Lot Essay
Situé par Alvin L. Clark dans les années 1632-1633, cet énigmatique tableau d’un sacrifice d’un roi est un très beau témoignage de la manière singulière de François Perrier (vers 1594-1650).
Peintre formé en Italie auprès du rayonnant artiste Giovanni Lanfranco (1582-1647), c’est sous l’influence de Simon Vouet (1590-1649) que Perrier va développer son style personnel inspiré de la flamboyance du peintre français mais dans une manière davantage sculpturale, monumentale. De retour de Rome en 1628 après au moins quatre ans dans la ville éternelle, Perrier va travailler directement pour Vouet et notamment au décor (aujourd’hui disparu) du château de Chilly. Notre tableau date de cette période d’émulation créative de l’artiste, précédant son second séjour romain à partir de 1634.
Cette scène mystérieuse illustrant le sacrifice d’un dieu ou d’un roi nous est parvenue aujourd’hui dans un format légèrement réduit de sa dimension originale. Heureusement, une copie contemporaine de l’œuvre (A. L. Clark, op. cit,. n°32), ainsi qu’un dessin préparatoire découvert par Barbara Bréjon de Lavergnée a permis de prendre connaissance de la composition en son entier (dessin de la donation Mathias Polakovits, Paris, école nationale des beaux-arts). Un personnage habillé en prêtre antique entouré de trois femmes à la chevelure ornée de feuilles de vignes clos la composition originale sur la partie gauche de la peinture. Pourtant, malgré cette indication renforçant le caractère antiquisant de la scène, l’iconographie demeure hypothétique. Si un prêtre païen ordonne le martyr d’un chrétien, pourquoi aucun ange ne porte une palme et aucune allusion ne serait faite au divin ? Si c’est un roi que l’on sacrifie, quel est ce roi aux yeux bandés devant son sort ?
Eric Schleier relayait l’hypothèse de Luca Giuliani d’une représentation (avec quelques libertés iconographiques) du sacrifice de Lycurgue qui, ayant défié Bacchus (dont on devine une statue à gauche de la composition en son entier) sera, selon certaines versions, rendu aveugle puis mis à mort. Schleier abandonne dans son article l’ancienne hypothèse de la mort de Panthée, personnage mythologique également pourchassé pour avoir refusé le culte de Bacchus et mis à mort par des Bacchantes — au rang desquelles sa propre mère et ses deux tantes (E. Schleier, op. cit., p. 348).
Si l’iconographie demeure complexe, la datation ne fait en revanche aucun doute par le rapprochement stylistique avec le sacrifice d’Iphigénie (Dijon, musée des beaux-arts) réalisée autour de 1631-1632 lorsque Perrier était encore dans l’atelier de Vouet. Le bourreau d’Iphigénie rappelle traits pour traits le supplicié de notre présent tableau et la figure féminine à droite rappelle son Iphigénie, simplement plus en mouvement dans ce tableau. Un même dynamisme composé de plan successifs en tensions les uns par rapport aux autres forme également sa marque de fabrique dans les peintures de cette décennie.
Peintre formé en Italie auprès du rayonnant artiste Giovanni Lanfranco (1582-1647), c’est sous l’influence de Simon Vouet (1590-1649) que Perrier va développer son style personnel inspiré de la flamboyance du peintre français mais dans une manière davantage sculpturale, monumentale. De retour de Rome en 1628 après au moins quatre ans dans la ville éternelle, Perrier va travailler directement pour Vouet et notamment au décor (aujourd’hui disparu) du château de Chilly. Notre tableau date de cette période d’émulation créative de l’artiste, précédant son second séjour romain à partir de 1634.
Cette scène mystérieuse illustrant le sacrifice d’un dieu ou d’un roi nous est parvenue aujourd’hui dans un format légèrement réduit de sa dimension originale. Heureusement, une copie contemporaine de l’œuvre (A. L. Clark, op. cit,. n°32), ainsi qu’un dessin préparatoire découvert par Barbara Bréjon de Lavergnée a permis de prendre connaissance de la composition en son entier (dessin de la donation Mathias Polakovits, Paris, école nationale des beaux-arts). Un personnage habillé en prêtre antique entouré de trois femmes à la chevelure ornée de feuilles de vignes clos la composition originale sur la partie gauche de la peinture. Pourtant, malgré cette indication renforçant le caractère antiquisant de la scène, l’iconographie demeure hypothétique. Si un prêtre païen ordonne le martyr d’un chrétien, pourquoi aucun ange ne porte une palme et aucune allusion ne serait faite au divin ? Si c’est un roi que l’on sacrifie, quel est ce roi aux yeux bandés devant son sort ?
Eric Schleier relayait l’hypothèse de Luca Giuliani d’une représentation (avec quelques libertés iconographiques) du sacrifice de Lycurgue qui, ayant défié Bacchus (dont on devine une statue à gauche de la composition en son entier) sera, selon certaines versions, rendu aveugle puis mis à mort. Schleier abandonne dans son article l’ancienne hypothèse de la mort de Panthée, personnage mythologique également pourchassé pour avoir refusé le culte de Bacchus et mis à mort par des Bacchantes — au rang desquelles sa propre mère et ses deux tantes (E. Schleier, op. cit., p. 348).
Si l’iconographie demeure complexe, la datation ne fait en revanche aucun doute par le rapprochement stylistique avec le sacrifice d’Iphigénie (Dijon, musée des beaux-arts) réalisée autour de 1631-1632 lorsque Perrier était encore dans l’atelier de Vouet. Le bourreau d’Iphigénie rappelle traits pour traits le supplicié de notre présent tableau et la figure féminine à droite rappelle son Iphigénie, simplement plus en mouvement dans ce tableau. Un même dynamisme composé de plan successifs en tensions les uns par rapport aux autres forme également sa marque de fabrique dans les peintures de cette décennie.