Lot Essay
Dans quelques instants j'irai voir la fantasia que le caïd m'a promise. Il s'agit d'une petite fantasia d'une douzaine de cavaliers, mais suffisante pour donner de l'animation à la kasbah toute entière.
Edy Legrand, Journal de Telouet, 9 juillet 1943.
Lorsqu'il s'agit de représenter la coutume de la fantasia, les artistes choisissent traditionnellement le moment crucial, lorsque les cavaliers s'élancent à grande vitesse, pour finir leur course par un coup de fusil tiré à l'unisson. Eugène Delacroix, Théodore Chassériau, Ulpiano Checa y Sanz sont parmi ceux qui ont aimé immortaliser cet instant fatidique où les hommes, dans un nuage de poussière, lâchent la bride de leurs chevaux écumants pour pointer leurs armes ornées de pierres précieuses vers le ciel. Edy Legrand, qui a toujours fait preuve d'originalité dans le choix des thématiques de sa peinture, a au contraire dépeint les divers préparatifs précédant la fantasia: la détente des cavaliers dans leur tente, le rassemblement des chevaux, la mise en rang avant le départ. Il rejette ainsi toute inclinaison pour des sujets qui pourraient le faire passer pour un occidental à la recherche d'images exotiques et de sensations fortes. Ce qu'Albert Camus - dont il a illustré La Peste en 1958 - a dit de lui paraît fidèle à cette impression: "J'aime ainsi l'oeuvre d'Edy Legrand qui m'offre le réel, corrigé par un style.
Edy Legrand est au Maroc depuis six ans lorsqu'il peint Préparatifs de la fantasia, vus du campement. Il s'est déjà initié aux difficultés inhérentes à un voyage dans l'Atlas et a tissé des liens avec les dirigeants locaux, tels que le pacha Thami el-Glaoui (1879-1956), qui a érigé sa kasbah à Telouet au début du XXème siècle. Les habitants le reçoivent plus facilement parmi eux et le laissent observer leurs rites. C'est peut-être cette liberté d'action, ce sentiment d'appartenance qui lui inspirent cette volonté de montrer l'arrière du décor, un aspect plus authentique de la vie dans le Haut Atlas. Et le spectateur, à travers ses yeux, se voit ainsi projeté à l'intérieur de la tente où les hommes se reposent à l'abri du soleil, observant de loin ceux qui s'apprêtent à partir pour la fantasia. La gamme chromatique, dominée par d'innombrables teintes de jaune, se révèle d'une richesse inouïe et suggère une grande sensibilité dans la perception des couleurs.
Cette gouache sur carton est restée jusqu'à aujourd'hui au sein d'une famille originaire de Rabat, amie et mécène d'Edy Legrand.
Edy Legrand, Journal de Telouet, 9 juillet 1943.
Lorsqu'il s'agit de représenter la coutume de la fantasia, les artistes choisissent traditionnellement le moment crucial, lorsque les cavaliers s'élancent à grande vitesse, pour finir leur course par un coup de fusil tiré à l'unisson. Eugène Delacroix, Théodore Chassériau, Ulpiano Checa y Sanz sont parmi ceux qui ont aimé immortaliser cet instant fatidique où les hommes, dans un nuage de poussière, lâchent la bride de leurs chevaux écumants pour pointer leurs armes ornées de pierres précieuses vers le ciel. Edy Legrand, qui a toujours fait preuve d'originalité dans le choix des thématiques de sa peinture, a au contraire dépeint les divers préparatifs précédant la fantasia: la détente des cavaliers dans leur tente, le rassemblement des chevaux, la mise en rang avant le départ. Il rejette ainsi toute inclinaison pour des sujets qui pourraient le faire passer pour un occidental à la recherche d'images exotiques et de sensations fortes. Ce qu'Albert Camus - dont il a illustré La Peste en 1958 - a dit de lui paraît fidèle à cette impression: "J'aime ainsi l'oeuvre d'Edy Legrand qui m'offre le réel, corrigé par un style.
Edy Legrand est au Maroc depuis six ans lorsqu'il peint Préparatifs de la fantasia, vus du campement. Il s'est déjà initié aux difficultés inhérentes à un voyage dans l'Atlas et a tissé des liens avec les dirigeants locaux, tels que le pacha Thami el-Glaoui (1879-1956), qui a érigé sa kasbah à Telouet au début du XXème siècle. Les habitants le reçoivent plus facilement parmi eux et le laissent observer leurs rites. C'est peut-être cette liberté d'action, ce sentiment d'appartenance qui lui inspirent cette volonté de montrer l'arrière du décor, un aspect plus authentique de la vie dans le Haut Atlas. Et le spectateur, à travers ses yeux, se voit ainsi projeté à l'intérieur de la tente où les hommes se reposent à l'abri du soleil, observant de loin ceux qui s'apprêtent à partir pour la fantasia. La gamme chromatique, dominée par d'innombrables teintes de jaune, se révèle d'une richesse inouïe et suggère une grande sensibilité dans la perception des couleurs.
Cette gouache sur carton est restée jusqu'à aujourd'hui au sein d'une famille originaire de Rabat, amie et mécène d'Edy Legrand.