Lot Essay
IRIS HAHNER-HERZOG
in L’autre visage. Masques africains de la collection Barbier-Mueller, 1997, p. 64
Quelques masques de ce type, somme toute rare, sont venus enrichir les collections occidentales dans les années cinquante car en raison de la popularité - de courte durée - du culte de Massa, de nombreux objets sacrés ont alors été détruits ou vendus. Selon les recherches effectuées jusqu’à présent, les masques ne provenaient que de quelques villages, situés à proximité de la ville de Korhogo et habité par des Fodonon, un groupe de population sénoufo installé dans le Sud du territoire. Une photographie prise par le père Clamens en 1951 dans le bois sacré du village de Lataha montre toute une rangée de sculptures culturelles, parmi lesquelles figurent le masque-heaume de la collection Barbier-Mueller et son pendant masculin. Les deux masques appartenaient à la société du poro et étaient exhibés à l’occasion de la « grande fête des morts » (kuumo), célébrée en hommage aux défunts les plus importants des quatre à cinq années précédentes.
Ce masque est attribué à Do Koné (décès vers 1975), sculpteur sur bois de Korhogo très connu pour ses bâtons figuratifs. Il est intéressant de noter la forme donnée à la figure féminine représentée debout au sommet du masque : comme il était de coutume pour ce type de masque, elle n’a pas de bras, les jambes ont été tronquées et les seins sont saillants et pointus. Les renflements qui apparaissent au niveau du cou, et qu’on retrouve dans d’autres sculptures sénoufo, se poursuivent sur tout le tronc, ce qui donne au corps un contour en zigzag, soulignant le contraste entre formes arrondies et formes anguleuses. D’après les dernières recherches, cet élément formel s’inspirerait du tissu qui, torsadé à la manière d’une corde, symbolise le corps du défunt au cours de la fête des morts. Ce motif, au même titre que d’autres objets sacrés, devait en outre aider à la mémorisation du savoir transmis oralement par la société du poro, c’est-à-dire à la mémorisation des proverbes, des vers, des textes rituels et des récits. la fête des morts.
IRIS HAHNER-HERZOG
in African Masks. The Barbier-Mueller Collection, 1997, p. 64
A few examples of this rare mask type came into Western collections in the 1950s, when the brief rise of the Massa religious movement led to the destruction or sale of numerous sacred objects. According to previous research, all of these masks originated from a few villages in the vicinity of the town of Korhogo, where a southern Senufo group lives. A photograph taken in 1951 by Pater Clamens in the sacred grove of the Fodonon village of Lataha shows the Barbier-Mueller mask and its male counterpart flanked by other sculptures. Such male and female mask pairs were owned by the Poro society, and appeared during the “Great Festival of the Dead” (kuumo), to commemorate the revered elders who had died over the past four or five years.
This mask is attributed to the wood carver Do Koné (d. circa 1975), who was active in Korhogo and was known for his figurative staffs. The design of the female figure standing on the helmet is exceptionally compelling. The short legs, pointed breasts, and lack of arms are typical for this type of figure. The rings or bulges around the neck, a motif characteristic of other Senufo sculptures, continue through the entire torso, lending the body a zigzag contour which underscores the interplay of rounded and angular shapes throughout the design. This formal element, according to recent investigations, is thought to represent the twisted cloth in which bodies of the deceased are wrapped during funeral rites. In addition, similar to certain other sacred objects, the motif has a mnemonic significance in the oral tradition of the Poro society. It is referred to, if obliquely, in sayings, verses, ritual texts, and stories.
in L’autre visage. Masques africains de la collection Barbier-Mueller, 1997, p. 64
Quelques masques de ce type, somme toute rare, sont venus enrichir les collections occidentales dans les années cinquante car en raison de la popularité - de courte durée - du culte de Massa, de nombreux objets sacrés ont alors été détruits ou vendus. Selon les recherches effectuées jusqu’à présent, les masques ne provenaient que de quelques villages, situés à proximité de la ville de Korhogo et habité par des Fodonon, un groupe de population sénoufo installé dans le Sud du territoire. Une photographie prise par le père Clamens en 1951 dans le bois sacré du village de Lataha montre toute une rangée de sculptures culturelles, parmi lesquelles figurent le masque-heaume de la collection Barbier-Mueller et son pendant masculin. Les deux masques appartenaient à la société du poro et étaient exhibés à l’occasion de la « grande fête des morts » (kuumo), célébrée en hommage aux défunts les plus importants des quatre à cinq années précédentes.
Ce masque est attribué à Do Koné (décès vers 1975), sculpteur sur bois de Korhogo très connu pour ses bâtons figuratifs. Il est intéressant de noter la forme donnée à la figure féminine représentée debout au sommet du masque : comme il était de coutume pour ce type de masque, elle n’a pas de bras, les jambes ont été tronquées et les seins sont saillants et pointus. Les renflements qui apparaissent au niveau du cou, et qu’on retrouve dans d’autres sculptures sénoufo, se poursuivent sur tout le tronc, ce qui donne au corps un contour en zigzag, soulignant le contraste entre formes arrondies et formes anguleuses. D’après les dernières recherches, cet élément formel s’inspirerait du tissu qui, torsadé à la manière d’une corde, symbolise le corps du défunt au cours de la fête des morts. Ce motif, au même titre que d’autres objets sacrés, devait en outre aider à la mémorisation du savoir transmis oralement par la société du poro, c’est-à-dire à la mémorisation des proverbes, des vers, des textes rituels et des récits. la fête des morts.
IRIS HAHNER-HERZOG
in African Masks. The Barbier-Mueller Collection, 1997, p. 64
A few examples of this rare mask type came into Western collections in the 1950s, when the brief rise of the Massa religious movement led to the destruction or sale of numerous sacred objects. According to previous research, all of these masks originated from a few villages in the vicinity of the town of Korhogo, where a southern Senufo group lives. A photograph taken in 1951 by Pater Clamens in the sacred grove of the Fodonon village of Lataha shows the Barbier-Mueller mask and its male counterpart flanked by other sculptures. Such male and female mask pairs were owned by the Poro society, and appeared during the “Great Festival of the Dead” (kuumo), to commemorate the revered elders who had died over the past four or five years.
This mask is attributed to the wood carver Do Koné (d. circa 1975), who was active in Korhogo and was known for his figurative staffs. The design of the female figure standing on the helmet is exceptionally compelling. The short legs, pointed breasts, and lack of arms are typical for this type of figure. The rings or bulges around the neck, a motif characteristic of other Senufo sculptures, continue through the entire torso, lending the body a zigzag contour which underscores the interplay of rounded and angular shapes throughout the design. This formal element, according to recent investigations, is thought to represent the twisted cloth in which bodies of the deceased are wrapped during funeral rites. In addition, similar to certain other sacred objects, the motif has a mnemonic significance in the oral tradition of the Poro society. It is referred to, if obliquely, in sayings, verses, ritual texts, and stories.