Lot Essay
par Philippe Peltier
D’après des sources anciennes, le terme korwar désigne tout à la fois les sculptures, les crânes et l’esprit des morts. Chaque sculpture honorait un mort. Elles étaient manipulées lors de rituels de divination. L’esprit de l’ancêtre était réputé venir s’incarner dans l’objet. Par de légers mouvements, il répondait aux questions posées.
Dans la première étude sur les korwar, Theodorus van Baaren dénombre six styles distincts. Il précise cependant que les limites entre ces styles sont difficiles à établir tant il existe de variations. Un de ces styles regroupe ces figures accroupies. Il donne comme modèle une pièce très similaire à celle-ci, conservée au Tropen Museum d’Amsterdam (sous l’inv. n° 2670-717) et originaire de l’île Schouten (van Baaren, T., Korwars and Korwar Style. Art and Ancestor Worship in North-West New Guinea, Paris, 1968, n° 10.) Ces figures accroupies se caractérisent par leur élégante simplicité : de fins bras croisés reposent sur des jambes repliées aux formes serpentines. De ce corps, tout en découpe, émerge un long cou qui supporte une tête massive dont la face anguleuse, presque brutaliste, se concentre autour d’un nez en forme de flèche et d’une bouche agressive. Le sculpteur avec une maitrise assumée, se joue des contrastes qui confèrent à l’objet une présence singulière.
Un autre exemplaire similaire, de l’aire Biak, de l’ancienne collection Paul Wirz, est actuellement conservé dans la collection du Museum für Völkerkunde de Bâle (inv. n° Vb 14203).
by Philippe Peltier
According to ancient sources, the term korwar refers to sculptures, skulls and the spirit of the dead. Each sculpture honours a deceased being. They were handled during divination rituals. The spirit of the ancestor was believed to come and incarnate itself in the object. Through slight movements, it would answer the questions asked.
In the first study of the korwar, Theodorus van Baaren lists six distinct styles. However, he specifies that the limits between these styles are difficult to establish because there are so many variations. One of these styles includes these squatting figures. He gives as model a piece very similar to this one, preserved in the Tropen Museum of Amsterdam (inv. no. 2670-717) and originating from the island of Schouten (van Baaren, T., Korwars and Korwar Style. Art and Ancestor Worship in North-West New Guinea, Paris, 1968, no. 10). These squatting figures are characterized by their elegant simplicity: thin crossed arms resting on bent legs with serpentine forms. A long neck emerges from this body, supporting a massive head whose angular, almost brutalist face is concentrated around an arrow-shaped nose and an aggressive mouth. With assumed mastery, the sculptor plays with the contrasts that convey a singular presence to the object.
Another similar example, from the Biak area, from the former Paul Wirz collection, is currently in the Museum für Völkerkunde collection, in Basel (inv. no. Vb 14203).
D’après des sources anciennes, le terme korwar désigne tout à la fois les sculptures, les crânes et l’esprit des morts. Chaque sculpture honorait un mort. Elles étaient manipulées lors de rituels de divination. L’esprit de l’ancêtre était réputé venir s’incarner dans l’objet. Par de légers mouvements, il répondait aux questions posées.
Dans la première étude sur les korwar, Theodorus van Baaren dénombre six styles distincts. Il précise cependant que les limites entre ces styles sont difficiles à établir tant il existe de variations. Un de ces styles regroupe ces figures accroupies. Il donne comme modèle une pièce très similaire à celle-ci, conservée au Tropen Museum d’Amsterdam (sous l’inv. n° 2670-717) et originaire de l’île Schouten (van Baaren, T., Korwars and Korwar Style. Art and Ancestor Worship in North-West New Guinea, Paris, 1968, n° 10.) Ces figures accroupies se caractérisent par leur élégante simplicité : de fins bras croisés reposent sur des jambes repliées aux formes serpentines. De ce corps, tout en découpe, émerge un long cou qui supporte une tête massive dont la face anguleuse, presque brutaliste, se concentre autour d’un nez en forme de flèche et d’une bouche agressive. Le sculpteur avec une maitrise assumée, se joue des contrastes qui confèrent à l’objet une présence singulière.
Un autre exemplaire similaire, de l’aire Biak, de l’ancienne collection Paul Wirz, est actuellement conservé dans la collection du Museum für Völkerkunde de Bâle (inv. n° Vb 14203).
by Philippe Peltier
According to ancient sources, the term korwar refers to sculptures, skulls and the spirit of the dead. Each sculpture honours a deceased being. They were handled during divination rituals. The spirit of the ancestor was believed to come and incarnate itself in the object. Through slight movements, it would answer the questions asked.
In the first study of the korwar, Theodorus van Baaren lists six distinct styles. However, he specifies that the limits between these styles are difficult to establish because there are so many variations. One of these styles includes these squatting figures. He gives as model a piece very similar to this one, preserved in the Tropen Museum of Amsterdam (inv. no. 2670-717) and originating from the island of Schouten (van Baaren, T., Korwars and Korwar Style. Art and Ancestor Worship in North-West New Guinea, Paris, 1968, no. 10). These squatting figures are characterized by their elegant simplicity: thin crossed arms resting on bent legs with serpentine forms. A long neck emerges from this body, supporting a massive head whose angular, almost brutalist face is concentrated around an arrow-shaped nose and an aggressive mouth. With assumed mastery, the sculptor plays with the contrasts that convey a singular presence to the object.
Another similar example, from the Biak area, from the former Paul Wirz collection, is currently in the Museum für Völkerkunde collection, in Basel (inv. no. Vb 14203).