PENDULE D'ÉPOQUE BAROQUE DITE 'PRUNKUHR'
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PROVENANT DES COLLECTIONS ROTHSCHILD
PENDULE D'ÉPOQUE BAROQUE DITE 'PRUNKUHR'

PAR JOHANN VALENTIN GEVERS, AUGSBOURG, 1709-1712, LE MOUVEMENT SIGNÉ FERDINANT MILLER

Details
PENDULE D'ÉPOQUE BAROQUE DITE 'PRUNKUHR'
PAR JOHANN VALENTIN GEVERS, AUGSBOURG, 1709-1712, LE MOUVEMENT SIGNÉ FERDINANT MILLER
En placage d'écaille de tortue, lapis-lazuli et ornementation d'argent en partie associée, de forme architecturale à décor de rinceaux, frises de godrons, rais-de-cœur et d'oves, surmontée d'une allégorie de la Fortune, la partie centrale supérieure voûtée à décor d'un médaillon représentant une scène avec la déesse Diane, flanquée de doubles colonnes cannelées sommées chacune d'une urne ornée de guirlandes de fleurs, et encadrée de deux déesses dont Déméter, la partie médiane à pans coupés à alcôves abritant deux déesses dont Vesta, centrée d'un cadran d'horloge à chiffres romains, et flanquée de colonnes corinthiennes cannelées, l'ensemble reposant sur une base ouvrant par un tiroir centré d'un médaillon représentant l'Enlèvement de Perséphone et flanqué des figures d'Hadès et de Chronos, le tablier orné d'un petit médaillon ovale représentant Vénus et Cupidon et coulissant pour révéler un miroir, les pieds toupies à facettes, poinçons sur la plaque: ville et maître-orfèvre, le mouvement signé 'KAYSERLICHER HOFFBEFREYDER FERDINANT MILLER ' ; quelques accidents et restaurations
H.: 110 cm. (43 ½ in.) ; L.: 70 cm. (27 ½ in.) ; P.: 31 cm. (12 in.)
Johann Valentin Gevers, orfèvre reçu maître en 1700.
Provenance
Baron James de Rothschild (1792-1868), salon des Cuirs, Château de Ferrières, Seine-et-Marne ; puis par descendance jusqu’au propriétaire actuel.
Literature
Bibliographie comparative :
E. von Bassermann-Jordan, Die Geschichte der Räderuhr unter besonderer Berücksichtigung der Uhren des Bayerischen Nationalmuseums, Francfort, 1905, cat. no. 57.
Cat. exp., Silber und Gold. Augsburger Goldschmiedekunst für die Höfe Europas, Bavarian National Museum, Munich, 1994, pp. 388-389, n° 93.
Bayerisches Nationalmuseum. Handbuch der kunst- und kulturgeschichtlichen Sammlungen, Munich, 2000, p. 186.
D. von Kerssenbrock-Krosigk, Rubinglas des ausgehenden 17. und des 18. Jahrhunderts, Mayence, 2001, p. 252, no. 419.
K. Gaulke et A. Scherner, Ein Meisterwerk voller Rätsel. Die Augsburger Prunkuhr, Museumslandschaft Hessen Kassel, Monographische Reihe, Vol. 20, Kassel, 2007, pp. 8-23, Fig. 12.
S. Mouquin, A. Bos, S. Hellal et Prince Amyn Aga Khan, Les Arts décoratifs en Europe. De la Renaissance à l'Art déco, Paris, 2020, p. 208, fig. 210.
Further details
A SOUTH GERMAN SILVER AND LAPIS LAZULI-MOUNTED TORTOISESHELL TABLE CLOCK 'PRUNKUHR', MARK OF JOHANN VALENTIN GEVERS, AUGSBURG, 1709-1712,THE MOVEMENT SIGNED FERDINANT MILLER

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Hippolyte de la Féronnière
Hippolyte de la Féronnière Head of European Furniture Department

Lot Essay

Ce type d'horloge allemande dite 'prunkuhr' se caractérise, au-delà de sa fonction première, par une esthétique baroque offrant un spectacle visuel époustouflant. Elle est le reflet de la collaboration entre plusieurs artisans et s'inscrit dans une production typique d'Augsbourg.


LA TRADITION DES ‘PRUNKUHR’ À AUGSBOURG

Notre pendule s’inscrit dans la tradition allemande des ‘prunkuhr’ remontant au XVIe siècle. La production de ces pendules dérivées de grands ensembles architecturaux connut son apogée à la fin du XVIIe siècle à Augsbourg. La constante coopération entre les orfèvres et ébénistes dans cette ville facilita la création d’objets élaborés montés en argent, tels que des miroirs, pendules, services de voyage et cabinets. Ils étaient habituellement commandés par des ébénistes spécialisés dans ce genre d’ouvrages, appelés ‘Silberkistler’, qui sous-traitaient la production des différents éléments d’une pièce à divers artisans, puis la vendaient une fois assemblée dans leur boutique. Ces pendules étaient généralement produites en nombre limité d’exemplaires, avec des variations mineures dans la décoration. Le style baroque des ‘prunkuhr’ traduit l’engouement de la période pour l’horreur du vide, accentuée par la minutie et le raffinement des détails propres aux artisans d’Augsbourg. Leur riche ornementation de rinceaux, d’enroulements feuillagés, de personnages et éléments en ronde-bosse, ainsi que la présence d’une iconographie souvent complexe, les destinaient à une clientèle fortunée comme des membres de la Cour et de la haute bourgeoisie, et pouvaient être offertes en cadeau diplomatique.

Y sont souvent représentées les allégories des Arts libéraux mêlées à des scènes mythologiques. Celles-ci s’adressent donc à des érudits puisqu’elles s’inspirent de l’Iconologia de Cesare Ripa, qui avait codifié de manière très détaillée dès le XVIe siècle la représentation des figures mythologiques et allégoriques (W.P. Rieder, 'An Eighteenth-Century Augsburg Cabinet', in The Burlington Magazine, Jan., 1970, Vol. 112, No. 802, pp. 32-37). Ainsi, la partie centrale supérieure de notre pendule est ornée d'un médaillon représentant la déesse Diane se reposant à la source avec ses chiens de chasse. Il serait l’œuvre de l’orfèvre Paul van Vianen (Utrecht, vers 1570 – Prague, 1613) ou du moins issu d’un de ses modèles qui furent alors largement diffusés en Allemagne dès le milieu du XVIIe siècle. Ce type de médaillon ou plaquette en argent était fourni par des orfèvres spécialisés. Le médaillon du tiroir de la partie inférieure représente quant à lui l'Enlèvement de Perséphone et celui du tablier représente Vénus et Cupidon. Certains éléments en argent qui composent notre pendule sont probablement des remplacements plus tardifs et peuvent être datés du XIXe siècle. Il n’en demeure pas moins qu’ils s’inscrivent parfaitement dans cet esprit érudit de l’époque. En effet, notre ‘prunkuhr’ est surmontée d'une allégorie de la Fortune, encadrée en partie supérieure de deux déesses dont Déméter, la partie médiane abrite deux déesses dont Vesta. Elle est flanquée en partie inférieure des figures d'Hadès et de Chronos qui semblent quant à elle d’origine.

Cette somptueuse décoration s’inscrit dans un cadre architectural dérivant du baroque romain avec un répertoire ornemental antique tel que des colonnes corinthiennes, une base à gradins, des rinceaux, des frises de godrons, de rais-de-cœur et d'oves. Bien que leur forme rappelle celle d’un tabernacle, il semblerait que ces fastueux objets n’aient pas de prétention intellectuelle ou moralisatrice, mais que leur fonction principale soit la délectation esthétique de leur propriétaire.


UNE ŒUVRE D’ART TOTALE

Notre pendule est un brillant exemple de cette production d’objets d’apparat typiquement allemande. Elle peut être comparée à un modèle prestigieux daté vers 1700, conservé au Bayerisches Nationalmuseum de Munich (Inv. No. R 3376 - R 3377.1) et commandé par l’électeur Maximilien Emmanuel de Bavière. Elle fut réalisée par Johann I Bartermann, Christian Winter, Johann Andreas Thelott, Christoph Schöner, Heinrich Eichler et Johann Valentin Gevers (vers 1662–1732), ce dernier ayant également contribué à la réalisation de notre ‘punkuhr’ en tant qu’orfèvre. La pendule du Bayerisches comporte d’importants placages d’argent sur l’ensemble de la structure, des médaillons avec des scènes mythologiques, des colonnes torses en verre rouge rubis, des figures allégoriques en ronde-bosse, des filigranes, des bouquets fleuris, des cabochons de verre coloré et des peintures miniatures. Elle repose sur une imposante table formant piédestal et portée par des atlantes, exécutée par l’ébéniste et orfèvre Heinrich Eichler (1637-1719). La diversité des matériaux et la complexité des formes amènent l’œil à se promener et à s’émerveiller face à la somptuosité de cet objet, dont la pendule est le point central. Selon Christoph Weigel (1654-1725), graveur, marchand d’art et éditeur à Nuremberg, celle-ci est un instrument de la raison qui permet à l’être humain de se distinguer des animaux. Cependant, cet objet technique devient ici un pur objet d’apparat, de collection mais aussi de divertissement. En effet, il semble que ces ‘prunkuhr’ et tout particulièrement celle du Bayerisches, aient été conçues comme des œuvres d’art total. Cette dernière combinait à la fois une pendule surmontée d’une sphère figurant les phases de la lune, une décoration digne des châteaux princiers, mais également un mécanisme musical. Lorsque cette pendule fonctionnait, les spectateurs avaient alors sous leurs yeux un véritable spectacle mêlant mélodie, brillance, couleur et mouvement, d’autant plus que cet ensemble impressionnant mesure près de 2m60 de haut. Un autre modèle plus ancien de ‘prunkuhr’ d’une préciosité inouïe est conservé au Hessen Kassel Heritage (inv. APK U 75) et est entièrement plaqué de vermeil. Il fut réalisé à Augsbourg vers 1680 par Caspar Hoffmann.

Notre pendule, d’un plus petit format, n’en demeure pas moins raffinée et pleine de charme. Les plaques de lapis-lazuli font toute l’originalité et la préciosité de cette pendule, en créant un fond subtile sur les médaillons en imitant le bleu du ciel. Elles contrastent avec le placage rouge d’écaille de tortue, l’ensemble étant sublimé par les importantes plaques d’argent qui se retrouvent également sur la pendule du Bayerisches. Il s’agit bien d’une œuvre de collaboration entre plusieurs artisans : un horloger, un ébéniste et un orfèvre. Nous ne pouvons cependant attester que de la contribution de l’horloger impérial Ferdinant Miller, le mouvement étant signé 'KAYSERLICHER HOFFBEFREYDER FERDINANT MILLER’, celui-ci ayant travaillé pour Charles VI de Habsbourg, et de l’orfèvre Johann Valentin Gevers grâce à la présence de son poinçon de fabricant 'IVG'. Ce dernier est né vers 1662 et fut reçu maître en 1700. En dehors de la réalisation de grandes pièces d’apparat, il semble s’être fait une spécialité de petits objets, tel un miroir conservé au Metropolitan Museum de New-York et daté vers 1710 (inv. 1989.20) qui conserve le même esprit avec du placage d’argent et d’écaille de tortue, des figures allégoriques, des médaillons représentant des scènes animées, des enroulements feuillagés, des pots fleuris et un contour très découpé.


This type of German clock, known as a 'prunkuhr', is characterized not only by its primary function, but also by a Baroque aesthetic offering a breathtaking visual spectacle. It reflects the collaboration of several craftsmen and is part of a typical Augsburg production.


THE ‘PRUNKUHR’ TRADITION IN AUGSBOURG

Our clock reflects the German “prunkuhr” tradition dating back to the 16th century. The production of these clocks, inspired by large architectural designs, reached its peak at the end of the 17th century in Augsburg. The creation of intricate silver-mounted objects such as mirrors, clocks, travel sets and cabinets was facilitated by the ongoing cooperation between the city’s goldsmiths and cabinetmakers. These items were typically commissioned by cabinetmakers specialising in such work, known as “Silberkistler”, who subcontracted the production of the various components of a piece to different artisans and sold it once it had been assembled in their shop. These clocks were generally produced on a limited scale, with minor variations in the decorative scheme. The baroque style of the “prunkuhr” reflects the infatuation of this period for the aversion of emptiness, accentuated by the minute and refined details typical of Augsburg artisans. Their lavish ornamentation of rinceaux, foliage scrolls, figures and elements sculpted in the round, alongside their often complex iconography, appealed to a wealthy clientele such as members of the royal court and the upper bourgeoisie, and made them ideal diplomatic gifts.

They often depict allegories of the liberal arts combined with mythological scenes. These pieces were therefore intended for scholars, since they were inspired by Cesare Ripa’s Iconologia, which codified the representation of mythological and allegorical figures in great detail as early as the sixteenth century (W.P. Rieder, An Eighteenth-Century Augsburg Cabinet, The Burlington Magazine, Jan., 1970, Vol. 112, No. 802, pp. 32-37). The upper central tier of our clock is embellished with a medallion illustrating a scene featuring the goddess Diana resting at a spring with her hunting dogs. It is believed to be the work of the silversmith Paul van Vianen (Utrecht, c. 1570 - Prague, 1613), or at least based on one of his models, which were widely distributed in Germany from the mid-17th century onwards. This type of silver medallion or plate was supplied by specialized silversmiths. The medallion on the bottom drawer depicts the Abduction of Persephone and that of the apron represents Venus and Cupid. Some of the silver features on our clock were probably introduced later and date from the 19th century.
Nevertheless, they are very much in keeping with the scholarly mindset of the period. Our “prunkuhr” is crowned with an allegory of Fortune, flanked by two goddesses, including Demeter, in the upper tier, and two goddesses, including Vesta, in the middle one. The lower tier is flanked by the figures of Hades and Chronos, which appear to be original.

This sumptuous decoration reflects an architectural framework inspired by Roman Baroque, featuring an array of antique ornamentation, including Corinthian columns, a stepped base, rinceaux, friezes with godrons, heart-and-dart and egg-and-dart motifs. Despite their shape being reminiscent of a tabernacle, these lavish objects would appear to have no intellectual or moralizing pretensions, their primary function being the aesthetic delight of their owner.


A COMPLETE WORK OF ART

Our clock is an outstanding expression of this typically German production of ceremonial objects. It can be likened to a prestigious model dating to around 1700, preserved in the Bayerisches Nationalmuseum in Munich (Inv. No. R 3376 - R 3377.1) and commissioned by Maximilian Emmanuel, constituent of Bavaria. It was crafted by Johann I Bartermann, Christian Winter, Johann Andreas Thelott, Christoph Schöner, Heinrich Eichler and Johann Valentin Gevers (circa 1662-1732), the latter also contributing to the creation of our “punkuhr” as goldsmith. The Bayerisches clock includes extensive silver plating throughout the structure, medallions portraying mythological scenes, ruby-red glass torso columns, allegorical figures sculpted in the round, watermarks, bouquets of flowers, coloured glass cabochons and miniature paintings. It stands on an imposing pedestal table supported by atlantes, executed Henrich Eichler (1637-1719), a cabinetmaker and goldsmith. The wide variety of materials and the complexity of the shapes are an invitation for the eye to wander and marvel at the sumptuousness of this object, the focal point being the clock. Engraver, art dealer and editor Christoph Weigel (1654-1725) of Nuremberg defined it as an instrument of reason, enabling human beings to distinguish themselves from animals. Here, however, this technical instrument becomes a purely ceremonial piece, a collector’s item as well as a source of entertainment. In fact, it appears that these “prunkuhr”, and especially the Bayerisches model, were intended as complete works of art. They combined a clock topped by a sphere depicting the phases of the moon, a decoration worthy of princely castles, and even a musical mechanism. When this clock operated, its admirers were treated to a truly spectacular display of melody, brilliance, colour and movement, not least because this impressive ensemble measures almost 2.60 metres in height. An earlier “prunkuhr” of exceptional preciosity is preserved at the Hessen Kassel Heritage (inv. APK U 75) and is entirely plated with silver gilded with gold. It was crafted by Caspar Hoffmann in Augsburg around 1680.

While our clock is smaller, it nonetheless exudes refinement and charm. The lapis lazuli plaques make this clock so original and precious, emulating the blue of the sky provide a subtle background for the medallions. They contrast with the red tortoiseshell veneer, while the ensemble is embellished by the large silver plates also found on the Bayerisches clock. This is clearly the result of a collaborative effort by several artisans, a watchmaker, a cabinetmaker and a goldsmith. However, we can only vouch for the contribution of the imperial watchmaker Ferdinant Miller, who worked for Charles VI of Habsburg, since the movement is signed “KAYSERLICHER HOFFBEFREYDER FERDINANT MILLER”, and that of the goldsmith Johann Valentin Gevers on account of the presence of his trademark “IVG”. He was born around 1662 and received his master's diploma in 1700. In addition to creating large ceremonial pieces, the latter appears to have been particularly proficient in producing small objects, such as a mirror displayed at the Metropolitan Museum in New York and dated circa 1710 (inv. 1989.20), which preserves the same artistic approach with silver and tortoiseshell veneering, allegorical figures, medallions featuring animated scenes, foliage scrolls, flower pots and an elaborately carved outline.

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