Pablo Gargallo (1881-1934)
Rare épreuve entièrement retravaillée par l'artiste
Pablo Gargallo (1881-1934)

Maternité en creux

Details
Pablo Gargallo (1881-1934)
Maternité en creux
avec le cachet du fondeur 'FUNDICION:R STACCIOLI' (sur le côté de la base)
bronze à patine brune
31.2 x 18.7 x 19.4 cm.
Conçu en 1922; cette épreuve fondue dans une édition de 7 exemplaires plus 6 autres épreuves et 3 épreuves hors commerce, est entièrement retravaillée par l'artiste

stamped with the foundry mark 'FUNDICION:R STACCIOLI' (on the side of the base)
bronze with brown patina
12 ¼ x 7 3/8 x 7 5/8 in.
Conceived in 1922; this bronze cast in an edition of 7 plus 6 additional casts and 3 hors commerce proofs, and fully reworked by hand by the artist
Provenance
Collection particulière; vente, Me Camard & Associés, Paris, 13 décembre 2010, lot 44.
Acquis au cours de cette vente par le propriétaire actuel.
Literature
P. Gargallo-Anguera, Pablo Gargallo, Catalogue raisonné, Paris, 1998, p. 123-124, no. 100a (une autre épreuve et un détail illustrés).
Sale room notice
Veuillez que cette épreuve fut fondue dans une édition de 7 exemplaires plus 6 autres épreuves et 3 épreuves hors commerce, et a été entièrement retravaillée par l'artiste.

Please note that this bronze was cast in an edition of 7 plus 6 additional casts and 3 hors commerce proofs, and was fully reworked by hand by the artist.

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Valentine Legris
Valentine Legris

Lot Essay

Pierrette Gargallo-Anguera et Jean Anguera ont confirmé l'authenticité de cette œuvre.

Cette Maternité en creux fait partie des tous premiers exemplaires de ce sujet exécutés par Pablo Gargallo à Barcelone en 1922. Ce qui fait la spécificité et l’unicité de cette épreuve, c'est l'étonnant travail de ciselure exécuté par l’artiste sur le bronze. Il a en effet entièrement reciselé par un subtil martelage l'ensemble de la surface accentuant par une sorte de frémissement l'effet de la lumière sur le modelé des formes. C'est un travail considérable exécuté par l'artiste lui-même - aucun ciseleur d'un atelier de fonderie ne se permettrait une telle interprétation des formes - d'ailleurs pour tous les autres exemplaires de cette sculpture les formes ont été conservées lisses conformément aux modèles en plâtre.
Gargallo prenait parfois le temps de ciseler lui-même le tirage d'une sculpture mais les exemples d'un remodelé complet de la surface de la sculpture restent toutefois assez rares. On en trouve l'équivalent avec le premier exemplaire du Masque de Madame Grant de 1913 ou avec un exemplaire du Petit torse de femme de 1925. L’artiste exécutait ce type de ciselage avec un plaisir évident mais n'en éprouvait pas souvent la nécessité car malgré son exigence personnelle réputée, le travail des fondeurs le satisfaisait généralement.
De la Maternité en creux de 1922, Gargallo a réalisé deux modèles en plâtre quasiment identiques sauf en ce qui concerne la hauteur de la terrasse. Le premier avec une terrasse mince a servi au fondeur Staccioli à Barcelone. En raison de l'avènement de la dictature de Primo de Rivera, Gargallo dû quitter Barcelone en 1923 pour s'installer à Paris, ce qui lui laissa peu de temps pour réaliser des épreuves en bronze de ce premier plâtre. Seules deux sont répertoriées et ne sont pas numérotées (pratique qui n'était pas courante à l'époque car la vente d'une œuvre en bronze restait un fait relativement exceptionnel). À Paris, il a utilisé le second plâtre à la terrasse haute pour continuer la réalisation de bronzes avec notamment la fonderie Andro Grandomme.
L'édition des bronzes, à partir des deux modèles confondus, se limitera à un tirage de sept exemplaires originaux plus trois épreuves d'artistes. Ils sont actuellement tous répertoriés et la plupart ne seront numérotés qu'après le décès de l'artiste par sa veuve ou sa fille et avec l'accord de leurs propriétaires.
D’environ 1921 à 1923, Gargallo a pratiqué une sorte d'inversion systématique des volumes. Selon ses dires la traduction des volumes convexes en volumes concaves lui permettait de saisir la lumière de façon beaucoup plus subtile, de l'accueillir dans le creux des formes avec une douceur et une intelligence inégalables. Cette idée d'inversion des volumes découle très certainement de son travail de la feuille de métal où l'obtention des arrondis en ronde bosse s'obtenait par un travail de repoussé en martelant le revers de la feuille. Ainsi il réalisera ses premières sculptures en creux à partir de feuilles de plomb avec par exemple La femme à l'ombrelle (vendu chez Christie's, en mars 2016) de 1921. Mais très rapidement il transposera le procédé dans le modelage de l'argile avec deux très belles pièces, la Femme au repos en creux et cette Maternité en creux, toutes deux de 1922. À son retour à Paris en 1923, il se remet à ses recherches dans le métal et à aborder l'utilisation du vide comme moyen d'expression. A partir de ce moment, l'emploi de la forme en creux se fera de façon plus restreinte.
Très certainement la Maternité en creux reste le meilleur exemple de cette très brève période expressive de Gargallo.

Jean Anguera, expert membre de l'Union Française des Experts de l'œuvre de Pablo Gargallo, juillet 2016.

This Maternité en creux is one of the very first sculptures of this subject produced by Pablo Gargallo in Barcelona in 1922. What makes this work distinctive and unique is the artist's stunning chasing of the bronze. Using subtle hammering, he has completely retooled the entire surface, accentuating the effect of light on the contours of the forms via a kind of juddering motion. A huge amount of work, all done by the artist himself – no foundry chaser would dare to interpret forms in this way. Moreover, in all the other casts of this sculpture, the forms have been kept smooth, in accordance with their plaster casts.
Gargallo occasionally took the time to chase a sculpture himself, but examples of a complete remodelling of the surface of the sculpture are still quite rare. Others include the first cast of his 1913 work Masque de Madame Grant and one copy of the Petit torse de femme of 1925. The artist clearly enjoyed this type of chasing but did not often feel the need to do it because, in spite of his renowned high personal standards, he was generally satisfied with what the foundry workers produced.
Gargallo made two almost identical plaster models of his 1922 work Maternité en creux, their only difference being the height of their base. Foundry worker Staccioli produced the first one with its thin base, in Barcelona. However, when dictator Primo de Rivera came to power, Gargallo fled Barcelona and settled in Paris in 1923. This left him very little time to complete his bronzes from this first plaster cast. Only two have been indexed and they are not numbered (this was not common practice at the time, since the sale of a bronze was still a relatively infrequent event). In Paris he used the second plaster cast with the high base to continue working on his bronzes, mainly in tandem with the Andro Grandomme foundry.
The series of bronzes cast from the two contrasting models was limited to seven originals, along with three artist's proofs. They have now all been indexed, and most of them were only numbered after the artist's death by his widow or his daughter and with the agreement of their owners.
Between around 1921 and 1923, Gargallo practised a sort of systematic inversion of forms. He said that translating convex forms into concave forms allowed him to capture the light in a much more subtle way, to bring it into the hollow spaces of his works with unequalled delicacy and intelligence. This idea of inverting forms is most definitely the result of his sheet metal work, in which curves in the round are obtained by embossing the back of the sheet with a hammer. He used this method to make his first intaglio sculptures from sheets of lead, as in, for example, La femme à l'ombrelle (sold at Christie's, in March 2016) of 1921. But he soon transposed the process into clay modelling for two beautiful works: Femme au repos en creux and it Maternité en creux both dating from 1922. When he returned to Paris in 1923, he continued his exploration of metal, and began using emptiness as a means of expression. After that, his use of intaglio became much more restrained.
The Maternité en creux remains the finest example of Gargallo's very brief expressive period.

Jean Anguera, member of Union Française des Experts for Pablo Gargallo works, July 2016.

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