STATUE MOAI PAPA
STATUE MOAI PAPA
STATUE MOAI PAPA
4 More
STATUE MOAI PAPA
7 More
These lots have been imported from outside the EU … Read more
STATUE MOAI PAPA

ÎLE DE PÂQUES

Details
STATUE MOAI PAPA
ÎLE DE PÂQUES
Est inscrit à l’encre blanche, à l’arrière de la statue, le numéro d’inventaire « 5404 ».
Est inscrit à l’encre jaune, à l’arrière de la statue, « ID… Easter I[sland], WBSTR 1898 ».
Hauteur : 52 cm. (20 1⁄2 in.)
Provenance
Collection William Downing Webster (1868-1913), Bicester, inv. n° 5404
Collection Augustus Henry Lane Fox Pitt Rivers (1827-1900), Farnham, acquis le 15 octobre 1898
Collection Pitt Rivers Museum, Farnham
Lance et Roberta Entwistle, Londres
Patricia Ann Withofs (1934-1998), Londres
Importante collection privée, Europe, acquis le 16 décembre 1980
Exhibited
Dorset, Farnham, Pitt Rivers Museum, Pièce 9, Boîte 104
Special notice
These lots have been imported from outside the EU for sale and placed under the Temporary Admission regime. Import VAT is payable at 5,5% on the hammer price. VAT at 20% will be added to the buyer’s premium but will not be shown separately on our invoice.
Post lot text
MOAI PAPA FIGURE, EASTER ISLAND

Brought to you by

Alexis Maggiar
Alexis Maggiar International Head, Arts of Africa, Oceania & the Americas

Lot Essay

La caractéristique la plus remarquable de la statuette féminine qui fait l’objet de cette notice est son corps élancé, rectiligne et surtout son incroyable minceur qui lui vaut son qualificatif vernaculaire de « papa » : roche ou support plat ; rappelons que dans la mythologie polynésienne, tous les êtres vivants sont issus de l’union du couple primordial formé par Te Papa la roche-substrat féminine (la Terre-Mère) et Te rangi, le ciel qui la couvre et la féconde de sa rosée matinale.

Les moai papa (représentations « plates ») ne forment qu’une infime partie des figures anthropomorphes stéréotypées de l’île de Pâques, dont le corpus comprend également de rares représentations de jeunes éphèbes (moai tangata), et de nombreuses statuettes à côtes (moai kavakava), figures probables d’ancêtres ; ces dernières montrent des liens iconographiques évidents avec les statuettes mêlant intimement traits humains et animaux : moko (lézards) stéréotypés et oiseaux tangata manu (homme-oiseau). Pour être complet il existe, aux côtés de ces figures qui obéissent à des canons plus ou moins rigides, une foule polymorphe de petites statuettes d’humains aux traits plus ou moins caricaturaux (l’humour polynésien est gentiment féroce) ainsi que d’animaux de style naturaliste : mollusques (gastéropodes, céphalopodes, polyplacophores), poissons, tortues et oiseaux.

Deux catégories évidentes forment la population des moai papa : la plus nombreuse (onze sur dix-sept) est caractérisée par un crâne hémisphérique orné d’une figure sculptée en champlevé ; ainsi, la tête de sept statuettes de cette catégorie porte divers glyphes : chevelure en volutes et accroche-cœur, poulpe ; la statuette sujet de ce texte est ornée d’un oiseau à deux têtes aux yeux protubérants dont l’un semble aveugle ; les deux becs se touchent presque par leur pointe, comme ceux d’une papa de la collection Vander Straete (Belgique). La seconde catégorie de papa (six sur dix-sept) montre une tête dont la forme en « pain de sucre » est celle d’une haute chevelure soigneusement peignée ; une seule papa de ce type porte, inscrit dans sa coiffure, un glyphe d’oiseau frégate (Christie’s, Londres, 19 juin 1979, lot 188).

Dans le peuple des Rapanui en bois sculpté, en dehors de leur dimension, un caractère n’appartient qu’aux moai papa : c’est la grande diversité de leur gestuelle. Les autres stéréotypes sont figés les bras ballants, les mains contre les cuisses comme de petits soldats au garde-à-vous. En revanche, si les bras des papa sont, comme ceux des autres anthropomorphes, le long du thorax, leurs avant-bras s’animent : pliés vers la droite ou la gauche, ils conduisent la main tantôt sur le haut du thorax, tantôt sur le pubis. Si parfois les mains ne font que prolonger la direction de l’avant-bras, celles d’autres papa sont plus ou moins fortement pliées, au niveau du poignet ; cette contrainte, leurs doigts effilés, leur pouce courbe et écarté des autres doigts, évoquent la gestuelle des danses de tous les peuples de l’Asie du Sud

Le moai papa dont il est ici question : d’une remarquable qualité d’exécution, il présente le style que je qualifie de « classique ». Ce style manifeste toutes les exigences de la perfection, qualité motrice d’une société aristocratique où chaque activité avait ses spécialistes. La production des objets de culte destinés aux sommets de la société était l’apanage de prêtres-sculpteurs formés par des maîtres renommés, au cours d’un long parcours technique et initiatique. Les papa du style classique, témoins de cet art savant et sacré, sont rarissimes ; elles sont conservées pour la plupart dans des collections publiques : Otago et Dunedin, Santiago, Bishop Museum, British Museum, Edimbourg, Belfast, St-Pétersbourg et, en France, musée Calvet d’Avignon, celui de la Marine à Rochefort, enfin musée d’Aquitaine à Bordeaux où une superbe sculpture disparue est connue par un excellent dessin.

Les sculptures figuratives classiques (moko, kavakava, tangata manu, etc) dépassent rarement 450 mm de hauteur, limite inférieure de la dimension de la plupart des papa, dont la plus grande atteint 763 mm. Relativement aux autres sculptures en bois, cette différence notable de dimension implique des apparitions publique et des lieux de repos différents de ceux des autres statuettes plus petites : en effet ces dernières sont en général munie d’une perforation où passait un lien pour les suspendre ou les attacher au corps de leur heureux détenteur. Au cours de leur vie domestique, leur faible dimension permettait également de les fixer à la légère charpente de maisons très basses ; elles y faisaient l’objet d’hommages fréquents et de cérémonies magiques destinées à protéger et guérir les membres de la maisonnée ou à lancer des maléfices sur leurs ennemis.

En revanche la grande dimension des moai papa les destinait à une vie cérémonielle moins trépidante que celle des petites effigies et à une mise au repos dans des lieux non précisés, peut-être l’espace sacré d’une abside des longues maisons des aristocrates de haut rang. Contrairement aux autres statuettes, les papa n’étaient pas au contact du corps des danseurs car toutes, sauf une (collection Vander Straete, Belgique, h : 547 mm), sont dépourvues de dispositif de suspension. La forme de leur dos, souvent légèrement concave, invite à les exposer allongées, tête et pieds légèrement surélevés, comme dormaient les Polynésiens.

par Michel Orliac

The most remarkable characteristic of the female statuette - subject of this notice - is its flattened, slender, rectilinear body and above all its incredible slimness, which has earned it the vernacular term “papa”: volcanic rock or flat support. It should be noted that in Polynesian mythology, all living beings stem from the union between the primordial couple formed by Te Papa, the rock-female substrate (Mother Earth), and Te rangi, the sky that covers her and fertilizes her with its morning dew.

The moai papa statues (“flat” representations) form only a tiny part of the stereotyped anthropomorphic figures of Easter Island, whose corpus also includes rare representations of young ephebes (moai tangata), and numerous ribbed statuettes (moai kavakava), probably representations of ancestors; the latter display obvious iconographic links with statuettes intimately mixing human and animal features: stereotyped moko (lizards) and tangata manu (bird-man). For the sake of completeness, alongside these figures, obeying to more or less rigid aesthetics, there is a polymorphous crowd of small statuettes representing humans, sometimes with caricatured features (Polynesian humor is gently ferocious), as well as animals in a naturalistic style: molluscs (gastropods, cephalopods, polyplacophora), fish, turtles and birds.

Two obvious categories make up the population of moai papa: the most numerous (eleven out of seventeen) is characterized by a hemispherical skull adorned with a carved figure using the raised field technique of champlevé; thus, the heads of seven statuettes in this category bear various glyph marks: scrolled hair and kiss-curl, octopus. The statuette subject pertaining to this text is adorned with a two-headed bird with protruding eyes, one of which appears to be blind; the two beaks almost touch at their tips, like those of a papa from the Vander Straete collection (Belgium). The second category of papa (six out of seventeen) displays a head whose “sugarloaf” shape is that of a high, carefully combed hairdo; only one papa of this type bears, inscribed in its headdress, a frigate bird glyph (Christie's, London, 19 June, 1979, lot 188).

Amongst the people of the carved wooden Rapanui, apart from their size, one characteristic belongs only to the moai papa: it is the great diversity of their gestures. The other stereotypes are frozen with their arms flailing, their hands against their thighs like little soldiers standing at attention. However, while the arms of the papa are, like those of other anthropomorphs, placed alongside the thorax, their forearms are animated: bent towards the right or the left - they lead the hand sometimes towards the top of the thorax, sometimes on the pubis. If occasionally the hands only extend the direction of the forearm, those of other papas are more or less strongly bent, at the level of the wrist; this constraint, featuring their tapered fingers, their curved thumb, which is separated from the other fingers, brings to mind the dancing gestures of all the people in Southern Asia.

The moai papa presented here: with a remarkable quality of execution, it features the style that I describe as “classical.” This style embodies all the requirements of perfection, the driving quality of an aristocratic society where each activity had its specialists. The production of cult objects destined for the top tiers of society was the prerogative of priest-sculptors trained by renowned masters, during a long technical and initiatory course. Classical style papa statues, witnesses of this learned and sacred art, are rare. They are preserved for the most part in public collections: Otago and Dunedin, Santiago, the Bishop Museum, the British Museum, Edinburgh, Belfast, St. Petersburg and, in France, the Calvet Museum in Avignon, the Navy Museum in Rochefort, and finally the Aquitaine Museum in Bordeaux, where a superb sculpture that disappeared is known through an excellent drawing.

Classical figurative sculptures (moko, kavakava, tangata manu, etc.) rarely exceed 450 mm in height, which is the lower limit of the dimension for most papa works - the largest of which reaches 763 mm. In relation to other wooden sculptures, this notable difference in size implies public appearances and resting places different from those of other smaller statuettes: in fact, the latter are generally provided with a perforation through which a link is passed in order to be suspended or attached to the body of their lucky owner. During their domestic life, their small size also allowed them to be fixed to the light framework of very low houses; they were the object of frequent tributes and magical ceremonies intended to protect and heal the members of the household or to cast curses on their enemies.

On the other hand, the large size of moai papa figures meant that they were destined for a less hectic ceremonial life than the small effigies and were placed at rest in unspecified places - perhaps the sacred space of an apse in the long houses of high-ranking aristocrats. Unlike the other statuettes, papa were not in contact with the dancers' bodies, as all but one (Vander Straete collection, Belgium, h: 547 mm) lack a suspension device. The shape of their backs, often slightly concave, invites us to display them lying down, head and feet slightly raised - in the same position as Polynesians when they are sleeping.

by Michel Orliac
;

More from African and Oceanic Art

View All
View All