Lot Essay
CATHERINE ET MICHEL ORLIAC
in Arts d’Afrique et d’Océanie. Fleurons du musée Barbier-Mueller, 2007, p. 376
Ce personnage moai miro appartient à une nombreuse famille de petites statuettes aux postures variées, produites par des prêtres-sculpteurs jusque vers 1870 ; l'état de surface de celle-ci (effacement de la teinture originelle, usures, fractures) indique une vie rituelle mouvementée, longue de plusieurs générations.
L'hypertrophie de la tête exprime sa prééminence symbolique ; en effet, la tête des garçons ne perdait son caractère sacré qu'à l'âge du mariage, entre 17 et 20 ans ; la faible dimension du lobe de l'oreille confirme cet âge. Ce jeune homme est affecté d'un priapisme évident, caractère exceptionnel dans la statuaire rapanui : toutefois, la démesure de son pénis n'exclut pas une grande précision dans les détails.
Mais la singularité du personnage ne réside pas seulement dans cet excès. Son dos est déformé par une bosse bilatérale ; tout le côté droit du buste est paralysé : l'épaule s'efface, la clavicule disparait, et, trait encore plus dramatique, la moitié du visage perd toute expression ; la joue tombe sur le cou, un rictus tord la bouche, l'œil distendu s'éteint.
Le sculpteur rapanui, qui donnait une cohérence plastique aux êtres hybrides les plus fantastiques, décrit ici un être réel, différent de ses semblables par la volonté des dieux. Cette créature sacrée inspira la crainte ou l'étonnement, et fut, à ce titre, digne d'une représentation.
CATHERINE AND MICHEL ORLIAC
in Arts of Africa and Oceania. Highlights from the Musée Barbier-Mueller, 2007, p. 376
This moai miro figure belongs to a large family of small statuettes with varied poses produced by priest-sculptors until around 1870. This one's state (the effacement of the original brown dye, wear and fractures) suggests it was used intensively during rituals for several generations.
The hypertrophied head symbolizes its pre-eminence: a boy’s head did not lose its sacredness until the age of marriage, between 17 and 20 years old. The small ear lobe confirms his age. But this young man is clearly suffering from priapism, an exceptional depiction in Rapanui statuary. His oversized penis was probably circumcised, and its arousal is especially inexplicable since he has no scrotum...
But the figure has other singular features: the back is deformed by a bilateral hump, the whole right side of the torso is paralyzed and the shoulder is sunken with the shoulder blade, even more dramatic is the complete lack of expression on one side of his face: the cheek has become one with the neck, the mouth is twisted into a rictus and the distended eye is glazed.
The affliction was probably a congenital deformity aggravated by a hemiplegia. The Rapanui sculptor, capable of coherently portraying the most fantastic hybrid beings, was describing a real person here, one whom the gods had willed different from others and thus sacred, a person capable of causing fear and surprise, and therefore worthy of depiction.
in Arts d’Afrique et d’Océanie. Fleurons du musée Barbier-Mueller, 2007, p. 376
Ce personnage moai miro appartient à une nombreuse famille de petites statuettes aux postures variées, produites par des prêtres-sculpteurs jusque vers 1870 ; l'état de surface de celle-ci (effacement de la teinture originelle, usures, fractures) indique une vie rituelle mouvementée, longue de plusieurs générations.
L'hypertrophie de la tête exprime sa prééminence symbolique ; en effet, la tête des garçons ne perdait son caractère sacré qu'à l'âge du mariage, entre 17 et 20 ans ; la faible dimension du lobe de l'oreille confirme cet âge. Ce jeune homme est affecté d'un priapisme évident, caractère exceptionnel dans la statuaire rapanui : toutefois, la démesure de son pénis n'exclut pas une grande précision dans les détails.
Mais la singularité du personnage ne réside pas seulement dans cet excès. Son dos est déformé par une bosse bilatérale ; tout le côté droit du buste est paralysé : l'épaule s'efface, la clavicule disparait, et, trait encore plus dramatique, la moitié du visage perd toute expression ; la joue tombe sur le cou, un rictus tord la bouche, l'œil distendu s'éteint.
Le sculpteur rapanui, qui donnait une cohérence plastique aux êtres hybrides les plus fantastiques, décrit ici un être réel, différent de ses semblables par la volonté des dieux. Cette créature sacrée inspira la crainte ou l'étonnement, et fut, à ce titre, digne d'une représentation.
CATHERINE AND MICHEL ORLIAC
in Arts of Africa and Oceania. Highlights from the Musée Barbier-Mueller, 2007, p. 376
This moai miro figure belongs to a large family of small statuettes with varied poses produced by priest-sculptors until around 1870. This one's state (the effacement of the original brown dye, wear and fractures) suggests it was used intensively during rituals for several generations.
The hypertrophied head symbolizes its pre-eminence: a boy’s head did not lose its sacredness until the age of marriage, between 17 and 20 years old. The small ear lobe confirms his age. But this young man is clearly suffering from priapism, an exceptional depiction in Rapanui statuary. His oversized penis was probably circumcised, and its arousal is especially inexplicable since he has no scrotum...
But the figure has other singular features: the back is deformed by a bilateral hump, the whole right side of the torso is paralyzed and the shoulder is sunken with the shoulder blade, even more dramatic is the complete lack of expression on one side of his face: the cheek has become one with the neck, the mouth is twisted into a rictus and the distended eye is glazed.
The affliction was probably a congenital deformity aggravated by a hemiplegia. The Rapanui sculptor, capable of coherently portraying the most fantastic hybrid beings, was describing a real person here, one whom the gods had willed different from others and thus sacred, a person capable of causing fear and surprise, and therefore worthy of depiction.