SARAH BERNHARDT (1844-1923)
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PROVENANT D'UN APPARTEMENT PARISIEN DÉCORÉ PAR JEAN COCTEAU
SARAH BERNHARDT (1844-1923)

Le Chant

Details
SARAH BERNHARDT (1844-1923)
Le Chant
marbre blanc, signé « Sarah Bernhardt »
H. 57,8 cm (22 ¾ in.)
Provenance
Un appartement du XVIe arrondissement décoré et meublé par Jean Cocteau en 1950, Paris ;
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
Bibliographie comparative :
Revue britannique ou Choix d'articles traduits des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne, 1879, volume 319, p. 630.
S. Bernhardt, Ma double vie, Paris, 1907, pp. 329 et 336.
A. Smith, Monaco and Monte Carlo, Philadelphia, 1912, pp. 319-320.
« L’Opéra de Monte-Carlo, aux temps du Prince Albert Ier de Monaco », in Les dossiers du Musée d’Orsay n°38, Paris, 1990, p. 8.
Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 1992, p. 226.
Sarah Bernhardt. Et la femme créa la star, cat. expo., Petit Palais, Paris, Paris Musées/Petit Palais Musée des Beaux-arts de la Ville de Paris, 2023.
Further Details
A MARBLE FIGURE OF THE ALLEGORY OF SONG (LE CHANT), SARAH BERNHARDT (1844-1923), CIRCA 1879

Sarah Bernhardt (1844-1923), born Henriette Rosine Bernard, was a famous and multi-talented actress. As well as being one of the most important French thespians of the nineteenth and early twentieth centuries, she designed her own costums, took part in the creation of stage productions, painted, sculpted and wrote plays, essays and novels.

In the 1860s, she made her first paintings and sculptures. Those creations were a response to her professional disappointments described in her memoirs in 1907: ‘It was then that I took a studio to make sculpture. Since I couldn't use my intelligence and desire to create in the theatre, I used them in another art. And I began to sculpt with a great enthusiasm’.

In 1874, her new passion was a great success Sarah Bernhardt exhibited at the Salon. In 1876 she received an honourable mention from the jury for her sculpture Après la tempête (“After the Storm”). After this success, she wrote : ‘It now seemed to me that I was born to be a sculptor’.
However, some of her contemporaries and fellow critics or sculptors, such as Jules Clarétie or Auguste Rodin, were not ready to sit alongside a woman artist with the reputation of being a diva.

In 1878, considering that gender does not determine talent, Charles Garnier asked Sarah Bernhardt to create a sculpture for the façade of the Théâtre lyrique in Monte-Carlo. The well-known architect of the new Paris Opéra asked an artist who is already famous. Modern and genius, Garnier wanted to employ artists from other artistic fields than their specialties : the actress Sarah Bernhardt sculpted Le Chant and the painter Gustave Doré, also her lover and her teacher, sculpted its counterpart, La Danse.
This astonishing choice was as much criticized by envious contemporary sculptors as it was appreciated by visitors and the curious.
Garnier's desire to work with these artists is documented by correspondence between the lovers ; in particular an undated letter from Sarah to Gustave:

‘Friend,
I'm on a diplomatic mission to you, so I'm going to […] get straight to the point. Here's the point. Garnier is building a big theatre in Monaco, there are two front groups, he ordered me one of them and told me that he would be very keen to ask you for help; but he is afraid that you will refuse, is it true, my dear friend, that you wouldn't like to have me as a colleague - it would make me proud!
Reply quickly to your friend who loves you very much. Tell me immediately if Garnier can make his request without the risk of being refused by your greatness.
Tenderly,
Sarah’

There is also a second letter which seems to be dated after Gustave's agreement:

‘You have made two people happy, Garnier and Sarah Bernhardt, who sends you her love.
S. B.
Garnier will go to your house, I think tomorrow or the next day.

Little is known about how these two monumental sculptures were created. Delivered in patinated plaster and placed on the façade, the 2.50m high figures of Le Chant and La Danse were damaged by time and the weather. Having been restored many times, it is impossible today to know exactly their initial appearance.
Since then, many questions about the sculpture of Le Chant signed ‘Sarah Bernhardt’ are being raised : was it an initial proposal for which Garnier asked for changes ? Was it the sculptor's final idea, the result of which was modified for conservation reasons? Indeed, the movement and appearance of the final sculpture is not the same in this reduced model.
What is more, in the final version, the female figure is accompanied by a young man ; which is not the case with this version – and these questions may never be answered.

This angelic musician, playing the lyre with the mouth open ready to sing a divine melody, supposes that Sarah Bernhardt is part of academic artists. Thanks to this sculpture, she hoped to inscribe her work in time, like an ars longa ; which was impossible during her stage representations.
In 1879, when the Monte-Carlo Opera was dedicated, Jean Bastien-Lepage represented the actress holding and gazing firmly at a sculpture by the painter. This figure of Orpheus with a lyre is reminiscent of our enigmatic sculpture.
The work of the “sacred monster”, as Jean Cocteau nicknamed Sarah Bernhardt, embodies the perfect example of the total artist. Indeed, she participated in the creation of the setting for her future performances. In honor of the opening night of the Theatre, she will return many times in Garnier’s theater to perform.

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Olivia Ghosh
Olivia Ghosh Specialist

Lot Essay

Célèbre actrice, Sarah Bernhardt (1844-1923), née Henriette Rosine Bernard, a multiplié les talents artistiques. Elle s’érige non seulement comme l’une des tragédiennes françaises les plus importantes du XIXe siècle et du début XXe siècle, mais dessine également ses tenues, participe à la création des mises en scène, écrit des pièces, essais et romans et s’adonne aux arts plastiques dont la sculpture et la peinture.
C’est dans les années 1860 qu’elle réalise ses premières œuvres peintes et sculptées. Ce nouvel élan créatif intervient comme une réponse à ses déceptions professionnelles qu’elle décrit ainsi dans ses mémoires en 1907 : « C’est alors que je pris un atelier pour faire de la sculpture. Ne pouvant dépenser au théâtre mes forces intelligentes et mon désir de créer, je les mis au service d’un autre art. Et je me mis à travailler la sculpture avec une ardeur folle. »

Dès 1874, cette nouvelle passion se concrétise par une reconnaissance : Sarah Bernhardt expose au Salon. En 1876 elle reçoit une mention honorable du jury pour sa sculpture Après la tempête, un succès qui lui fit écrire : « Il me semblait maintenant que j’étais née pour être sculpteur ».
Pourtant certains de ses contemporains et confrères, critiques ou sculpteurs, tels que Jules Clarétie ou Auguste Rodin, ne semblaient pas prêts à siéger auprès de cette femme artiste à la réputation de diva.
En 1878, lorsque Charles Garnier, pour qui le genre n’était pas un frein au talent, sollicite Sarah Bernhardt afin de réaliser une sculpture pour la façade du Théâtre lyrique de Monte-Carlo, l’architecte du splendide nouvel Opéra de Paris s’adresse alors à une artiste à la popularité attestée. Bien que nouvellement reconnue, ce sont le génie et la modernité de Garnier qui l’engagent à faire travailler des artistes d’autres domaines artistiques que leur activité principale. C’est ainsi que l’actrice Sarah Bernhardt réalise le Chant tandis que son amant et maître, le peintre Gustave Doré, se voit commander son pendant, la Danse.

Ce choix étonnant fût autant critiqué par des sculpteurs contemporains envieux qu’apprécié par les visiteurs et les curieux.
L’envie de Garnier de faire travailler ces artistes est documentée par des échanges épistolaires entre les amants, notamment par une lettre non datée de Sarah à Gustave :

« Ami,
Je suis chargée d’une mission diplomatique près de vous ; alors je casse et vais droit au but. Voilà la chose. Garnier fait un grand théâtre à Monaco, il y a deux groupes de façade il m’en confie un et m’a dit qu’il aurait un grand désir de vous demander votre concours ; mais il craint que vous refusiez, est-ce vrai Ami chéri que vous ne voudriez pas m’avoir pour confrère en pendant – cela me rendrait fière !
Répondez vite à votre amie qui vous aime à plein cœur. Répondez de suite si Garnier peut vous faire sa demande sans risque d’être refusé par votre grandeur.
Tendrement,
Sarah »
Mais également une seconde lettre qui semble subvenir après l’accord de Gustave :

« Vous faites deux heureux, Garnier et Sarah Bernhardt qui vous embrasse.
S. B.
Garnier ira chez vous, je crois demain ou après ».

Peu d’informations concernant le procédé de réalisation de ces deux sculptures monumentales nous sont parvenues. Livrées en plâtre patiné et placées en façade, les figures de 2m50 du Chant et de La Danse ont été malmenées par le temps et les intempéries, et ont connu de multiples campagnes de restauration, ne nous permettant pas de connaître avec justesse leur aspect initial.
Dès lors, nous pouvons nous interroger sur notre sculpture en marbre signée « Sarah Bernhardt » et représentant Le Chant : est-elle une première proposition pour laquelle Garnier aurait demandé des modifications ou s’agit-il de la pensée finale de la sculptrice dont le résultat fut modifié par soucis de conservation ? En effet, si le mouvement et l’aspect de le sculpture finale diffèrent de notre œuvre, elle est également accompagnée d’un jeune homme absent de notre composition. Ces différences sont tant de mystères encore irrésolus.

Avec sa figure du Chant, une musicienne angélique jouant de la lyre, la bouche ouverte prête à libérer sa divine mélodie, Sarah Bernhardt se place dans une génération d’artistes académistes et espère inscrire son œuvre dans le temps, tel un ars longa inatteignable lors de ses apparitions sur scène.

En 1879, année de l’inauguration de l’Opéra de Monte-Carlo, Jean Bastien-Lepage représente justement l’actrice tenant et regardant fermement une sculpture de la main du peintre. Cette figure représentant Orphée à la lyre n’est pas sans rappeler notre Chant si énigmatique.

Le Monstre sacré, comme Jean Cocteau a surnommé Sarah Bernhardt, incarne donc, avec cette production, la forme absolue de l’artiste totale en participant à l’élaboration de l’écrin de ses futures représentations. Elle sera à l’honneur lors de la soirée d’inauguration du Théâtre et reviendra de nombreuses fois pour performer sur les planches de Garnier.

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