CABINET D'EPOQUE BAROQUE
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CABINET D'EPOQUE BAROQUE

TRAPANI, FIN DU XVIIe SIECLE

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CABINET D'EPOQUE BAROQUE
TRAPANI, FIN DU XVIIe SIECLE
En bois noirci, laiton gravé, ciselé, doré et partiellement émaillé blanc, corail rouge sculpté, à décor de réserves à motif floral dans des encadrements de lames ondées, les pentures à décor de fleurons ou têtes d'angelot, la façade ouvrant par un tiroir surmonté de deux vantaux découvrant onze tiroirs, la partie supérieure couronnée de branches de corail sculpté notamment de satyres, d'une souris, d'une chouette et d'une tête d'aigle ; quelques manques, restaurations et remplacements
Hauteur: 71 cm. (28 in.) ; Largeur: 52 cm. (21 in.) ; Profondeur: 22 cm. (8 ½ in.)
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A BAROQUE GILT, ENAMELED AND ENGRAVED-BRASS AND CORAL-MOUNTED EBONISED CABINET, TRAPANI, LATE 17TH CENTURY

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Nathalie Honnay
Nathalie Honnay

Lot Essay

Illustrant à merveille le génie de Trapani, ce rare cabinet emploie ce matériau de luxe recherché qu’est le corail rouge sublimé par des montures de bronze émaillé. Il démontre avec force tout le savoir-faire de ces artisans siciliens, notamment sur cette spectaculaire branche de corail entièrement sculptée couronnant le cabinet, que l’Europe entière enviera.

LE CORAIL ROUGE : UN MATERIAU DE LUXE

Matériau magique, remède médicinal, ornement, le corail rouge venant de la racine coralium ou korallion en latin et grec ancien, fascine depuis toujours l’homme. On en retrouve traces jusqu’au Néolitique et selon Ovide dans ses Métamorphoses, le corail serait finalement le sang pétrifié s’écoulant de la tête de la gorgone Méduse après avoir été décapitée par Persée.

Produit de luxe, le corail rouge circule dès l’Antiquité sur les routes commerciales ouvertes par Alexandre le Grand non seulement à travers l’Europe et l’Afrique mais également en Asie alors que les centres de collecte sont placés tout autour du bassin méditerranéen comme la Sicile, la Sardaigne, la Tunisie ou l’Algérie. Naturellement, on retrouve les ateliers travaillant la matière brute en Italie, en Espagne mais également loin des rives méditerranéennes, comme ceux de Landshut en Bavière.

L’intérêt pour les sciences naturelles explique également cet engouement pour le corail, en tant que matériau animal, et c’est tout naturellement qu’il trouve sa place dans les cabinets de curiosité, à l’instar du vase en argent orné de la métamorphose de Diane en arbre pour le cabinet des électeurs de Saxe à Dresde. Réalisé à la fin du XVIe siècle par l’orfèvre de Nuremberg Abraham Jamnitzer, ce vase reprend une statuette de Daphné de Wenzel Jamnitzer, son père, réalisé entre 1570 et 1575 et est aujourd’hui conservé au musée national de la Renaissance, château d’Ecouen (inv. ECL20750).

TRAPANI : UN SAVOIR-FAIRE A LA RENOMMEE EUROPEENNE

Dès le XVIe siècle, la ville méditerranéenne de Trapani, en Sicile près de Palerme, exploite la richesse de ses fonds marins pour se développer économiquement. Pour cela elle s’appuie sur sa marine marchande et le clergé. Le rôle du clergé en tant que commanditaire, l’installation en 1628 de la guilde des artisans du corail, l’Arte dei corallari et le dynamisme des bronziers et orfèvres font de Trapani le centre de manufacture le plus réputé pour le travail du corail et corolairement l’un des ports principaux de la Méditerranée. Le pouvoir en place joue par ailleurs un rôle-clef via les cadeaux diplomatiques faisant l’autopromotion du savoir-faire de Trapani. Le Vice-Roi de Sicile commande en effet aux artisans toutes sortes de fantaisies.
La production la plus inventive et la plus fine de Trapani s’étend de la fin du XVIe jusqu’au XVIIIe siècle.

Les œuvres de Trapani ont la particularité d’associer des éléments sculptés de corail rouge de petite taille, tels des perles, des cabochons mais également des figures, à des supports en bronze et/ou cuivre doré éventuellement émaillé à l’exemple de notre cabinet.

La production compte des objets religieux comme les crucifix, monstrances, bénitiers ou encore des crèches – et sont destinés aux trésors des églises. Les objets profanes, essentiellement acquis par les cours européennes et les familles nobles, consistent en des vases, des cadres de miroir, des écritoires, des coffrets, des coupes et des cabinets.


LES SPECIFICITES DU CABINET DE TRAPANI EN EUROPE

Le cabinet par essence meuble de rangement, évolue dans l’histoire du mobilier pour devenir un meuble d’apparat et un cabinet de curiosité que tout érudit se doit de posséder. A Florence, l’Opificio delle Pietre Dure les pare de pierres dures et semi-précieuses ou encore de plaques de paesina ; à Trapani, c’est le corail qui élève le cabinet au rang de chef-d’œuvre à l’instar du présent cabinet.
Notre cabinet a la rare particularité d’être surmonté d’une étonnante branche de corail sculpté en arbre avec un savoir-faire précis d’où émergent subtilement des satyres, une tête d’aigle, une tête de cerf et autres masques.
On peut rapprocher ce travail d’une autre branche sculptée datée de la seconde moitié du XVIIe siècle représentant saint Sébastien (collection privée) et illustrée dans M. Concetta di Natale (sous la dir. de), Il corallo trapanese nei secoli XVI e XVII, Brescia, 2002, p. 78.
On connaît également un encrier présentant un morceau de corail assez conséquent et entièrement sculpté représentant des chevaux marins et tritons conservé au musée de San Martino, Naples (inv. 12151) et illustré dans Cat. Expo. « Mirabilio coralii. Capolavori barocchi in corallo tra maestranze ebraiche e trapanesi », palais vallelonga, 20 décembre 2008 – 1er février 2009, p. 39.

Parmi les cabinets réalisés à Trapani qui nous sont parvenus, citons celui de la collection Terruzzi du début du XVIIIe siècle (vente Christie’s, Londres, 13-14 juin 2002, lot 473) et illustré dans A. Daneu, L’arte trapanese del corallo, Palerme, 1964, p. 129, n°70 et ill. n° 26. Totalement architecturé, il est sommé d’une balustrade et d’un dôme. Il présente également des ornements de bronze et de cuivre émaillé.
Un autre cabinet architecturé de la fin du XVIe siècle est conservé à la Banca Popolare di Novara et illustré dans V. P. Li Vigni, M. Concetta Di Natale, V. Abbate, I grandi capolavori del corallo. I coralli di Trapani del XVII e XVIII secolo, Milan, 2013, p. 68.
Il existe également des cabinets plus simples présentant divers rangs de tiroirs en façade comme celui illustré dans A. Daneu, L’arte trapanese del corallo, Palerme, 1964, p. 144, no 171 et pl. VI.



Illustrating the marvel that is the genius of Trapani, this rare cabinet uses the much sought-after luxurious material red coral and is further enhanced by enamelled bronze mounts. It very clearly demonstrates all Sicilian artisans technical know-how—notably the spectacular sculpted coral branch crowning the cabinet, which was the envy of all of Europe.

RED CORAL: A LUXURIOUS MATERIAL

Known as a magic substance, medicinal remedy, and ornament, red coral – a member of the coralium (or korallion) family – has always fascinated man. One can find traces of this material from the Neolithic period, and according to Ovide’s Metamorphosis coral is petrified blood which flowed from the head of Medusa when it was decapitated by Perseus.
A luxurious product even from the time of Antiquity, red coral circulated not only the commercial routes opened by Alexander the Great in Europe and Africa, but also throughout Asia while areas for collection the coral were placed throughout the Mediterranean basin, in such places as Sicily, Sardinia, Tunisia, and Algeria. Naturally, the ateliers that worked with the raw material were located in Italy and Spain, but could also be found far from the shores of the Mediterranean, such as in Landshut, Bavaria.
Ultimately an animal material, interest in the natural sciences also explains this passion for coral, and it is then entirely expected that it found its place in cabinets of curiosity, following the example of the silver vase decorated with the scene Diana metamorphosing into a tree placed on the cabinet for the electors of Saxony in Dresden. Realized at the end of the sixteenth century by the Nuremburg silversmith Abraham Jamnitzer, the vase is reminiscent of a statue of Daphne by Wnezel Jamnitzer, his father, realized between 1570 and 1575 and is today located in the National Renaissance Museum at Château d’Ecouen (inv. ECL20750).

TRAPANI: THE SAVOIR-FAIRE OF EUROPEAN REKNOWN

From the seventeenth century the Mediterranean town of Trapani, located in Sicily near Palermo, exploited the rich depths of its seas for its economic development. For that reason the town leaned on both its sea merchants and clergy. The role of the clergy as silent partner, the installation of the coral artisans guild in 1628, the Arte dei corallari and the dynamism of the bronziers and silversmiths soon made Trapani the most reputable manufacturing centre of coral and correspondingly one of the principal ports in the Mediterranean. Moreover, the government in power played a key role in their use of diplomatic gifts, which served as self-promotion and added to the world recognition of Trapani craftsmanship. For example, the Viceroy of Sicily commissioned all varieties of fantastical works from the artisans. The finest and most inventive production from Trapani extended from the end of the sixteenth century to the eighteenth century.
The Trapani masterpieces are most closely associated with small elements sculptured in red coral, similar in form to pearls and cabochons, but also with figures with bronze supports and/or gilt copper, which are then enamelled like the present example.
Production also included religious works, such as crucifixes, fonts, and crèches—destined to become the treasures of churches. Profane objects, essentially acquired by the European courts and noble families, consisted of vases, mirror frames, writing cases, coffers, goblets, and cabinets.

THE SPECIAL FEATURES OF THE TRAPANI CABINET IN EUROPE

The cabinet was essentially a storage unit, having evolved throughout the history of furniture to become a display piece and cabinet of curiosity that every erudite person had to own. In Florence, the Opificio delle Pietre Dure had sheets of hardstone and semi-precious stones, or even paesina plaques; in Trapani it was the coral the elevated the cabinet to the status of a masterpiece, like our present cabinet.
Our cabinet has the rare peculiarity of being surmounted by an astonishing coral branch sculpted as a tree executed with an amazingly precise savoir-faire from which subtly emerge satyrs, an eagle head, and a stag head, and other hidden figures.
One may compare this work to another sculpted branch dating from the second half of the seventeenth century which depicts Saint Sebastian, which is currently in a private collection and was illustrated in Il corallo trapanese nei secoli XVI e XVII, Brescia, 2002, p. 78 (edited by M. Concetta di Natale).
It similarly relates to an inkwell displaying a piece of coral sculpted entirely to resemble hippocamps and tritons, now in the collection of San Martino Museum, Naples, inv. 12151) and illustrated the exhibition catalogue « Mirabilio coralii. Capolavori barocchi in corallo tra maestranze ebraiche e trapanesi », Vallelonga Palace, 20 December 2008 – 1 February 2009, p. 39.
Among the cabinets which were made in Trapani and have survived one must also mention the Teruzzi collection of the early eighteenth century (sold Christie’s, London, 13-14 June 2002, lot 473) and illustrated in A. Daneu, L’arte trapanese del corallo, Palerme, 1964, p. 129, no. 70 et ill. no. 26. Entirely architectural in form, it was surmounted with a balustrade and dome and was similarly decorated with bronze ornaments and enamelled copper.
Another architectural cabinet from the end of the sixteenth century is preserved in the Banca Popolare di Novara and illustrated in V. P. Li Vigni, M. Concetta Di Natale, V. Abbate, I grandi capolavori del corallo. I coralli di Trapani del XVII e XVIII secolo, Milan, 2013, p. 68.
Other cabinets more simple in form also exist with various rows of drawers to the front, like that illustrated in A. Daneu, L’arte trapanese del corallo, Palerme, 1964, p. 144, no 171 and pl. VI.


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