Lot Essay
Souvent rapprochées des masques Baoulé ou Gouro en raison de l’effilement des visages et de l’extrême schématisation des traits, les têtes lithiques de Modigliani datant de 1909-1915, ou encore ses nombreux dessins de caryatides, trahissent la fascination de ce dernier pour l'art sculptural classique africain. Nous pouvons ici souligner la saisissante ressemblance de cette œuvre avec certaines des têtes contemporaines de Modigliani. A travers la comparaison des œuvres de ces deux artistes, nous comprenons que la sculpture de Modigliani trouve son parfait écho dans les créations de son contemporain, le Maître de Bouaflé, dont les créations auraient vu le jour entre 1910 et 1930.
Parmi les caractéristiques singulières de ses créations, nous pouvons noter le « profil dynamique très particulier - convexe pour le nez de son extrémité à sa base - puis concave pour le front protubérant jusqu’aux racines des cheveux soulignés par des chevrons souvent sur trois lignes. […] Les yeux fendus en forme de croissant sont taillés en oblique, avec une extrême proximité des sourcils. Le nez est court et pointu, ni ailes ni arête apparentes ; la zone au-dessus de la bouche fermée, dépourvue de lèvres, est plate, le menton petit et fuyant. » (Fischer, E., Homberger, L., Les maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire, Paris, 2015, p. 34). La virtuosité du Maître de Bouaflé réside dans le traitement des canons de beauté Gouro, sublimés à un degré inégalé par aucun autre maître Gouro de son époque.
Une dizaine de masques est actuellement attribuée au Maître de Bouaflé. Parmi ses créations, ce masque s’impose comme l’un des plus élégants et des plus anciens du type. Il est le seul de cette qualité à être encore en mains privées. Ses qualités plastiques permettent de le situer, de manière archétypale, aux côtés des masques les plus importants de cet artiste : celui du Museum Rietberg, à Zurich (ibid, pp. 94 et 95, inv. n° RAF 466 et RAF 510) et les deux de l’ancienne collection Paul Guillaume, dont l'un se trouve actuellement dans la Fondation Barnes, publiés dans Guillaume, P. et Munro, T., La sculpture nègre primitive, Paris, 1929.
Often compared to Baoulé or Gouro masks by virtue of the tapered faces and extremely schematised features, Modigliani’s elongated heads dating from 1909 to 1915, or his numerous caryatid drawings, reveal the latter’s fascination with classical African sculptural art. Here, notice the striking resemblance of this work with certain contemporary heads by Modigliani. By comparing the works of these two artists, it becomes clear that Modigliani’s sculpture is impeccably echoed in the works of his contemporary, the Master of Bouaflé, whose creations date from between 1910 and 1930.
Among his creations’ singular characteristics is the “very particular dynamic profile - convex from the nose tip to the base - then concave for the protruding forehead to the roots of the hair, underscored by often tripled chevrons. […] The slit, crescent-shaped eyes are obliquely carved, with extremely close eyebrows. The nose is short and pointed, neither ala nor bridge are visible; the area above the closed, lipless mouth is flat, with a small, receding chin.” (Fischer, E., Homberger, Les maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire, Paris, 2015, p. 34). The virtuosity of the Master of Bouaflé lies in his interpretation of the Gouro standards of beauty, refined to a degree unsurpassed by any other Gouro master of his time.
Some ten masks are currently attributed to the Master of Bouaflé. This mask stands out from his creations as one of the most elegant and oldest of its type. It is the only one of such quality that is still privately owned. Its plastic qualities mean it can be placed archetypally alongside this artist’s most important masks: the one at the Museum Rietberg in Zurich (ibid, pp. 94 and 95, inv. no. RAF 466 and inv. no. RAF 510) and both from the former Paul Guillaume collection, one of which is currently at the Barnes Foundation, published in Guillaume, P. and Munro, T., La sculpture nègre primitive, Paris, 1929.
Parmi les caractéristiques singulières de ses créations, nous pouvons noter le « profil dynamique très particulier - convexe pour le nez de son extrémité à sa base - puis concave pour le front protubérant jusqu’aux racines des cheveux soulignés par des chevrons souvent sur trois lignes. […] Les yeux fendus en forme de croissant sont taillés en oblique, avec une extrême proximité des sourcils. Le nez est court et pointu, ni ailes ni arête apparentes ; la zone au-dessus de la bouche fermée, dépourvue de lèvres, est plate, le menton petit et fuyant. » (Fischer, E., Homberger, L., Les maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire, Paris, 2015, p. 34). La virtuosité du Maître de Bouaflé réside dans le traitement des canons de beauté Gouro, sublimés à un degré inégalé par aucun autre maître Gouro de son époque.
Une dizaine de masques est actuellement attribuée au Maître de Bouaflé. Parmi ses créations, ce masque s’impose comme l’un des plus élégants et des plus anciens du type. Il est le seul de cette qualité à être encore en mains privées. Ses qualités plastiques permettent de le situer, de manière archétypale, aux côtés des masques les plus importants de cet artiste : celui du Museum Rietberg, à Zurich (ibid, pp. 94 et 95, inv. n° RAF 466 et RAF 510) et les deux de l’ancienne collection Paul Guillaume, dont l'un se trouve actuellement dans la Fondation Barnes, publiés dans Guillaume, P. et Munro, T., La sculpture nègre primitive, Paris, 1929.
Often compared to Baoulé or Gouro masks by virtue of the tapered faces and extremely schematised features, Modigliani’s elongated heads dating from 1909 to 1915, or his numerous caryatid drawings, reveal the latter’s fascination with classical African sculptural art. Here, notice the striking resemblance of this work with certain contemporary heads by Modigliani. By comparing the works of these two artists, it becomes clear that Modigliani’s sculpture is impeccably echoed in the works of his contemporary, the Master of Bouaflé, whose creations date from between 1910 and 1930.
Among his creations’ singular characteristics is the “very particular dynamic profile - convex from the nose tip to the base - then concave for the protruding forehead to the roots of the hair, underscored by often tripled chevrons. […] The slit, crescent-shaped eyes are obliquely carved, with extremely close eyebrows. The nose is short and pointed, neither ala nor bridge are visible; the area above the closed, lipless mouth is flat, with a small, receding chin.” (Fischer, E., Homberger, Les maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire, Paris, 2015, p. 34). The virtuosity of the Master of Bouaflé lies in his interpretation of the Gouro standards of beauty, refined to a degree unsurpassed by any other Gouro master of his time.
Some ten masks are currently attributed to the Master of Bouaflé. This mask stands out from his creations as one of the most elegant and oldest of its type. It is the only one of such quality that is still privately owned. Its plastic qualities mean it can be placed archetypally alongside this artist’s most important masks: the one at the Museum Rietberg in Zurich (ibid, pp. 94 and 95, inv. no. RAF 466 and inv. no. RAF 510) and both from the former Paul Guillaume collection, one of which is currently at the Barnes Foundation, published in Guillaume, P. and Munro, T., La sculpture nègre primitive, Paris, 1929.