COUPE EN OEUF D'AUTRUCHE ET MONTURE EN VERMEIL
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PROVENANT DES COLLECTIONS ROTHSCHILD
COUPE EN OEUF D'AUTRUCHE ET MONTURE EN VERMEIL

EUROPE, EN PARTIE FIN XVIE ET XIXE SIECLE

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COUPE EN OEUF D'AUTRUCHE ET MONTURE EN VERMEIL
EUROPE, EN PARTIE FIN XVIE ET XIXE SIECLE
Sur base circulaire ajourée de croisillons centrés d’un quartefeuille, l’ombilic ajouré de feuilles de chardons séparées par trois branches ciselées au naturel et formant le fût centré d’une grenade éclatée, le corps formé d’un œuf d’autruche reposant sur un nid de feuilles de chardon, tenu par des bande ciselées à l’imitation d’une branche de rosier, le couvercle bordé d’une frise de rinceaux, la prise en pomme de pin sur une terrasse de feuilles, l’intérieur doublé en vermeil, sur le bord : trace de poinçon
H.: 35 cm. (13 ¾ in.)
Provenance
Baron Édouard de Rothschild (1868-1949) ;
Spolié sous la direction du Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg sous l'Occupation de la France, après mai1940, et transféré au Jeu de Paume (ERR no R 4153) ;
Récupéré par les Alliés et transféré au Munich Central Collecting Point (MCCP no 337/8/9) ;
Renvoyé en France le 9 janvier 1946 et restitué à la famille Rothschild;
Resté depuis par descendance dans la famille
Literature
C. de Nicolay-Mazery, Visites privées, hôtels particuliers de Paris, Paris, 1999, p. 14.
Further details
A CONTINENTAL SILVER-GILT MOUNTED OSTRICH EGG CUP AND COVER, PART LATE 16TH AND 19TH CENTURY, TRACE OF HALLMARK

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Hippolyte de la Féronnière
Hippolyte de la Féronnière Head of European Furniture Department

Lot Essay

Les autruches sont arrivées en Europe à l’Antiquité, importées par les Romains ; plus tard elles sont souvent présentes dans les ménageries médiévales. Leurs œufs, souvent assimilés à des œufs de griffons, de phénix ou de pélican, étaient perçus comme un symbole d'immortalité et de sacrifice mais aussi comme un symbole de la maternité de la vierge, assumant dès lors un statut mystique. Ainsi deux œufs d’autruche montés en argent et utilisés pour les fêtes de Pâques sont mentionnés dans les inventaire de la cathédrale d’Angers. De même en orfèvrerie civile, des coupes en œuf d’autruche sont relevées dans les inventaires de Charles V et Charles IV mais aussi du duc de Berry et du duc de Bourgogne par Victor Gay dans Le Glossaire Archéologique du Moyen Age et de la Renaissance en 1887 et par Léon de Laborde dans Le glossaire Français du Moyen Age, 1975. Bien sûr de telles pièces fascinent non seulement les amateurs d’histoire naturelle mais aussi les collectionneurs, et figurent ainsi largement dans les Kunstkammers allemands. Cette fascination va perdurer jusqu’au XIXe siècle où le retour à la Renaissance va remettre ces objets à la mode mais leur rareté, due en large partie à leur fragilité, va entraîner la création de nouveaux objets inspirés ou copiés sur des modèles allemands du XVIe et XVIIe siècle.

Ce modèle d’objets montés s’apparente de par le décor du pied et du fût aux pièces créées à Nuremberg par la famille Krug qui introduisit le naturalisme dans le vocabulaire gothique avec ses coupes en forme de fruit dont le fût est en en tronc d’arbres ou branches entrelacées. On attribue en fait la paternité de ce style de décor à Albrecht Dürer dont le carnet de croquis fait à Dresde montre plusieurs exemples de coupes de ce style (cf. R. Bruck, Das Skizzenbuch von Albrecht Dürer in der Klg. Öffentl., Bibliothek zu Dresden, 1906, Pl. 156) et se retrouve dans ses gravures notamment dans celle de Némésis datée 1499-1503 et illustrée ici. Ces dessins montrent aussi que le pied comme sur notre œuf d’autruche est ajouré et formé de feuilles de chardons entrelacés.

Ce style de coupe a d’abord été réalisé à Nuremberg par la famille Krug à commencer par Hans Krug l’ancien (maître en 1484) qui collabore avec Dürer, puis par ses deux fils Hans le jeune (maître en 1513) et surtout Ludwig (maître en 1524). Le Germanisches National Museum à Nuremberg possède ainsi dans ses collections une de ces coupes en forme de pomme dont le pied est ajouré de feuilles de pommier sur un pied bâte mouluré, attribuée à Hans Krug et datée vers 1510 (HG8399).

Ce style naturaliste n’est pourtant pas unique à Nuremberg puisqu’on retrouve ces coupes certes en Allemagne, à Lübeck en 1525, à Cologne en 1560, à Ulm vers 1570 mais aussi en Angleterre où une coupe dont le bol est en forme de grenade est datée 1563 et se trouve à Inner Temple. Aux Pays-Bas une ‘Adoration des Rois Mages’ (au Wallraf-Richartz-Museum, Cologne) attribuée à un artiste flamand Jacob von Utrecht actif à Anvers entre 1500 et 1530 montre un des rois portant une coupe en forme de poire dont le pied est ajouré d’une enchevêtrement élaboré de branches et feuilles qui permet de suggérer que l’artiste a non seulement eu accès localement à un modèle de coupe (si ce n’est un dessin) mais aussi que ce genre de coupe était apprécié dans ces régions.
Indubitablement la popularité de ce style s’est propagée à travers toute l’Europe comme le prouve leur représentation dans la peinture de l’époque et ne permet pas de cantonner leur attribution à Nuremberg et aux Krug.

Leur adaptation comme ici à un œuf d’autruche ne fait qu’ajouter à l’élément mystique de la pièce sans que l’on puisse attribuer un lieu de fabrication en l’absence de poinçon (dont on ne voit qu’une trace) tout comme pour une bouteille datée 1400 conservée à Munich dans la Schatzkammer de la Residenz dont le corps est un œuf d’autruche retenu par quatre fermoirs et reposant sur un pied polylobé, dont on ignore le lieu de fabrication mais aussi l’usage (Fritz, 1982, pl. 504).

LITTERATURE COMPARATIVE :
W. Scheffler, Gemalte Goldschmiede-arbeiten, Kostbare Gefasse auf den Dreikonigsbildern in den Niederlanden und in Deutschland 1400-1530, Allemagne, 1985, p. 160-167.
Catalogue d'exposition, Wenzel Jamnitzer und die Nurnberger Goldschmiedekunst 1500-1700, Germanischen Nationalmuseum Nurnberg vom 28. Juni-15. September 1985, p. 127, 211-213.
J. M. Fritz, Goldschmiedekunst der Gothik in Mitteleuropa, Munich, 1982, p. 305-306, pl. 861 et 862.
C. Hernmarck, The Art of the European Silversmith 1430-1830, London, 1977 p. 92-93.

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Ostriches arrived in Europe in ancient times, imported by the Romans; later they were often found in medieval menageries. Their eggs were often likened to those of griffin, phoenix or pelican and were seen as a symbol of immortality and sacrifice, but also as a symbol of the Virgin's maternity, thus assuming a mystical status. Two ostrich eggs mounted in silver mentioned in the inventory of the cathedral of Angers, were thus used for Easter festivities. Similarly, in domestic silver, cups mounted with ostrich egg are recorded in the inventories of Charles V and Charles IV, as well as those of the Duke of Berry and the Duke of Burgundy, cited by Victor Gay in Le Glossaire Archéologique du Moyen Age et de la Renaissance in 1887 and by Léon de Laborde in Le Glossaire Français du Moyen Age, 1975. Of course, such pieces fascinated not only natural history enthusiasts but also collectors, and were always present in German Kunstkammers. This fascination lasted well into the nineteenth century, when a return to the Renaissance taste brought these objects back into fashion, but their rarity, largely due to their fragility, led to the restoration and creation of objects inspired by or copied from German models from the sixteenth and seventeenth centuries.
The style of this cup is similar to the pieces created in Nuremberg by the Krug family, who introduced naturalism into the Gothic vocabulary with their fruit-shaped bowls, with shafts made up of tree trunks or intertwined branches. This style of decoration is generally attributed to Albrecht Dürer, whose sketchbooks made in Dresden shows several examples of goblets in this style (cf. R. Bruck, Das Skizzenbuch von Albrecht Dürer in der Klg. Öffentl, Bibliothek zu Dresden, 1906, Pl. 156) and can also be seen in many of his engravings, such as the one of Nemesis dated 1499-1503 and illustrated here. These drawings also show that the foot, as on our ostrich egg, is openwork and formed from interlaced thistle leaves.

This type of drinkware was first produced in Nuremberg by the Krug family, starting with Hans Krug the elder (master in 1484), who is known to have collaborated with Dürer, and then by his two sons Hans the younger (master in 1513) and above all Ludwig, master in 1524. The Germanisches National Museum in Nuremberg has one of these apple-shaped bowls in its collection, with an openwork base of apple leaves on a moulded base, attributed to Hans Krug and dated circa 1510 (HG8399).

However this naturalistic style is certainly not unique to Nuremberg, as other examples can also be found in other part of Germany, Lübeck in 1525, Cologne in 1560 and Ulm around 1570, as well as in England, where a bowl in the shape of a pomegranate is dated 1563 and is in the Inner Temple. Paintings of the period also show such cups, suggesting that artists not only had local access to such objects (if not a drawing) but also that these were popular in these regions: in the Netherlands, an 'Adoration of the Magi' (in the Wallraf-Richartz-Museum, Cologne) attributed to the Flemish artist Jacob von Utrecht, who was active in Antwerp between 1500 and 1530, shows one of the kings carrying a pear-shaped bowl whose foot is decorated with an elaborate tangle of branches and leaves. The popularity of this style of cups undoubtedly spread throughout Europe, as evidenced by its representation in paintings of the period, and does not allow us to confine its attribution to Nuremberg and the Krugs.

The combination of this style of mount with an ostrich egg only adds to the mystical element of the piece, without it being possible to attribute a place of manufacture in the absence of a hallmark (of which there is only a trace), as in the case of a bottle dated 1400 kept in Munich in the Schatzkammer of the Residenz, whose body is an ostrich egg held in place by four clasps and resting on a poly-lobed foot, whose place of manufacture and use are unknown (Fritz, 1982, pl. 504).

COMPARATIVE LITTERATURE :
W. Scheffler, Gemalte Goldschmiede-arbeiten, Kostbare Gefasse auf den Dreikonigsbildern in den Niederlanden und in Deutschland 1400-1530, Allemagne, 1985, p. 160-167.
Catalogue d'exposition, Wenzel Jamnitzer und die Nurnberger Goldschmiedekunst 1500-1700, Germanischen Nationalmuseum Nurnberg vom 28. Juni-15. September 1985, p. 127, 211-213.
J. M. Fritz, Goldschmiedekunst der Gothik in Mitteleuropa, Munich, 1982, p. 305-306, pl. 861 et 862.
C. Hernmarck, The Art of the European Silversmith 1430-1830, London, 1977 p. 92-93.

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