Lot Essay
ENTRE TRADITION ET MODERNITE
Une des techniques les plus emblématique de l’ébénisterie parisienne au XVIIIe siècle fut l’utilisation des laques asiatiques et des vernis qui les imitaient dans la conception et le décor des meubles d’exception. BVRB, Gaudreaus, Saunier ou encore Martin Carlin devinrent notamment maître dans cet art. Le laque du Japon est en effet un matériau particulièrement rare et recherché dès le XVIIe siècle - ce qui lance notamment les recherches des frères Martin, à l'instar de la présente table employant sur son plateau des éléments de coffre japonais datant du XVIIIe siècle raccordé par du vernis français.
Ce type de meuble associant laque oriental et vernis Martin a très probablement été inventé par Thomas-Joachim Hébert. Fournisseur de meubles et objets de grand luxe, Hébert possède à cet effet en 1724 un stock colossal de laques comprenant deux paravents, neuf cabinets et six cent vingt-six petites pièces du type boîtes et cabarets. Il est alors le seul marchand mercier à disposer d'autant de pièces en laque oriental, destinées à être dépecées par la suite pour orner les meubles et objets commandés par sa riche clientèle.
Synonyme de luxe et de raffinement, les meubles en laque n’ont semble-t-il jamais connu le désamour de la part d’une clientèle éclectique que ce dialogue entre forme occidentale et décor oriental fascine. Au XIXe, l’ouverture des ports japonais au commerce international et la vogue japoniste qui conquit l’Europe s’accompagna d’un regain d’intérêt pour ces productions hybrides et pour l’utilisation des panneaux de laque dans l’ébénisterie française ou la décoration intérieure. On pense immédiatement aux grands panneaux de laque d'or installés par Alexis Pacard au Musée chinois de l'impératrice à Fontainebleau en 1863 ; aux laques du Japon employées dans les créations de Beurdeley, aux laques de Coromandel qu’utilise Sormani, ou encore aux imitations de Duvinage pour la Maison Giroux.
L’amour pour le laque se confirme au XXe siècle. Il n’est plus sous l’Art déco question de réemploi, mais de création. Sous l’égide d’artisans orientaux, des ateliers vont se développer à Paris et des artistes français vont tenter de percer les mystères de cette matière fascinante. Seizo Sougawara fut ainsi le maître laqueur d'Eileen Gray… Héritier de cette longue tradition de dialogue et de savoir-faire, Louis Cane signe ici une œuvre majeur de son répertoire d’arts décoratifs.
Cet ample bureau, conçu pour être utilisé par deux personnes travaillant côte à côte, pourrait être considéré comme une synthèse et un renouveau de toutes les modes que nous avons évoqué. Si son dessin résolument moderne, géométrique et épuré l’éloigne des créations des XVIIIe et XIXe siècles, le choix exigeant des panneaux de laque l’en rapproche. Malgré l’extrême rigueur apparente, la fantaisie tient également sa place : on la retrouve dans les originaux sabots de bronze, et dans les effets de surprises qu’aménage la disposition peu conventionnelle de tous les échantillons de laque. L’intérieur si raffiné est dévoilé par un jeu habile d’abattants repliables, lui aussi innovant. La composition atypique de ce bureau, permettant son usage par deux personnes simultanément, semble être un clin d’œil au bureau de pente de BVRB conservé au J.-Paul Getty Museum (Inv. 70.DA.87) qui offre la même spécificité.
Une des techniques les plus emblématique de l’ébénisterie parisienne au XVIIIe siècle fut l’utilisation des laques asiatiques et des vernis qui les imitaient dans la conception et le décor des meubles d’exception. BVRB, Gaudreaus, Saunier ou encore Martin Carlin devinrent notamment maître dans cet art. Le laque du Japon est en effet un matériau particulièrement rare et recherché dès le XVIIe siècle - ce qui lance notamment les recherches des frères Martin, à l'instar de la présente table employant sur son plateau des éléments de coffre japonais datant du XVIIIe siècle raccordé par du vernis français.
Ce type de meuble associant laque oriental et vernis Martin a très probablement été inventé par Thomas-Joachim Hébert. Fournisseur de meubles et objets de grand luxe, Hébert possède à cet effet en 1724 un stock colossal de laques comprenant deux paravents, neuf cabinets et six cent vingt-six petites pièces du type boîtes et cabarets. Il est alors le seul marchand mercier à disposer d'autant de pièces en laque oriental, destinées à être dépecées par la suite pour orner les meubles et objets commandés par sa riche clientèle.
Synonyme de luxe et de raffinement, les meubles en laque n’ont semble-t-il jamais connu le désamour de la part d’une clientèle éclectique que ce dialogue entre forme occidentale et décor oriental fascine. Au XIXe, l’ouverture des ports japonais au commerce international et la vogue japoniste qui conquit l’Europe s’accompagna d’un regain d’intérêt pour ces productions hybrides et pour l’utilisation des panneaux de laque dans l’ébénisterie française ou la décoration intérieure. On pense immédiatement aux grands panneaux de laque d'or installés par Alexis Pacard au Musée chinois de l'impératrice à Fontainebleau en 1863 ; aux laques du Japon employées dans les créations de Beurdeley, aux laques de Coromandel qu’utilise Sormani, ou encore aux imitations de Duvinage pour la Maison Giroux.
L’amour pour le laque se confirme au XXe siècle. Il n’est plus sous l’Art déco question de réemploi, mais de création. Sous l’égide d’artisans orientaux, des ateliers vont se développer à Paris et des artistes français vont tenter de percer les mystères de cette matière fascinante. Seizo Sougawara fut ainsi le maître laqueur d'Eileen Gray… Héritier de cette longue tradition de dialogue et de savoir-faire, Louis Cane signe ici une œuvre majeur de son répertoire d’arts décoratifs.
Cet ample bureau, conçu pour être utilisé par deux personnes travaillant côte à côte, pourrait être considéré comme une synthèse et un renouveau de toutes les modes que nous avons évoqué. Si son dessin résolument moderne, géométrique et épuré l’éloigne des créations des XVIIIe et XIXe siècles, le choix exigeant des panneaux de laque l’en rapproche. Malgré l’extrême rigueur apparente, la fantaisie tient également sa place : on la retrouve dans les originaux sabots de bronze, et dans les effets de surprises qu’aménage la disposition peu conventionnelle de tous les échantillons de laque. L’intérieur si raffiné est dévoilé par un jeu habile d’abattants repliables, lui aussi innovant. La composition atypique de ce bureau, permettant son usage par deux personnes simultanément, semble être un clin d’œil au bureau de pente de BVRB conservé au J.-Paul Getty Museum (Inv. 70.DA.87) qui offre la même spécificité.