Lot Essay
Ce pot-à-oille est le pendant d'une paire, dont le numéro 'I' est aujourd’hui conservé au musée Nissim de Camondo, à Paris (Inv. CAM 254, Paris, Musée des Arts décoratifs) probablement réalisé pour le riche marchand Gaspar Pessoa Tavars de Amorim.
UN STYLE INSPIRÉ DE FRANÇOIS-THOMAS GERMAIN
Ce pot-à-oille se distance du style néo-classique qu’Auguste utilise pour les services de Catherine II, pour revenir à celui des grands services de François-Thomas Germain utilisé pour la cour du Portugal et livré entre 1757 et 1765. Il privilégie la pureté des formes qui mettent en valeur les ornements en relief, que ce soit les attaches des pieds en feuilles de céleri ou encore l’impressionnante prise en tête de sanglier qui semble émerger du couvercle. Auguste est décrit par l’ambassadeur du Portugal en France comme « o melhor Ourives deste Pays » (Documentos relativos a ourivesaria francesa encomendada para Portugal, Lisbonne, 1935, p. 90, 24 mai 1784.). Il se voit donc confier sous le règne de Marie I (1777-1816) la fabrication de plusieurs éléments dont des aiguières et bassins en vermeil pour compléter le service de Germain. Sa réputation auprès de la clientèle portugaise est prouvée par les nombreuses commandes qu’il réalise pour la cour mais aussi pour les grands de la cour tels que Miguel Àlvares Pereira de Melo, le 5e duc de Cadaval (1765-1808) dont une soupière a été vendue chez Christie’s, Londres le 9 juin 2011, lot 50 et une paire de rafraîchissoirs vendue le 6 décembre 2012 lot 34 dans la vente des Chefs-d’œuvre de l’ancienne collection de Monsieur et Madame Riahi.
Indubitablement ces grands services ont été admirés et convoités par toute la noblesse portugaise qui s’est empressée de commander au "meilleur des orfèvres" leur propre service.
GASPAR PESSOA TAVARES DE ARMORIM: IMPORTANTE FIGURE DU COMMERCE ET DE LA NOBLESSE PORTUGAISE
Gaspar Pessoa Tavares de Amorim est né le 20 janvier 1740 à Fundão, dans la région de Castelo Branco, au Portugal. Issu d’une famille d’origine juive, il est le fils de Gabriel Tavares Pessoa, un grand commerçant actif à Fundão et Lisbonne, et de Leonor Pereira da Silva. Gaspar devint lui-même un important et riche commerçant sur la place de Lisbonne. Le 23 janvier 1788, il épousa à Lisbonne Ana Joaquina da Guerra e Sousa, fille de Simplício da Guerra e Sousa et Maria Joaquina Teles. De cette union naquirent plusieurs enfants, parmi lesquels Gaspar Pessoa Tavares de Amorim da Vargem, qui devint son successeur.
Il fut le fondateur et premier seigneur du Morgado de la Herdade da Vargem da Ordem, un domaine situé dans la juridiction d’Alcácer do Sal. Il constitua également un majorat de 60 millions de réis en 1791, démontrant sa richesse. En plus de ses activités commerciales, il occupa plusieurs fonctions publiques et honorifiques, notamment celle de greffier civil de Lisbonne, pointeur de la Ribeira das Naus, et commandeur de l’Ordre du Christ.
Reconnu pour son rang social, il fut anobli chevalier de la Maison Royale par un alvará de la reine Maria I en 1794 et reçut un blason officiel en 1795, combinant les armoiries des familles Pessoa et Amorim. Il devint aussi le premier gouverneur et seigneur donataire du lieu de Tolões, dans la juridiction de Castelo Branco, en 1804, et fut conseiller auprès de la reine Maria I sous le régent D. João en 1806.
Ce statut et sa proximité avec la famille royale lui a nécessairement donné accès au service d’argent de Germain que sa fortune lui permit de reproduire par des commandes à Auguste.
ROBERT-JOSEPH AUGUSTE (1723-1805)
Robert-Joseph Auguste est né à Mons en 1723, fils de Christophe Auguste, « bourgeois de Paris », il devient orfèvre en 1757, à l’âge relativement tardif de 34 ans. Il a alors déjà travaillé pendant environ dix ans pour d’autres orfèvres, vraisemblablement en tant que compagnon ou ouvrier qualifié, ce qui lui permit de se forger une réputation d’orfèvre d’une habileté et d’une inventivité extraordinaires. Ainsi en 1745, il créa des œuvres pour le roi Louis XV et, en 1755, il réalisa deux figurines en or pour le marchand-mercier Lazare Duvaux, qui furent ensuite acquises par la maîtresse du roi, Madame de Pompadour. Sa réputation de modeleur sculpteur est telle que son nom figure déjà en 1777 dans le catalogue de la vente de la collection de Pierre Randon de Boisset (1708-1776), pour le lot de ces figurines décrites comme « d’un goût superbe et d’une qualité parfaite par Monsieur Auguste ».
En 1777 il est d'ailleurs nommé 'orfèvre ordinaire du roi', après avoir collaboré avec le joaillier de la cour Ange-Joseph Aubert à la réalisation de la couronne et des insignes du couronnement de Louis XVI. Elaine Barr dans son chapitre Néoclassicisme dans C. Blair (éd.), The History of Silver (Londres, 2000, p. 143) souligne aussi son rôle de fondeur en bronze avec une colonne en marbre avec garnitures en bronze par Auguste, d’après des dessins de Charles de Wailly, qui fut exposée au Salon de Paris de 1761.
Dans les années 1760, il produisit aussi des tabatières en or, dont cinq sont dans des collections muséales, et l’une est conservée à Althorp, Northamptonshire, acheté par John, 1er comte Spencer, lors d’un séjour à Paris en 1769.
Ses années les plus productives vont de 1770 à 1785, période durant laquelle il jouissait d’une grande estime dans les cours étrangères. C’est à cette époque qu’il fournit des diplomates étrangers tels que le comte Gustaf Philip Creutz (1731-1785), diplomate et homme d’État suédois, ambassadeur à Paris dans les années 1770, et le comte Harcourt, ambassadeur de George III auprès de la cour française à partir de 1769. Cependant, ses plus importantes commandes conservées proviennent des cours royales du Portugal, de Russie, du Danemark et du roi George II de Grande-Bretagne pour sa cour à Hanovre.
UN STYLE INSPIRÉ DE FRANÇOIS-THOMAS GERMAIN
Ce pot-à-oille se distance du style néo-classique qu’Auguste utilise pour les services de Catherine II, pour revenir à celui des grands services de François-Thomas Germain utilisé pour la cour du Portugal et livré entre 1757 et 1765. Il privilégie la pureté des formes qui mettent en valeur les ornements en relief, que ce soit les attaches des pieds en feuilles de céleri ou encore l’impressionnante prise en tête de sanglier qui semble émerger du couvercle. Auguste est décrit par l’ambassadeur du Portugal en France comme « o melhor Ourives deste Pays » (Documentos relativos a ourivesaria francesa encomendada para Portugal, Lisbonne, 1935, p. 90, 24 mai 1784.). Il se voit donc confier sous le règne de Marie I (1777-1816) la fabrication de plusieurs éléments dont des aiguières et bassins en vermeil pour compléter le service de Germain. Sa réputation auprès de la clientèle portugaise est prouvée par les nombreuses commandes qu’il réalise pour la cour mais aussi pour les grands de la cour tels que Miguel Àlvares Pereira de Melo, le 5e duc de Cadaval (1765-1808) dont une soupière a été vendue chez Christie’s, Londres le 9 juin 2011, lot 50 et une paire de rafraîchissoirs vendue le 6 décembre 2012 lot 34 dans la vente des Chefs-d’œuvre de l’ancienne collection de Monsieur et Madame Riahi.
Indubitablement ces grands services ont été admirés et convoités par toute la noblesse portugaise qui s’est empressée de commander au "meilleur des orfèvres" leur propre service.
GASPAR PESSOA TAVARES DE ARMORIM: IMPORTANTE FIGURE DU COMMERCE ET DE LA NOBLESSE PORTUGAISE
Gaspar Pessoa Tavares de Amorim est né le 20 janvier 1740 à Fundão, dans la région de Castelo Branco, au Portugal. Issu d’une famille d’origine juive, il est le fils de Gabriel Tavares Pessoa, un grand commerçant actif à Fundão et Lisbonne, et de Leonor Pereira da Silva. Gaspar devint lui-même un important et riche commerçant sur la place de Lisbonne. Le 23 janvier 1788, il épousa à Lisbonne Ana Joaquina da Guerra e Sousa, fille de Simplício da Guerra e Sousa et Maria Joaquina Teles. De cette union naquirent plusieurs enfants, parmi lesquels Gaspar Pessoa Tavares de Amorim da Vargem, qui devint son successeur.
Il fut le fondateur et premier seigneur du Morgado de la Herdade da Vargem da Ordem, un domaine situé dans la juridiction d’Alcácer do Sal. Il constitua également un majorat de 60 millions de réis en 1791, démontrant sa richesse. En plus de ses activités commerciales, il occupa plusieurs fonctions publiques et honorifiques, notamment celle de greffier civil de Lisbonne, pointeur de la Ribeira das Naus, et commandeur de l’Ordre du Christ.
Reconnu pour son rang social, il fut anobli chevalier de la Maison Royale par un alvará de la reine Maria I en 1794 et reçut un blason officiel en 1795, combinant les armoiries des familles Pessoa et Amorim. Il devint aussi le premier gouverneur et seigneur donataire du lieu de Tolões, dans la juridiction de Castelo Branco, en 1804, et fut conseiller auprès de la reine Maria I sous le régent D. João en 1806.
Ce statut et sa proximité avec la famille royale lui a nécessairement donné accès au service d’argent de Germain que sa fortune lui permit de reproduire par des commandes à Auguste.
ROBERT-JOSEPH AUGUSTE (1723-1805)
Robert-Joseph Auguste est né à Mons en 1723, fils de Christophe Auguste, « bourgeois de Paris », il devient orfèvre en 1757, à l’âge relativement tardif de 34 ans. Il a alors déjà travaillé pendant environ dix ans pour d’autres orfèvres, vraisemblablement en tant que compagnon ou ouvrier qualifié, ce qui lui permit de se forger une réputation d’orfèvre d’une habileté et d’une inventivité extraordinaires. Ainsi en 1745, il créa des œuvres pour le roi Louis XV et, en 1755, il réalisa deux figurines en or pour le marchand-mercier Lazare Duvaux, qui furent ensuite acquises par la maîtresse du roi, Madame de Pompadour. Sa réputation de modeleur sculpteur est telle que son nom figure déjà en 1777 dans le catalogue de la vente de la collection de Pierre Randon de Boisset (1708-1776), pour le lot de ces figurines décrites comme « d’un goût superbe et d’une qualité parfaite par Monsieur Auguste ».
En 1777 il est d'ailleurs nommé 'orfèvre ordinaire du roi', après avoir collaboré avec le joaillier de la cour Ange-Joseph Aubert à la réalisation de la couronne et des insignes du couronnement de Louis XVI. Elaine Barr dans son chapitre Néoclassicisme dans C. Blair (éd.), The History of Silver (Londres, 2000, p. 143) souligne aussi son rôle de fondeur en bronze avec une colonne en marbre avec garnitures en bronze par Auguste, d’après des dessins de Charles de Wailly, qui fut exposée au Salon de Paris de 1761.
Dans les années 1760, il produisit aussi des tabatières en or, dont cinq sont dans des collections muséales, et l’une est conservée à Althorp, Northamptonshire, acheté par John, 1er comte Spencer, lors d’un séjour à Paris en 1769.
Ses années les plus productives vont de 1770 à 1785, période durant laquelle il jouissait d’une grande estime dans les cours étrangères. C’est à cette époque qu’il fournit des diplomates étrangers tels que le comte Gustaf Philip Creutz (1731-1785), diplomate et homme d’État suédois, ambassadeur à Paris dans les années 1770, et le comte Harcourt, ambassadeur de George III auprès de la cour française à partir de 1769. Cependant, ses plus importantes commandes conservées proviennent des cours royales du Portugal, de Russie, du Danemark et du roi George II de Grande-Bretagne pour sa cour à Hanovre.
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