez Christie’s - Christie's Monaco, le 12 décembre 1999, lot 936 et Christie’s Paris, le 24 juin 2009, lot 141 ;
- un cinquième de 1842, à fond vert, probablement livré au roi Louis-Philippe ou à la reine Marie-Amélie, conservé dans les collections du Detroit Institute of Art, Detroit (2008.15.1-24);
- un sixième de 1846, à fond vert pâle, conservé dans une collection privée; pour une illustration, voir la vente chez Christie's New-York, le 20 avril 2005, lot 172;
- un septième de 1861, à fond blanc, conservé dans les collections du Metropolitan Museum de New York; pour une illustration, voir par Marcelle Brunet et Tamara Préaud, Sèvres des origines à nos jours, Fribourg, 1978, p. 297, n. 390 ;
- un huitième de 1863 à fond bleu-lapis, offert par l’empereur Napoleon III à M le comte J. Boulay (de la Meurthe), sénateur, en aôut 1863, l’exemplaire ci-présent.
The Count Boulay de La Meurthe « Déjeuner Chinois Réticulé » at Sèvres
A first ledger, conserved at the archives of Sèvres-Cité de la Céramique (Vv 7, folio 5, verso), records the entrance of what is likely the present tea and coffee service into the saleroom of the manufactory in April 1862, noting the pieces that comprise the service along with the respective cost of production and the selling price:
Shape
Plateau (tray)
Jatte (bowl)
Cafetière (coffee-pot)
Théière (teapot)
Pot à lait (milk jug)
Sucrier (sugar-bowl)
Tasse à thé et soucoupe (teacup/saucer)
Tasse à café et soucoupe (coffee-cup/saucer)
Production Cost
789.50 francs
345 francs
237.50 francs
232.50 francs
202 francs
220 francs
166.62 francs
150 francs
Selling Price
1,050 francs
460 francs
315 francs
310 francs
270 francs
295 francs
220 francs
200 francs
A second ledger, also held in the archives of Sèvres-Cité de la Céramique (Vbb 12, folio 35), records the service leaving the saleroom:
Given to the count J. Boulay (de la Meurthe), Senator, in August 1863 / pierced chinese style tea and coffee service - blue lapis ground with gilt decoration repeated in gilt and in colour.
Originally from a family of Vosges peasants, Jean Boulay de la Meurthe (1761-1840), studied law in Nancy before moving to Paris to practice law. A supporter of the Coup d'Etat of 18 Brumaire, Napoleon Bonaparte appointed him president of the legislative section of the
State Council in January 1800, in which position he contributed to the drafting of the Civil Code. Elevated to the peerage in 1808, Boulay de la Meurthe went into exile in Germany from 1815 to 1819, during which years Bourbon kings were again in power. He had two children, Henri and François-Joseph (1799-1880). It was his younger son, 3rd count Boulay, who received the present rare service in 1863, a gift of emperor Napoleon III. A respected politician, Count François-Joseph Boulay de la Meurthe served as councilor of the state, senator (1857-70), and member of the council on public education. His great-grandson, Alfred, the 6th count, married Monique d'Harcourt, daughter of Isabelle d'Orléans.
The pierced double-walled decoration
During his tenure as director of the Sèvres porcelain factory, Alexandre Brongniart became fascinated by Asia and its production techniques for porcelain. In 1826, he had the opportunity to admire examples of Chinese double-walled pierced decoration at an exhibition and sale held at the gallery of the Parisan antique dealer F. Sallé. Included was a selection of pieces offered under the heading
« Chinese Openwork Porcelains ». These pieces were the direct inspiration for the « déjeuner chinois réticulé », first created at Sèvres several years later in November 1831.
For his work on his director’s pet project, Hyacinthe Régnier (modeler and sculptor at the manufactory from 1825 to 1863) was paid in advance for a selection of preparatory drawings. The following year, while at the same time working on the relief decoration for the monumental « Vase de la Renaissance », Régnier produced further designs and finalised drawings, allowing production on the Chinese-inspired déjeuner to begin. The first pierced pieces were produced in 1832 and exhibited that same year at the Louvre. They showcased a double-walled design, the layers of porcelain separated and supported by tiny interior walls, the exterior wall pierced overall as a net. To fashion these masterworks, the expertise of three separate craftsmen was needed – that of the turner to create the solid interior wall, the modeler to create the exterior wall and apply the handles and spouts, and of a third specialized craftsman to cut the complicated pierced design into the exterior wall. Only then could the usual decorators and gilders work their magic. As one might imagine, the long process needed to create the double-walled pierced forms was hugely expensive and time-consuming. Régnier’s original design was, therefore, simplified in 1900 by Léon Kann.
For a discussion of the sale of 1826 and illustrations of Régnier’s preparatory drawings, see Tamara Préaud, The Sèvres Porcelain Manufactory Alexandre Brongniart and the Triumph of Art and Industry, 1800-1847, Exhibition Catalogue, Bard Graduate Centre for Studies in the Decorative Arts, New York, Octobre 1997 - Février 1998, p.267, n.76 ; also Marcelle Brunet et Tamara Préaud, Sèvres des origines à nos jours, Fribourg, 1978, p.297, n.390.
Extant examples of the « Déjeuner chinois réticulé ».
As was true of the 19th century French monarchs Louis XVIII and Charles X, King Louis-Philippe and Queen Marie-Amélie placed many orders with the Royal Manufacture of Sèvres. At least seven déjeuners chinois réticulés were commissioned by the queen, both for her personal use and as intended gifts. Some recorded examples tied to the monarchy or to the Imperial Household can be mentioned in a chronological order:
- a first in 1837, turquoise ground, delivered 14 July 1838 to Queen Marie-Amélie, wife of Louis-Philippe, King of France; for an illustration, see Sotheby's New-York, le 22 May 1997, lot 40;
- a second in 1839, coral ground, either that delivered by order of Monsieur l'Intendant Général (in the name of Louis-Philippe) 12 August 1842 to Monsieur de Cambacérès, peer of France; or that given by order of Louis Philippe in June 1844 to Monsieur de Rothschild, later in the collection of Yves Saint-Laurent and Pierre Bergé (Christie's Paris, Collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé, 25 February 2009, lot 733), now held in the collection of the Fine Arts Museums of San Francisco, Legion of Honor Museum [2009.11.1-10];
- a third in 1840, pink ground, delivered in 1840 also to Queen Marie-Amélie et now in the collections of the Musée du Louvre, a gift of M. et Mme Jean-Marie Rossi [OA11098-11111]; for an illustration, see the exhibition catalogue Un âge d'or des arts décoratifs 1814-1848, Paris, 1991, p.279;
- a fourth in 1841, red ground, gift of Louis-Philippe, king of France to Viceroy of Egypt Méhemmet'Ali, delivered 13 October 1841 and now in a private collection, having been sold twice at Christies - Christie's Monaco, 12 December 1999, lot 936 and Christie’s Paris, 24 June 2009, lot 141 ;
- a fifth in 1842, green ground, probably delivered to King Louis-Philippe or to Queen Marie-Amélie, now in the collection of the Detroit Institute of Art, Detroit (2008.15.1-24);
- a sixth in 1846, pale green ground, held in a private collection; for an illustration, see sale Christie's New York, 20 April 2005, lot 172;
- a seventh in 1861, white ground with pink ; in the collection of the Metropolitan Museum of New York; for an illustration, see Marcelle Brunet et Tamara Préaud, Sèvres des origines à nos jours, Fribourg, 1978, p. 297, n. 390;
- one last in 1863, faux lapis-lazuli ground, the gift of emperor Napoleon III to M le comte J. Boulay (de la Meurthe), senator, in August 1863, the present example.