Lot Essay
Bien qu'aujourd'hui nous ne puissions pas connaître précisément pour quelle pièce était destiné cet original bureau-secrétaire, nous savons néanmoins que Joseph Stöckel (1743-1802) travailla pour la famille royale et son entourage. Les comtes de Provence et d'Artois comptaient parmi ses commanditaires dans la dernière décennie de l'Ancien Régime.
La particularité de notre bureau-secrétaire, en plus de sa forme peu commune, réside dans la marque apposée sous le tiroir central du meuble, ou devrions-nous dire les marques. La première frappée au fer représente le chiffre AT en lettres anglaises. Elle correspond à la marque du garde-meuble particulier du comte d’Artois (1757-1836), créé en 1776-1777. Cette création s’impose cette année-là car le prince reçoit Saint-Germain en apanage et l’usufruit du palais prieural du Temple à Paris jusqu’à la majorité de son fils (il est âgé d'un an). En outre, il achète les châteaux de Maisons et de Bagatelle. Ses quatre maisons doivent être mises au goût du jour et meublées. Pierre Jubault, alors premier valet de chambre du comte d’Artois en charge de son garde-meuble, ajoute à la marque principale nouvellement créée un insigne de résidence. La seconde marque frappée sur notre secrétaire pourrait être l’une d’entre elles. Beaucoup moins bien frappée, un M en lettres d’imprimerie est inscrit au fer. L’artisan s’y est d’ailleurs pris à deux fois car on aperçoit sous le premier l’esquisse d’un autre, légèrement décalé et encore moins bien frappé. Bien que ces marques ne soient pas apposées systématiquement, ce M pourraient être rapproché de deux marques connues du garde-meuble du comte d’Artois : le M utilisé pour les meubles envoyés au château de Maisons, ou le M de GM, adopté comme marque du garde-meuble du prince.
Construit par François Mansart dans les années 1650, le château de Maisons est en mauvais état lorsqu’il est acheté par le dernier frère du roi Louis XVI. Ce dernier charge alors son architecte Joseph Bélanger (1744-1818) de transformer et de réaménager le château. Ce serait probablement dans ce cadre que Joseph Stöckel, qui vient d’obtenir sa maîtrise, aurait pu livrer ce secrétaire. Amoureux des bois de belle qualité, l’ébéniste marie ici le satiné à l’amarante qui souligne par contraste les lignes à angles droits accentuant ainsi les formes propres au style Louis XVI. Bien que de facture simple et peu recouvert de bronzes, ce secrétaire est néanmoins ingénieusement construit. Sans serrure à l’extérieur, les tiroirs latéraux se ferment par l’intérieur uniquement, permettant ainsi de sécuriser au maximum les papiers conservés à l’intérieur.
Entrée dans les collections de la famille Stern, le bureau-secrétaire est probablement illustré sur l'une des aquarelles représentant des vues d'intérieur de l'hôtel particulier du 20, avenue Montaigne en 1923.
La particularité de notre bureau-secrétaire, en plus de sa forme peu commune, réside dans la marque apposée sous le tiroir central du meuble, ou devrions-nous dire les marques. La première frappée au fer représente le chiffre AT en lettres anglaises. Elle correspond à la marque du garde-meuble particulier du comte d’Artois (1757-1836), créé en 1776-1777. Cette création s’impose cette année-là car le prince reçoit Saint-Germain en apanage et l’usufruit du palais prieural du Temple à Paris jusqu’à la majorité de son fils (il est âgé d'un an). En outre, il achète les châteaux de Maisons et de Bagatelle. Ses quatre maisons doivent être mises au goût du jour et meublées. Pierre Jubault, alors premier valet de chambre du comte d’Artois en charge de son garde-meuble, ajoute à la marque principale nouvellement créée un insigne de résidence. La seconde marque frappée sur notre secrétaire pourrait être l’une d’entre elles. Beaucoup moins bien frappée, un M en lettres d’imprimerie est inscrit au fer. L’artisan s’y est d’ailleurs pris à deux fois car on aperçoit sous le premier l’esquisse d’un autre, légèrement décalé et encore moins bien frappé. Bien que ces marques ne soient pas apposées systématiquement, ce M pourraient être rapproché de deux marques connues du garde-meuble du comte d’Artois : le M utilisé pour les meubles envoyés au château de Maisons, ou le M de GM, adopté comme marque du garde-meuble du prince.
Construit par François Mansart dans les années 1650, le château de Maisons est en mauvais état lorsqu’il est acheté par le dernier frère du roi Louis XVI. Ce dernier charge alors son architecte Joseph Bélanger (1744-1818) de transformer et de réaménager le château. Ce serait probablement dans ce cadre que Joseph Stöckel, qui vient d’obtenir sa maîtrise, aurait pu livrer ce secrétaire. Amoureux des bois de belle qualité, l’ébéniste marie ici le satiné à l’amarante qui souligne par contraste les lignes à angles droits accentuant ainsi les formes propres au style Louis XVI. Bien que de facture simple et peu recouvert de bronzes, ce secrétaire est néanmoins ingénieusement construit. Sans serrure à l’extérieur, les tiroirs latéraux se ferment par l’intérieur uniquement, permettant ainsi de sécuriser au maximum les papiers conservés à l’intérieur.
Entrée dans les collections de la famille Stern, le bureau-secrétaire est probablement illustré sur l'une des aquarelles représentant des vues d'intérieur de l'hôtel particulier du 20, avenue Montaigne en 1923.
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