Lot Essay
Le tableau ci-présent, peint sur une impressionnante plaque de cuivre, est l’œuvre de deux peintres emblématiques de l’école flamande du XVIIe siècle, Jan Brueghel le Jeune (1601-1678) et David Teniers le Jeune (1610-1690).
Le premier, qui a apposé sa signature en bas à gauche de la composition, reprend l’héritage de son père, Jan Brueghel de Velours (1568-1625) – dont le père n’est autre que Pieter Bruegel l’Ancien (vers 1525/1530-1569) – qui conçut au début du XVIIe siècle le motif de la guirlande formée de fleurs ou de fruits, peinte sur un fond sombre autour d’un médaillon au sujet profane ou religieux exécuté par un autre peintre (M.-L. Hairs, ‘Jean Breughel le Jeune, Peintre de fleurs’, Revue Belge d’Archéologie et d’Histoire de l’Art, XXXVI, 1-4, 1967, p. 64). Le musée du Louvre conserve un bel exemple d’une telle collaboration avec La Vierge, l'Enfant Jésus et des anges au milieu d'une guirlande de fleurs peinte par Jan Brueghel l’Ancien et Pieter Paul Rubens (1577-1640) (no. inv. 1764).
Dans le tableau ci-présent, le centre de la composition relève du sujet religieux : la Tentation de saint Antoine est un sujet cher à David Teniers le Jeune. Le musée du Prado à Madrid (no. inv. P001822) et le Rijksmuseum d’Amsterdam (no. inv. SK-A-401) conservent d’autres tableaux du même sujet de la main du peintre anversois. Ceux-ci présentent néanmoins des compositions différentes. Un dessin (fig. 1) provenant de l’ancienne collection d’Emile Wauters (1846-1933) (L. 911) peut davantage être rapproché de la composition du médaillon de notre œuvre bien qu’il présente quelques légères variantes – la principale étant le personnage assis en bas à gauche sur le dessin, absent de notre tableau.
Avec ce sujet, Teniers s’inscrit dans une importante tradition iconographique européenne. Les visions de voluptés terrestres subies par saint Antoine le Grand (vers 251-356) dans le désert égyptien ont séduit de nombreux peintres, redoublant d’imagination dans le traitement de ce passage de la vie de l’anachorète. Une des plus célèbres représentations de ce thème est la triptyque de Jérôme Bosch (vers 1450-1516) conservé dans les musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (no. inv. 3032).
Klaus Ertz, spécialiste de la dynastie des Brueghel, situe la production de ce tableau vers les années 1650 (K. Ertz, 1984, op. cit. supra). Sur le phylactère tenu dans la gueule d’un des deux renards couchés dans le bas de la guirlande, nous pouvons lire l’inscription espagnole ‘Todo es enganio [sic]’ [Tout est déception] – allusion à fragilité de la vie humaine. L’analyse des trois barres horizontales composant la lettre ‘e’ du termine ‘enganio’ laisse supposer que celles-ci ont été rajoutées dans un second temps, transformant un ‘i’ en ‘e’ et corrigeant ainsi une erreur d’orthographe. Ceci laisserait supposer que le commanditaire de ce tableau était un mécène d’origine espagnole éventuellement établi dans les Pays-Bas, alors rattachés à la Monarchie espagnole sous le règne des Habsbourg (1556-1713).
Le premier, qui a apposé sa signature en bas à gauche de la composition, reprend l’héritage de son père, Jan Brueghel de Velours (1568-1625) – dont le père n’est autre que Pieter Bruegel l’Ancien (vers 1525/1530-1569) – qui conçut au début du XVIIe siècle le motif de la guirlande formée de fleurs ou de fruits, peinte sur un fond sombre autour d’un médaillon au sujet profane ou religieux exécuté par un autre peintre (M.-L. Hairs, ‘Jean Breughel le Jeune, Peintre de fleurs’, Revue Belge d’Archéologie et d’Histoire de l’Art, XXXVI, 1-4, 1967, p. 64). Le musée du Louvre conserve un bel exemple d’une telle collaboration avec La Vierge, l'Enfant Jésus et des anges au milieu d'une guirlande de fleurs peinte par Jan Brueghel l’Ancien et Pieter Paul Rubens (1577-1640) (no. inv. 1764).
Dans le tableau ci-présent, le centre de la composition relève du sujet religieux : la Tentation de saint Antoine est un sujet cher à David Teniers le Jeune. Le musée du Prado à Madrid (no. inv. P001822) et le Rijksmuseum d’Amsterdam (no. inv. SK-A-401) conservent d’autres tableaux du même sujet de la main du peintre anversois. Ceux-ci présentent néanmoins des compositions différentes. Un dessin (fig. 1) provenant de l’ancienne collection d’Emile Wauters (1846-1933) (L. 911) peut davantage être rapproché de la composition du médaillon de notre œuvre bien qu’il présente quelques légères variantes – la principale étant le personnage assis en bas à gauche sur le dessin, absent de notre tableau.
Avec ce sujet, Teniers s’inscrit dans une importante tradition iconographique européenne. Les visions de voluptés terrestres subies par saint Antoine le Grand (vers 251-356) dans le désert égyptien ont séduit de nombreux peintres, redoublant d’imagination dans le traitement de ce passage de la vie de l’anachorète. Une des plus célèbres représentations de ce thème est la triptyque de Jérôme Bosch (vers 1450-1516) conservé dans les musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (no. inv. 3032).
Klaus Ertz, spécialiste de la dynastie des Brueghel, situe la production de ce tableau vers les années 1650 (K. Ertz, 1984, op. cit. supra). Sur le phylactère tenu dans la gueule d’un des deux renards couchés dans le bas de la guirlande, nous pouvons lire l’inscription espagnole ‘Todo es enganio [sic]’ [Tout est déception] – allusion à fragilité de la vie humaine. L’analyse des trois barres horizontales composant la lettre ‘e’ du termine ‘enganio’ laisse supposer que celles-ci ont été rajoutées dans un second temps, transformant un ‘i’ en ‘e’ et corrigeant ainsi une erreur d’orthographe. Ceci laisserait supposer que le commanditaire de ce tableau était un mécène d’origine espagnole éventuellement établi dans les Pays-Bas, alors rattachés à la Monarchie espagnole sous le règne des Habsbourg (1556-1713).