Georges Lacombe (1868-1916)
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Georges Lacombe (1868-1916)

Lavoir à Ivry ou Le lavoir des malheureux

Details
Georges Lacombe (1868-1916)
Lavoir à Ivry ou Le lavoir des malheureux
titré indistinctement 'Le Lavoir des Malheureux' (en bas à droite); avec le cachet 'ATELIER GEORGES LACOMBE' (au revers)
bas-relief en bois peint
74.4 x 43.2 cm.
Exécuté en 1894

indistinctly titled 'le Lavoir des Malheureux' (lower right); stamped 'ATELIER GEORGES LACOMBE' (on the reverse)
polychrome wood relief
28 ½ x 17 in.
Executed in 1894
Provenance
Atelier de l'artiste.
Sylvie Mora-Lacombe, France (par descendance).
Vente, Mes Thierry, Lesieur et Martin, Brest, 13 décembre 1981, lot 37.
Acquis au cours de cette vente par la famille du propriétaire actuel.
Literature
G. Coquiot, Cubistes, futuristes, passéistes, Paris, 1914.
P. Faure, ‘Le groupe des Nabis’, in Arts, novembre 1949.
J. Ansieau, Georges Lacombe : Catalogue raisonné, Paris, 1998, p. 185, no. 174 (illustré en couleurs).
Exhibited
Paris, Galerie Le Barc de Bouteville, VIIIe Exposition des peintres impressionnistes et symbolistes, 1894, no. 86 (titré ‘Le Lavoir d’Arcueil’).
Paris, Galerie Balzac, Exposition rétrospective des oeuvres de Georges Lacombe, juin-juillet 1924, no. 5.
Paris, Galerie Parvillée, L’Ecole de Pont-Aven et les Nabis, mai-juin, 1943, no. 55.
Paris, Galerie Maurs, Les peintres de Pont-Aven et leurs amis, décembre 1946-janvier 1947, no. 48.
Nantes, Galerie Bourlaouën, Les peintres de Pont-Aven et leurs amis, 1948, no. 50.
Vienne, Palais Lobkowitz, Maîtres français vers 1900, 1949, no. 15.
Paris, Musée national d’art moderne, Bonnard, Vuillard et les Nabis (1888-1903), juin-octobre 1955, no. 3.
Paris, Galerie Anoé, A l’ombre des chapeaux, de Bonnard à Vuillard, 1967.
Paris, Galerie Les Deux Iles, Emile Bernard, Robert Bevan, Georges Lacombe, Paul Ranson, juin-septembre 1968, no. 45.
Paris, Galerie André Pacitti, Le Nabi sculpteur, mars 1969, no. 2.
Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 82ème Exposition annuelle de la Société des Artistes Indépendants-Rétrospective : De Pont-Aven aux Nabis, avril-mai 1971, no. 54.
Zurich, Kunsthaus et Paris, Galeries nationales du Grand Palais, Nabis (1888-1900), mai 1993-janvier 1994, p. 195, no. 68 (illustré).
Pont-Aven, Musée de Pont-Aven, Georges Lacombe, juin-septembre 1998, p. 60, no. 39 (illustré en couleurs).
Saint-Germain-en-Laye, Musée départemental Maurice Denis-Le Prieuré, Les univers de Georges Lacombe 1868-1916, novembre 2012-février 2013, p. 97, no. 47 (illustré en couleurs).
Special notice
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Natacha Muller
Natacha Muller

Lot Essay

Gilles Genty, historien de l'art, février 2016.

Une des deux seules sculptures «primitivistes» de Lacombe encore en mains privées, Le lavoir des malheureux (1893) est une oeuvre complexe, difficile et pour tout dire encore largement incomprise. Complexe tout d’abord parce que son titre a varié, depuis Le lavoir à Arcueil (Indépendants en 1895), Lavoir à Ivry (Galerie Balzac en 1924) et enfn Le lavoir des malheureux conformément à l’inscription portée au bas de la sculpture. Les lavandières sculptées par Lacombe, en taille directe, teintées et cirées comme il l’avait appris directement de Gauguin dans son atelier de la rue Vercingétorix, ne sont pas d’aimables jeunes femmes pour cartes postales touristiques ; elles lavent le linge mais manient aussi le bâton, tandis que des pêcheurs à la ligne semblent indiférents aux corps fottant à la surface de l’eau. Puisant dans l’univers des légendes bretonnes (les lavandières de nuit liées au royaume des morts), Lacombe s’inspire aussi de la réalité sociale de son temps.
Bourgeois cultivé et humaniste, il met ici en scène des hommes dilettantes, volontiers portés sur la boisson (deux bouteilles cassées gisent à leurs pieds) et oublieux de leurs devoirs. Lacombe oppose également ici le lavage (purifcation du linge) à la présence des corps morts, que l’on peut interpréter comme l’illustration des nombreuses épidémies qui sévissaient encore. Théophile Alexandre Steinlen n’illustre-t-il pas alors dans le Gil Blas Illustré une chanson d’Aristide Bruant, «V’là l’choléra qu’arrive» où la peur de l’invasion microbienne par l’eau va de pair avec celle du renversement du régime politique en place. Loin d’une vision doloriste, larmoyante où anecdotique, Lacombe crée ici une oeuvre forte qui fait écho à certaines oeuvres contemporaines d’Edvard Munch, au symbolisme âpre. D’ailleurs, dans son dessin préparatoire (fg. 1) Lacombe avait prévu, comme Gauguin et Munch, d’encadrer ce bois d’une bordure reprenant les motifs des objets et des corps dérivant au fl de l’eau. Ce panneau anticipe aussi, de manière étonnante, sur la radicalité des sculptures des expressionnistes allemands des années 1910.

One of the only two “primitivist” sculptures in private hands, Le lavoir des malheureux (1893) is a complex and dificult work, in fact still poorly understood. It is complex first because its title has changed from Le lavoir à Arcueil (Salon des indépendants, 1895), Lavoir à Ivry (Galerie Balzac in 1924) and finally Le lavoir des malheureux as written at the bottom of the sculpture. Lacombe’s washerwomen sculpted in direct carving, tinted and waxed as he had learned from Gauguin in his workshop on rue Vercingétorix, are not charming young women for tourist postcards; they wash clothes but also wield a stick, while fishermen nearby seem indifferent to the bodies foating in the water. Drawing upon Breton legends (the night washerwomen linked to the kingdom of the dead), Lacombe also took inspiration from the social reality of his time. Lacombe – a cultured and humanist man – depicts idle men with a propensity to drinking (two broken bottles lie at their feet) and forgetful of their duties. Lacombe also opposes here washing (purification of the laundry) to the presence of the dead bodies that can be interpreted as an illustration of the many epidemics that were still prevelant at the time. Théophile Alexandre Steinlen illustrated in the Gil Blas Illustré a song by Aristide Bruant “V’là l’choléra qu’arrive”; this was a time where the fear of water-carried diseases was as strong as the fear of yet another government overturn. Far from a sorrowful or anecdotal vision, Lacombe has created a strong work echoing contemporary works by Edvard Munch, with their stark symbolism. Indeed in his preparatory drawing, Lacombe planned to frame this wood sculpture with a border showing the objects and bodies drifting on the water, as Gauguin and Munch did. This panel also strikingly anticipates the radical dimension of German expressionist sculptures of the 1910s.

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