拍品專文
Cette grisaille spectaculaire a été identifiée en 1973 par Justus Müller-Hofstede (J. Müller Holfstede, 1973, op. cit. supra) comme le modello du panneau central du célèbre triptyque du Jugement dernier, exécuté en 1591 en mémoire de l’imprimeur et éditeur anversois Christophe Plantin (vers 1520-1589) dont ce tableau devait orner la sépulture dans le déambulatoire du chœur de la cathédrale Onze-Lieve-Vrouw d’Anvers. Saisi par les armées napoléoniennes au début du XIXe siècle, le triptyque a par la suite été restitué et est aujourd’hui conservé dans son cadre d’origine.
Tous les éléments décisifs de la composition du panneau central du triptyque sont visibles dans le modello. On constate cependant quelques modifications apportées à certains détails dans le processus de création de l’œuvre finale, démontrant le caractère préparatoire du tableau ci-présent.
Dans le triptyque conservé à la cathédrale d’Anvers, la scène dramatique du Jugement Dernier est flanquée de deux panneaux représentant les donateurs : Christophe Plantin est agenouillé à un prie-Dieu sur le volet de gauche, accompagné de son jeune fils, également prénommé Christophe. Leur saint patron est représenté derrière eux, portant l’Enfant Jésus sur ses épaules. L’épouse de l’imprimeur, Jeanne Rivière, également agenouillée face à un prie-Dieu, figure sur le volet de droite avec les six filles du couple. Son saint patron, saint Jean Baptiste, désignant l’Agneau du sacrifice, se tient derrière le groupe, en réponse à la composition du volet gauche.
Bien qu’il ne subsiste aucune trace de la commande de ce triptyque, et par conséquence, aucune preuve de l’auteur de ces panneaux, la scène du Jugement Dernier fut attribuée en 1763 au peintre anversois Jacob de Backer (1560-1590/1591) (E. Leuschner, ‘Defining de Backer. New Evidence on the last phase of Antwerp Mannerism before Rubens’, Gazette des beaux-arts, 2001, 137, 1587, p. 189).
Artiste mal connu, aucune des œuvres mentionnées comme de sa main par Carel van Mander (1548-1606) dans Het Schilder-Boeck (1604) n’a été retrouvée aujourd’hui. S’il est clair qu’une personnalité artistique distincte soit derrière le panneau central du triptyque de la cathédrale, ainsi que derrière d’autres représentations du Jugement dernier, à l’instar de celle conservée au musée des beaux-arts d’Anvers (no. inv. 653) datée de 1571, toutes exécutées dans un style maniériste italo-nordique propre, l’attribution à Jacob de Backer est finalement davantage traditionnelle que démontrée. Ceci a conduit Prof. Dr. Eckhard Leuschner à publier les œuvres du peintre comme faisant partie du corpus du "De Backer Group" plutôt qu’à l’artiste en définitive (E. Leuschner, 2001, op. cit. supra).
La notice du catalogue de la vente de 2014 spécifie néanmoins que Prof. Dr. Leuschner a indiqué que le modello était d’une grande qualité et qu’il pouvait être mis en rapport avec le Jugement Dernier de la cathédrale d’Anvers. Sur base de l’attribution actuelle du panneau central de ce triptyque, soutenue depuis le XVIIIe siècle, il est tout à fait raisonnable d’attribuer le tableau ci-présent à la même main, celle de Jacob de Backer.
Outre les qualités artistiques de ce modello, ce tableau est un exemple rare, et précoce, d’un type d’esquisse peinte à l’huile en grisaille qui gagnera en popularité quelques décennies plus tard, jusqu’à devenir partie intégrante de la pratique des ateliers des peintres – à l’instar de celui de Pierre Paul Rubens (1577-1640) – dans les Pays-Bas méridionaux, ceux-ci y voyant un médium de transmission – et de contrôle – des graveurs chargés de reproduire leurs œuvres.
Tous les éléments décisifs de la composition du panneau central du triptyque sont visibles dans le modello. On constate cependant quelques modifications apportées à certains détails dans le processus de création de l’œuvre finale, démontrant le caractère préparatoire du tableau ci-présent.
Dans le triptyque conservé à la cathédrale d’Anvers, la scène dramatique du Jugement Dernier est flanquée de deux panneaux représentant les donateurs : Christophe Plantin est agenouillé à un prie-Dieu sur le volet de gauche, accompagné de son jeune fils, également prénommé Christophe. Leur saint patron est représenté derrière eux, portant l’Enfant Jésus sur ses épaules. L’épouse de l’imprimeur, Jeanne Rivière, également agenouillée face à un prie-Dieu, figure sur le volet de droite avec les six filles du couple. Son saint patron, saint Jean Baptiste, désignant l’Agneau du sacrifice, se tient derrière le groupe, en réponse à la composition du volet gauche.
Bien qu’il ne subsiste aucune trace de la commande de ce triptyque, et par conséquence, aucune preuve de l’auteur de ces panneaux, la scène du Jugement Dernier fut attribuée en 1763 au peintre anversois Jacob de Backer (1560-1590/1591) (E. Leuschner, ‘Defining de Backer. New Evidence on the last phase of Antwerp Mannerism before Rubens’, Gazette des beaux-arts, 2001, 137, 1587, p. 189).
Artiste mal connu, aucune des œuvres mentionnées comme de sa main par Carel van Mander (1548-1606) dans Het Schilder-Boeck (1604) n’a été retrouvée aujourd’hui. S’il est clair qu’une personnalité artistique distincte soit derrière le panneau central du triptyque de la cathédrale, ainsi que derrière d’autres représentations du Jugement dernier, à l’instar de celle conservée au musée des beaux-arts d’Anvers (no. inv. 653) datée de 1571, toutes exécutées dans un style maniériste italo-nordique propre, l’attribution à Jacob de Backer est finalement davantage traditionnelle que démontrée. Ceci a conduit Prof. Dr. Eckhard Leuschner à publier les œuvres du peintre comme faisant partie du corpus du "De Backer Group" plutôt qu’à l’artiste en définitive (E. Leuschner, 2001, op. cit. supra).
La notice du catalogue de la vente de 2014 spécifie néanmoins que Prof. Dr. Leuschner a indiqué que le modello était d’une grande qualité et qu’il pouvait être mis en rapport avec le Jugement Dernier de la cathédrale d’Anvers. Sur base de l’attribution actuelle du panneau central de ce triptyque, soutenue depuis le XVIIIe siècle, il est tout à fait raisonnable d’attribuer le tableau ci-présent à la même main, celle de Jacob de Backer.
Outre les qualités artistiques de ce modello, ce tableau est un exemple rare, et précoce, d’un type d’esquisse peinte à l’huile en grisaille qui gagnera en popularité quelques décennies plus tard, jusqu’à devenir partie intégrante de la pratique des ateliers des peintres – à l’instar de celui de Pierre Paul Rubens (1577-1640) – dans les Pays-Bas méridionaux, ceux-ci y voyant un médium de transmission – et de contrôle – des graveurs chargés de reproduire leurs œuvres.