BENITIER EN CORAIL DE TRAPANI ET CUIVRE DORE
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BENITIER EN CORAIL DE TRAPANI ET CUIVRE DORE

SICILE, PREMIERE MOITIE DU XVIIe SIECLE

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BENITIER EN CORAIL DE TRAPANI ET CUIVRE DORE
SICILE, PREMIERE MOITIE DU XVIIe SIECLE
Simulant la façade d'une église baroque à décor couvrant d'un parement de corail en rinceaux et bossages divers, guirlandes et putti en rondebosse et haut relief, à trois niveaux d'élévation : les deux premiers soutenus par des doubles colonnes torses dégagées et coiffées de chapiteaux corinthiens, le dernier sommé d'un fronton entrecoupé et souligné par une balustrade, le portail surmonté de deux anges formant autrefois une niche, orné d'un Dieu Rédempteur inscrit dans une gloire associée sur un fond de lapis lazuli restauré, le bénitier en partie basse, hémisphériqe et soutenu par deux anges ; la disposition de la niche centrale transformée, petits manques et remplacements
H.: 71 cm. (28 in.) ; L.: 44 cm. (17 1/3 in.)
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A CORAL AND GILT-COPPER HOLY WATER STOUP, TRAPANI, FIRST HALF 17TH CENTURY

Lot Essay

Ce sublime « acquasantiera » en corail de Trapani est sans doute le plus beau jamais présenté. Dans la dense bibliographie consacrée aux ouvrages des XVIIème et XVIIIe siècle, pas un exemple recensé ne peut rivaliser : en harmonie, en taille, en maitrise… tant dans la sculpture que dans l’organisation générale du décor, cet ouvrage de dévotion privée, d’un luxe fabuleux, se révèle littéralement exceptionnel.
Il faut comprendre pour apprécier la beauté de cette œuvre que le corail est, à l’époque du florissement des ateliers trapanais, un matériau magique. C’est Ovide qui nous livre le secret de sa naissance. Le poète romain raconte que lorsque Persée décapita la Gorgone Méduse, le sang qui coula de sa tête fut pétrifié et changé en corail. Suivant le glissement fréquent du mythe antique au mystère chrétien, le corail devient dans l’iconographie catholique symbole du sang du Christ et de la Rédemption. De là lui sont attribués des propriétés magiques. Utilisé en talisman, on lui prête volontiers une fonction apotropaïque, on lui reconnaît le pouvoir de résoudre les problèmes de saignement, de fertilité et même à la Renaissance, le don de détecter le poison dans la nourriture.
Ce corail « Corallium rubrum » a par conséquent toujours été un matériau très prisé que l'on utilise aussi bien dans sa forme naturelle que sculpté pour créer des objets d’art complexes. La production d'œuvres d'art en corail est documentée à la Renaissance dans plusieurs centres européens, dont Landshut en Bavière, l’Espagne et la Sicile. Du fait de sa rareté, de ses vertus et de l’intérêt grandissant pour les sciences naturelles en Europe, le corail devient un des matériaux les plus appréciés pour la création d’objets d’art destinés aux cabinets de curiosités princiers. Plusieurs chefs-d’œuvre de la Renaissance, objets de cour du plus grand apparat, arborent des branches de ce fascinant squelette animal sous-marin. On pense immédiatement à l’usage merveilleux qu’en fit Wenzel Jamnitzer, célèbre orfèvre de Nuremberg, pour symboliser la métamorphose de sa Daphné en argent. (Musée National de la Renaissance, Ecouen .N° Inv. E.Cl.20750)
Le plus fameux des centres de production d’œuvres en corail, par sa qualité et sa finesse d'exécution, est Trapani, petite ville en bord de mer sur la côte Ouest de la Sicile. Elle doit son essor à la Cour du Vice-Roi qui commande aux artisans toutes sortes de fantaisies. La production de Trapani se caractérise par l’emploi de petits éléments de corail sculptés de différentes formes, montés ensuite sur des supports de cuivre doré et parfois associés à des émaux afin d’obtenir des effets variés. Par sa position géographique et ses riches ressources naturelles incluant de grands récifs coralliens, Trapani devient l’un des principaux ports commerciaux de la Méditerranée. La croissance d’une classe prospère de marchands, alliée à un riche clergé, contribue au développement à grande échelle de l’orfèvrerie et du travail du corail dès le XVIème siècle. L’installation en 1628 dans la ville de la guilde des artisans du corail, le Arte dei corallari, témoigne de la forte demande pour ces objets.
Les objets en corail, majoritairement religieux, tels que les crucifix, les capezalle, les monstrances, les objets et vêtements liturgiques, les bénitiers et les autels, étaient surtout acquis par les trésors des églises, tandis que les objets profanes, tels que les cadres de miroirs, les tazze ou les vases, les objets usuels et le mobilier miniature étaient acquis par les cours et les membres de la noblesse. Le corail, considéré comme précieux et rare au XVIème siècle, était offert en tant que cadeau diplomatique à travers les cours européennes.
Ce bénitier peut être comparé, soit à celui de la Collection Doria Pamphilj (A. Daneu, Larte trapanese del corallo, 1964, T. V) soit à celui répertorié dans le même ouvrage comme d’une collection privée (T. VIII). Notre bénitier toutefois est probablement réalisé un peu après, au milieu du XVIIème siècle. L’ampleur de l’architecture, tout à fait typique des façades d’églises de la Contre-Réforme, sa tridimensionnalité plus aboutie attestent d’une grande maîtrise de l’exercice. La sculpture est minutieuse, pleine de souplesse : le Christ en gloire et les deux anges qui surmontent la niche à la manière d’un tabernacles sont traités avec dextérité, comme chacun des ornements. Dans un même temps, les doubles colonnes dégagées, véritable tour de force, le fronton entrecoupé et l’ingénieuse utilisation du corail pour former le bossage confèrent, au-delà des motifs et du vocabulaire ornemental, une vraie force architecturale à ce bénitier. C’est là que réside sans doute toute la séduction de ce chef d’œuvre qui sait allier préciosité et monumentalité.

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