AIGUIÈRE SYMBOLISANT LE VIN D'ÉPOQUE LOUIS XVI
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COLLECTION PRIVÉE FRANÇAISE
AIGUIÈRE SYMBOLISANT LE VIN D'ÉPOQUE LOUIS XVI

PAR PIERRE GOUTHIERE, VERS 1770

Details
AIGUIÈRE SYMBOLISANT LE VIN D'ÉPOQUE LOUIS XVI
PAR PIERRE GOUTHIERE, VERS 1770
En porphyre d'Egypte et monture de bronze ciselé et doré, la anse représentant un satyre penché et reposant sur une tête de bélier retenant des guirlandes de pampres de vigne nouées par un ruban, la partie basse en godrons, le piédouche ceint d'une frise d'entrelacs et d'une couronne de laurier, sur une base carrée
H. 26 cm. (10 ¼ in.) ; L. 14 cm. (5 ½ in.)
Literature
Bibliographie comparative :
H. Ottomeyer et P. Pröschel et al., Vergoldete Bronzen, vol. II, Munich, 1986, p. 565, figs 3-4.
P. Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, 1987, p. 235, n. 205.
M.L. Myers, French Architectural and Ornament Drawing of the 18th Century, 1992, p. 57.
P. Hugues, The Wallace Collection. Catalogue of Furniture, Londres, 1996, vol. III, p. 1393.
H.J. McCormick et al., Vasemania, Neoclassical form and ornament in Europe, selections from the Metropolitan Museum of Art, New York, 2004, p. 93, n. 39.
P. Kjellberg, Objets montés du Moyen Âge à nos jours, Paris, 2000, p. 149.
C. Vignon et C. Baulez, Pierre Gouthière : Ciseleur-doreur du roi, New York, 2016, pp. 164-169, n. 4, n.5, figs. 94-95.
Further Details
A LOUIS XVI ORMOLU-MOUNTED EGYPTIAN PORPHYRY EWER BY PIERRE GOUTHIERE, CIRCA 1770

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Hippolyte de la Féronnière
Hippolyte de la Féronnière Head of European Furniture Department

Lot Essay

Rare, spectaculaire et d’une invention raffinée, cette aiguière illustre à la perfection le génie de Pierre Gouthière (1732-1813), doreur-ciseleur du Roi et figure majeure des arts décoratifs du XVIIIe siècle. La rencontre éclatante du porphyre, pierre précieuse, symbole de pouvoir depuis l’Antiquité, et du bronze doré finement ciselé, incarne l’apogée du goût parisien sous Louis XVI.
Le décor, dominé par la figure d’un satyre dionysiaque entouré de pampres de vigne et d’une tête de bélier, confère à ce vase une force symbolique exceptionnelle : il n’est pas seulement un objet d’apparat, mais aussi une véritable allégorie du vin, où érudition antique et sensualité décorative se rejoignent.

LE MODÈLE DE RÉFÉRENCE : LA SIGNATURE DE GOUTHIÈRE
L’attribution de notre aiguière repose sur un modèle de référence incontestable : une paire d’aiguières conservée à la Frick Collection, New York (inv. 1988.143.1-2). Portant la signature bien visible FAIT PAR GOUTHIERE CISELEUR DOREUR / DU ROY QUAY PELLETIER 1767 sur l’une des bases, elles établissent de façon sûre le rôle de Gouthière dans la conception de ce type de vases.
Ces pièces majeures seront présentées dans l’exposition dédiée à Pierre Gouthière de 2016 et illustrées dans le catalogue de C. Vignon et C. Baulez, Pierre Gouthière : Ciseleur-doreur du roi, New York, 2016, pp. 164-165, n. 4 ainsi que dans P. Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, 1987, p. 235, n. 205. Nous ne connaissons malheureusement pas le commanditaire original de ces aiguières. Leur histoire n’est connue que depuis le XIXe siècle. Après avoir fait partie des collections de Lord Hastings et de John Pierpont Morgan, le marchand d’art Joseph Duveen les vendit à Henry Clay Frick en 1916.

LES DESSINS PRÉPARATOIRES ET LES SOURCES
La paternité de ce modèle attribué à Pierre Gouthière est de plus confirmée par une série de dessins dont certains sont signés de la main du bronzier. Ces dessins datant de 1767 auraient été donnés par Gouthière à Jacques Rondot, graveur à la Monnaie de Troyes et l’un des quatre fondateurs de l’Ecole gratuite de dessin. Exposés en 1784 au Salon de l’École royale de dessin de Troyes, ces feuilles représentaient des vases en marbre aux anses formées d’un faune et d’une sirène, et portaient la mention Gouthière, siseleur, doreur du roy. Conservés jusqu’au XIXe siècle par Natalis Rondot, son arrière-petit fils, ces dessins sont reproduits dans Vignon et Baulez (op. cit., pp. 166-167, fig. 94-95). Ils témoignent d’une pratique de l’artiste où invention graphique et exécution ciselée se nourrissaient mutuellement.

VARIANTES PRESTIGIEUSES ET COMMANDITAIRES ILLUSTRES
Le modèle connaît également une fortune prestigieuse, comme en témoigne la célèbre paire symbolisant le Vin et l’Eau, exécutée par Gouthière et acquise par le Grand-Duc Paul (futur empereur de Russie) et son épouse Maria Feodorovna pour le Palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg. Transférées au Palais de Peterhof, ces aiguières furent dispersées au XXe siècle et passèrent notamment dans la collection Barbara P. Johnson, avant leur vente chez Christie’s à Paris le 19 décembre 2007 (lot 802, collection Qizilbash), où elles atteignirent 1 264 250 €. Elles sont publiées dans Les Trésors d’Art en Russie, 1902, p. 166, ainsi que dans le catalogue de Vignon et Baulez (op. cit., pp. 168-169, n. 5).

L’ouvrage de H. Ottomeyer et P. Pröschel (Vergoldete Bronzen, vol. II, Munich, 1986, p. 565) mentionne par ailleurs une paire en marbre blanc livrée pour Madame du Barry. L’ouvrage rapporte qu’à la fin du XVIIIe siècle, ces pièces furent présentées dans une exposition consacrée à Gouthière, où elles furent décrites en ces termes :
Les deux autres pièces sont deux urnes dont l’une représente le vin et l’autre l’eau, elles sont ornées de deux figures dont l’une est un satyre et l’autre une naïade, décorées de guirlandes de vignes et d’huîtres et le bec est orné de petites feuilles d’ornements, de deux d’acanthe, deux tores ornés de laurier, deux cercles en entrelacs et de deux socles carrés.
Ce témoignage ancien confirme l’importance symbolique et décorative de l’ensemble, où se mêlent figures mythologiques, ornements naturalistes et vocabulaire néoclassique. Ces vases pourraient correspondre à ceux passés en vente chez Sotheby’s, Londres, le 18 mai 1967, lot 134.

Le même ouvrage illustre également une variante en marbre vert antique, provenant d’une collection particulière (op. cit., vol. II, p. 565, fig. 3-4).
Enfin, un dessin, dû à Jean-Charles Delafosse (1734-1789) et aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum of Art de New York (inv. 80.3.664), reprend des éléments de composition proches du présent lot (M.L. Myers, French Architectural and Ornament Drawing of the 18th Century, 1992, p. 57.) Cette proximité illustre la circulation des modèles et la diffusion d’un vocabulaire néoclassique partagé entre architectes, dessinateurs et bronziers.

LA DIFFUSION ET LE SUCCÈS DU MODÈLE
Le retentissement du modèle de Gouthière dépasse le cadre parisien et trouve des échos dans toute l’Europe. Plusieurs versions en matériaux variés attestent de sa diffusion et de son adaptation au fil des modes :
- Une aiguière en blue john (fin du XVIIIe siècle), faisant partie d’une garniture à la Wallace Collection (P. Hugues, The Wallace Collection. Catalogue of Furniture, Londres, 1996, vol. III, p. 1393) ;
- Une aiguière en basalte noir par Josiah Wedgwood, vers 1800 (H.J. McCormick et al., Vasemania, New York, 2004, p. 93, n. 39) ;
- Une paire en bronze patiné et bronze doré, ornée d’un triton et d’une tête de dauphin, conservée au musée Nissim de Camondo (P. Kjellberg, Objets montés du Moyen Âge à nos jours, Paris, 2000, p. 149).
Ces déclinaisons montrent combien le modèle imaginé par Gouthière a servi de matrice à d’innombrables variations, au point de devenir un archétype du vase néoclassique.

Ce lot a été consigné en collaboration avec Me Pichon et Me Noudel-Deniau à Cannes


Rare, spectacular, and exquisitely crafted, this ewer perfectly illustrates the genius of Pierre Gouthière (1732–1813), doreur-ciseleur du Roi and a major figure in 18th-century decorative arts. The striking combination of porphyry, a precious stone that has symbolized power since ancient times, and finely chiseled gilded bronze embodies the height of Parisian taste under Louis XVI.
The decoration, dominated by the figure of a Dionysian satyr surrounded by vine branches and a ram's head, gives this vase exceptional symbolic power: it is not only a ceremonial object, but also a true allegory of wine, where ancient erudition and decorative sensuality come together.

THE REFERENCE MODEL: GOUTHIÈRE'S SIGNATURE
The attribution of our ewer is based on an indisputable reference model: a pair of ewers preserved in the Frick Collection, New York (inv. 1988.143.1-2). Bearing the clearly visible signature FAIT PAR GOUTHIERE CISELEUR DOREUR / DU ROY QUAY PELLETIER 1767 on one of the bases, they reliably establish Gouthière's role in the design of this type of vase.These major pieces will be presented in the 2016 exhibition dedicated to Pierre Gouthière and illustrated in the catalog by C. Vignon and C. Baulez, Pierre Gouthière: Ciseleur-doreur du roi, New York, 2016, pp. 164-165, n. 4, as well as in P. Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, 1987, p. 235, n. 205.
Unfortunately, we do not know who originally commissioned these ewers. Their history is only known since the 19th century. After being part of the collections of Lord Hastings and John Pierpont Morgan, art dealer Joseph Duveen sold them to Henry Clay Frick in 1916.

PREPARATORY DRAWINGS AND SOURCES
The authorship of this model, attributed to Pierre Gouthière, is further confirmed by a series of drawings, some of which are signed by the bronze maker. These drawings, dating from 1767, are said to have been given by Gouthière to Jacques Rondot, an engraver at the Troyes Mint and one of the four founders of the Ecole gratuite de dessin (Free School of Drawing). Exhibited in 1784 at the Salon de l'École Royale de Dessin de Troyes, these sheets depicted marble vases with handles in the form of a faun and a mermaid, and bore the inscription Gouthière, siseleur, doreur du roy (Gouthière, engraver and gilder to the king). Preserved until the 19th century by Natalis Rondot, his great-grandson, these drawings are reproduced in Vignon and Baulez (op. cit., pp. 166-167, figs. 94-95). They bear witness to the artist's practice, in which graphic invention and finely crafted execution fed off each other.

PRESTIGIOUS VARIANTS AND ILLUSTRIOUS PATRONS
The model also enjoyed considerable prestige, as evidenced by the famous pair symbolizing Wine and Water, created by Gouthière and acquired by Grand Duke Paul (future Emperor of Russia) and his wife Maria Feodorovna for the Winter Palace in Saint Petersburg. Transferred to the Peterhof Palace, these ewers were dispersed in the 20th century and became part of the Barbara P. Johnson collection, before being sold at Christie's in Paris on December 19, 2007 (lot 802, Qizilbash collection), where they fetched €1,264,250. They are published in Les Trésors d’Art en Russie, 1902, p. 166, as well as in the catalog by Vignon and Baulez (op. cit., pp. 168-169, n. 5).

The work by H. Ottomeyer and P. Pröschel (Vergoldete Bronzen, vol. II, Munich, 1986, p. 565) also mentions a pair in white marble delivered for Madame du Barry. The work reports that at the end of the 18th century, these pieces were presented in an exhibition dedicated to Gouthière, where they were described in these terms:
Les deux autres pièces sont deux urnes dont l’une représente le vin et l’autre l’eau, elles sont ornées de deux figures dont l’une est un satyre et l’autre une naïade, décorées de guirlandes de vignes et d’huîtres et le bec est orné de petites feuilles d’ornements, de deux d’acanthe, deux tores ornés de laurier, deux cercles en entrelacs et de deux socles carrés.
(The other two pieces are two urns, one representing wine and the other water. They are adorned with two figures, one a satyr and the other a naiad, decorated with garlands of vines and oysters, and the spout is adorned with small ornamental leaves, two acanthus leaves, two toruses decorated with laurel, two interlaced circles, and two square bases.)

This ancient testimony confirms the symbolic and decorative importance of the ensemble, which combines mythological figures, naturalistic ornamentation, and neoclassical vocabulary. These vases may correspond to those sold at Sotheby's, London, on May 18, 1967, lot 134.

The same work also illustrates a variant in antique green marble from a private collection (op. cit., vol. II, p. 565, fig. 3-4).

Finally, a drawing by Jean-Charles Delafosse (1734-1789), now in the Metropolitan Museum of Art in New York (inv. 80.3.664), incorporates compositional elements similar to those found in the present lot (M.L. Myers, French Architectural and Ornament Drawing of the 18th Century, 1992, p. 57). This similarity illustrates the circulation of models and the spread of a neoclassical vocabulary shared by architects, designers, and bronze casters.

THE SPREAD AND SUCCESS OF THE MODEL
The impact of Gouthière's model extended beyond Paris and resonated throughout Europe.
Several versions in various materials attest to its diffusion and adaptation to changing fashions:
- A blue john ewer (late 18th century), part of a set in the Wallace Collection (P. Hugues, The Wallace Collection. Catalog of Furniture, London, 1996, vol. III, p. 1393);
- A black basalt ewer by Josiah Wedgwood, circa 1800 (H.J. McCormick et al., Vasemania, New York, 2004, p. 93, n. 39);
- A pair in patinated bronze and gilded bronze, decorated with a triton and a dolphin's head, kept at the Nissim de Camondo Museum (P. Kjellberg, Objets montés du Moyen Âge à nos jours, Paris, 2000, p. 149).

These variations show how much the model designed by Gouthière served as a template for countless variations, to the point of becoming an archetype of the neoclassical vase.

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