Lot Essay
La région du Kivu, en République démocratique du Congo, abrite un ensemble de peuples de chasseurs et de cueilleurs dont les Bembé et les Léga. Les traditions artistiques de cette région sont diverses et les styles varient considérablement d'un village à l'autre. Les attributions ethniques sont donc parfois difficiles.
Selon Daniel Biebuyck - Treasures from the Africa-Museum, Tervuren, 1995, p. 376 - la très grande rareté de ces masques en peau d’éléphant - comparée à ceux utilisés par les Léga dans le cadre de l'association du bwami - s'expliquerait par leur appartenance exclusive à l'association elanda des Bembé voisins, partagée par seulement quelques groupes Léga orientaux.
« Ce masque a probablement été découpé dans la semelle d'un pied d'éléphant. Le masque plat de forme circulaire a des yeux et une bouche grand ouverts. […] Lors des initiations au bwami auxquelles j'ai assisté dans tout le Léga-land, je n'ai pas observé l'utilisation de masques similaires en peau d'éléphant. Dans son ensemble, l'objet ressemble beaucoup à des masques extrêmement secrets fabriqués en peau d'animal ou en tissu perlé, avec des garnitures de plumes et, éventuellement, des arrangements de piquants de porc-épic. Ces masques sont portés devant le visage par les membres de haut rang - abangwa - de l'association elanda et ne sont visibles que dans une maison d'initiation, à travers une cloison. Le masque ne doit en aucun cas être vu par une personne non initiée. Du point de vue fonctionnel, le masque elanda permet de renforcer les fonctions de contrôle social » (Biebuyck, D., op. cit., p. 376).
À la modernité de la conception s'ajoute ici le remarquable expressionnisme du visage et des traits aux contours incertains, accentué par la nervure frontale et la surface tourmentée du cuir quasi-fossilisée. L’évident archaïsme de cet exemplaire l’inscrit vraisemblablement comme l’un des plus anciens du corpus.
Ce dernier se résume à quelques œuvres, notamment celles conservées au Royal Museum for Central Africa (inv. n° EO.1963.50.7 et EO.1955.3.163), celui publié dans Dartevelle, V. et Plisnier, V., Pierre Dartevelle et les arts premiers. Mémoire et continuité, Milan, 2021, vol. II, p. 345, n° 448 ou encore l’exemplaire de l’ancienne collection Jef Vanderstraete illustré dans Cornet, J., Art de l'Afrique noire au pays du fleuve Zaïre, Bruxelles, 1972, p. 270, n° 144.
D'une esthétique fascinante, le masque de l’ancienne collection Nicolas de Kun, nom indissociable des études de la culture Léga, est sans aucun doute l'un des derniers exemplaires majeurs de ce type à être encore en mains privées.
The Kivu region in the Democratic Republic of the Congo is home to a group of hunter-gatherer peoples including the Bembe and Lega. The artistic traditions of this region are diverse, and the styles vary considerably from one village to another. Ethnic attributions can therefore be difficult.
According to Daniel Biebuyck - Treasures from the Africa-Museum, Tervuren, 1995, p. 376, the very great rarity of these elephant hide masks - compared to those used by the Lega in the context of the bwami association - can be explained by their exclusive connection to the elanda association of neighboring Bembe, shared by only a few eastern Lega groups.
“This mask was probably cut from in the sole of an elephant foot. The oval shaped, flat mask has wide-open eyes and mouth. [...] In the bwami initiations that I witnessed throughout Lega-land, I have not observed the use of similar masks in elephant hide. In its total appearance the object is very similar to extremely secret face masks manufactured in animal hide [or beaded fabric], with feather trimmings, and eventually also with arrangements of porcupine quills. These masks are worn before the face by high-ranking members (abangwa) of the elanda association and seen only in an initiation house, behind a screen. [The mask must not be seen by any uninitiated person.] Functionnaly, the elanda mask has the purpose of enhancing social control functions” (Biebuyck, D., op. cit., p. 376).
In addition to its modern design, there is a remarkable expressionism in the face and features with uncertain contours, accentuated by the frontal rib and the distorted surface of the almost fossilized leather. The evident archaic quality of this piece likely marks it as one of the oldest in the corpus.
This corpus is summarized in a few works, notably those held in the Royal Museum for Central Africa (inv. no. EO.1963.50.7 and EO.1955.3.163), the one published in Dartevelle, V. and Plisnier, V., Pierre Dartevelle et les arts premiers. Mémoire et continuité, Milan, 2021, vol. II, p. 345, no. 448, or the example from the former Jef Vanderstraete collection illustrated in Cornet, J., Art de l'Afrique noire au pays du fleuve Zaïre, Brussels, 1972, p. 270, no. 144.
With its fascinating aesthetic, the mask from the former Nicolas de Kun collection, an inseparable name from Lega cultural studies, is undoubtedly one of the last major examples of this type still in private hands.
Selon Daniel Biebuyck - Treasures from the Africa-Museum, Tervuren, 1995, p. 376 - la très grande rareté de ces masques en peau d’éléphant - comparée à ceux utilisés par les Léga dans le cadre de l'association du bwami - s'expliquerait par leur appartenance exclusive à l'association elanda des Bembé voisins, partagée par seulement quelques groupes Léga orientaux.
« Ce masque a probablement été découpé dans la semelle d'un pied d'éléphant. Le masque plat de forme circulaire a des yeux et une bouche grand ouverts. […] Lors des initiations au bwami auxquelles j'ai assisté dans tout le Léga-land, je n'ai pas observé l'utilisation de masques similaires en peau d'éléphant. Dans son ensemble, l'objet ressemble beaucoup à des masques extrêmement secrets fabriqués en peau d'animal ou en tissu perlé, avec des garnitures de plumes et, éventuellement, des arrangements de piquants de porc-épic. Ces masques sont portés devant le visage par les membres de haut rang - abangwa - de l'association elanda et ne sont visibles que dans une maison d'initiation, à travers une cloison. Le masque ne doit en aucun cas être vu par une personne non initiée. Du point de vue fonctionnel, le masque elanda permet de renforcer les fonctions de contrôle social » (Biebuyck, D., op. cit., p. 376).
À la modernité de la conception s'ajoute ici le remarquable expressionnisme du visage et des traits aux contours incertains, accentué par la nervure frontale et la surface tourmentée du cuir quasi-fossilisée. L’évident archaïsme de cet exemplaire l’inscrit vraisemblablement comme l’un des plus anciens du corpus.
Ce dernier se résume à quelques œuvres, notamment celles conservées au Royal Museum for Central Africa (inv. n° EO.1963.50.7 et EO.1955.3.163), celui publié dans Dartevelle, V. et Plisnier, V., Pierre Dartevelle et les arts premiers. Mémoire et continuité, Milan, 2021, vol. II, p. 345, n° 448 ou encore l’exemplaire de l’ancienne collection Jef Vanderstraete illustré dans Cornet, J., Art de l'Afrique noire au pays du fleuve Zaïre, Bruxelles, 1972, p. 270, n° 144.
D'une esthétique fascinante, le masque de l’ancienne collection Nicolas de Kun, nom indissociable des études de la culture Léga, est sans aucun doute l'un des derniers exemplaires majeurs de ce type à être encore en mains privées.
The Kivu region in the Democratic Republic of the Congo is home to a group of hunter-gatherer peoples including the Bembe and Lega. The artistic traditions of this region are diverse, and the styles vary considerably from one village to another. Ethnic attributions can therefore be difficult.
According to Daniel Biebuyck - Treasures from the Africa-Museum, Tervuren, 1995, p. 376, the very great rarity of these elephant hide masks - compared to those used by the Lega in the context of the bwami association - can be explained by their exclusive connection to the elanda association of neighboring Bembe, shared by only a few eastern Lega groups.
“This mask was probably cut from in the sole of an elephant foot. The oval shaped, flat mask has wide-open eyes and mouth. [...] In the bwami initiations that I witnessed throughout Lega-land, I have not observed the use of similar masks in elephant hide. In its total appearance the object is very similar to extremely secret face masks manufactured in animal hide [or beaded fabric], with feather trimmings, and eventually also with arrangements of porcupine quills. These masks are worn before the face by high-ranking members (abangwa) of the elanda association and seen only in an initiation house, behind a screen. [The mask must not be seen by any uninitiated person.] Functionnaly, the elanda mask has the purpose of enhancing social control functions” (Biebuyck, D., op. cit., p. 376).
In addition to its modern design, there is a remarkable expressionism in the face and features with uncertain contours, accentuated by the frontal rib and the distorted surface of the almost fossilized leather. The evident archaic quality of this piece likely marks it as one of the oldest in the corpus.
This corpus is summarized in a few works, notably those held in the Royal Museum for Central Africa (inv. no. EO.1963.50.7 and EO.1955.3.163), the one published in Dartevelle, V. and Plisnier, V., Pierre Dartevelle et les arts premiers. Mémoire et continuité, Milan, 2021, vol. II, p. 345, no. 448, or the example from the former Jef Vanderstraete collection illustrated in Cornet, J., Art de l'Afrique noire au pays du fleuve Zaïre, Brussels, 1972, p. 270, no. 144.
With its fascinating aesthetic, the mask from the former Nicolas de Kun collection, an inseparable name from Lega cultural studies, is undoubtedly one of the last major examples of this type still in private hands.