拍品专文
Cette composition ainsi que le lot suivant, Une répétition générale à Maisons-Laffitte chez le comte Robert de Clermont-Tonnerre, proviennent directement de la descendance de l’artiste René Rousseau-Decelle (1881-1964). Redécouvertes en 2024 dans la maison-atelier du peintre dans la région de La Rochelle, ces deux peintures n’avaient pas été présentées au public depuis leur présentation plus de cent ans auparavant aux Salons de 1911 et 1912.
René Rousseau-Decelle fût un observateur raffiné des années 1900. Ses peintures détaillées, aux qualités de documentariste ont véritablement illustré la 'physionomie d’une époque' pour reprendre les termes du critique Louis Tidier-Toutant (1861-1939), premier biographe du peintre.
Originaire de La Rochelle, le peintre avait quitté sa région natale à la mort de son père pour intégrer le lycée Henri IV à Paris, au sein duquel il décrocha une première place en dessin. Destiné aux études scientifiques – comme son père avant lui –, il embrassa celle d’artiste en rejoignant en 1898 la fameuse académie Julian pour y devenir d’abord élève de Bouguereau (1825-1909), puis de Luc-Olivier Merson (1846-1920). Les manières lisses et épurées de ces deux monuments de la peinture du XIXe siècle auront sûrement marqué le jeune peintre partageant avec ces derniers un goût pour les aplats clairs et cernés. Mais ses tons crus et les reflets tranchants de certaines étoffes trahissent cependant sa modernité et rappellent que l’artiste a vécu de plain-pied le XXe siècle et surtout cette époque bouleversante de la fin de siècle.
Cette époque que l’on qualifia avec le recul de 'Belle' en comparaison à la violence brutale et aux désillusions sévères des années de guerres, Rousseau-Decelle en fût un des meilleurs transcripteurs. En 1907, cette qualité d’observateur lui offrit la commande d’un tableau magistral, aujourd’hui encore au Palais Bourbon, représentant une séance à l’Assemblée nationale (inv. FNAC 2250). Son talent pour livrer des portraits ciselés, identifiables en un coup d’œil dans de larges compositions l’avait rendu tout disposé à ce panorama de députés. Le spectateur actuel distingue principalement Jaurès (1859-1914) à la tribune de cette assemblée d’hommes politiques mais en son temps, des dizaines de ces personnages étaient parfaitement repérables.
Suivant la bonne réception de cette œuvre, Rousseau-Decelle s’orienta encore davantage vers ces larges fresques de la vie quotidienne et livra plusieurs œuvres aux formats conséquents les années qui suivirent. La remarquable composition Le pesage de Longchamp (vente Christie’s, New York, 23 mai 2017, lot 27) présentée au Salon de 1910 représentait le distingué milieu des courses hippiques. L’année précédente, il avait présenté un loisir plus populaire avec une autre grande composition Le Palais des glaces (vente Christie’s, New York, 23 mai 2017, lot 31) dévoilant l’état d’origine de l’une des premières patinoires artificielles à ouvrir à Paris !
Notre composition offre à la vue un parc Monceau pratiquement inchangé depuis son état des années 1900. Le parc imaginé par Carmontelle (1717-1806) au XVIIIe siècle comme un vaste jardin anglo-chinois peuplé de fabriques était en 1912 déjà assagi par ces bandes de sables délimitées de bordures basses grillagées, visibles ici derrière les enfants. Les grands hôtels particuliers cernant le square bâtis par des familles de prestige (Rothschild, Camondo, Cernuschi) avaient déjà considérablement réduit son espace et seules les modes vestimentaires séparent véritablement notre époque de cette peinture. La belle société du 8e arrondissement s’y retrouvait alors fréquemment comme l’a si bien narré Marcel Proust (1871-1922) dans La Recherche. Le narrateur évoquait fréquemment ce parc ainsi que les toilettes des femmes d’avant-guerre qui le peuplaient aux chapeaux improbables volontiers 'couverts d’une volière ou d’un potager'.
Si les identités des modèle du tableau n’ont pas traversé les décennies, une photographie sur verre découverte dans les archives du peintre révèlent un enfant en costume marin ainsi qu’une jeune femme (Fig. 1) pouvant fort bien être des proches de l’artiste glissés dans cette œuvre.
René Rousseau-Decelle fût un observateur raffiné des années 1900. Ses peintures détaillées, aux qualités de documentariste ont véritablement illustré la 'physionomie d’une époque' pour reprendre les termes du critique Louis Tidier-Toutant (1861-1939), premier biographe du peintre.
Originaire de La Rochelle, le peintre avait quitté sa région natale à la mort de son père pour intégrer le lycée Henri IV à Paris, au sein duquel il décrocha une première place en dessin. Destiné aux études scientifiques – comme son père avant lui –, il embrassa celle d’artiste en rejoignant en 1898 la fameuse académie Julian pour y devenir d’abord élève de Bouguereau (1825-1909), puis de Luc-Olivier Merson (1846-1920). Les manières lisses et épurées de ces deux monuments de la peinture du XIXe siècle auront sûrement marqué le jeune peintre partageant avec ces derniers un goût pour les aplats clairs et cernés. Mais ses tons crus et les reflets tranchants de certaines étoffes trahissent cependant sa modernité et rappellent que l’artiste a vécu de plain-pied le XXe siècle et surtout cette époque bouleversante de la fin de siècle.
Cette époque que l’on qualifia avec le recul de 'Belle' en comparaison à la violence brutale et aux désillusions sévères des années de guerres, Rousseau-Decelle en fût un des meilleurs transcripteurs. En 1907, cette qualité d’observateur lui offrit la commande d’un tableau magistral, aujourd’hui encore au Palais Bourbon, représentant une séance à l’Assemblée nationale (inv. FNAC 2250). Son talent pour livrer des portraits ciselés, identifiables en un coup d’œil dans de larges compositions l’avait rendu tout disposé à ce panorama de députés. Le spectateur actuel distingue principalement Jaurès (1859-1914) à la tribune de cette assemblée d’hommes politiques mais en son temps, des dizaines de ces personnages étaient parfaitement repérables.
Suivant la bonne réception de cette œuvre, Rousseau-Decelle s’orienta encore davantage vers ces larges fresques de la vie quotidienne et livra plusieurs œuvres aux formats conséquents les années qui suivirent. La remarquable composition Le pesage de Longchamp (vente Christie’s, New York, 23 mai 2017, lot 27) présentée au Salon de 1910 représentait le distingué milieu des courses hippiques. L’année précédente, il avait présenté un loisir plus populaire avec une autre grande composition Le Palais des glaces (vente Christie’s, New York, 23 mai 2017, lot 31) dévoilant l’état d’origine de l’une des premières patinoires artificielles à ouvrir à Paris !
Notre composition offre à la vue un parc Monceau pratiquement inchangé depuis son état des années 1900. Le parc imaginé par Carmontelle (1717-1806) au XVIIIe siècle comme un vaste jardin anglo-chinois peuplé de fabriques était en 1912 déjà assagi par ces bandes de sables délimitées de bordures basses grillagées, visibles ici derrière les enfants. Les grands hôtels particuliers cernant le square bâtis par des familles de prestige (Rothschild, Camondo, Cernuschi) avaient déjà considérablement réduit son espace et seules les modes vestimentaires séparent véritablement notre époque de cette peinture. La belle société du 8e arrondissement s’y retrouvait alors fréquemment comme l’a si bien narré Marcel Proust (1871-1922) dans La Recherche. Le narrateur évoquait fréquemment ce parc ainsi que les toilettes des femmes d’avant-guerre qui le peuplaient aux chapeaux improbables volontiers 'couverts d’une volière ou d’un potager'.
Si les identités des modèle du tableau n’ont pas traversé les décennies, une photographie sur verre découverte dans les archives du peintre révèlent un enfant en costume marin ainsi qu’une jeune femme (Fig. 1) pouvant fort bien être des proches de l’artiste glissés dans cette œuvre.