拍品专文
Martine de Béhague entre dans un salon, va droit à l’objet de prix, et devine la signature qui se cache sous le fauteuil. Alors ses yeux deviennent brillants et sa voix s’amplifie comme si elle lançait des enchères, elle est possédée par le démon du bibelot.
(Elisabeth de Clermont-Tonnerre, Mémoires)
Conçues dans le style pittoresque Louis XV popularisé par Juste-Aurèle Meissonnier et Nicolas Pineau, cette superbe paire d’appliques peut être attribuée au sculpteur, fondeur et ciseleur du roi Jacques Caffieri (1678-1755), probablement avec l’aide de son fils (1714-1774). Ces luminaires illustrent à merveille la volonté de la fille préférée de Louis XV de retranscrire au plus près le goût versaillais à Parme ; à cette fin, elle s’entoure des plus talentueux artistes et artisans de son temps, à l’instar de Caffieri pour le présent lot.
Conçues dans le style pittoresque Louis XV popularisé par Juste-Aurèle Meissonnier et Nicolas Pineau, cette superbe paire d’appliques peut être attribuée au sculpteur, fondeur et ciseleur du roi Jacques Caffieri (1678-1755), probablement avec l’aide de son fils Philippe Caffieri (1714-1774). Ces luminaires illustrent à merveille la volonté de la fille préférée de Louis XV de retranscrire au plus près le goût versaillais à Parme ; à cette fin, elle s’entoure des plus talentueux artistes et artisans de son temps, à l’instar de Caffieri pour le présent lot.
Nos appliques ont la marque ML sous une couronne, qui est apposée sur tout l’ameublement des palais royaux du duché de Parme pendant le règne de Marie-Louise d’Autriche entre 1816 et 1847. L’ancienne impératrice ayant récupéré le contenu des palais meublés par Madame l’Infante, Louise-Elizabeth de France, duchesse de Parme, ces appliques faisaient donc très certainement partie des achats du milieu du XVIIIe siècle pour le palais de Parme. Sur le mobilier de Colorno, on peut également trouver la marque CR séparée par une couronne, qui elle, est appliquée en 1855 sur ordre de la duchesse Marie-Louise de Berry, veuve de Carlo III, pour tout l’ameublement des palais ducaux du duché de Parme.
Avec leurs bras guillochés ajourés et leurs plaques ornées de fleurs, les présentes appliques présentent de grandes similitudes avec la suite de quatre appliques très probablement réalisée par Caffieri et fournie à Madame l’Infante pour le palais de Colorno actuellement conservée au J. Paul Getty Museum (C. Bremer-David, Decorative Arts. An illustrated summary catalogue of the Collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, 1993, no. 1993, p. 103). Une autre paire de bras de lumière, provenant de Colorno, est également à rapprocher du présent lot. Elle est conservée au musée du Louvre (inv. OA10410-11) et illustrée dans D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum, G. Mabille, Les Bronzes d’ameublement du Louvre, Dijon, 2004, pp. 54-55.
Citons enfin une paire d'appliques identiques au présent lot, mais ne portant aucune marque ni numéro d'inventaire, figurait dans la collection de Lady Foley, vente Christie's, Londres, 17 mars 1960, lot 42.
Colorno : le petit Versailles de Louise-Elisabeth
Aînée de la fratrie avec sa sœur jumelle Madame Henriette, Madame Première est réputée avoir été la fille préférée de Louis XV. Elle épouse en 1739 l’infant Philippe d’Espagne et quitte Versailles le cœur lourd pour la cour madrilène. Grâce à la guerre des duchés (1741-1748) où la France et l’Espagne sont alliées contre l’Autriche, l’Espagne récupère le duché de Parme, de Plaisance et de Guastallia que gagne le jeune couple fin octobre 1749.
Pendant près de vingt ans, Madame l’Infante a pour volonté d’élever Parme au niveau de Versailles. Encore aujourd’hui, le palais de Colorno est désigné comme « le petit Versailles des ducs de Parme ». Le marquis d’Argenson raconte que lors de son arrivée au palais, vide, Madame Elisabeth rapporte trente-quatre chariots chargés de mobilier. De ses séjours français (1748, 1753 et 1759) elle tissera des liens avec notamment Madame de Pompadour dont on connaît la grand influence dans les arts français qui ont forcément impacté l’ameublement et la vie à Parme.
Elle fait venir à Colorno de nombreux artisans parisiens dirigés par Boudard et Petitot (pour les dessins) comme Michel Poncet, Marc Vibert et Nicolas Yon, ou les tapissiers Petrus et Philippe Marnet. Des menuisiers parisiens participant également à l’ameublement du palais ducal italien comme Avisse, Jean Boucault, Michel Cresson, Jean-Baptiste Tilliard et bien entendu Nicolas-Quinibert Foliot pour son sublime mobilier d’apparat dont l’un des fauteuils est conservé au Metropolitan Museum of Art de New York (inv. 07.225.57) et inventorié sous le numéro CR4865 tandis qu’un autre est à l’Ermitage et un autre dans une collection privée (vente Sotheby’s, Monaco, 21 juin 1987, lot 1100).
Si l’on sait que Madame Infante a fait de nombreux achats directement auprès du marchand-mercier Lazare Duvaux, ainsi qu’auprès du ciseleur doreur sur métaux du roi Antoine Lelièvre, c’est pourtant Caffieri qui a été le plus sollicité pour cette commande.
Comme le rapporte Peter Hughes dans The Wallace Collection. Catalogue of Furniture III, Londres, 1996, pp. 1310-1315, une partie du bronze doré pourrait cependant avoir été commandé à l’origine par Louis XV pour son propre usage quelques années auparavant pour ensuite l’offrir à sa fille aînée. Cette hypothèse est basée en particulier sur le lustre en bronze doré, également de Colorno, actuellement conservé à la Wallace Collection, puisqu’il est signé et daté CAFFIERI A PARIS 1751 et donc commandé avant leur arrivée à Paris.
Marie-Louise d’Autriche (1791-1847)
A la chute de l’Empire, Marie-Louise se voit accorder le duché de Parme où elle s’installe le 9 avril 1816 en compagnie de son amant, le comte Adam Albert de Neipperg, qu’elle épouse à la mort de Napoléon en 1821. Comme mentionné plus haut, Marie-Louise récupère non seulement les palais mais également leur contenu. Quatre enfants naissent de cette union, puis Neipperg décède en 1829. Jugée trop laxiste, Marie-Louise perd l’administration du duché sous domination autrichienne en épousant en 1834 le comte Charles-René de Bombelles. Elle meurt en décembre 1847.
Martine de Béhague (1870-1939)
Femme irréfutablement indépendante, mélomane passionnée, infatigable collectionneuse, sillonnant terres et mers à la recherche d’œuvres d’art rares, Martine de Béhague illumine la Belle Epoque par sa personnalité. Elle est la petite-fille du riche banquier Samuel de Haber et la fille d’Octave de Béhague, grand bibliophile.
Après ses parents, elle réside au 123 rue Saint-Dominique à Paris, qui est l’actuelle ambassade de Roumanie. Largement reconstruit, l’hôtel particulier, qualifié par Robert de Montesquiou de Byzance du Septième est non seulement l’écrin précieux de tous les chefs-d’œuvre qu’elle a su rassembler mais également le lieu de réceptions incontournables à Paris pour l’élite intellectuelle et artistique autour de Marcel Proust, Paul Valéry, Auguste Rodin, le duc d’Albe, Paul Verlaine, … pour n’en citer que quelques-uns.
Tous les grands noms de la peinture et des arts décoratifs (mobilier, orfèvrerie, sculpture) sont réunis dans l’« un des plus beaux palais de notre ville » (Henri de Régnier) : Rembrandt, Léonard de Vinci, Titien, Boucher, Fragonard, Watteau, Tiepolo, Lebrun, Auguste, Cressent, Riesener … aux côtés d’antiquités, d’objets asiatiques ou encore d’ouvrages de Bossuet, Balzac sous le regard protecteur de Paul Valéry.
Designed in the picturesque Louis XV style popularised by Juste-Aurèle Meissonnier and Nicolas Pineau, this superb pair of wall-lights can be attributed to the sculpteur, fondeur et ciseleur du roi Jacques Caffieri (1678-1755), probably with the help of his son (1714-1774). These lights are a perfect illustration of the desire of Louis XV's favourite daughter Louise-Elisabeth to reproduce as closely as possible the taste of Versailles at her court in in Parma; to this end, she surrounded herself with the most talented artists and craftsmen of her time including Caffieri.
Our wall-lights have the ML mark under a crown, which was applied to all the furnishings of the royal palaces of the Duchy of Parma during the reign of Marie-Louise of Austria between 1816 and 1847. As the former French empress took over the contents of the palaces furnished by Madame l'Infante, Louise-Elizabeth of France, Duchess of Parma, these wall-lights were most certainly part of the mid-eighteenth century purchases for Parma. The CR mark, separated by a crown, can also be found on furniture from the Ducal Palace of Colorno. This mark was applied in 1855 by order of Duchess Marie-Louise de Berry, widow of Carlo III, for all the furnishings of the ducal palaces of the Duchy of Parma.
With their pierced guilloche arms and backplates decorated with flowers, the present wall-lights bear close resemblance to the suite of four wall-lights most probably made by Caffieri and supplied to the Infanta for the palace of Colorno, now in the J. Paul Getty Museum (C. Bremer-David, Decorative Arts. An illustrated summary catalogue of the Collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, 1993, no. 1993, p. 103). Another pair of wall lights, from Colorno, is also related to the present lot. It is preserved in the Louvre (inv. OA10410-11) and illustrated in D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum, G. Mabille, Les Bronzes d'ameublement du Louvre, Dijon, 2004, pp. 54-55.
Finally, a pair of wall-lights identical to the present lot, but bearing no mark or inventory number, was in the collection of Lady Foley sold Christie's, London, 17 March 1960, lot 42.
Colorno: Louise-Elisabeth's Little Versailles
The eldest of the siblings with her twin sister Madame Henriette, Madame Première is reputed to have been the favourite daughter of Louis XV. In 1739 she married the Spanish Infante Philip and left Versailles for the court in Madrid with a heavy heart. Thanks to the War of the Austrian Succession (1741-1748), in which France and Spain were allied against Austria, Spain recovered the Duchy of Parma, Piacenza and Guastallia, which the young couple were given in late October 1749.
For almost twenty years, the Infanta was determined to raise Parma to the level of Versailles. Even today, the Colorno Palace is referred to as the "little Versailles of the Dukes of Parma". The Marquis d'Argenson tells us that when Madame Elisabeth arrived at the empty palace, she brought with her thirty-four carts loaded with furniture. During her stays in France (1748, 1753 and 1759), she forged links with Madame de Pompadour, whose great influence on French art inevitably had an impact on furnishings and life in Parma.
She brought many Parisian craftsmen to Colorno such as Michel Poncet, Marc Vibert and Nicolas Yon, or the upholsterers Petrus and Philippe Marnet; they were directed by directed by Boudard and Petitot. Parisian menuisiers also participated in the furnishing of the Italian ducal palace, including Avisse, Jean Boucault, Michel Cresson, Jean-Baptiste Tilliard and of course Nicolas-Quinibert Foliot for his sublime ceremonial furniture, one of the armchairs of which is preserved in the Metropolitan Museum of Art in New York (inv. 07.225.57) and listed under number CR4865, while another is in the Hermitage and another in a private collection (Sotheby's sale, Monaco, 21 June 1987, lot 1100).
Although it is known that Madame Infante made numerous purchases directly from the marchand-mercier Lazare Duvaux, as well as from the ciseleur doreur sur métaux du roi Antoine Lelièvre, it was Caffieri who was most solicited for this commission.
As Peter Hughes reports in The Wallace Collection. Catalogue of Furniture III, London, 1996, pp. 1310-1315, some of the ormolu may, however, have been originally commissioned by Louis XV for his own use some years earlier and then given to his eldest daughter. This hypothesis is based in particular on the ormolu chandelier, also from Colorno, now in the Wallace Collection, since it is signed and dated CAFFIERI A PARIS 1751 and thus commissioned before their arrival in Paris.
Marie-Louise of Austria (1791-1847)
On the fall of the Empire, Napoleon’s wife Marie-Louise of Austria was granted the Duchy of Parma, where she settled on 9 April 1816 in the company of her lover, Count Adam Albert de Neipperg, whom she married on Napoleon's death in 1821. As mentioned above, Marie-Louise was granted not only the palaces but also their contents. Four children were born of this union, and Neipperg died in 1829. Judged as too lax a ruler, Marie-Louise lost the administration of the Austrian-ruled duchy when she married Count Charles-René de Bombelles in 1834. She died in December 1847.
Martine de Béhague (1870-1939)
An irrefutably independent woman, a passionate lover of music, and an indefatigable collector travelling the world in search of rare works of art, Martine de Béhague illuminated the Belle Epoque with her personality. She was the granddaughter of the rich banker Samuel de Haber and the daughter of Octave de Béhague, a great bibliophile.
She lived at 123 rue Saint-Dominique in Paris, which is now the Romanian Embassy. Largely rebuilt, the mansion, described by Robert de Montesquiou as the ‘Byzantium of the Seventh’ (arrondissement), was not only a precious showcase for all the masterpieces she had collected, but also the place of unmissable receptions in Paris for the intellectual and artistic elite including Marcel Proust, Paul Valéry, Auguste Rodin, the Duke of Alba and Paul Verlaine, to name but a few. It was said of the residence that all the great names in painting and decorative arts (furniture, goldsmiths, sculpture) were gathered in "one of the most beautiful palaces in our city" (Henri de Régnier). The collection included works by Rembrandt, Leonardo da Vinci, Titian, Boucher, Fragonard, Watteau, Tiepolo, Lebrun, Auguste, Cressent, Riesener alongside decorative, Asian objects and works by Bossuet, Balzac and Paul Valéry.
(Elisabeth de Clermont-Tonnerre, Mémoires)
Conçues dans le style pittoresque Louis XV popularisé par Juste-Aurèle Meissonnier et Nicolas Pineau, cette superbe paire d’appliques peut être attribuée au sculpteur, fondeur et ciseleur du roi Jacques Caffieri (1678-1755), probablement avec l’aide de son fils (1714-1774). Ces luminaires illustrent à merveille la volonté de la fille préférée de Louis XV de retranscrire au plus près le goût versaillais à Parme ; à cette fin, elle s’entoure des plus talentueux artistes et artisans de son temps, à l’instar de Caffieri pour le présent lot.
Conçues dans le style pittoresque Louis XV popularisé par Juste-Aurèle Meissonnier et Nicolas Pineau, cette superbe paire d’appliques peut être attribuée au sculpteur, fondeur et ciseleur du roi Jacques Caffieri (1678-1755), probablement avec l’aide de son fils Philippe Caffieri (1714-1774). Ces luminaires illustrent à merveille la volonté de la fille préférée de Louis XV de retranscrire au plus près le goût versaillais à Parme ; à cette fin, elle s’entoure des plus talentueux artistes et artisans de son temps, à l’instar de Caffieri pour le présent lot.
Nos appliques ont la marque ML sous une couronne, qui est apposée sur tout l’ameublement des palais royaux du duché de Parme pendant le règne de Marie-Louise d’Autriche entre 1816 et 1847. L’ancienne impératrice ayant récupéré le contenu des palais meublés par Madame l’Infante, Louise-Elizabeth de France, duchesse de Parme, ces appliques faisaient donc très certainement partie des achats du milieu du XVIIIe siècle pour le palais de Parme. Sur le mobilier de Colorno, on peut également trouver la marque CR séparée par une couronne, qui elle, est appliquée en 1855 sur ordre de la duchesse Marie-Louise de Berry, veuve de Carlo III, pour tout l’ameublement des palais ducaux du duché de Parme.
Avec leurs bras guillochés ajourés et leurs plaques ornées de fleurs, les présentes appliques présentent de grandes similitudes avec la suite de quatre appliques très probablement réalisée par Caffieri et fournie à Madame l’Infante pour le palais de Colorno actuellement conservée au J. Paul Getty Museum (C. Bremer-David, Decorative Arts. An illustrated summary catalogue of the Collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, 1993, no. 1993, p. 103). Une autre paire de bras de lumière, provenant de Colorno, est également à rapprocher du présent lot. Elle est conservée au musée du Louvre (inv. OA10410-11) et illustrée dans D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum, G. Mabille, Les Bronzes d’ameublement du Louvre, Dijon, 2004, pp. 54-55.
Citons enfin une paire d'appliques identiques au présent lot, mais ne portant aucune marque ni numéro d'inventaire, figurait dans la collection de Lady Foley, vente Christie's, Londres, 17 mars 1960, lot 42.
Colorno : le petit Versailles de Louise-Elisabeth
Aînée de la fratrie avec sa sœur jumelle Madame Henriette, Madame Première est réputée avoir été la fille préférée de Louis XV. Elle épouse en 1739 l’infant Philippe d’Espagne et quitte Versailles le cœur lourd pour la cour madrilène. Grâce à la guerre des duchés (1741-1748) où la France et l’Espagne sont alliées contre l’Autriche, l’Espagne récupère le duché de Parme, de Plaisance et de Guastallia que gagne le jeune couple fin octobre 1749.
Pendant près de vingt ans, Madame l’Infante a pour volonté d’élever Parme au niveau de Versailles. Encore aujourd’hui, le palais de Colorno est désigné comme « le petit Versailles des ducs de Parme ». Le marquis d’Argenson raconte que lors de son arrivée au palais, vide, Madame Elisabeth rapporte trente-quatre chariots chargés de mobilier. De ses séjours français (1748, 1753 et 1759) elle tissera des liens avec notamment Madame de Pompadour dont on connaît la grand influence dans les arts français qui ont forcément impacté l’ameublement et la vie à Parme.
Elle fait venir à Colorno de nombreux artisans parisiens dirigés par Boudard et Petitot (pour les dessins) comme Michel Poncet, Marc Vibert et Nicolas Yon, ou les tapissiers Petrus et Philippe Marnet. Des menuisiers parisiens participant également à l’ameublement du palais ducal italien comme Avisse, Jean Boucault, Michel Cresson, Jean-Baptiste Tilliard et bien entendu Nicolas-Quinibert Foliot pour son sublime mobilier d’apparat dont l’un des fauteuils est conservé au Metropolitan Museum of Art de New York (inv. 07.225.57) et inventorié sous le numéro CR4865 tandis qu’un autre est à l’Ermitage et un autre dans une collection privée (vente Sotheby’s, Monaco, 21 juin 1987, lot 1100).
Si l’on sait que Madame Infante a fait de nombreux achats directement auprès du marchand-mercier Lazare Duvaux, ainsi qu’auprès du ciseleur doreur sur métaux du roi Antoine Lelièvre, c’est pourtant Caffieri qui a été le plus sollicité pour cette commande.
Comme le rapporte Peter Hughes dans The Wallace Collection. Catalogue of Furniture III, Londres, 1996, pp. 1310-1315, une partie du bronze doré pourrait cependant avoir été commandé à l’origine par Louis XV pour son propre usage quelques années auparavant pour ensuite l’offrir à sa fille aînée. Cette hypothèse est basée en particulier sur le lustre en bronze doré, également de Colorno, actuellement conservé à la Wallace Collection, puisqu’il est signé et daté CAFFIERI A PARIS 1751 et donc commandé avant leur arrivée à Paris.
Marie-Louise d’Autriche (1791-1847)
A la chute de l’Empire, Marie-Louise se voit accorder le duché de Parme où elle s’installe le 9 avril 1816 en compagnie de son amant, le comte Adam Albert de Neipperg, qu’elle épouse à la mort de Napoléon en 1821. Comme mentionné plus haut, Marie-Louise récupère non seulement les palais mais également leur contenu. Quatre enfants naissent de cette union, puis Neipperg décède en 1829. Jugée trop laxiste, Marie-Louise perd l’administration du duché sous domination autrichienne en épousant en 1834 le comte Charles-René de Bombelles. Elle meurt en décembre 1847.
Martine de Béhague (1870-1939)
Femme irréfutablement indépendante, mélomane passionnée, infatigable collectionneuse, sillonnant terres et mers à la recherche d’œuvres d’art rares, Martine de Béhague illumine la Belle Epoque par sa personnalité. Elle est la petite-fille du riche banquier Samuel de Haber et la fille d’Octave de Béhague, grand bibliophile.
Après ses parents, elle réside au 123 rue Saint-Dominique à Paris, qui est l’actuelle ambassade de Roumanie. Largement reconstruit, l’hôtel particulier, qualifié par Robert de Montesquiou de Byzance du Septième est non seulement l’écrin précieux de tous les chefs-d’œuvre qu’elle a su rassembler mais également le lieu de réceptions incontournables à Paris pour l’élite intellectuelle et artistique autour de Marcel Proust, Paul Valéry, Auguste Rodin, le duc d’Albe, Paul Verlaine, … pour n’en citer que quelques-uns.
Tous les grands noms de la peinture et des arts décoratifs (mobilier, orfèvrerie, sculpture) sont réunis dans l’« un des plus beaux palais de notre ville » (Henri de Régnier) : Rembrandt, Léonard de Vinci, Titien, Boucher, Fragonard, Watteau, Tiepolo, Lebrun, Auguste, Cressent, Riesener … aux côtés d’antiquités, d’objets asiatiques ou encore d’ouvrages de Bossuet, Balzac sous le regard protecteur de Paul Valéry.
Designed in the picturesque Louis XV style popularised by Juste-Aurèle Meissonnier and Nicolas Pineau, this superb pair of wall-lights can be attributed to the sculpteur, fondeur et ciseleur du roi Jacques Caffieri (1678-1755), probably with the help of his son (1714-1774). These lights are a perfect illustration of the desire of Louis XV's favourite daughter Louise-Elisabeth to reproduce as closely as possible the taste of Versailles at her court in in Parma; to this end, she surrounded herself with the most talented artists and craftsmen of her time including Caffieri.
Our wall-lights have the ML mark under a crown, which was applied to all the furnishings of the royal palaces of the Duchy of Parma during the reign of Marie-Louise of Austria between 1816 and 1847. As the former French empress took over the contents of the palaces furnished by Madame l'Infante, Louise-Elizabeth of France, Duchess of Parma, these wall-lights were most certainly part of the mid-eighteenth century purchases for Parma. The CR mark, separated by a crown, can also be found on furniture from the Ducal Palace of Colorno. This mark was applied in 1855 by order of Duchess Marie-Louise de Berry, widow of Carlo III, for all the furnishings of the ducal palaces of the Duchy of Parma.
With their pierced guilloche arms and backplates decorated with flowers, the present wall-lights bear close resemblance to the suite of four wall-lights most probably made by Caffieri and supplied to the Infanta for the palace of Colorno, now in the J. Paul Getty Museum (C. Bremer-David, Decorative Arts. An illustrated summary catalogue of the Collections of the J. Paul Getty Museum, Malibu, 1993, no. 1993, p. 103). Another pair of wall lights, from Colorno, is also related to the present lot. It is preserved in the Louvre (inv. OA10410-11) and illustrated in D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum, G. Mabille, Les Bronzes d'ameublement du Louvre, Dijon, 2004, pp. 54-55.
Finally, a pair of wall-lights identical to the present lot, but bearing no mark or inventory number, was in the collection of Lady Foley sold Christie's, London, 17 March 1960, lot 42.
Colorno: Louise-Elisabeth's Little Versailles
The eldest of the siblings with her twin sister Madame Henriette, Madame Première is reputed to have been the favourite daughter of Louis XV. In 1739 she married the Spanish Infante Philip and left Versailles for the court in Madrid with a heavy heart. Thanks to the War of the Austrian Succession (1741-1748), in which France and Spain were allied against Austria, Spain recovered the Duchy of Parma, Piacenza and Guastallia, which the young couple were given in late October 1749.
For almost twenty years, the Infanta was determined to raise Parma to the level of Versailles. Even today, the Colorno Palace is referred to as the "little Versailles of the Dukes of Parma". The Marquis d'Argenson tells us that when Madame Elisabeth arrived at the empty palace, she brought with her thirty-four carts loaded with furniture. During her stays in France (1748, 1753 and 1759), she forged links with Madame de Pompadour, whose great influence on French art inevitably had an impact on furnishings and life in Parma.
She brought many Parisian craftsmen to Colorno such as Michel Poncet, Marc Vibert and Nicolas Yon, or the upholsterers Petrus and Philippe Marnet; they were directed by directed by Boudard and Petitot. Parisian menuisiers also participated in the furnishing of the Italian ducal palace, including Avisse, Jean Boucault, Michel Cresson, Jean-Baptiste Tilliard and of course Nicolas-Quinibert Foliot for his sublime ceremonial furniture, one of the armchairs of which is preserved in the Metropolitan Museum of Art in New York (inv. 07.225.57) and listed under number CR4865, while another is in the Hermitage and another in a private collection (Sotheby's sale, Monaco, 21 June 1987, lot 1100).
Although it is known that Madame Infante made numerous purchases directly from the marchand-mercier Lazare Duvaux, as well as from the ciseleur doreur sur métaux du roi Antoine Lelièvre, it was Caffieri who was most solicited for this commission.
As Peter Hughes reports in The Wallace Collection. Catalogue of Furniture III, London, 1996, pp. 1310-1315, some of the ormolu may, however, have been originally commissioned by Louis XV for his own use some years earlier and then given to his eldest daughter. This hypothesis is based in particular on the ormolu chandelier, also from Colorno, now in the Wallace Collection, since it is signed and dated CAFFIERI A PARIS 1751 and thus commissioned before their arrival in Paris.
Marie-Louise of Austria (1791-1847)
On the fall of the Empire, Napoleon’s wife Marie-Louise of Austria was granted the Duchy of Parma, where she settled on 9 April 1816 in the company of her lover, Count Adam Albert de Neipperg, whom she married on Napoleon's death in 1821. As mentioned above, Marie-Louise was granted not only the palaces but also their contents. Four children were born of this union, and Neipperg died in 1829. Judged as too lax a ruler, Marie-Louise lost the administration of the Austrian-ruled duchy when she married Count Charles-René de Bombelles in 1834. She died in December 1847.
Martine de Béhague (1870-1939)
An irrefutably independent woman, a passionate lover of music, and an indefatigable collector travelling the world in search of rare works of art, Martine de Béhague illuminated the Belle Epoque with her personality. She was the granddaughter of the rich banker Samuel de Haber and the daughter of Octave de Béhague, a great bibliophile.
She lived at 123 rue Saint-Dominique in Paris, which is now the Romanian Embassy. Largely rebuilt, the mansion, described by Robert de Montesquiou as the ‘Byzantium of the Seventh’ (arrondissement), was not only a precious showcase for all the masterpieces she had collected, but also the place of unmissable receptions in Paris for the intellectual and artistic elite including Marcel Proust, Paul Valéry, Auguste Rodin, the Duke of Alba and Paul Verlaine, to name but a few. It was said of the residence that all the great names in painting and decorative arts (furniture, goldsmiths, sculpture) were gathered in "one of the most beautiful palaces in our city" (Henri de Régnier). The collection included works by Rembrandt, Leonardo da Vinci, Titian, Boucher, Fragonard, Watteau, Tiepolo, Lebrun, Auguste, Cressent, Riesener alongside decorative, Asian objects and works by Bossuet, Balzac and Paul Valéry.