Lot Essay
par John Picton
Cette magnifique tête en argile cuite est souvent désignée comme une « terracotta », bien que l'argile utilisée soit la même que celle des poteries domestiques. Elle fait partie d’un corpus très restreint de terracotta identifié par Henry John Drewal, qui publia une figure féminine en pied haute de 71 cm1, avec une coiffure similaire, comme provenant de la région d'Ijebu, chez les Yoruba méridionaux, où existaient également des figures en bronze mesurant parfois plus de 100 cm.
Les figures en bronze, hommes et femmes, étaient vraisemblablement placées sur des autels dans le temple de la société Oshugbo, mieux connue ailleurs en territoire Yoruba sous le nom d'Ogboni, une organisation dédiée aux esprits de la terre considérés comme des forces vives de la vie politique et morale de la communauté, esprits parfois vengeurs contrôlés et dirigés par les membres de cette société lors de rites occultes pratiqués dans le secret du temple. On sait qu'à une époque récente, la cour intérieure d'un temple Oshugbo pouvait être ornée de figures en ciment, et il se pourrait qu'au cours de siècles précédents, il put s’agir de sculptures en céramique, masculines et féminines, symbolisant comme pour les figures en bronze la complémentarité des genres dans les affaires sociales ; et, faites de terre, les céramiques pourraient incarner la terre, nourricière dans la vie et dévoreuse dans la mort2.
La tête de la collection Danis révèle la coiffure sophistiquée d'une femme, et l'expression animée de son visage - comme sur le point de nous parler - lui confère une extraordinaire présence vivante dans sa culture originelle, une présence qui se ressent où qu’elle soit aujourd’hui ! Qu’il s’agisse d’une œuvre entière ou d’un fragment d’une figure en pied ne peut être déterminé sans examen plus approfondi. Le mieux que l'on puisse dire de sa datation est que les compétences requises pour réaliser des sculptures en céramique/terracotta de cette qualité n'étaient plus, selon la documentation du XXe siècle, maîtrisées dans ce passé récent.
by John Picton
This magnificent head is made of fired clay, often referred to as terra-cotta though the clay used is the same as for domestic pottery. It is one of a very small number of "terra-cotta" sculptures identified by Henry John Drewal, who illustrates a complete female figure, with the same coiffure - height 71 cm - on p. 1361, as coming from the Ijebu region of southern Yoruba, where there was also a tradition of casting brass figures, sometimes more than 100 cm in height.
Figures cast in brass, both male and female, are thought to have been placed upon altars within the temple of the Oshugbo Society, better known elsewhere in Yorubaland as Ogboni, an organization dedicated to the sometimes vengeful spirits of the earth, regarded as forces to be reckoned with in dealing with the political and moral values of the community, spirits controlled and directed by the members of the society via secret and occult ritual practices within the temple. It is known that in recent times the inner courtyard of an Oshugbo temple might be embellished by cement sculptures and it may well be that in previous centuries these would have been ceramic sculptures, both male and female, as also known from cast brass castings, signifying the complementarity of the sexes in human social affairs; and made from the earth, ceramic figures might also embody the notion of the earth as both feeding us and swallowing us in death2.
The present head shows the elaborate coiffure of a woman, and the animated expression of her face makes her seem as if about to speak to us, in effect an extraordinarily living presence within the environment for which she was made, a presence still affecting wherever she finds herself! Whether she was intended to be freestanding, a sculpture complete in itself, or part of an entire figure sculpture we cannot be sure without further consideration. As to dating, the best one can say is that the skills required for making ceramic/terra-cotta sculptures of this quality were no longer available in the recent past as documented through the 20th century.
1 Drewal, H. et Pemberton, J., Yoruba: Nine Centuries of African Art and Thought, New York, 1989.
2 Phillips, T., et alii, Africa. The art of a Continent, Munich, 1995, p. 418.
Cette magnifique tête en argile cuite est souvent désignée comme une « terracotta », bien que l'argile utilisée soit la même que celle des poteries domestiques. Elle fait partie d’un corpus très restreint de terracotta identifié par Henry John Drewal, qui publia une figure féminine en pied haute de 71 cm1, avec une coiffure similaire, comme provenant de la région d'Ijebu, chez les Yoruba méridionaux, où existaient également des figures en bronze mesurant parfois plus de 100 cm.
Les figures en bronze, hommes et femmes, étaient vraisemblablement placées sur des autels dans le temple de la société Oshugbo, mieux connue ailleurs en territoire Yoruba sous le nom d'Ogboni, une organisation dédiée aux esprits de la terre considérés comme des forces vives de la vie politique et morale de la communauté, esprits parfois vengeurs contrôlés et dirigés par les membres de cette société lors de rites occultes pratiqués dans le secret du temple. On sait qu'à une époque récente, la cour intérieure d'un temple Oshugbo pouvait être ornée de figures en ciment, et il se pourrait qu'au cours de siècles précédents, il put s’agir de sculptures en céramique, masculines et féminines, symbolisant comme pour les figures en bronze la complémentarité des genres dans les affaires sociales ; et, faites de terre, les céramiques pourraient incarner la terre, nourricière dans la vie et dévoreuse dans la mort2.
La tête de la collection Danis révèle la coiffure sophistiquée d'une femme, et l'expression animée de son visage - comme sur le point de nous parler - lui confère une extraordinaire présence vivante dans sa culture originelle, une présence qui se ressent où qu’elle soit aujourd’hui ! Qu’il s’agisse d’une œuvre entière ou d’un fragment d’une figure en pied ne peut être déterminé sans examen plus approfondi. Le mieux que l'on puisse dire de sa datation est que les compétences requises pour réaliser des sculptures en céramique/terracotta de cette qualité n'étaient plus, selon la documentation du XXe siècle, maîtrisées dans ce passé récent.
by John Picton
This magnificent head is made of fired clay, often referred to as terra-cotta though the clay used is the same as for domestic pottery. It is one of a very small number of "terra-cotta" sculptures identified by Henry John Drewal, who illustrates a complete female figure, with the same coiffure - height 71 cm - on p. 1361, as coming from the Ijebu region of southern Yoruba, where there was also a tradition of casting brass figures, sometimes more than 100 cm in height.
Figures cast in brass, both male and female, are thought to have been placed upon altars within the temple of the Oshugbo Society, better known elsewhere in Yorubaland as Ogboni, an organization dedicated to the sometimes vengeful spirits of the earth, regarded as forces to be reckoned with in dealing with the political and moral values of the community, spirits controlled and directed by the members of the society via secret and occult ritual practices within the temple. It is known that in recent times the inner courtyard of an Oshugbo temple might be embellished by cement sculptures and it may well be that in previous centuries these would have been ceramic sculptures, both male and female, as also known from cast brass castings, signifying the complementarity of the sexes in human social affairs; and made from the earth, ceramic figures might also embody the notion of the earth as both feeding us and swallowing us in death2.
The present head shows the elaborate coiffure of a woman, and the animated expression of her face makes her seem as if about to speak to us, in effect an extraordinarily living presence within the environment for which she was made, a presence still affecting wherever she finds herself! Whether she was intended to be freestanding, a sculpture complete in itself, or part of an entire figure sculpture we cannot be sure without further consideration. As to dating, the best one can say is that the skills required for making ceramic/terra-cotta sculptures of this quality were no longer available in the recent past as documented through the 20th century.
1 Drewal, H. et Pemberton, J., Yoruba: Nine Centuries of African Art and Thought, New York, 1989.
2 Phillips, T., et alii, Africa. The art of a Continent, Munich, 1995, p. 418.