Lot Essay
Quintessence de l'élégance, du raffinement et de l'art de vivre à la française qui se développe à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle sous l'impulsion du roi Louis XIV, notre fontaine à parfum ou fontaine de table est aussi un objet issu des marchands-merciers qui aiment associer les matières comme la porcelaine de Chine et le bronze doré. Impressionnante par sa taille, par les couleurs et le dessin de la porcelaine ainsi que part l'extravagance des montures, notre fontaine à parfum fit sans aucun doute l'objet d'une commande spécifique. Destinée à contenir de l'eau parfumée qui permettait aux hôtes de se rafraîchir, elles pouvaient également contenir un breuvage consommé à table. Les plus luxueux spécimens ont été réalisés en France sous la Régence selon des principes similaires. Outre les vases en porcelaine provenant de Chine coupés et adaptés pour être montés, les fontaines sont munies d'un couvercle en partie haute au niveau du col du vase, d'une applique recevant un bec verseur en partie basse et un piètement tripode. Citons par exemple la fontaine de la collection Luigi Anton Laura, vendue chez Sotheby's à Paris, le 27 juin 2001, lot 27 ou la fontaine d'époque Régence de l'ancienne collection Gismondi (P. Kjellberg, op.cit.).
La somptuosité de la fontaine des ducs de Hamilton réside dans les montures de bronze doré. Le thème de l'eau plus lié à la fonction de l'objet qu'à un destinataire particulier, est récurrent dans le répertoire décoratif de l'objet. Symbolisé par le motif de dauphin, nous les trouvons affrontés sur l'applique du bec verseur. Ce dernier est lui-même en forme de tête de dauphin, et enfin les trois pieds qui supportent la fontaine sont encore des dauphins. Le motif d'écailles qui recouvre leur surface fait par ailleurs écho aux écailles des dragons qui ornent la porcelaine. Typiquement Régence, l'objet est construit tout en symétrie: au couvercle à motifs de lambrequins sommé d'une graine répond la base de la fontaine de même forme et de même motif. Les anses à têtes d'aigle se répondent également. Cette symétrie se retouve encore dans le décor de la porcelaine, accentuant ainsi le parfait équilibre et l'élégance de l'objet.
A cette esthéthique unique s'ajoute une provenance exceptionnelle. Cette fontaine provient des collections des ducs de Hamilton. Considérée au XIXe siècle comme l'une des plus grandes après celle de la Couronne britannique, la collection Hamilton est celle de tous les superlatifs. L'écrin qui la reçoit n'est autre que le Palais Hamilton en Ecosse. Reconstruit entre 1684 et 1701 par l'architecte James Smith dans le plus pure style palladien sur ordre d'Anne, 3e duchesse de Hamilton, le palais est agrandi par le 10e duc dans les années 1820 pour recevoir l'importante collection de la famille qu'il continue de compléter, elle-même augmentée considérablement par la collection de William Thomas Beckford (1760-1844) que son épouse reçut en héritage. Les 11e et 12e ducs de Hamilton enrichissent à leur tour la collection. La propriété et la collection qu'elle renferme sont à l'époque considérées comme les plus importantes des îles britanniques. Les têtes couronnées d'Europe sont reçues au palais où elles peuvent admirer la collection et parmi les françaises, Marie-Thérèse de France, duchesse d'Angoulême y séjourne en 1831, le comte de Chambord en 1843 et l'impératrice Eugénie en 1860.
Il convient maintenant de se demander à quel moment cette fontaine est entrée dans les collections. Un inventaire du Palais, dressé en 1876, mentionne la fontaine dans le salon (après la bibliothèque): A China Vase 22 in. high, a rich Crimson Ground with running flowers, and medallions, mounted as an Urn, on 3 dolphin feet with Tap & Cover of Metal Gilt. Les inventaires de la demeure réalisés auparavant (1825, 1835, 1853, 1864) ne la notifient en revanche pas. Cependant, il n'existe aucun inventaire des autres résidences de la famille Hamilton, que ce soit Portman Place, la résidence du 10e duc à Londres, la résidence parisienne du 11e duc, ou encore la résidence londonienne du 12e duc. Deux hypothèses peuvent alors être avancées: soit la fontaine était conservée dans une autre résidence avant 1876, soit elle a été achetée et placée à Hamilton Palace entre 1864 et 1876. La première des hypothèses est la plus probable. A la mort du 12e duc de Hamilton en 1873, son fils décide de mettre la collection de sa famille conservée au Palais Hamilton à l'encan. Nous savons en outre que de multiples objets ont été déplacés suite au décès du 12e duc et dans la cadre de la préparation de la vente. Dans la marge gauche de l'inventaire de 1876, la fontaine est cochée au crayon indiquant son inclusion dans la future vente aux enchères. Cette dernière est en effet organisée à Londres chez Christie's en 1882 et rassemble plus de 2.000 lots dispersés entre le 17 juin et le 20 juillet. Vente extra-ordinaire à l'image de la collection qui attire les plus grands collectioneurs d'Europe et des Etats-Unis, notre fontaine, gravée et illustrée au catalogue, est présentée le 26 juin sous le numéro 446 comme suit: A cylindrical vase, of Old Chinese porcelain, enamelled with flowers in medallions, and dragons and flowers in colours on red and green ground, with fine old French mounting, with spout and dolphin feet - 22 in. high. Elle est achetée par S. Wertheimer pour 472 livres et 10 shillings. Bien que nous ne connaissions pas la manière dont la fontaine rejoint la collection de la famille Stern ni le moment, il est fort probable que ce soit sous l'ère d'Edgard-Salomon et Marguerite Stern. Cet achat illustre parfaitement le niveau de qualité des pièces que le couple recherchait et qui constituait leur collection.
La somptuosité de la fontaine des ducs de Hamilton réside dans les montures de bronze doré. Le thème de l'eau plus lié à la fonction de l'objet qu'à un destinataire particulier, est récurrent dans le répertoire décoratif de l'objet. Symbolisé par le motif de dauphin, nous les trouvons affrontés sur l'applique du bec verseur. Ce dernier est lui-même en forme de tête de dauphin, et enfin les trois pieds qui supportent la fontaine sont encore des dauphins. Le motif d'écailles qui recouvre leur surface fait par ailleurs écho aux écailles des dragons qui ornent la porcelaine. Typiquement Régence, l'objet est construit tout en symétrie: au couvercle à motifs de lambrequins sommé d'une graine répond la base de la fontaine de même forme et de même motif. Les anses à têtes d'aigle se répondent également. Cette symétrie se retouve encore dans le décor de la porcelaine, accentuant ainsi le parfait équilibre et l'élégance de l'objet.
A cette esthéthique unique s'ajoute une provenance exceptionnelle. Cette fontaine provient des collections des ducs de Hamilton. Considérée au XIXe siècle comme l'une des plus grandes après celle de la Couronne britannique, la collection Hamilton est celle de tous les superlatifs. L'écrin qui la reçoit n'est autre que le Palais Hamilton en Ecosse. Reconstruit entre 1684 et 1701 par l'architecte James Smith dans le plus pure style palladien sur ordre d'Anne, 3e duchesse de Hamilton, le palais est agrandi par le 10e duc dans les années 1820 pour recevoir l'importante collection de la famille qu'il continue de compléter, elle-même augmentée considérablement par la collection de William Thomas Beckford (1760-1844) que son épouse reçut en héritage. Les 11e et 12e ducs de Hamilton enrichissent à leur tour la collection. La propriété et la collection qu'elle renferme sont à l'époque considérées comme les plus importantes des îles britanniques. Les têtes couronnées d'Europe sont reçues au palais où elles peuvent admirer la collection et parmi les françaises, Marie-Thérèse de France, duchesse d'Angoulême y séjourne en 1831, le comte de Chambord en 1843 et l'impératrice Eugénie en 1860.
Il convient maintenant de se demander à quel moment cette fontaine est entrée dans les collections. Un inventaire du Palais, dressé en 1876, mentionne la fontaine dans le salon (après la bibliothèque): A China Vase 22 in. high, a rich Crimson Ground with running flowers, and medallions, mounted as an Urn, on 3 dolphin feet with Tap & Cover of Metal Gilt. Les inventaires de la demeure réalisés auparavant (1825, 1835, 1853, 1864) ne la notifient en revanche pas. Cependant, il n'existe aucun inventaire des autres résidences de la famille Hamilton, que ce soit Portman Place, la résidence du 10e duc à Londres, la résidence parisienne du 11e duc, ou encore la résidence londonienne du 12e duc. Deux hypothèses peuvent alors être avancées: soit la fontaine était conservée dans une autre résidence avant 1876, soit elle a été achetée et placée à Hamilton Palace entre 1864 et 1876. La première des hypothèses est la plus probable. A la mort du 12e duc de Hamilton en 1873, son fils décide de mettre la collection de sa famille conservée au Palais Hamilton à l'encan. Nous savons en outre que de multiples objets ont été déplacés suite au décès du 12e duc et dans la cadre de la préparation de la vente. Dans la marge gauche de l'inventaire de 1876, la fontaine est cochée au crayon indiquant son inclusion dans la future vente aux enchères. Cette dernière est en effet organisée à Londres chez Christie's en 1882 et rassemble plus de 2.000 lots dispersés entre le 17 juin et le 20 juillet. Vente extra-ordinaire à l'image de la collection qui attire les plus grands collectioneurs d'Europe et des Etats-Unis, notre fontaine, gravée et illustrée au catalogue, est présentée le 26 juin sous le numéro 446 comme suit: A cylindrical vase, of Old Chinese porcelain, enamelled with flowers in medallions, and dragons and flowers in colours on red and green ground, with fine old French mounting, with spout and dolphin feet - 22 in. high. Elle est achetée par S. Wertheimer pour 472 livres et 10 shillings. Bien que nous ne connaissions pas la manière dont la fontaine rejoint la collection de la famille Stern ni le moment, il est fort probable que ce soit sous l'ère d'Edgard-Salomon et Marguerite Stern. Cet achat illustre parfaitement le niveau de qualité des pièces que le couple recherchait et qui constituait leur collection.
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