Statue Moai Tangata Manu
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Statue Moai Tangata Manu

Île de Pâques

Details
Statue Moai Tangata Manu
Île de Pâques
Hauteur : 19.5 cm. (7 5⁄8 in.)
Provenance
Collection Ángel Zárraga (1886-1946), Paris
Collection Charles Ratton (1895-1986), Paris, acquis auprès de ce dernier le 27 juin 1931
Collection Guy Ladrière, Paris
Collection privée, France
Literature
Tzara, T., « Om primitiv konst från Afrika och Söderhavsöarna », in Konstrevy, Stockholm, 1933, n° 5, p. 178
Heyerdahl, T., L'art de l'Île de Pâques, Papeete, 1975, pl. 135, n° d
Zabern, P. von et al., 1500 Jahre Kultur der Osterinsel. Schätze aus dem Land des Hotu Matua, Mayence, 1989, p. 197, n° 17
Barthel, T., Forment, F. et al., L'Île de Pâques. Une énigme ?, Bruxelles, 1990, p. 197, n° 17
Bounoure, V., Vision d'Océanie, Paris, 1992, pp. 78 et 79
Exhibited
Paris, Musée des Arts décoratifs, Palais du Louvre - Pavillon de Marsan, Exposition d'art indigène des Colonies françaises, 9 novembre 1923 - 27 janvier 1924 (probablement)
Francfort, Senckenbergmuseum Frankfurt, 1500 Jahre Kultur der Osterinsel. Schätze aus dem Land des Hotu Matua, 5 avril - 3 septembre 1989
Bruxelles, Musées royaux d'Art et d'Histoire, L'Île de Pâques : une énigme ?, 26 janvier - 29 avril 1990
Paris, Musée Dapper, Vision d'Océanie, 22 octobre 1992 - 15 mars 1993
Further details
Moai Tangata Manu Figure, Easter Island

Brought to you by

Victor Teodorescu
Victor Teodorescu Head of Department

Lot Essay

La plus ancienne représentation en bois connue du thème de l’homme-oiseau est une sculpture acquise sur l’île de Pâques par Yury Lisyansky en 1804, puis transférée en 1828 du Museum of the Admiralty à Saint-Pétersbourg. Ce motif iconographique demeure d’une extrême rareté, avec seulement quelques exemplaires recensés. Les plus célèbres figurent aujourd’hui dans les collections du British Museum, du Museum of Natural History de New York, et du Ethnology Museum de Saint-Pétersbourg.

Alors que les autres exemples connus représentent un être anthropomorphe muni d’un long bec recourbé, le moai présentéici se distingue par son bec court - une variation iconographique exceptionnelle, uniquement observée sur une autre pièce conservée au musée de Brunswick (inv. n° Gö IV 763). Ce détail morphologique rarissime confère à cette oeuvre une singularité remarquable au sein de l’iconographie du tangata manu.

La statue de l’homme-oiseau revêt une signification symbolique plurielle. Elle pourrait faire référence à Makemake, la divinité suprême des anciens Pascuans, dont l’image apparaît dans plus d’une centaine de représentations en bas-reliefs ou peintures, notamment au sein du village cérémoniel d’Orongo. Toutefois, ces représentations diffèrent nettement des statues en bois par leur traitement iconographique. Selon S. Chauvet (L’île de Pâques et ses mystères, Oakland, 1935, pp. 35–38), s’appuyant sur les travaux de Routledge (1919), puis Métraux (1940), cités par T. Heyerdahl (L’art de l’île de Pâques, Papeete, 1975, pp. 183 et 184), les statues en bois seraient plus étroitement liées au rituel spectaculaire par lequel était désigné, chaque année, le nouveau chef militaire-le tangata manu. Ce rite culminait dans une épreuve périlleuse consistant à s’emparer du premier oeuf de l’oiseau Manutara, le vainqueur était alors proclamé chef pour l’année.

Notre sculpture se distingue par l’élégance dépouillée de ses volumes et la sobriété raffinée de sa composition, tout en exprimant une présence saisissante grâce à la subtile torsion de sa forme. Le soin du sculpteur se révèle dans des détails d’une précision remarquable : le traitement de la tête d’oiseau, de la queue, des bras repliés dans le dos ou encore des plumes finement évoquées par de simples incisions en zigzag.

Cette oeuvre a jadis appartenu à Ángel Zárraga (1886–1946), peintre et poète mexicain, figure singulière et méconnue de l’avant-garde européenne, associé au cubisme et surtout à l’Art déco. Arrivé à Bruxelles en 1904, Zárraga s’intègre rapidement aux cercles symbolistes autour de Fernand Khnopff et James Ensor. Il s’installe à Paris en 1911, où il résidera jusqu’en 1940.

Contemporain et ami de Diego Rivera, Zárraga suivit une trajectoire personnelle, s’éloignant du mouvement muraliste mexicain. Il fut également l’un des tout premiers collectionneurs d’art africain et océanien, participant à l’une des premières expositions parisiennes consacrées à ces arts. En novembre-décembre 1923, l’Exposition d’art indigène des Colonies françaises, organisée au Musée des Arts décoratifs, présenta six oeuvres africaines et océaniennes prêtées par Zárraga. Son nom y figurait aux côtés de ceux des plus illustres collectionneurs de l’époque : Paul Guillaume, Jos Hessel, André Level, Alphonse Kann, G. de Miré, Félix Fénéon, ou encore Pablo Picasso.

The oldest known wooden representation of the bird man theme is the sculpture acquired on Easter Island by Yury Lisyansky in 1804, later transferred in 1828 from the Russian Museum of the Admiralty to St. Petersburg. This theme is extremely rare, with only a few examples known. The most famous are in the collections of the British Museum, the Museum of Natural History in New York, and the Ethnology Museum of St. Petersburg.

While other known examples depict the humanoid figure with a long crooked beak, the present example is distinguished by its short beak - an exceptional variation seen in only one other known example, now held in the Museum in Braunschweig (inv. no. Gö IV 763). This rare morphological detail marks it as a singular expression of the tangata manu iconography.

The birdman figure carries layered symbolic meaning. It may allude to Makemake, the supreme deity of the Old Pascuans, whose image appears in over a hundred representations as stone reliefs or paintings at the ancient village of Orongo. However, these differ significantly in iconography from the wooden birdman figures. According to S. Chauvet (L’île de Pâques et ses mystères, Oakland, 1935, pp. 35–38) who cited work by Routledge (1919), and later Métraux (1940), cited by T. Heyerdahl (L’art de l’île de Pâques, Papeete, 1975, pp. 183 and 184), the wooden statues are more likely linked to the dramatic annual ritual in which the new military leader - or tangata manu - was chosen. This rite culminated in a life engaging competition to secure the first egg of the Manutara bird, with the winner proclaimed chieftain for the year.

Our present sculpture stands out for its refined simplicity and restrained volume, while still conveying a vivid presence through the subtle torsion of its form. The accuracy of the carving is particularly compelling through such remarkable details as the rendering of birdhead, the tail, the folded arms at the back or the representation of the feathers which the artist delicately indicated through simple zigzaged cuts.

The sculpture once belonged to Ángel Zárraga (1886–1946), the Mexican painter and poet known for his engagement with Cubism and especially Art Deco. A prominent, although somewhat forgotten, figure in the European avant-garde, Zárraga arrived in Brussels in 1904 and soon became associated with Symbolist circles around Fernand Khnopff and James Ensor. He later settled in Paris in 1911, where he remained until 1940.

Although a contemporary and friend of Diego Rivera, Zárraga maintained a more individual path, distancing himself from the Mexican Muralist movement. Significantly, he was also among the earliest collectors of African and Oceanic art, participating in one of the first exhibitions of such works in Paris. In November–December 1923, the Exposition d'art indigène des Colonies françaises at the Musée des Arts décoratifs featured six African and Oceanic works on loan from Zárraga. His name appeared alongside some of the most influential early collectors in the field, including Paul Guillaume, Jos Hessel, André Level, Alphonse Kann, G. de Miré, Félix Fénéon or Pablo Picasso.

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