Lot Essay
Cet extraordinaire cabinet constitue un apport à l'histoire de la marqueterie anversoise tout en proposant une lecture de l'histoire de France.
Un ébéniste d'Anvers à Paris
Hendrick van Soest est considéré comme l’un des derniers grands marchand-ébénistes d’Anvers. Il succède aux dynasties Forchoudt et Musson, qui avaient diffusé la tradition de la marqueterie d’Anvers à travers l’Europe. Son principal mécène, Maximilien de Bavière, affecté financièrement par les troubles politiques qui suivent la prise de contrôle par les Autrichiens de la Flandre, a pour conséquence de restreindre van Soest, qui ne connait pas la même célébrité que ses prédécesseurs. Sans mécène, il est contraint de vendre ses ateliers de Bruxelles et d’Anvers en 1713. Notre cabinet fait ainsi partie des dernières œuvres de l’ébéniste.
L’influence d’André-Charles Boulle sur notre cabinet est évidente. On retrouve une marqueterie par découpe superposée en écaille de tortue et en laiton, ici de première partie. De même, le tabernacle central est en retrait et les angles supérieurs sont débordants. Cependant, notre cabinet conserve l’archaïsme typique d’Anvers et la marqueterie de van Soest se distingue de celle de Boulle notamment par son appétence pour des décors narratifs, tirés de la Bible, de la mythologie ou encore de l’histoire comme on peut le présumer avec notre cabinet.
Un corpus narratif très riche
Ce dernier propose une série de huit scènes latérales et d’une scène dans la partie centrale. Si nous ne pouvons pas reconnaître avec certitude ces scènes par manque d’archives, nous pouvons néanmoins émettre des hypothèses. En effet, ce cabinet pourrait représenter certaines victoires de Charles Quint, dit Charles V. Les scènes pourraient notamment être inspirées d’une série de gravures de Maarten van Heemskerck, datant de 1555-1556 (B. Rosier, « The Victories of Charles V : A Series of Prints by Maarten van Heemskerck, 1555-56 », in Simiolus : Netherlands Quarterly for the History of Art, vol. 20, 1990-1991, p. 24-38).
La scène centrale représente un homme, habillé de la toge romaine, coiffé de la couronne de laurier, avec, de part et d’autre de sa tête, deux étendards romains indiquant en latin : ‘VICTORIA’ et ‘SPQR’ (la devise romaine Senatus populusque Romanus, se traduisant par « Le Sénat et le peuple romain »). Sur l’un d’eux est inscrit le monogramme de Charles V, deux C entrelacés. Autour de sa taille sont représentés deux uniformes de guerre : celui des romains et celui des ottomans. Ce choix peut tout à fait être un rappel de son pouvoir à travers l’Europe : Charles V a vaincu les ottomans à l’Est et au Sud, tandis qu’il a assiégé Rome pour devenir l’Empereur chrétien décidé à faire de l’Europe son empire christianisé et unifié. En 1529, Charles V est sacré Empereur romain par le pape lui-même.
Dans la série de gravures de van Heemskerck, onze gravures sont dédiées à chaque victoire de Charles V, sur son territoire et à travers l’Europe. Elles sont organisées de manière chronologique, les gravures 2 à 7 représentent ses victoires en dehors de son empire, tandis que les cinq dernières proposent une représentation de ses victoires au sein même de son empire germanique, contre ses adversaires protestants.
Ici, les scènes semblent trop détaillées pour correspondre à chaque conquête de Charles V. Il serait plus vraisemblable qu’Hendrik Van Soest ait choisi de représenter deux batailles, avec des scènes intermédiaires proposant une narration plus contextuelle.
Les quatre scènes de la partie latérale gauche pourrait tout à fait correspondre à la victoire de Charles V contre François Ier, roi de France lors de la Bataille de Pavie, en Lombardie, en 1525. Les deux souverains sont des rivaux emblématiques de la Renaissance. La première scène pourrait correspondre au siège de la ville de Pavie, organisé par les troupes françaises de François Ier en octobre 1524, tandis que la seconde représenterait leur défaite sur le champs de bataille lorsque les renforts de Charles Quint arrivent en janvier 1525. Cette seconde scène est très proche de la seconde gravure de van Heemskerck, représentant François Ier fait prisonnier à la fin de la bataille. Si nous suivons la narration, la troisième scène serait une célébration de cette victoire tandis que la quatrième représenterait une préparation pour une autre bataille, des cavaliers pointent une autre ville à l’horizon, sur la gauche, tandis qu’un autre sonne la trompette de cavalerie.
Les quatre scènes de la partie latérale droite, quant à elles, s’attachent à représenter les victoires au Sud du royaume, contre les ottomans. Elles correspondraient à la conquête de Tunis, qui opposait les troupes de Khayr ad-Din Barberousse et celles de Charles Quint pour le contrôle de la ville alors sous domination ottomane. Ici, le déroulement narratif semble un peu différent de la bataille de Pavie. La première scène représenterait le camp de Charles V avant la bataille. La seconde serait une représentation du siège de la ville de Tunis quand Charles V l’assiège et s’en empare en juillet 1535. La troisième scène serait alors une vue du camp adverse, celui de Barberousse, lors de la bataille tandis que la dernière scène représenterait le combat aux portes de Tunis, sur ses remparts entre les deux camps adverses. Cette dernière pourrait alors être une interprétation de la septième gravure de van Heemskerck, qui choisit de représenter la bataille aux portes de la ville.
Une oeuvre inscrite dans l'histoire
Ainsi, ce corpus décoratif n’est pas inattendu de la part de Van Soest. En effet, en 1713, il réalise une série de quatre cabinets similaires à ce dernier, représentants les victoires de Philippe V, roi d’Espagne, petit fils de Louis XIV, commandée par sa Cour. Les parties centrales de ces cabinets utilisent les mêmes procédés décoratifs : le sujet en partie central, sur un trône, entouré de symboles de ses victoires militaires et de son pouvoir. Deux des cabinets de cette série ont été vendus par Christie’s Londres, le 4 juillet 2019, lot 50. De plus, la difficulté d’attribuer son travail décoratif à un artiste ou à une série spécifique s’explique par la technique du « copier-coller » de Van Soest, observée sur la série de Philippe V, qui lui permettait d’amalgamer des détails de différentes scènes pour pouvoir les assembler ensemble dans son décor.
Si les quatre cabinets de Philippe V ont été une commande contemporaine de sa Cour, il semble moins probable que ce soit le cas pour notre cabinet, ce dernier retraçant les batailles d’un empereur mort près de deux cents ans avant. Cependant, la qualité des figures présume une commande importante puisqu’il est difficile de trouver des meubles de cette qualité à la même période à Anvers. Cela souligne la capacité de l’ébéniste à engager des artisans spécialisés pour élever ses commandes les plus importantes à un niveau supérieur.
This extraordinary cabinet contributes to the history of Antwerp marquetry, while at the same time offering an insight into the history of France.
An Antwerp cabinetmaker in Paris
Hendrick van Soest is widely considered as one of Antwerp’s last great cabinetmakers and dealers. He followed in the footsteps of the Forchoudt and Musson dynasties, responsible for spreading the tradition of Antwerp marquetry throughout Europe. Van Soest did not gain the same renown as his predecessors, as a result of his main patron, Maximilian of Bavaria, being financially affected on account of the political turmoil that followed the Austrian takeover of Flanders. Without a patron, he was forced to sell his studios in Brussels and Antwerp in 1713. Consequently, our cabinet is one of van Soest’s last works.
The influence of André-Charles Boulle on this piece is obvious. Indeed, the cutout marquetry consists of tortoiseshell inlaid primarily with brass. Additionally, the central tabernacle is receding and the upper corners protrude. However, our cabinet is typical of Antwerp’s archaism, and the marquetery of Van Soest differs from that of Boulle through its penchant for narrative scenes drawn from the Bible, mythology or history, as can be presumed from our cabinet.
A rich corpus of narratives
It features a series of eight lateral scenes and one featured in the central area. While we are unable to determine with any certainty what these scenes represent due to a lack of archives, we can nevertheless put forward some hypotheses. This cabinet might indeed portray some of the victories of Charles V. The scenes may have been inspired by a series of engravings by Maarten van Heemskerck, dating back to 1555-1556 (B. Rosier, “The Victories of Charles V: A Series of Prints by Maarten van Heemskerck, 1555-56”, in Simiolus: Netherlands Quarterly for the History of Art, vol. 20, 1990-1991, p. 24-38).
The centre panel depicts a man wearing a Roman toga and crowned with a laurel wreath, bearing two Roman banners on either side of his head that read in Latin: “VICTORIA” and “SPQR” (the Senatus populusque Romanus maxim, which translates as “The Senate and the Roman people”). One of these bears the monogram of Charles V, two intertwining C. Two war uniforms, one Roman and the other Ottoman, are represented around his waist. This may well serve as confirmation of his power across Europe. Determined to transform Europe into his unified Christianised empire, Charles V defeated the Ottomans in both the East and the South while laying siege to Rome in his bid to become the Christian Emperor. In 1529, Charles V was anointed Roman Emperor by the Pope himself.
In van Heemskerck’s series of engravings, eleven plates are dedicated to each of the victories of Charles V on his own territory and across Europe. They are arranged chronologically, with engravings 2 to 7 depicting his victories outside his empire, and the last five depicting his victories against Protestant opponents within his own German Empire.
These scenes appear too detailed to relate to each of the conquests of Charles V. Hendrik Van Soest is more likely to have chosen to represent two battles, with intermediate scenes providing a more contextual narrative.
The four scenes on the left lateral side may well relate to the victory of Charles V over Francis I, King of France, at the Battle of Pavia in Lombardy in 1525. The two monarchs were emblematic rivals of the Renaissance. The first scene possibly depicts the siege of Pavia in October 1524, led by François I’s French troops, while the second could portray their defeat on the battlefield upon the arrival of Charles V’s reinforcements in January 1525. This second scene is very similar to the second engraving by van Heemskerck, depicting Francis I taken prisoner at the end of the battle. According to the narrative, the third scene may be a celebration of this victory, while the fourth could depict preparations for another battle, with some horsemen pointing to a town on the horizon, on the left, while another sounds the cavalry trumpet.
As for the four scenes on the right lateral side, they illustrate victories against the Ottomans in the south of the kingdom. They are believed to relate to the conquest of Tunis, when the troops of Khayr ad-Din Barbarossa fought against those of Charles V to gain control of the city, under Ottoman rule at the time. Here, the narrative appears to unfold slightly differently from the Battle of Pavia. It is thought that the first scene shows the camp of Charles V before the battle. The second could represent the siege of the city of Tunis in July 1535, when Charles V laid siege to it and captured it. Meanwhile, the third scene could depict the opposing camp of Barberousse at the time of the battle, while the final scene might portray the battle between the two opposing camps on the city walls at the gates of Tunis. This last scene may therefore be an interpretation of the seventh engraving by van Heemskerck, depicting the battle at the city gates.
A work steeped in history
Thus, this decorative corpus from Van Soest is not surprising. Indeed, he produced a series of four similar cabinets in 1713, representing the victories of Philip V, King of Spain and grandson of Louis XIV, a commission from the French royal court. The centre sections of these cabinets share the same decorative features. The main subject sits on a throne surrounded by symbols of his military victories and power. Two cabinets from this series were auctioned at Christie’s London on 4 July 2019, lot 50. Furthermore, the difficulties in attributing its decorative work to a specific artist or series stem from Van Soest’s “cut and paste” technique, as demonstrated in the Philip V series, which enabled him to amalgamate details from different scenes and assemble them in his decor.
While Philip V’s four cabinets were commissioned during his reign, it seems unlikely that our cabinet was contemporary to its time, as it recounts the battles of an emperor who had died almost two hundred years earlier. Nonetheless, the quality of the figures points to an important order, since pieces of furniture of this standard were hard to find during the same period in Antwerp. This emphasises the ability of the cabinetmaker to employ specialist craftspeople to elevate his most important commissions to a higher level.
Un ébéniste d'Anvers à Paris
Hendrick van Soest est considéré comme l’un des derniers grands marchand-ébénistes d’Anvers. Il succède aux dynasties Forchoudt et Musson, qui avaient diffusé la tradition de la marqueterie d’Anvers à travers l’Europe. Son principal mécène, Maximilien de Bavière, affecté financièrement par les troubles politiques qui suivent la prise de contrôle par les Autrichiens de la Flandre, a pour conséquence de restreindre van Soest, qui ne connait pas la même célébrité que ses prédécesseurs. Sans mécène, il est contraint de vendre ses ateliers de Bruxelles et d’Anvers en 1713. Notre cabinet fait ainsi partie des dernières œuvres de l’ébéniste.
L’influence d’André-Charles Boulle sur notre cabinet est évidente. On retrouve une marqueterie par découpe superposée en écaille de tortue et en laiton, ici de première partie. De même, le tabernacle central est en retrait et les angles supérieurs sont débordants. Cependant, notre cabinet conserve l’archaïsme typique d’Anvers et la marqueterie de van Soest se distingue de celle de Boulle notamment par son appétence pour des décors narratifs, tirés de la Bible, de la mythologie ou encore de l’histoire comme on peut le présumer avec notre cabinet.
Un corpus narratif très riche
Ce dernier propose une série de huit scènes latérales et d’une scène dans la partie centrale. Si nous ne pouvons pas reconnaître avec certitude ces scènes par manque d’archives, nous pouvons néanmoins émettre des hypothèses. En effet, ce cabinet pourrait représenter certaines victoires de Charles Quint, dit Charles V. Les scènes pourraient notamment être inspirées d’une série de gravures de Maarten van Heemskerck, datant de 1555-1556 (B. Rosier, « The Victories of Charles V : A Series of Prints by Maarten van Heemskerck, 1555-56 », in Simiolus : Netherlands Quarterly for the History of Art, vol. 20, 1990-1991, p. 24-38).
La scène centrale représente un homme, habillé de la toge romaine, coiffé de la couronne de laurier, avec, de part et d’autre de sa tête, deux étendards romains indiquant en latin : ‘VICTORIA’ et ‘SPQR’ (la devise romaine Senatus populusque Romanus, se traduisant par « Le Sénat et le peuple romain »). Sur l’un d’eux est inscrit le monogramme de Charles V, deux C entrelacés. Autour de sa taille sont représentés deux uniformes de guerre : celui des romains et celui des ottomans. Ce choix peut tout à fait être un rappel de son pouvoir à travers l’Europe : Charles V a vaincu les ottomans à l’Est et au Sud, tandis qu’il a assiégé Rome pour devenir l’Empereur chrétien décidé à faire de l’Europe son empire christianisé et unifié. En 1529, Charles V est sacré Empereur romain par le pape lui-même.
Dans la série de gravures de van Heemskerck, onze gravures sont dédiées à chaque victoire de Charles V, sur son territoire et à travers l’Europe. Elles sont organisées de manière chronologique, les gravures 2 à 7 représentent ses victoires en dehors de son empire, tandis que les cinq dernières proposent une représentation de ses victoires au sein même de son empire germanique, contre ses adversaires protestants.
Ici, les scènes semblent trop détaillées pour correspondre à chaque conquête de Charles V. Il serait plus vraisemblable qu’Hendrik Van Soest ait choisi de représenter deux batailles, avec des scènes intermédiaires proposant une narration plus contextuelle.
Les quatre scènes de la partie latérale gauche pourrait tout à fait correspondre à la victoire de Charles V contre François Ier, roi de France lors de la Bataille de Pavie, en Lombardie, en 1525. Les deux souverains sont des rivaux emblématiques de la Renaissance. La première scène pourrait correspondre au siège de la ville de Pavie, organisé par les troupes françaises de François Ier en octobre 1524, tandis que la seconde représenterait leur défaite sur le champs de bataille lorsque les renforts de Charles Quint arrivent en janvier 1525. Cette seconde scène est très proche de la seconde gravure de van Heemskerck, représentant François Ier fait prisonnier à la fin de la bataille. Si nous suivons la narration, la troisième scène serait une célébration de cette victoire tandis que la quatrième représenterait une préparation pour une autre bataille, des cavaliers pointent une autre ville à l’horizon, sur la gauche, tandis qu’un autre sonne la trompette de cavalerie.
Les quatre scènes de la partie latérale droite, quant à elles, s’attachent à représenter les victoires au Sud du royaume, contre les ottomans. Elles correspondraient à la conquête de Tunis, qui opposait les troupes de Khayr ad-Din Barberousse et celles de Charles Quint pour le contrôle de la ville alors sous domination ottomane. Ici, le déroulement narratif semble un peu différent de la bataille de Pavie. La première scène représenterait le camp de Charles V avant la bataille. La seconde serait une représentation du siège de la ville de Tunis quand Charles V l’assiège et s’en empare en juillet 1535. La troisième scène serait alors une vue du camp adverse, celui de Barberousse, lors de la bataille tandis que la dernière scène représenterait le combat aux portes de Tunis, sur ses remparts entre les deux camps adverses. Cette dernière pourrait alors être une interprétation de la septième gravure de van Heemskerck, qui choisit de représenter la bataille aux portes de la ville.
Une oeuvre inscrite dans l'histoire
Ainsi, ce corpus décoratif n’est pas inattendu de la part de Van Soest. En effet, en 1713, il réalise une série de quatre cabinets similaires à ce dernier, représentants les victoires de Philippe V, roi d’Espagne, petit fils de Louis XIV, commandée par sa Cour. Les parties centrales de ces cabinets utilisent les mêmes procédés décoratifs : le sujet en partie central, sur un trône, entouré de symboles de ses victoires militaires et de son pouvoir. Deux des cabinets de cette série ont été vendus par Christie’s Londres, le 4 juillet 2019, lot 50. De plus, la difficulté d’attribuer son travail décoratif à un artiste ou à une série spécifique s’explique par la technique du « copier-coller » de Van Soest, observée sur la série de Philippe V, qui lui permettait d’amalgamer des détails de différentes scènes pour pouvoir les assembler ensemble dans son décor.
Si les quatre cabinets de Philippe V ont été une commande contemporaine de sa Cour, il semble moins probable que ce soit le cas pour notre cabinet, ce dernier retraçant les batailles d’un empereur mort près de deux cents ans avant. Cependant, la qualité des figures présume une commande importante puisqu’il est difficile de trouver des meubles de cette qualité à la même période à Anvers. Cela souligne la capacité de l’ébéniste à engager des artisans spécialisés pour élever ses commandes les plus importantes à un niveau supérieur.
This extraordinary cabinet contributes to the history of Antwerp marquetry, while at the same time offering an insight into the history of France.
An Antwerp cabinetmaker in Paris
Hendrick van Soest is widely considered as one of Antwerp’s last great cabinetmakers and dealers. He followed in the footsteps of the Forchoudt and Musson dynasties, responsible for spreading the tradition of Antwerp marquetry throughout Europe. Van Soest did not gain the same renown as his predecessors, as a result of his main patron, Maximilian of Bavaria, being financially affected on account of the political turmoil that followed the Austrian takeover of Flanders. Without a patron, he was forced to sell his studios in Brussels and Antwerp in 1713. Consequently, our cabinet is one of van Soest’s last works.
The influence of André-Charles Boulle on this piece is obvious. Indeed, the cutout marquetry consists of tortoiseshell inlaid primarily with brass. Additionally, the central tabernacle is receding and the upper corners protrude. However, our cabinet is typical of Antwerp’s archaism, and the marquetery of Van Soest differs from that of Boulle through its penchant for narrative scenes drawn from the Bible, mythology or history, as can be presumed from our cabinet.
A rich corpus of narratives
It features a series of eight lateral scenes and one featured in the central area. While we are unable to determine with any certainty what these scenes represent due to a lack of archives, we can nevertheless put forward some hypotheses. This cabinet might indeed portray some of the victories of Charles V. The scenes may have been inspired by a series of engravings by Maarten van Heemskerck, dating back to 1555-1556 (B. Rosier, “The Victories of Charles V: A Series of Prints by Maarten van Heemskerck, 1555-56”, in Simiolus: Netherlands Quarterly for the History of Art, vol. 20, 1990-1991, p. 24-38).
The centre panel depicts a man wearing a Roman toga and crowned with a laurel wreath, bearing two Roman banners on either side of his head that read in Latin: “VICTORIA” and “SPQR” (the Senatus populusque Romanus maxim, which translates as “The Senate and the Roman people”). One of these bears the monogram of Charles V, two intertwining C. Two war uniforms, one Roman and the other Ottoman, are represented around his waist. This may well serve as confirmation of his power across Europe. Determined to transform Europe into his unified Christianised empire, Charles V defeated the Ottomans in both the East and the South while laying siege to Rome in his bid to become the Christian Emperor. In 1529, Charles V was anointed Roman Emperor by the Pope himself.
In van Heemskerck’s series of engravings, eleven plates are dedicated to each of the victories of Charles V on his own territory and across Europe. They are arranged chronologically, with engravings 2 to 7 depicting his victories outside his empire, and the last five depicting his victories against Protestant opponents within his own German Empire.
These scenes appear too detailed to relate to each of the conquests of Charles V. Hendrik Van Soest is more likely to have chosen to represent two battles, with intermediate scenes providing a more contextual narrative.
The four scenes on the left lateral side may well relate to the victory of Charles V over Francis I, King of France, at the Battle of Pavia in Lombardy in 1525. The two monarchs were emblematic rivals of the Renaissance. The first scene possibly depicts the siege of Pavia in October 1524, led by François I’s French troops, while the second could portray their defeat on the battlefield upon the arrival of Charles V’s reinforcements in January 1525. This second scene is very similar to the second engraving by van Heemskerck, depicting Francis I taken prisoner at the end of the battle. According to the narrative, the third scene may be a celebration of this victory, while the fourth could depict preparations for another battle, with some horsemen pointing to a town on the horizon, on the left, while another sounds the cavalry trumpet.
As for the four scenes on the right lateral side, they illustrate victories against the Ottomans in the south of the kingdom. They are believed to relate to the conquest of Tunis, when the troops of Khayr ad-Din Barbarossa fought against those of Charles V to gain control of the city, under Ottoman rule at the time. Here, the narrative appears to unfold slightly differently from the Battle of Pavia. It is thought that the first scene shows the camp of Charles V before the battle. The second could represent the siege of the city of Tunis in July 1535, when Charles V laid siege to it and captured it. Meanwhile, the third scene could depict the opposing camp of Barberousse at the time of the battle, while the final scene might portray the battle between the two opposing camps on the city walls at the gates of Tunis. This last scene may therefore be an interpretation of the seventh engraving by van Heemskerck, depicting the battle at the city gates.
A work steeped in history
Thus, this decorative corpus from Van Soest is not surprising. Indeed, he produced a series of four similar cabinets in 1713, representing the victories of Philip V, King of Spain and grandson of Louis XIV, a commission from the French royal court. The centre sections of these cabinets share the same decorative features. The main subject sits on a throne surrounded by symbols of his military victories and power. Two cabinets from this series were auctioned at Christie’s London on 4 July 2019, lot 50. Furthermore, the difficulties in attributing its decorative work to a specific artist or series stem from Van Soest’s “cut and paste” technique, as demonstrated in the Philip V series, which enabled him to amalgamate details from different scenes and assemble them in his decor.
While Philip V’s four cabinets were commissioned during his reign, it seems unlikely that our cabinet was contemporary to its time, as it recounts the battles of an emperor who had died almost two hundred years earlier. Nonetheless, the quality of the figures points to an important order, since pieces of furniture of this standard were hard to find during the same period in Antwerp. This emphasises the ability of the cabinetmaker to employ specialist craftspeople to elevate his most important commissions to a higher level.