![[FOUQUET, Nicolas (1615-1680).]](https://www.christies.com/img/LotImages/2013/PAR/2013_PAR_03548_0124_000(fouquet_nicolas042456).jpg?w=1)
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[FOUQUET, Nicolas (1615-1680).]
IMPORTANT ENSEMBLE DE DOCUMENTS MANUSCRITS RELATIFS À L'UN DES PROCÈS LES PLUS RETENTISSANTS DE L'HISTOIRE DE FRANCE. Il s'agit de copies faites à l'époque des procès-verbaux, interrogatoires, requêtes et inventaire, conservées très probablement par Pierre Rafélis de Roquesante (1619-1702) dont le nom figure sur l'une des liasses.
Roquesante, un des juges de Nicolas Fouquet au sein de la Chambre de justice, fut de ceux, peu nombreux, qui se prononcèrent contre la peine de mort. Aux côtés d'Olivier d'Ormesson et de Pontchartrin, ce Méridionnal, "bel homme et beau parleur" (Paul Morand. Fouquet ou Le Soleil offusqué. Gallimard, 2006, p. 149) vota pour la confiscation des biens et le bannissement.
Surintendant des finances depuis 1653, Fouquet, dont l'influence et la redoutable fortune suscitent maintes jalousies et inquiétudes, voit son destin brusquement basculer après la mort de Mazarin le 9 mars 1661. En effet, depuis quelques temps, Louis XIV et Colbert "attendent en eau tranquille l'heure d'exécuter Fouquet, truite alerte qui se chauffe au soleil et joue dans les eaux vives de l'improvisation" (Paul Morand op. cit., p. 79). Le 5 septembre 1661, quelques semaines seulement après la fastueuse fête qu'il donne à Vaux, Fouquet est arrêté à Nantes puis transféré au château d'Angers. Le 15 novembre 1661 paraît l'édit de création de la Chambre de justice devant laquelle doit comparaître le surintendant déchu. Placé sous la garde de d'Artagnan, lieutenant de la compagnie des Mousquetaires du roi, il est incarcéré au donjon de Vincennes le 31 décembre 1661. L'instruction du procès débute le 3 mars 1662. Dès le lendemain les interrogatoires s'enchaînent.
1. Interrogatoire de Monsieur Fourquet par Pierre Poncet, maître des requêtes et Jacques Renard, conseiller du parlement de Paris, à Vincennes les 7 et 10 juin 1662. 4 cahiers in-folio (375 x 252 mm) cousus. 65 feuillets dont un feuillet de titre. Encre brune sur papier. (Petites déchirures, galerie de vers dans la marge supérieure de plusieurs feuillets, quelques rousseurs et deux feuillets passés.)
Cet interrogatoire (de 134 questions dont la numérotation débute seulement à la soixante-neuvième) porte essentiellement sur les abus et malversations qui lui sont reprochés. Colbert avait en effet chargé un de ses oncles, Pussort, d'éplucher les registres de l'Épargne.
2. Inventaire des pieces secrettes que produit Mr le procureur general du Roy contre Mr Foucquet surintendant des finances deffendeur et accusé. 38 feuillets in-folio (350 x 240 mm) dont 6 feuillets blancs en-tête et in fine. (Nombreuses rousseurs, mouillures.) Inventaire des 24 arrêts rendus par la Chambre de justice entre le 3 mars et le 5 octobre 1662 auxquels font suite les chefs d'accusation ("abus et malversations dans les finances" et "crimes de laisse m[a]g[es]t[é]") et les interrogatoires des divers témoins.
3. Proces verbal de veriffication de celuy des six millions établi le 14 février 1664 par Olivier Lefèvre d'Ormesson. 14 cahiers in-folio (388 x 250 mm) cousus, 221 feuillets: un feuillet portant le titre, feuillets numérotés 1 à 219, un feuillet blanc (petites déchirures réparées au ruban adhésif aux premier et dernier feuillets. Rousseurs éparses). Il s'agit du procès-verbal de la vérification de la consommation des six millions de livres de l'ordonnance du 1658, destinés à subvenir aux frais de la campagne contre l'Espagne.
4. Faitz pour interroger M. Hervart Con[trôleur] general des finances ayant tenu les Reg[ist]res des despences de Lespargne pendant les années. 12 feuillets in-folio (365 x 230 mm) (Quelques rousseurs et menues déchirures.) Signé Talon, procureur général de la Chambre de justice. Barthélémy Hervart (1607-1676), banquier de Mazarin, fut intendant des finances et avança de nombreuses fois au roi des sommes considérables. Peu de temps après l'arrestation de Fouquet, Hervart prêta à Louis XIV deux millions de livres.
5. A messieurs de la Chambre de Justice supplie le procureur general, disant que sur la requeste par luy presente a la chambre pour parvenir a la connoissance de la dissipa[ti]on des finances du roy, et avoir les preuves necessaires pour la punition de ceux qui [...] se trouveront coulpables des malversations commises au fait d'Icelles, il a esté ordonné par arest du dix sept avril 1662 que [...] il serait incessamment procédé à la verifica[ti]on des despances [...] 52 feuillets (388 x 255 mm). Un feuillet portant au recto la mention "M. de Roquesante", 48 feuillets numérotés 1 à 48 et 3 feuillets blancs. (Quelques taches et infimes déchirures.)
6. Sur le crime de lèse maiesté. 20 feuillets in-folio (373 x 250 mm), les deux derniers blancs. "Pour avoir acheté Belle-Île, où il avait fait travailler à des fortifications, envisagé de trouver des secours en cas d'arrestation et élaboré un projet de défense, Fouquet fut accusé du crime de lèse-majesté ce qui le rendait passible de la peine de mort" (L'Innocence persécutée, édition critique établie par Marie-Françoise Baverel-Croissant. Saint-Étienne, 2002, p. 48).
7. A Nosseigneurs de la Chambre de Justice supplie humblement Nicolas Fouquet con[seille]r du Roy en ses Con[sei]ls disant que le 5 juillet 1664 on a signifié au suppliant une requete présentée à la Chambre par nous. 42 feuillets in-folio (385 x 250 mm). Requête de Fouquet pour se plaindre de ce que l'on n'a pas fait droit à une précédente contre MM. Voysin et Pussort.
Le procès s'achève le 20 décembre 1664. Deux jours plus tard, Fouquet apprend que le roi, peu satisfait du banissement, le condamne à la prison à perpétuité. Roquesante et d'Ormesson sont disgraciés, la famille du surintendant exilée en province et, le 27 décembre 1664, Fouquet quitte Paris pour Pignerol où il arrive le 7 janvier 1665. Il y meurt le 23 mars 1680, alors que Louis XIV venait de lui accorder le droit d'aller se soigner dans le Bourbonnais.
Ce long procès, émaillé de nombreuses irrégularités et falsifications, ne cessa d'alimenter la chronique de l'époque. Les vers de La Fontaine et les lettres de Mme de Sévigné, tous deux soutiens inconditionnels de Fouquet, en sont d'éloquents témoignages. La mort subite de Fouquet suscita quant à elle de nombreux commentaires et interprétations qui, aux siècles suivants, alimentèrent l'imagination des historiens et écrivains. Au XIXe siècle, Alexandre Dumas s'empare de la vie du surintendant dont il s'inspire pour Le Comte de Monte-Cristo et Le Vicomte de Bragelonne.
IMPORTANT ENSEMBLE DE DOCUMENTS MANUSCRITS RELATIFS À L'UN DES PROCÈS LES PLUS RETENTISSANTS DE L'HISTOIRE DE FRANCE. Il s'agit de copies faites à l'époque des procès-verbaux, interrogatoires, requêtes et inventaire, conservées très probablement par Pierre Rafélis de Roquesante (1619-1702) dont le nom figure sur l'une des liasses.
Roquesante, un des juges de Nicolas Fouquet au sein de la Chambre de justice, fut de ceux, peu nombreux, qui se prononcèrent contre la peine de mort. Aux côtés d'Olivier d'Ormesson et de Pontchartrin, ce Méridionnal, "bel homme et beau parleur" (Paul Morand. Fouquet ou Le Soleil offusqué. Gallimard, 2006, p. 149) vota pour la confiscation des biens et le bannissement.
Surintendant des finances depuis 1653, Fouquet, dont l'influence et la redoutable fortune suscitent maintes jalousies et inquiétudes, voit son destin brusquement basculer après la mort de Mazarin le 9 mars 1661. En effet, depuis quelques temps, Louis XIV et Colbert "attendent en eau tranquille l'heure d'exécuter Fouquet, truite alerte qui se chauffe au soleil et joue dans les eaux vives de l'improvisation" (Paul Morand op. cit., p. 79). Le 5 septembre 1661, quelques semaines seulement après la fastueuse fête qu'il donne à Vaux, Fouquet est arrêté à Nantes puis transféré au château d'Angers. Le 15 novembre 1661 paraît l'édit de création de la Chambre de justice devant laquelle doit comparaître le surintendant déchu. Placé sous la garde de d'Artagnan, lieutenant de la compagnie des Mousquetaires du roi, il est incarcéré au donjon de Vincennes le 31 décembre 1661. L'instruction du procès débute le 3 mars 1662. Dès le lendemain les interrogatoires s'enchaînent.
1. Interrogatoire de Monsieur Fourquet par Pierre Poncet, maître des requêtes et Jacques Renard, conseiller du parlement de Paris, à Vincennes les 7 et 10 juin 1662. 4 cahiers in-folio (375 x 252 mm) cousus. 65 feuillets dont un feuillet de titre. Encre brune sur papier. (Petites déchirures, galerie de vers dans la marge supérieure de plusieurs feuillets, quelques rousseurs et deux feuillets passés.)
Cet interrogatoire (de 134 questions dont la numérotation débute seulement à la soixante-neuvième) porte essentiellement sur les abus et malversations qui lui sont reprochés. Colbert avait en effet chargé un de ses oncles, Pussort, d'éplucher les registres de l'Épargne.
2. Inventaire des pieces secrettes que produit Mr le procureur general du Roy contre Mr Foucquet surintendant des finances deffendeur et accusé. 38 feuillets in-folio (350 x 240 mm) dont 6 feuillets blancs en-tête et in fine. (Nombreuses rousseurs, mouillures.) Inventaire des 24 arrêts rendus par la Chambre de justice entre le 3 mars et le 5 octobre 1662 auxquels font suite les chefs d'accusation ("abus et malversations dans les finances" et "crimes de laisse m[a]g[es]t[é]") et les interrogatoires des divers témoins.
3. Proces verbal de veriffication de celuy des six millions établi le 14 février 1664 par Olivier Lefèvre d'Ormesson. 14 cahiers in-folio (388 x 250 mm) cousus, 221 feuillets: un feuillet portant le titre, feuillets numérotés 1 à 219, un feuillet blanc (petites déchirures réparées au ruban adhésif aux premier et dernier feuillets. Rousseurs éparses). Il s'agit du procès-verbal de la vérification de la consommation des six millions de livres de l'ordonnance du 1658, destinés à subvenir aux frais de la campagne contre l'Espagne.
4. Faitz pour interroger M. Hervart Con[trôleur] general des finances ayant tenu les Reg[ist]res des despences de Lespargne pendant les années. 12 feuillets in-folio (365 x 230 mm) (Quelques rousseurs et menues déchirures.) Signé Talon, procureur général de la Chambre de justice. Barthélémy Hervart (1607-1676), banquier de Mazarin, fut intendant des finances et avança de nombreuses fois au roi des sommes considérables. Peu de temps après l'arrestation de Fouquet, Hervart prêta à Louis XIV deux millions de livres.
5. A messieurs de la Chambre de Justice supplie le procureur general, disant que sur la requeste par luy presente a la chambre pour parvenir a la connoissance de la dissipa[ti]on des finances du roy, et avoir les preuves necessaires pour la punition de ceux qui [...] se trouveront coulpables des malversations commises au fait d'Icelles, il a esté ordonné par arest du dix sept avril 1662 que [...] il serait incessamment procédé à la verifica[ti]on des despances [...] 52 feuillets (388 x 255 mm). Un feuillet portant au recto la mention "M. de Roquesante", 48 feuillets numérotés 1 à 48 et 3 feuillets blancs. (Quelques taches et infimes déchirures.)
6. Sur le crime de lèse maiesté. 20 feuillets in-folio (373 x 250 mm), les deux derniers blancs. "Pour avoir acheté Belle-Île, où il avait fait travailler à des fortifications, envisagé de trouver des secours en cas d'arrestation et élaboré un projet de défense, Fouquet fut accusé du crime de lèse-majesté ce qui le rendait passible de la peine de mort" (L'Innocence persécutée, édition critique établie par Marie-Françoise Baverel-Croissant. Saint-Étienne, 2002, p. 48).
7. A Nosseigneurs de la Chambre de Justice supplie humblement Nicolas Fouquet con[seille]r du Roy en ses Con[sei]ls disant que le 5 juillet 1664 on a signifié au suppliant une requete présentée à la Chambre par nous. 42 feuillets in-folio (385 x 250 mm). Requête de Fouquet pour se plaindre de ce que l'on n'a pas fait droit à une précédente contre MM. Voysin et Pussort.
Le procès s'achève le 20 décembre 1664. Deux jours plus tard, Fouquet apprend que le roi, peu satisfait du banissement, le condamne à la prison à perpétuité. Roquesante et d'Ormesson sont disgraciés, la famille du surintendant exilée en province et, le 27 décembre 1664, Fouquet quitte Paris pour Pignerol où il arrive le 7 janvier 1665. Il y meurt le 23 mars 1680, alors que Louis XIV venait de lui accorder le droit d'aller se soigner dans le Bourbonnais.
Ce long procès, émaillé de nombreuses irrégularités et falsifications, ne cessa d'alimenter la chronique de l'époque. Les vers de La Fontaine et les lettres de Mme de Sévigné, tous deux soutiens inconditionnels de Fouquet, en sont d'éloquents témoignages. La mort subite de Fouquet suscita quant à elle de nombreux commentaires et interprétations qui, aux siècles suivants, alimentèrent l'imagination des historiens et écrivains. Au XIXe siècle, Alexandre Dumas s'empare de la vie du surintendant dont il s'inspire pour Le Comte de Monte-Cristo et Le Vicomte de Bragelonne.
Brought to you by
Audrey Bangou