Lot Essay
Le Christ, les mains croisées révélant ses stigmates, la tête ceinte d’une couronne d’épines rappelant sa douleur – symbolisée par le drapé rouge sang – fait face à la Vierge, le visage triste entouré d’une guimpe, la tête couverte d’un long voile blanc. Ils sont tous deux représentés à mi-corps, derrière un entablement de marbre.
L’iconographie jointe du Christ de Douleur et de la Vierge de Douleur, sujets des pendants ci-présents, tient ses origines dans la production des ateliers byzantins et italiens des XIIIe et XIVe siècles. Les deux images religieuses étaient alors conçues comme des éléments d’un diptyque invitant le croyant à se recueillir et à se rappeler la souffrance du Christ pendant la Passion, et la douleur alors éprouvée par la Vierge (Ringbom, Icon to narrative: the rise of the dramatic close-up in fifteenth-century devotional painting, Doornspijk, 1965, p. 127).
Ce rappel des épreuves – physiques et morales – endurées par le Christ et sa Mère connut un important succès dans les Pays-Bas dans la seconde moitié du XVIe siècle. Des ateliers flamands, et principalement ceux de Dirk (vers 1415-1475) et Albrecht (vers 1450-1549) Bouts à Louvain, sortirent de nombreux panneaux représentant le Christ couronné d’épines, avec parfois en pendant la Vierge, en larmes. Il convient d’évoquer à titre d’exemples le Christ de Douleur et la Mater Dolorosa d’Albrecht Bouts, tous deux conservés au Fogg Art Museum (Harvard University, Cambridge, Massachusetts, nos. inv. 2001.170 et 2001.171).
Ces images fortes prennent place dans un contexte social et spirituel bien particulier aux Pays-Bas : dans la seconde moitié du XIVe siècle, la devotio moderna eut une influence considérable sur la spiritualité chrétienne, invitant les croyants à adopter une pratique religieuse personnelle, intimiste et quotidienne envers le Christ en se consacrant davantage à la prière ainsi qu’à la lecture et à l’étude des Saintes Écritures. La publication de L’imitation du Christ de Thomas a Kempis (vers 1380-1471) est au cœur de cette réforme, dont il est l’écrit emblématique.
Sur base d’une gravure conservée au British Museum (Londres, no. inv. Kk,6.102), Le Christ de Douleur et la Vierge de Douleur, dont le coin supérieur gauche porte le monogramme et la date "1522 / L", nous pouvons rapprocher nos deux panneaux d’un prototype perdu de Lucas de Leyde (1494-1533), peintre et graveur hollandais dont l’œuvre est marquée par la tradition picturale germanique et le maniérisme italien. Probablement gravée vers 1600, cette gravure témoigne de l’intérêt porté à l’artiste un demi-siècle après sa mort, tout comme les nombreuses versions peintes que nous connaissons de cette composition (voir E. Lawton Smith, 1992, op. cit., pp. 116-119), parmi lesquelles deux tableaux conservés au Rijksmuseum d’Amsterdam (nos. inv. SK-A-1483 et SK-A-1484).
La notice du musée amstellodamois rédigée par Menno Balm et Jan Piet Filedt Kok recense une trentaine de versions, dont plus de la moitié sont des diptyques complets. Ceux-ci font également mention de la présence de tels diptyques dans des inventaires du XVIIe siècle à Anvers et La Haye, tel que celui de Claes Claesz. van Leeuwen, mort à Leyde en 1645, dans lequel sont repris "twee taferelen, sijnde een Christus en Lieve Vrouw, copiën naar Lucas van Leyden" ("deux tableaux, un Christ et une Sainte Vierge, copies d’après Lucas de Leyde") (M. Balm, 2010, 'copy after Lucas van Leyden, Inner Left Wing of a Diptych with Christ as the Man of Sorrows, c. 1557 - c. 1600', in J.P. Filedt Kok (éd.), Early Netherlandish Paintings, online coll. cat. Amsterdam: hdl.handle.net/10934/RM0001.COLLECT.12114).
L’iconographie jointe du Christ de Douleur et de la Vierge de Douleur, sujets des pendants ci-présents, tient ses origines dans la production des ateliers byzantins et italiens des XIIIe et XIVe siècles. Les deux images religieuses étaient alors conçues comme des éléments d’un diptyque invitant le croyant à se recueillir et à se rappeler la souffrance du Christ pendant la Passion, et la douleur alors éprouvée par la Vierge (Ringbom, Icon to narrative: the rise of the dramatic close-up in fifteenth-century devotional painting, Doornspijk, 1965, p. 127).
Ce rappel des épreuves – physiques et morales – endurées par le Christ et sa Mère connut un important succès dans les Pays-Bas dans la seconde moitié du XVIe siècle. Des ateliers flamands, et principalement ceux de Dirk (vers 1415-1475) et Albrecht (vers 1450-1549) Bouts à Louvain, sortirent de nombreux panneaux représentant le Christ couronné d’épines, avec parfois en pendant la Vierge, en larmes. Il convient d’évoquer à titre d’exemples le Christ de Douleur et la Mater Dolorosa d’Albrecht Bouts, tous deux conservés au Fogg Art Museum (Harvard University, Cambridge, Massachusetts, nos. inv. 2001.170 et 2001.171).
Ces images fortes prennent place dans un contexte social et spirituel bien particulier aux Pays-Bas : dans la seconde moitié du XIVe siècle, la devotio moderna eut une influence considérable sur la spiritualité chrétienne, invitant les croyants à adopter une pratique religieuse personnelle, intimiste et quotidienne envers le Christ en se consacrant davantage à la prière ainsi qu’à la lecture et à l’étude des Saintes Écritures. La publication de L’imitation du Christ de Thomas a Kempis (vers 1380-1471) est au cœur de cette réforme, dont il est l’écrit emblématique.
Sur base d’une gravure conservée au British Museum (Londres, no. inv. Kk,6.102), Le Christ de Douleur et la Vierge de Douleur, dont le coin supérieur gauche porte le monogramme et la date "1522 / L", nous pouvons rapprocher nos deux panneaux d’un prototype perdu de Lucas de Leyde (1494-1533), peintre et graveur hollandais dont l’œuvre est marquée par la tradition picturale germanique et le maniérisme italien. Probablement gravée vers 1600, cette gravure témoigne de l’intérêt porté à l’artiste un demi-siècle après sa mort, tout comme les nombreuses versions peintes que nous connaissons de cette composition (voir E. Lawton Smith, 1992, op. cit., pp. 116-119), parmi lesquelles deux tableaux conservés au Rijksmuseum d’Amsterdam (nos. inv. SK-A-1483 et SK-A-1484).
La notice du musée amstellodamois rédigée par Menno Balm et Jan Piet Filedt Kok recense une trentaine de versions, dont plus de la moitié sont des diptyques complets. Ceux-ci font également mention de la présence de tels diptyques dans des inventaires du XVIIe siècle à Anvers et La Haye, tel que celui de Claes Claesz. van Leeuwen, mort à Leyde en 1645, dans lequel sont repris "twee taferelen, sijnde een Christus en Lieve Vrouw, copiën naar Lucas van Leyden" ("deux tableaux, un Christ et une Sainte Vierge, copies d’après Lucas de Leyde") (M. Balm, 2010, 'copy after Lucas van Leyden, Inner Left Wing of a Diptych with Christ as the Man of Sorrows, c. 1557 - c. 1600', in J.P. Filedt Kok (éd.), Early Netherlandish Paintings, online coll. cat. Amsterdam: hdl.handle.net/10934/RM0001.COLLECT.12114).