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Le Grand Duc
Details
MORRIS (1923-2001)
Le Grand Duc
Dargaud. 1973
Encre de Chine et trame sur papier pour la planche 15 de l'album.
47,4 x 38,4 cm.
48,8 x 39,9 cm pour la feuille.
Le Grand Duc a été prépublié dans Pilote en 1973 (du n° 690 du 25 janvier 1973 au n°707 du 24 mai 1973). Parution en album (n°40) en 1973.
Scénario de René Goscinny (1926 – 1977).
L’album aurait pu s’intituler « Lucky Luke garde du corps ». En effet, notre célèbre cowboy doit garantir la sécurité du grand-duc Léonide, émissaire du Tsar, en mission diplomatique aux Etats-Unis. Goscinny s'est s’inspirer librement d’un fait historique : la tournée qu’effectua dans le pays le grand-duc Alexeï-Alexandrovitch de Russie, fils de l’empereur Alexandre II, ambassadeur de bonne volonté en Amérique en 1871-1872.
Léonide veut se rendre dans un saloon à Abilène. En bon garde du corps, Lucky Luke le précède pour sécuriser les lieux. Graphiquement, Morris s’en donne à cœur joie : sa vue en plongée du saloon, avec la chanteuse et son pianiste, les buveurs de bière, les joueurs de poker et la roulette, est une synthèse admirable, en une case, de toute une ambiance. Rien qu’en la regardant, le lecteur sent les odeurs de tabac, de sueur et d’alcool, et entend presque le brouhaha qu’essaie vaguement de dominer la chanteuse, blasée, cigarette au bec. Du grand art !
Il faut aussi remarquer le talent de Morris pour réussir des caricatures féminines. Quand il a démarré dans la bande dessinée franco-belge, les femmes étaient quasiment absentes de toutes les séries, ou alors réduites à des rôles de dragon (La Castafiore dans Tintin, la princesse Gwendoline dans Johan et Pirlouit). Progressivement, en passant du prude Spirou au libéré Pilote, Morris peut enrichir sa galerie de figures du Far West et croquer des entraîneuses de saloon aux formes aguichantes : « Laura Legs » en est un excellent exemple. Le dessinateur belge retient les leçons anatomiques de Grim Natwick et de Dave Fleischer lorsqu’ils créèrent Betty Boop : des pieds minuscules, une croupe généreuse, une tête hypertrophiée. Le résultat est une merveille d’équilibre.
This album could have been called "Lucky Luke the Bodyguard". In the story, our famous cowboy has to ensure the safety of Grand Duke Leonid, the Tsar's emissary on a diplomatic mission to the United States. Goscinny drew his inspiration freely from a historical event, the tour of the country by Grand Duke Alexei Alexandrovich of Russia, son of Emperor Alexander II, who was goodwill ambassador to America in 1871.
Leonid wants to go to a saloon in Abilene. As a good bodyguard, Lucky Luke goes ahead of him to "secure" the premises. Graphically, Morris has a field day: his bird's-eye view of the saloon, with its singer, pianist, beer drinkers, poker players and roulette wheel, is a wonderful synthesis, in a single panel, of a whole ambiance. Just by looking at it, the reader can smell the tobacco, sweat and alcohol, and almost hear the ambient hubbub that the singer is half-heartedly attempting to dominate, blasé, cigarette in mouth... This is brilliant art!
Morris's talent for caricaturing women also deserves a mention. When he started out in Franco-Belgian comics, there were virtually no women in any of the series, or where there were, they were reduced to strong, domineering-type roles (Bianca Castafiore in Tintin, Princess Savina in Johan and Peewit). Gradually, as he moved from the prudish Spirou to the more liberal Pilote, Morris was able to expand his cast of Wild West characters and depict sultry saloon girls: "Laura Legs" is a great example. The Belgian cartoonist followed the anatomical principles of Grim Natwick and Dave Fleischer when they created Betty Boop: tiny feet, a shapely bottom, an overly large head... It's a small miracle of balance that she can even stand up!
Le Grand Duc
Dargaud. 1973
Encre de Chine et trame sur papier pour la planche 15 de l'album.
47,4 x 38,4 cm.
48,8 x 39,9 cm pour la feuille.
Le Grand Duc a été prépublié dans Pilote en 1973 (du n° 690 du 25 janvier 1973 au n°707 du 24 mai 1973). Parution en album (n°40) en 1973.
Scénario de René Goscinny (1926 – 1977).
L’album aurait pu s’intituler « Lucky Luke garde du corps ». En effet, notre célèbre cowboy doit garantir la sécurité du grand-duc Léonide, émissaire du Tsar, en mission diplomatique aux Etats-Unis. Goscinny s'est s’inspirer librement d’un fait historique : la tournée qu’effectua dans le pays le grand-duc Alexeï-Alexandrovitch de Russie, fils de l’empereur Alexandre II, ambassadeur de bonne volonté en Amérique en 1871-1872.
Léonide veut se rendre dans un saloon à Abilène. En bon garde du corps, Lucky Luke le précède pour sécuriser les lieux. Graphiquement, Morris s’en donne à cœur joie : sa vue en plongée du saloon, avec la chanteuse et son pianiste, les buveurs de bière, les joueurs de poker et la roulette, est une synthèse admirable, en une case, de toute une ambiance. Rien qu’en la regardant, le lecteur sent les odeurs de tabac, de sueur et d’alcool, et entend presque le brouhaha qu’essaie vaguement de dominer la chanteuse, blasée, cigarette au bec. Du grand art !
Il faut aussi remarquer le talent de Morris pour réussir des caricatures féminines. Quand il a démarré dans la bande dessinée franco-belge, les femmes étaient quasiment absentes de toutes les séries, ou alors réduites à des rôles de dragon (La Castafiore dans Tintin, la princesse Gwendoline dans Johan et Pirlouit). Progressivement, en passant du prude Spirou au libéré Pilote, Morris peut enrichir sa galerie de figures du Far West et croquer des entraîneuses de saloon aux formes aguichantes : « Laura Legs » en est un excellent exemple. Le dessinateur belge retient les leçons anatomiques de Grim Natwick et de Dave Fleischer lorsqu’ils créèrent Betty Boop : des pieds minuscules, une croupe généreuse, une tête hypertrophiée. Le résultat est une merveille d’équilibre.
This album could have been called "Lucky Luke the Bodyguard". In the story, our famous cowboy has to ensure the safety of Grand Duke Leonid, the Tsar's emissary on a diplomatic mission to the United States. Goscinny drew his inspiration freely from a historical event, the tour of the country by Grand Duke Alexei Alexandrovich of Russia, son of Emperor Alexander II, who was goodwill ambassador to America in 1871.
Leonid wants to go to a saloon in Abilene. As a good bodyguard, Lucky Luke goes ahead of him to "secure" the premises. Graphically, Morris has a field day: his bird's-eye view of the saloon, with its singer, pianist, beer drinkers, poker players and roulette wheel, is a wonderful synthesis, in a single panel, of a whole ambiance. Just by looking at it, the reader can smell the tobacco, sweat and alcohol, and almost hear the ambient hubbub that the singer is half-heartedly attempting to dominate, blasé, cigarette in mouth... This is brilliant art!
Morris's talent for caricaturing women also deserves a mention. When he started out in Franco-Belgian comics, there were virtually no women in any of the series, or where there were, they were reduced to strong, domineering-type roles (Bianca Castafiore in Tintin, Princess Savina in Johan and Peewit). Gradually, as he moved from the prudish Spirou to the more liberal Pilote, Morris was able to expand his cast of Wild West characters and depict sultry saloon girls: "Laura Legs" is a great example. The Belgian cartoonist followed the anatomical principles of Grim Natwick and Dave Fleischer when they created Betty Boop: tiny feet, a shapely bottom, an overly large head... It's a small miracle of balance that she can even stand up!
Brought to you by
Vincent Belloy
Specialist
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