拍品专文
Cette oeuvre figurera dans le Catalogue raisonné Vie et Oeuvre de Germaine Richier, actuellement en préparation et dont Françoise Guiter est l'auteur. Un certificat d'authenticité de Françoise Guiter sera remis à l'acquéreur.
Conçue et réalisée du vivant de l'artiste, cette exceptionnelle version de la sculpture Le Grain a fait partie de la collection personnelle de Joseph Hirshhorn avant de rejoindre les collections de son musée à Washington. La fulgurance du parcours de sculpteur de Germaine Richier n'enlève rien à la profondeur de son oeuvre. Elle en souligne, bien au contraire, toute la densité. À la fin de la guerre et pendant un peu plus d'une dizaine d'années, l'artiste s'est en effet livrée à une recherche plastique, une expérimentation de la forme et du corps, qui l'ont conduite à nous laisser une des oeuvres sculptées les plus originales et intimes du vingtième siècle. En 1955 - année où elle réalise Le Grain - Richier connaît déjà une certaine reconnaissance publique mais la proposition de Jean Cassou de lui offrir une exposition personnelle l'année suivante au Musée d'Art moderne se révèle une formidable opportunité de pouvoir présenter une première rétrospective de son travail. Elle accueille en effet cette nouvelle comme un défi et écrit à son ami le sculpteur Bänninger: 'Je travaille beaucoup ; le 13 avril, j'exposerai au Musée d'Art moderne: je suis inquiète. C'est une preuve qui me sortira blanche ou noire, selon l'opinion.' (G. Richier, cité in Germaine Richier 1904-1959, catalogue d'exposition, Paris, Galerie Creuzevault, 1966).
Le Grain fera partie de cette exposition essentielle pour l'artiste. Emblématique de cette capacité à faire naître des figures ambivalentes dont on ne peut facilement percer du premier regard le sujet, cette sculpture se révèle être une de ses oeuvres les plus empruntées de mystère. Comme elle le fait régulièrement, Richier part d'une de ses anciennes sculptures et la fait évoluer. Ici Le Grain - ainsi que sa petite version, L'Épi - tire sa silhouette longiligne de La jeune fille et l'oiseau de 1954 ainsi que de Don Quichotte que l'artiste avait réalisé en 1951. La surface de l'oeuvre est particulièrement travaillée et alterne des passages lissés, comme polis, et des zones burinées, tailladées par la spatule du sculpteur qui donne ainsi vie à la matière en la maltraitant. La figure se tient dans une posture à la fois intimiste et énigmatique, tenant dans sa main gauche une forme sphérique qui pourrait évoquer le grain. Cette main est d'ailleurs portée près de sa poitrine où l'artiste a profondément creusé la matière, comme si sa sculpture devait finir par compléter sa propre germination.
Face au visage sans visage de cette sculpture, nous ne pouvons qu'être saisis, happés par cette forme d'inconnu qui nous conduit à nous interroger sur notre propre identité. Richier semble renouer, dans cette sculpture, avec l'une de ses premières oeuvres, Buste No. 12 de 1933, qui déjà faisait disparaître toute trace de faciès humain. Cette épure des traits conduit ainsi au silence, une forme d'intemporalité qui inscrit Le Grain dans cette fascination de l'homme pour sa propre image, convoquant autant les visages stylisés des sculptures des Cyclades que les interrogations mystérieuses autour de certains portraits de Magritte. S'arrêtant sur la portée de l'oeuvre de Richier, Jean-Louis Prat en souligne d'ailleurs l'importance: 'Les réconciliations imposées par Germaine Richier entre l'homme et la nature sont maintenant définitivement instaurées dans cette oeuvre arrimée à un temps séculaire. Elle lui donne, de façon absolue, une place que l'on avait un peu trop oubliée, aiguë, spectaculaire, secrète et universelle.' (cité in Germaine Richier Rétrospective, catalogue d'exposition, Saint-Paul-de-Vence, Fondation Maeght, 1996, p. 17).
Conceived and executed when the artist was still alive, this remarkable version of Le Grain has been part of the personal collection of Joseph Hirschhorn before joining the Museum collections in Washington. Germaine Richier's dazzling career as a sculptor in no way detracts from the depth of her work. On the contrary, it emphasizes its density. From the end of the war and for a little over 10 years, the artist devoted herself to artistic research experimenting with form and the body, leaving us one of the most original and intimate collections of sculptural work on the 20th century. By 1955 - the year in which she produced Le Grain - Richier has already achieved a certain level of public recognition, although Jean Cassou's proposal to give her a personal exhibition the following year at the Musée d'Art Moderne represented a fantastic opportunity to present the first retrospective of the work. Indeed, she took the news as a challenge, writing to her friend, the sculptor Banninger: "I am working a lot; on 13 April, I will be exhibiting at the Musée d'Art Moderne and I'm worried. It is a trial which will see me come out black or white, depending on opinion." (G. Richier, quoted in Germaine Richier 1904-1959, exhibition catalogue, Paris, Galerie Creuzevault, 1966).
Le Grain was to be a part of this exhibition which was so pivotal for the artist. Emblematic of her capacity to generate ambivalent figures whose subjects are not always easy to grasp at first sight, this sculpture ranks as one her most mysterious pieces. As was often the case, Richier takes one of her previous sculptures as a starting point before developing it. Here, Le Grain - as well as its smaller version, L'Epi - takes its elongated silhouette from La Jeune Fille et l'Oiseau from 1954, as well as Don Quichotte, produced by the artist in 1951. The surface of the sculpture is particulary carefully worked, alternating smooth, almost polished sections, with chiselled areas, carved with a sculptor's spatula, bringing the material to life through its rough treatment. The figure adopts a posture which is both intimate and enigmatic, holding a spherical shape in its left hand, possibly evoking a seed. This hand is also held close to the chest, where the artist has deeply worked the material, as if sculpting it could bring about its own germination.
Confronted by this sculpture's faceless face, we cannot help being struck by the shape of this unknown figure which causes us to ponder our own identity. Richier seems to be referring back here to one of her early works, Buste No. 12 from 1933, which had already removed all trace of human characteristics. These unadorned features therefore generate silence, a form of timelessness which marks Le Grain as part of that fascination mankind has for its own image, recalling both the stylised faces of Cycladic sculptures and the mysterious questions inspired by some of Magritte's portraits. Discussing the signifiance of Richier's work, Jean-Louis Prat also emphasises this importance; 'The reconciliations imposed by Germaine Richier between mankind and nature are now permanently established in these works bound up with a bygone age. She gives it, absolutely, a place which may have been too much forgotten - sharp, spectacular, secret and universal' (quoted in Germaine Richier Rétrospective, exhibition catalogue, Saint-Paul-de-Vence, Fondation Maeght, 1996, p.17).
Conçue et réalisée du vivant de l'artiste, cette exceptionnelle version de la sculpture Le Grain a fait partie de la collection personnelle de Joseph Hirshhorn avant de rejoindre les collections de son musée à Washington. La fulgurance du parcours de sculpteur de Germaine Richier n'enlève rien à la profondeur de son oeuvre. Elle en souligne, bien au contraire, toute la densité. À la fin de la guerre et pendant un peu plus d'une dizaine d'années, l'artiste s'est en effet livrée à une recherche plastique, une expérimentation de la forme et du corps, qui l'ont conduite à nous laisser une des oeuvres sculptées les plus originales et intimes du vingtième siècle. En 1955 - année où elle réalise Le Grain - Richier connaît déjà une certaine reconnaissance publique mais la proposition de Jean Cassou de lui offrir une exposition personnelle l'année suivante au Musée d'Art moderne se révèle une formidable opportunité de pouvoir présenter une première rétrospective de son travail. Elle accueille en effet cette nouvelle comme un défi et écrit à son ami le sculpteur Bänninger: 'Je travaille beaucoup ; le 13 avril, j'exposerai au Musée d'Art moderne: je suis inquiète. C'est une preuve qui me sortira blanche ou noire, selon l'opinion.' (G. Richier, cité in Germaine Richier 1904-1959, catalogue d'exposition, Paris, Galerie Creuzevault, 1966).
Le Grain fera partie de cette exposition essentielle pour l'artiste. Emblématique de cette capacité à faire naître des figures ambivalentes dont on ne peut facilement percer du premier regard le sujet, cette sculpture se révèle être une de ses oeuvres les plus empruntées de mystère. Comme elle le fait régulièrement, Richier part d'une de ses anciennes sculptures et la fait évoluer. Ici Le Grain - ainsi que sa petite version, L'Épi - tire sa silhouette longiligne de La jeune fille et l'oiseau de 1954 ainsi que de Don Quichotte que l'artiste avait réalisé en 1951. La surface de l'oeuvre est particulièrement travaillée et alterne des passages lissés, comme polis, et des zones burinées, tailladées par la spatule du sculpteur qui donne ainsi vie à la matière en la maltraitant. La figure se tient dans une posture à la fois intimiste et énigmatique, tenant dans sa main gauche une forme sphérique qui pourrait évoquer le grain. Cette main est d'ailleurs portée près de sa poitrine où l'artiste a profondément creusé la matière, comme si sa sculpture devait finir par compléter sa propre germination.
Face au visage sans visage de cette sculpture, nous ne pouvons qu'être saisis, happés par cette forme d'inconnu qui nous conduit à nous interroger sur notre propre identité. Richier semble renouer, dans cette sculpture, avec l'une de ses premières oeuvres, Buste No. 12 de 1933, qui déjà faisait disparaître toute trace de faciès humain. Cette épure des traits conduit ainsi au silence, une forme d'intemporalité qui inscrit Le Grain dans cette fascination de l'homme pour sa propre image, convoquant autant les visages stylisés des sculptures des Cyclades que les interrogations mystérieuses autour de certains portraits de Magritte. S'arrêtant sur la portée de l'oeuvre de Richier, Jean-Louis Prat en souligne d'ailleurs l'importance: 'Les réconciliations imposées par Germaine Richier entre l'homme et la nature sont maintenant définitivement instaurées dans cette oeuvre arrimée à un temps séculaire. Elle lui donne, de façon absolue, une place que l'on avait un peu trop oubliée, aiguë, spectaculaire, secrète et universelle.' (cité in Germaine Richier Rétrospective, catalogue d'exposition, Saint-Paul-de-Vence, Fondation Maeght, 1996, p. 17).
Conceived and executed when the artist was still alive, this remarkable version of Le Grain has been part of the personal collection of Joseph Hirschhorn before joining the Museum collections in Washington. Germaine Richier's dazzling career as a sculptor in no way detracts from the depth of her work. On the contrary, it emphasizes its density. From the end of the war and for a little over 10 years, the artist devoted herself to artistic research experimenting with form and the body, leaving us one of the most original and intimate collections of sculptural work on the 20th century. By 1955 - the year in which she produced Le Grain - Richier has already achieved a certain level of public recognition, although Jean Cassou's proposal to give her a personal exhibition the following year at the Musée d'Art Moderne represented a fantastic opportunity to present the first retrospective of the work. Indeed, she took the news as a challenge, writing to her friend, the sculptor Banninger: "I am working a lot; on 13 April, I will be exhibiting at the Musée d'Art Moderne and I'm worried. It is a trial which will see me come out black or white, depending on opinion." (G. Richier, quoted in Germaine Richier 1904-1959, exhibition catalogue, Paris, Galerie Creuzevault, 1966).
Le Grain was to be a part of this exhibition which was so pivotal for the artist. Emblematic of her capacity to generate ambivalent figures whose subjects are not always easy to grasp at first sight, this sculpture ranks as one her most mysterious pieces. As was often the case, Richier takes one of her previous sculptures as a starting point before developing it. Here, Le Grain - as well as its smaller version, L'Epi - takes its elongated silhouette from La Jeune Fille et l'Oiseau from 1954, as well as Don Quichotte, produced by the artist in 1951. The surface of the sculpture is particulary carefully worked, alternating smooth, almost polished sections, with chiselled areas, carved with a sculptor's spatula, bringing the material to life through its rough treatment. The figure adopts a posture which is both intimate and enigmatic, holding a spherical shape in its left hand, possibly evoking a seed. This hand is also held close to the chest, where the artist has deeply worked the material, as if sculpting it could bring about its own germination.
Confronted by this sculpture's faceless face, we cannot help being struck by the shape of this unknown figure which causes us to ponder our own identity. Richier seems to be referring back here to one of her early works, Buste No. 12 from 1933, which had already removed all trace of human characteristics. These unadorned features therefore generate silence, a form of timelessness which marks Le Grain as part of that fascination mankind has for its own image, recalling both the stylised faces of Cycladic sculptures and the mysterious questions inspired by some of Magritte's portraits. Discussing the signifiance of Richier's work, Jean-Louis Prat also emphasises this importance; 'The reconciliations imposed by Germaine Richier between mankind and nature are now permanently established in these works bound up with a bygone age. She gives it, absolutely, a place which may have been too much forgotten - sharp, spectacular, secret and universal' (quoted in Germaine Richier Rétrospective, exhibition catalogue, Saint-Paul-de-Vence, Fondation Maeght, 1996, p.17).