拍品专文
Luba caryatid stools, known as kihana, stand at the core of a material culture whose mnemonic function aims at reinforcing the cohesion and identity of a vast confederation.
As a royal objects par excellence, caryatid stools were kept from public view which accounts for their quasi-sacred nature. In terms of style, kihona stools are of two main types. The first, is rarely encountered and may be described as a two-legged or threelegged stools entirely decorated with geometric imagery. The second type is much better known to us and is characterized by a support element in the form of a female figure which is the link between the base and the seat per se.
The iconography derives from the Luba’s hieratic system - a philosophy that features women prominently as better transmitters of spiritual energy than their male counterparts. The Laliberté stool is a particularly important one in the said body of work. The sensuous and harmonious carving of the female body highlighted by scarifications and the cruciform hairdo, are a visual elements that enable one to determine the point of origin of an object. The rich and deep patina is the result of repeated applications of palm oil which is a ritual aimed at activating and renewing spiritual energy.
As for the ‘structural’ function of the caryatid that holds the seat per se, in spite of its ability to support the weight of its potential user, no sign of visible strain is perceptible. On the contrary, it exudes great serenity. This, in fact, translates a symbolic act as opposed to one grounded in reality (cf. Flam, J.D., ‘The Symbolic Structure of Baluba Caryatid Stools’ in African Arts, vol. 4, no. 2, Los Angeles, 1971, pp. 54-59). The said figure is the embodiment of a vital link between villagers and their ancestors as well a reaffirmation of the continuity of a lineage.
Among Luba caryatid stools, this object stands out as being exceptionally well carved in addition to being of a remarkable visual statement. It is safe to attribute this stool to a Lukulu-Kiambi or Kami workshop or perhaps to workshops located south of the Kiambi region such as those based in Batembo and Zela (Neyt, F., Luba aux sources du Zaïre, Paris, 1994, p. 88). Amongst related pieces, let us mention the caryatid stool in the permanent collection of Tervuren’s Royal Museum for Central Africa (inv. no. RG 132).
Chez les Luba, le siège à caryatide kihona s’impose comme l’objet central d’une culture matérielle dont la mission mnémonique visait à renforcer la cohésion identitaire d’un grand royaume.
Objet royal par excellence, le siège à caryatide est habituellement conservé soigneusement à l’abri des regards, ce qui indique son caractère quasiment sacré. D’un point de vue stylistique, les kihona se regroupent en deux typologies distinctes. La première, moins courante, pourrait être décrite comme étant un tabouret à trois ou quatre fourchons aux surfaces décorées de motifs purement géométriques. La seconde, plus représentative, se distingue par la présence d’une représentation féminine exerçant le rôle de support et faisant la jonction entre la base et le siège.
Cette iconographie découle du système hiératique luba, philosophie qui accordait une place privilégiée à la femme, considérée comme étant plus en mesure que l’homme à recevoir et à transmettre les énergies spirituelles. Le siège présenté ici est un exemplaire particulièrement important au sein du corpus connu. Le corps féminin, au rendu sensuel et harmonieux, est ponctué de scarifications tégumentaires alors que la tête se distingue par une coiffure cruciforme, conventions formelles fournissant des indices précieux quant à l’attribution régionale de l’objet. La patine riche et sombre recouvrant l’oeuvre est le résultat de l’onction répétée d’huile de palme, geste visant à activer l’énergie surnaturelle dont il est le dépositaire.
Pour ce qui est de la fonction « structurelle » de la caryatide, appelée à tenir le siège, et par conséquent à supporter le poids physique d’une personne assise, on constate l’absence de tout effort visible dans la pose de la figure. Ses traits, au contraire, sont marqués par une grande sérénité. Ceci décrit donc un acte symbolique plutôt qu’un acte littéralement physique (cf. Flam, J.D., « The Symbolic Structure of Baluba Caryatid Stools » in African Arts, vol. 4, n° 2, Los Angeles, 1971, pp. 54-59). La figure incarne un lien vital entre les ancêtres défunts et le chef vivant, elle est une affirmation palpable du pouvoir et de la continuité ancestrale.
Au sein du corpus des sièges Luba connus, l’oeuvre présente se distingue par la qualité exceptionnelle de la sculpture et la fine élégance du modelé. Elle se rattache à la production artistique des meilleurs ateliers de Lukulu-Kiambi, Kiambi ou encore ceux localisés au sud de Kiambi et classifiés comme les ateliers de Batembo et des Zela (Neyt, F., Luba aux sources du Zaïre, Paris, 1994, p. 88). Parmi les oeuvres analogues, nous pouvons citer le siège caryatide faisant partie de la collection du Musée Royal de l’Afrique Centrale de Tervuren, inv. n° RG 132.
As a royal objects par excellence, caryatid stools were kept from public view which accounts for their quasi-sacred nature. In terms of style, kihona stools are of two main types. The first, is rarely encountered and may be described as a two-legged or threelegged stools entirely decorated with geometric imagery. The second type is much better known to us and is characterized by a support element in the form of a female figure which is the link between the base and the seat per se.
The iconography derives from the Luba’s hieratic system - a philosophy that features women prominently as better transmitters of spiritual energy than their male counterparts. The Laliberté stool is a particularly important one in the said body of work. The sensuous and harmonious carving of the female body highlighted by scarifications and the cruciform hairdo, are a visual elements that enable one to determine the point of origin of an object. The rich and deep patina is the result of repeated applications of palm oil which is a ritual aimed at activating and renewing spiritual energy.
As for the ‘structural’ function of the caryatid that holds the seat per se, in spite of its ability to support the weight of its potential user, no sign of visible strain is perceptible. On the contrary, it exudes great serenity. This, in fact, translates a symbolic act as opposed to one grounded in reality (cf. Flam, J.D., ‘The Symbolic Structure of Baluba Caryatid Stools’ in African Arts, vol. 4, no. 2, Los Angeles, 1971, pp. 54-59). The said figure is the embodiment of a vital link between villagers and their ancestors as well a reaffirmation of the continuity of a lineage.
Among Luba caryatid stools, this object stands out as being exceptionally well carved in addition to being of a remarkable visual statement. It is safe to attribute this stool to a Lukulu-Kiambi or Kami workshop or perhaps to workshops located south of the Kiambi region such as those based in Batembo and Zela (Neyt, F., Luba aux sources du Zaïre, Paris, 1994, p. 88). Amongst related pieces, let us mention the caryatid stool in the permanent collection of Tervuren’s Royal Museum for Central Africa (inv. no. RG 132).
Chez les Luba, le siège à caryatide kihona s’impose comme l’objet central d’une culture matérielle dont la mission mnémonique visait à renforcer la cohésion identitaire d’un grand royaume.
Objet royal par excellence, le siège à caryatide est habituellement conservé soigneusement à l’abri des regards, ce qui indique son caractère quasiment sacré. D’un point de vue stylistique, les kihona se regroupent en deux typologies distinctes. La première, moins courante, pourrait être décrite comme étant un tabouret à trois ou quatre fourchons aux surfaces décorées de motifs purement géométriques. La seconde, plus représentative, se distingue par la présence d’une représentation féminine exerçant le rôle de support et faisant la jonction entre la base et le siège.
Cette iconographie découle du système hiératique luba, philosophie qui accordait une place privilégiée à la femme, considérée comme étant plus en mesure que l’homme à recevoir et à transmettre les énergies spirituelles. Le siège présenté ici est un exemplaire particulièrement important au sein du corpus connu. Le corps féminin, au rendu sensuel et harmonieux, est ponctué de scarifications tégumentaires alors que la tête se distingue par une coiffure cruciforme, conventions formelles fournissant des indices précieux quant à l’attribution régionale de l’objet. La patine riche et sombre recouvrant l’oeuvre est le résultat de l’onction répétée d’huile de palme, geste visant à activer l’énergie surnaturelle dont il est le dépositaire.
Pour ce qui est de la fonction « structurelle » de la caryatide, appelée à tenir le siège, et par conséquent à supporter le poids physique d’une personne assise, on constate l’absence de tout effort visible dans la pose de la figure. Ses traits, au contraire, sont marqués par une grande sérénité. Ceci décrit donc un acte symbolique plutôt qu’un acte littéralement physique (cf. Flam, J.D., « The Symbolic Structure of Baluba Caryatid Stools » in African Arts, vol. 4, n° 2, Los Angeles, 1971, pp. 54-59). La figure incarne un lien vital entre les ancêtres défunts et le chef vivant, elle est une affirmation palpable du pouvoir et de la continuité ancestrale.
Au sein du corpus des sièges Luba connus, l’oeuvre présente se distingue par la qualité exceptionnelle de la sculpture et la fine élégance du modelé. Elle se rattache à la production artistique des meilleurs ateliers de Lukulu-Kiambi, Kiambi ou encore ceux localisés au sud de Kiambi et classifiés comme les ateliers de Batembo et des Zela (Neyt, F., Luba aux sources du Zaïre, Paris, 1994, p. 88). Parmi les oeuvres analogues, nous pouvons citer le siège caryatide faisant partie de la collection du Musée Royal de l’Afrique Centrale de Tervuren, inv. n° RG 132.