GUERIDON D’EPOQUE NEOCLASSIQUE
GUERIDON D’EPOQUE NEOCLASSIQUE
GUERIDON D’EPOQUE NEOCLASSIQUE
10 More
GUERIDON D’EPOQUE NEOCLASSIQUE
13 More
GUERIDON D’EPOQUE NEOCLASSIQUE

MANUFACTURE IMPERIALE DE TOULA, RUSSIE, DEBUT DU XIXE SIECLE

Details
GUERIDON D’EPOQUE NEOCLASSIQUE
MANUFACTURE IMPERIALE DE TOULA, RUSSIE, DEBUT DU XIXE SIECLE
En acier ciselé et gravé et ornementation de bronze ciselé et doré, le plateau basculant ceint d'une frise de draperies, peint et centré d'un médaillon représentant une figure allégorique dans un encadrement de feuilles de laurier sur fond bleu, le fût en double balustre appliqués de médaillons à décor de bouquets de fleurs, le piétement quadripode décoré de volutes ajourées et terminé par des dauphins stylisés sur des roulettes
H.: 56 cm. (22 in.) L.: 49 cm. (19 ½ in.) ; P. : 36 cm. (14 ¼ in.)
Provenance
Collection privée, Paris.
Literature
Bibliographie comparative :
M. Malchenko, Art Objects in Steel by Tula Craftsmen, Leningrad, 1974, fig. 15 et 16, p. 12-13
A. Chenevière, Russian Furniture, The Golden Age 1780-1840, Londres, 1988, p. 247 et 251, fig. 266.
N. Guseva, Treasures of Catherine the Great, Londres, 2000, pp. 165 et 178, cat. 281
Further details
A NEOCLASSICAL ORMOLU AND SILVERRED-MOUNTED CUT-STEEL GUERIDON BY IMPERIAL MANUFACTURE OF TOULA, RUSSIAN, EARLY 19th CENTURY

Brought to you by

Hippolyte de la Féronnière
Hippolyte de la Féronnière Head of European Furniture Department

Lot Essay

Cet élégant guéridon est un précieux témoignage de la production de la Manufacture impériale de Toula, près de Moscou, au début du XIXe siècle, qui sut allier la résistance du métal à un raffinement décoratif d'une grande originalité.

LA MANUFACTURE DE TOULA

La Manufacture de Toula, située au Sud de Moscou et établie en 1712 sous l’impulsion de Pierre Ier le Grand (règne 1682-1725), produisait initialement des armes en support de la chambre d’armement de Moscou. Elle bénéficiait d’une situation géographique stratégique puisque la ville elle-même était installée sur un gisement de fer. Dès les années 1740, sous le règne d’Elizabeth Ire (règne 1741-1762), suite à la fin de la guerre contre la Suède qui entraina un déclin de la demande en armement, la manufacture se tourna vers la production d’objets civils luxueux rendue possible grâce au talent de ses maîtres armuriers, tels que bougeoirs, coffrets et tirelires, mais aussi des meubles au formes traditionnelles tels que sièges ou tables. Ces objets témoignent d’une grande originalité et d’un savoir-faire exceptionnel. Ils se caractérisent notamment par l’emploi des techniques traditionnellement employées pour la production d’armes, comme la ciselure, l’overlay ou encore le bleuissement de l’acier, mêlées à d’autres matériaux comme le bronze. Le travail d’incrustation et de fonte à des températures différentes permet de créer des variations de couleurs subtiles et l’effet de la préciosité.


DES COMMANDES IMPERIALES

Ces pièces d’une grande modernité étaient prisées des aristocrates. La manufacture bénéficiait également de commandes impériales, comme celles de l’impératrice Catherine II (règne 1762-1796), férue d’arts décoratifs et protectrice de la production nationale, qui présentait annuellement sa très riche collection à Tsarkoïe Selo. Furent ainsi payées en 1751 par le Trésor impérial un ensemble de douze chaises pour 1474 roubles. L’impératrice visita même personnellement les ateliers en 1775 et 1787 où elle reçut différents objets et notamment un vaste ensemble comprenant une table de toilette à six pieds, un miroir réglable, deux obélisques, deux boîtes et un tabouret, qui fut apporté au palais de Pavlovsk où elle conservait l’essentiel de sa collection.

Les commandes se poursuivirent sous le règne d’Alexandre Ier (règne 1801-1825), dont les pièces étaient exposées à la Galerie des Trésors du Palais d’Hiver, aujourd’hui Musée de l’Ermitage. Le savoir-faire artisanal et le raffinement artistique de ces pièces en firent des cadeaux diplomatiques de premier choix qui contribuèrent au rayonnement de La Manufacture de Toula et à l’affirmation d’une identité russe dans cette Europe du XVIIIe siècle. En outre, pour perfectionner leurs connaissances, certains membres de la manufacture effectuèrent des voyages en Europe de l’Ouest. Nous pouvons ainsi citer Aleksey Surnin, nommé directeur de la manufacture en 1774 par Catherine II, dont le travail fit l’objet d’une grande admiration de la part de ses confrères britanniques. L'inventaire des meubles dressé en 1790 mentionne un autre nécessaire de toilette du maître armurier Semion Samarin, offert à sa belle-fille Maria Feodorovna en 1789, mais aussi deux lustres, divers tabourets de pieds, des chandeliers, et même des jeux d'échecs et des parasols.


UN MODELE PRESTIGIEUX

Un modèle similaire à notre table fut vendu chez Christie’s, Londres, le 13 décembre 2001 et est aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum de New-York (inv. 2002.115). Cette table exceptionnelle ayant appartenu au grand-duc Pierre Ier d'Oldenbourg (1755-1829) reprend le modèle dit à « facettes de diamant » utilisé pour décorer les objets les plus précieux de la manufacture. Cette technique fut mise au point sous le règne de Catherine II et consistait à tailler et polir le métal en facettes comme des diamants, souvent associé à des incrustations d’argent et à des montures en bronze doré.

Notre table et celle d’Oldenbourg sont à rapprocher de deux modèles similaires acquis par l’impératrice vers 1785, peut-être lors de la foire annuelle organisée à Sofia près de Tsarköe Selo. Elles comprennent également un plateau basculant permettant de servir d’écran de cheminée et un fût balustre reposant sur quatre pieds cambrés terminés par des dauphins en bronze doré. L’une de ces tables se trouve dans la chambre à coucher de l'impératrice au palais Catherine, à Pouchkine (A. Chenevière, Russian Furniture, The Golden Age 1780-1840, Londres, 1988, p. 247 et 251, fig. 266). Il s’agit d’un modèle très proche de notre table, puisqu’elle présente également un plateau rectangulaire en tôle à décor central d’un losange et bordé d’une frise de draperies. Le piétement est décoré sobrement et permet ainsi de mettre en valeur les bronzes dorés. La seconde table, probablement achetée pour le cabinet de curiosités de Catherine à l’Ermitage, possède quant à elle un plateau circulaire en laiton doré, centré d’une étoile aux armes de la ville de Tula et est datée de 1785. La base du fût est carrée et repose sur trois pieds cambrés ornés d’un motif d’écailles et de médaillons enrubannés, également terminés par des dauphins (N. Guseva, Treasures of Catherine the Great, Londres, 2000, pp. 165 et 178, cat. 281 et M. Malchenko, Art Objects in Steel by Tula Craftsmen, Leningrad, 1974, fig. 15).


This elegant 'guéridon' is a precious testament to the production of the Imperial Factory of Tula, near Moscow, in the early 19th century, which combined the strength of metal with highly original decorative refinement.


THE TULA FACTORY

The Tula Arms Factory, located south of Moscow and established in 1712 at the instigation of Peter I the Great (who reigned from 1682-1725), initially produced weapons to support the Moscow Armoury Chamber. It benefited from a strategically advantageous geographical location, since the ground on which the city was built was rich in iron deposits. As early as the 1740s, during the reign of Elizabeth I of Russia (who reigned from 1741-1762) and following the end of the war against Sweden, which led to a decline in demand for armaments, the factory shifted its focus onto producing luxury household objects. This was possible thanks to the talent of its master armourers, who produced items such as candle holders, ornamental caskets and money boxes, as well as traditional furniture such as seats and tables. These pieces demonstrate both considerable originality and exceptional craftsmanship. Their characteristic features include the use of techniques traditionally practised in the production of weapons, such as chiselling, overlaying and bluing steel. These techniques were also combined with the use of other materials such as bronze. The inlaying and casting work, which was carried out at different temperatures, resulted in subtle colour variations, creating the appearance of a precious metal.


IMPERIAL ORDERS

These highly modern pieces were greatly sought-after among aristocrats. The factory also benefited from imperial commissions, such as those from Empress Catherine II (who reigned from 1762-1796). A keen proponent of the decorative arts who also sought to support domestic production, she would present her extremely rich collection in Tsarskoe Selo on an annual basis. In 1751, the Imperial Treasury purchased a set of twelve chairs for 1,474 rubles. The Empress even personally visited the workshops in 1775 and 1787, where she took receipt of various objects, and in particular a large set comprising a six-legged dressing table, an adjustable mirror, two obelisks, two boxes and a stool, which was brought to Pavlovsk Palace, where she kept the majority of her collection.

The commissions continued during the reign of Alexander I (1801-1825), whose pieces were exhibited in the Treasure Gallery at the Winter Palace, now the Hermitage Museum. The craftsmanship and artistic sophistication of these pieces made them ideal state gifts. This contributed to the influence of the Tula Factory, and to the strengthening of Russian identity within 18th-century Europe. In addition, some members of the factory made trips to Western Europe, to enhance their knowledge and skills. Aleksey Surnin is one notable example. Appointed Director of the factory in 1774 by Catherine II, his work was greatly admired by his British counterparts. The furniture inventory drawn up in 1790 mentions another dressing set made by master armourer Semion Samarin, which was gifted to her daughter-in-law Maria Feodorovna in 1789, along with two chandeliers, various footstools, candlesticks, and even chess sets and parasols.


A DISTINGUISHED DESIGN

A model similar to this table was sold at Christie’s London on 13 December 2001, and is now held at the Metropolitan Museum in New York (inv. 2002.115). This extraordinary table, which belonged to Grand Duke Peter I of Oldenburg (1755-1829), features the “diamond faceted” style that was used to decorate the most precious objects produced by the factory. This technique was developed and perfected during the reign of Catherine II, and involved cutting and polishing the metal into diamond-like facets, often combining it with silver inlays and gilded bronze mounts.

This table and the Oldenburg table can be compared with two similar models that were acquired by the Empress around 1785, perhaps at the annual fair held in Sofia, near Tsarskoe Selo. They also have a tilting top, which allowed the piece to serve as a fireplace screen; and a base that rests on four arched feet, finished with gilded bronze dolphins. One of these tables can be found in the Empress’s bedroom at the Catherine Palace in Pushkin (A. Chenevière, Russian Furniture, The Golden Age 1780-1840, London, 1988, p. 247 and 251, fig. 266). That piece is very similar to this table, since it also has a rectangular top made of sheet metal, with a central diamond motif, bordered by a frieze of draperies. The base is plainly decorated, allowing the gilded bronzes to stand out. The second table, most likely purchased for Catherine’s cabinet of curiosities at the Hermitage, has a gilded brass circular top, centring around a star that bears the arms of the city of Tula, and dates back to 1785. The pedestal base is square and rests on three arched feet, adorned with a fish-scale pattern and ribboned medallions, also finished with dolphins (N. Guseva, Treasures of Catherine the Great, London, 2000, pp. 165 and 178, cat. 281 and M. Malchenko, Art Objects in Steel by Tula Craftsmen, Leningrad, 1974, fig. 15).

More from The Exceptional Sale, Including masterpieces from the Rothschild Collections

View All
View All