PAIRE DE CHAISES D'ÉPOQUE LOUIS XVI
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UNE REDÉCOUVERTE DE GEORGES JACOB
PAIRE DE CHAISES D'ÉPOQUE LOUIS XVI

ESTAMPILLE DE GEORGES JACOB, VERS 1785

细节
PAIRE DE CHAISES D'ÉPOQUE LOUIS XVI
ESTAMPILLE DE GEORGES JACOB, VERS 1785
En noyer mouluré sculpté, laqué et partiellement doré, le dossier carré et l'assise trapézoïdale à décor de ronces et de bambous entrelacés, noués anx angles, les dés de raccordement ornés de feuilles exotiques, estampillées chacune 'G. IACOB' sur la traverse avant, portent chacune une étiquette numérotée '115', une trace d'étiquette et une inscription à l'encre, la couverture de soie ivoire brodée d'une rose sur le dossier et passementerie
H. 86,5 cm. (34 in.) ; L. 47 cm. (18 ½ in.) ; P. 44 cm. (17 ¼ in.)
Georges Jacob, reçu maître le 4 septembre 1765.
来源
Collection privée française.
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A PAIR OF LOUIS XVI TINTED AND PARTLY GILT WALNUT CHAIRS STAMPED BY GEORGES JACOB, CIRCA 1785

荣誉呈献

Hippolyte de la Féronnière
Hippolyte de la Féronnière Head of European Furniture Department

拍品专文

Le symbole du naturalisme et de l'inventivité des œuvres de Georges Jacob

Sculptée de ronces ornées de roseaux entrelacés finement sculptés et peints au naturel, cette paire de chaises témoigne de la créativité ornementale exceptionnelle de Georges Jacob (1739-1814), le menuisier en siège le plus célèbre et le plus prolifique du XVIIIe siècle. L’œuvre de Jacob est immense : par son nombre, sa qualité, sa diversité mais aussi ses innovations, qui en font un véritable précurseur. Il orne ses modèles les plus luxueux de rubans, guirlandes de feuillages, faisceaux de flèches, torsades, perles, frises d’entrelacs, piastres, mais aussi parfois de têtes d’aigles ou encore de sirènes, comme celles qui ornent les consoles d’accotoir de sa chaise longue brisée en cabriolet conservée au Musée Jacquemart-André.

Traduisant parfaitement la rugosité des ronces et la souplesse des roseaux, le décor de cette paire de chaises est d’un naturalisme remarquable, que l’on retrouve sur de nombreux ouvrages de Jacob. Le « mobilier aux épis » livré pour Marie-Antoinette au Petit Trianon vers 1785, présente ainsi une ornementation sculptée particulièrement minutieuse et réaliste, que certains expliquent par l’ascendance paysanne de l’ébéniste : épis de blé, fleurs de lilas, muguets, violettes, roses, vignes, lauriers, ou encore feuilles de chêne et pommes de pin. Ce mobilier est sculpté par Jean-Baptiste Rhode, que Jacob chargeait de la sculpture des sièges les plus ambitieux, comme très certainement notre paire de chaises.

A l’image de notre paire, Jacob réalise également un certain nombre d’ouvrages répondant à la vogue de l’exotisme durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Notamment influencée par l’anglomanie, se développe la mode de l’acajou, que Jacob remplace parfois, comme sur ces chaises, par du noyer, qu’il « met en couleur d’acajou et polit à la cire ». Tandis que les écrits de Rousseau et des amateurs de l’art des jardins, tels que Watelet ou le duc d’Harcourt, contribuent à faire renaître un goût pour le pittoresque, des lettres des jésuites missionnaires font connaître en France les jardins chinois. Cette mode de l’exotisme donne naissance, dans l’atelier de Jacob, à des modèles parfois étranges, les uns imitant un treillage de bambous (un fauteuil vendu à Paris le 6 avril 1960, n°79) ; les autres, destinés à Mme de Marbeuf, constitués d’un curieux assemblage géométrique en bois polychrome, évoquant une pagode chinoise (Bowes Museum, Bernard Castle). Une bergère à la reine estampillée de Jacob, au dossier flanqué de graines éclatées et aux montants imitant le bambou, a d’ailleurs été vendue chez Christie’s à Paris le 4 octobre 2012, lot 80.

Tel que le mentionne Hector Lefuel dans sa monographie consacrée à Georges Jacob (H. Lefuel, Georges Jacob, ébéniste du XVIIIe siècle, Paris, 1923, Jacob), Jacob exécute des « fruits chinois d’où sortent des graines ». Pour un fauteuil en acajou destiné à Marie-Antoinette, il réalise des « pieds en forme de bambous » , avec des branches de myrte et de lierre, qui « semblent cueillies sur le sol ». Comme sur nos chaises, d’autres fauteuils de Marie-Antoinette exécutés par Jacob pour les Tuileries en 1784 présentent des « petits parasols » sur les dés de raccordement. Un autre siège, évoqué par Hector Lefuel dans sa monographie, arbore des pieds « de forme chinoise et se trouve renfermé sous des bambous noués par distance avec des tores de corde, le tout fait avec beaucoup de soin et poli à l’essence ». Enfin, l’auteur cite une chaise livrée à Marie-Antoinette au Petit Trianon, évoquant presque en tous points notre paire : « Une chaise de forme nouvelle faite en bois d’acajou, cintrée en plan et en élévation ; le cintre et le petit dossier sont composés de bambous entrelacés enrichis de branches et de nœuds qui garnissent les vides qui se trouvent entre le branches ; les montants sont des colonnes d’une forme étrangère et en balustre, enrichis de feuilles haut et bas. Le corps des montants est composé de cannelures méplates enrichies d’ornements antiques et étrangers, et au-dessus sont des fruits chinois ; les assemblages sont des bambous qui se croisent noués par distance avec des profils ; les pieds sont quatre bambous avec des branches et des nœuds »

L'objet d'une commande prestigieuse pour un lieu d'exception : une "folie" du XVIIIe siècle

La similarité de certains sièges livrés à Marie-Antoinette par Jacob avec notre paire confirme leur provenance certainement prestigieuse. Non mentionnée dans les inventaires d’œuvres de Jacob dont disposent les archives françaises sur les ouvrages fournis à la Couronne et aux plus grands commanditaires princiers, cette paire de chaises est une véritable redécouverte d’un chef d’œuvre de l’ébéniste.

Si ces chaises ne semblent pas avoir été livrées au couple royal, elles ont probablement été commandées par l’un des clients les plus fortunés de Jacob, tels que le duc d’Orléans, le banquier Laborde, le marquis de Marboeuf, le comte de Kerry, le roi de Naples, la comtesse de Provence, qui lui demandait des pièces « à pommes chinoises », le prince de Condé, le duc de Chartres, le comte d’Artois, le prince de Conti, le duc de Liancourt et de la Rochefoucault d’Enville, le marquis de Paulmy, Madame Elisabeth sœur de Louis XVI, le duc de Penthièvre, le duc de Bavière, le duc Deux-Ponts Charles Théodore, ou encore la princesse Kinsky. Celle-ci décore d’ailleurs le pavillon chinois, l’orangerie et la serre de son hôtel particulier parisien en 1790 de chaises de Jacob, aux « pieds avant tournés à la manière du bambou », bien que plus stylisés et néoclassiques que les nôtres. Les pieds en ronces de cette paire de chaises évoquent par ailleurs ceux de La table d'Hercule, une oeuvre délivrée par Philippe-François Julliot, probablement pour une Folie exotique d'Henri-Philippe, marquis de Ségur, maréchal de France. Chaque pied de cette table représente en réalité la massue d'Hercule, taillée dans le tronc d'un olivier sauvage (Cat. exp. Galerie Steinitz, Paris, 1998, p. 94)

Il est possible d’imaginer ces chaises commandées par le prince de Condé, pour un des pavillons du jardin anglo-chinois de Chantilly, ou encore par le comte d’Artois, pour les pavillons de Bagatelle, appelés « Folies » pour la fantaisie et le caprice de leurs décorations intérieures à thèmes champêtres et exotiques. Cette paire de chaises évoque d’ailleurs la fantaisie et le naturalisme du mobilier de la chaumière aux coquillages de Rambouillet, exécuté par François II Foliot, dont les concrétions marines et coquilles sculptés des sièges épousent l’architecture intérieure et les murs du pavillon, recouverts de mosaïques de nacre et de coquillages.

Par ailleurs, rivale de Bagatelle, la folie de M. de Sainte James à Neuilly-sur-Seine est une résidence entourée d’un jardin anglo-chinois, au sein duquel notre paire de chaises pourrait parfaitement être imaginée. Comme Bagatelle et les pavillons de la Folie d’Artois, c’est l’exemple paradigmatique du « jardin pittoresque » et l’une des folies les plus spectaculaires des dernières années de l’Ancien Régime. Au bord d’une vase pièce d’eau, s’élève un kiosque sur pilotis à l’imitation du bambou, auquel on accède par une pirogue ornée de voiles. Un peu plus loin, un grand porche central en creux, présentant une porte en faux bambou, ouvre sur un salon des bains. Jacob a ainsi très probablement conçu cette paire de chaises pour un tel environnement.

De même, l’hôtel de Noailles à Saint-Germain en Laye et ses pavillons sont parfaitement susceptibles d’avoir été décorés de sièges comme les nôtres. Un premier pavillon, dit « de la rotonde » contenait un ameublement frais et luxueux peint de faux bois, tandis qu’un autre, à « croisées en mosaïque », présentait un extérieur en « bauge recouvert de roseaux ». Plusieurs autres pavillons à caractère plus éphémère sont également listés dans l’inventaire du domaine, comme des « bibelots de jardin ».

Si la provenance de ces chaises demeure encore inconnue, elle contribue au mystère de leur redécouverte et au charme de leur décor, à la fois minutieusement naturaliste et capricieusement imaginaire.

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A symbol of the naturalism and inventiveness of Georges Jacob's work

Carved with brambles and decorated with finely carved and naturally painted interlaced reeds, this pair of chairs bears witness to the exceptional ornamental creativity of Georges Jacob (1739-1814), the most famous and prolific chair-maker of the 18th century. Jacob's work is immense: in terms of quantity, quality and diversity, but also in terms of the innovations that made him a true trailblazer. He adorned his most luxurious models with ribbons, garlands of foliage, bundles of arrows, twists, pearls, interlacing friezes and piasters, and sometimes with eagles' heads or even mermaids, like those adorning the armrests of his broken cabriolet chaise longue in the Musée Jacquemart-André.

The decoration on this pair of chairs, which perfectly conveys the roughness of the brambles and the suppleness of the reeds, is remarkably naturalistic, as can be seen in many of Jacob's works. The ‘Mobilier aux épis’ delivered for Marie-Antoinette at the Petit Trianon around 1785 features particularly meticulous and realistic sculpted ornamentation, which some explain by the cabinetmaker's peasant ancestry: ears of wheat, lilac flowers, lilies of the valley, violets, roses, vines, laurels, oak leaves and pine cones. The furniture was sculpted by Jean-Baptiste Rhode, whom Jacob commissioned to carve the most ambitious chairs, such as our pair of chairs.

Like our pair, Jacob also produced a number of works in response to the exoticism fashionable in the second half of the 18th century. Influenced in particular by Anglomania, the fashion for mahogany developed, which Jacob sometimes replaced, as on these chairs, with walnut, which he ‘coloured with mahogany and polished with wax’. While the writings of Rousseau and garden enthusiasts such as Watelet and the Duc d'Harcourt helped to revive a taste for the picturesque, letters from Jesuit missionaries introduced Chinese gardens to France. This fashion for the exotic gave rise, in Jacob's workshop, to models that were sometimes strange, some imitating a bamboo trellis (an armchair sold in Paris on 6 April 1960, no. 79); others, intended for Mme de Marbeuf, made up of a curious geometric assembly in polychrome wood, evoking a Chinese pagoda (Bowes Museum, Bernard Castle). A bergère à la reine stamped by Jacob, with a back flanked by burst seeds and uprights imitating bamboo, was sold at Christie's in Paris on 4 October 2012, lot 80.

As mentioned by Hector Lefuel in his monograph on Georges Jacob (H. Lefuel, Georges Jacob, ébéniste du XVIIIe siècle, Paris, 1923, Jacob), Jacob made ‘Chinese fruits from which seeds come out’. For a mahogany armchair for Marie-Antoinette, he made ‘bamboo-shaped legs’, with branches of myrtle and ivy that ‘seem to have been picked from the ground’. Like our chairs, other armchairs made for Marie-Antoinette by Jacob for the Tuileries in 1784 feature ‘small parasols’ on the connecting dice. Another chair, mentioned by Hector Lefuel in his monograph, has ‘Chinese-shaped legs and is enclosed under bamboo tied at intervals with tores of rope, all made with great care and polished with petrol’. Finally, the author cites a chair delivered to Marie-Antoinette at the Petit Trianon that is almost identical to our pair: « Une chaise de forme nouvelle faite en bois d’acajou, cintrée en plan et en élévation ; le cintre et le petit dossier sont composés de bambous entrelacés enrichis de branches et de nœuds qui garnissent les vides qui se trouvent entre le branches ; les montants sont des colonnes d’une forme étrangère et en balustre, enrichis de feuilles haut et bas. Le corps des montants est composé de cannelures méplates enrichies d’ornements antiques et étrangers, et au-dessus sont des fruits chinois ; les assemblages sont des bambous qui se croisent noués par distance avec des profils ; les pieds sont quatre bambous avec des branches et des nœuds »

The object of a prestigious commission for an exceptional site: an 18th-century ‘folie’.

The similarity of certain chairs supplied to Marie-Antoinette by Jacob with our pair confirms their undoubtedly prestigious provenance. Not mentioned in the inventories of Jacob's work available in the French archives of works supplied to the Crown and to the most important princely patrons, this pair of chairs is a genuine rediscovery of a masterpiece by the cabinetmaker.

Although these chairs do not appear to have been delivered to the royal couple, they were probably commissioned by one of Jacob's wealthier clients, such as the Duc d'Orléans, the banker Laborde, the Marquis de Marboeuf, the Comte de Kerry, the King of Naples and the Comtesse de Provence, who asked him for ‘Chinese apple’ pieces, the Prince de Condé, the Duc de Chartres, the Comte d'Artois, the Prince de Conti, the Duc de Liancourt and de la Rochefoucault d'Enville, the Marquis de Paulmy, Madame Elisabeth, sister of Louis XVI, the Duc de Penthièvre, the Duc de Bavière, the Duc Deux-Ponts Charles Théodore, and Princess Kinsky. In 1790, Princess Kinsky decorated the Chinese pavilion, the orangery and the greenhouse of her Paris mansion with Jacob's chairs, with ‘front legs turned in the manner of bamboo’, although they were more stylised and neoclassical than our own. The brambly feet of this pair of chairs are also evocative of those on La table d'Hercule, a work by Philippe-François Julliot, probably for an exotic Folie by Henri-Philippe, Marquis de Ségur, Marshal of France. Each foot of this table actually represents Hercules' club, carved from the trunk of a wild olive tree (Cat. exp. Galerie Steinitz, Paris

It is possible to imagine these chairs being commissioned by the Prince of Condé for one of the pavilions in the Anglo-Chinese garden at Chantilly, or by the Count of Artois for the pavilions at Bagatelle, known as the ‘Folies’ for the fantasy and caprice of their interior decorations with rural and exotic themes. This pair of chairs is reminiscent of the fantasy and naturalism of the furniture in the thatched cottage with shells in Rambouillet, designed by François II Foliot, whose marine concretions and sculpted shells on the seats match the interior architecture and the walls of the pavilion, covered in mosaics of mother-of-pearl and shells.

Bagatelle's rival, the folie de M. de Sainte James in Neuilly-sur-Seine, is a residence surrounded by an Anglo-Chinese garden, in which our pair of chairs could be perfectly imagined. Like Bagatelle and the pavilions of the Folie d'Artois, it is the paradigmatic example of the ‘picturesque garden’ and one of the most spectacular follies of the last years of the Ancien Régime. On the edge of a muddy stretch of water stands a kiosk on stilts imitating bamboo, reached by a pirogue decorated with sails. A little further on, a large central recessed porch with a faux bamboo door opens onto a bathing salon. Jacob probably designed this pair of chairs for such an environment.

Similarly, the Hôtel de Noailles in Saint-Germain-en-Laye and its pavilions are perfectly likely to have been decorated with seats like ours. One pavilion, known as the ‘rotunda’, had fresh, luxurious furnishings painted in faux bois, while another, with ‘mosaic crosspieces’, had a ‘reed-covered bauge’ exterior. Several other pavilions of a more ephemeral nature are also listed in the estate's inventory, as ‘garden trinkets’.

Although the provenance of these chairs is still unknown, it contributes to the mystery of their rediscovery and to the charm of their décor, which is both meticulously naturalistic and capriciously imaginary.

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