Lot Essay
LA PORCELAINE JAPONAISE MONTÉE AU XVIIIE SIÈCLE
Cette paire de vases est caractéristique du goût pour les porcelaines asiatiques montées, ainsi que celui pour les œuvres néoclassiques qui se développent dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle à Paris. Hérités d’un savant mélange des genres, ils ont sans doute été conçus par un marchand-mercier qui a accès à une porcelaine japonaise de qualité et une compréhension approfondie du désir naissant de ses contemporains pour les objets néo-classiques. La forme balustre, sa décoration et ses bronzes sont très appréciés et fréquemment reproduits, comme en témoigne le dessin de Charles-Germain de Saint-Aubin illustrant la marge d’un catalogue de vente pour le duc d’Aumont en 1782. Les marchands-merciers proposent également à la vente des porcelaines sans monture, comme le montre le dessin du marchand Dominique Daguerre au duc et à la duchesse de Teschen, aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum à New York (inv. 61.680.1.4).
DES OEUVRES PRISÉES DU XVIIIE SIÈCLE À NOS JOURS
Deux paires du même modèle, également ornées de bronzes dorés, ont été vendus par le marchand Pierre Rémy, à Paris, lors de la vente de succession de Blondel de Gagny (1695-1776), le 10 décembre 1776, lot 643 et 644. La première paire a été acquise pour la somme de 980 livres par Nicolas Beaujon (1718-1786) et la seconde par le marchand mercier Clément Léger (1724-1797), dit "Légère" pour 1250 livres :
'643. Deux lisbets de porcelaine à cartouches, pagodes & broderies de la plus grande richesse, garnis de pieds, collets, avec consoles, guirlandes & feuilles de bronze doré ; hauteur 27 pouces' et '644. Deux autres lisbets, pareils aux précédents'.
Une autre vente, organisée par Pierre Rémy, à Paris, pour la succession de Nicolas Beaujon, le 25 avril 1787, compte deux paires du même modèle, au lot 274 et 275. Les deux lots mis à l'encan ont été acquis par Clément Léger pour les sommes de 942 et 981 livres :
'274. Deux grands vases, nommé Lisbet, fond bleu & or, à cartouches, fond blanc, petites pagodes & ramages sur le devant, & enrichis de panneaux à fleurs sur le pourtour de la panse ; ils sont ornés de gorge à baguette & feuilles, d'anses en console à volutes à guirlandes de laurier, avec pieds à ornemens & avant corps en bronze doré. Hauteur 28 pouc. diamètre 11 pouces' et '275. Deux vases de même forme, genre & qualité que les précédents'.
Plusieurs paires similaires sont passées à l'encan ces dernières décennies. Une paire provient, par réputation, de la collection de Machault d’Arnouville (1701-1794), ancêtre du Comte de la Panouse, au Château de Thoiry. Si les porcelaines sont similaires, les bronzes sont différents. Les volutes épousent la formes du col et les frises présentent un motif de feuilles d’acanthe alternées de cannelures. Les couronnes de lauriers et les guirlandes de fleurs sont plus petites que sur notre paire. Elle a d’abord fait l’objet d’une vente chez Sotheby’s Monaco, le 11 février 1979, lot 230, puis d’une vente chez Sotheby’s Londres le 24 novembre 1988, lot 23, et enfin d’une vente chez Sotheby’s New York le 10 décembre 1994, lot 264.
Le catalogue de vente de la maison Piasa du 26 juin 2001, lot 37, présente une paire semblable à la nôtre, dont la monture est datée de la première moitié du XIXe siècle. Le goût pour ces pièces a connu une certaine longévité et se perpétue à la fin du XVIIIe siècle. Une autre paire semblable est passée en vente chez Christie’s New York, lors de la vente L’art du Luxe : Masterpieces of French Furniture qui a eu lieu le 12 décembre 2024, lot 113. Les bronzes sont à rapprocher des nôtres, avec des volutes saillantes et un socle similaire. Le col diffère, avec une frise alternant des cannelures et des fleurs.
JAPANESE PORCELAIN MOUNTED IN THE 18TH CENTURY
This pair of vases is characteristic of the taste for mounted Asian porcelain, as well as that for neoclassical works, which developed in Paris in the second half of the 18th century. The result of a skilful blend of styles, they were undoubtedly designed by a merchant who had access to high-quality Japanese porcelain and a deep understanding of his contemporaries' emerging desire for neoclassical objects. The baluster shape, its decoration and its bronzes were highly prized and frequently reproduced, as evidenced by Charles-Germain de Saint-Aubin's drawing illustrating the margin of a sales catalogue for the Duke of Aumont in 1782. Merchants also offered unframed porcelain for sale, as shown in the drawing by merchant Dominique Daguerre to the Duke and Duchess of Teschen, now in the Metropolitan Museum in New York (inv. 61.680.1.4).
PRIZED WORKS FROM THE 18TH CENTURY TO THE PRESENT DAY
Two pairs of the same model, also decorated with gilded bronze, were sold by the merchant Pierre Rémy in Paris at the estate sale of Blondel de Gagny (1695-1776) on 10 December 1776, lots 643 and 644. The first pair was acquired for 980 livres by Nicolas Beaujon (1718-1786) and the second by the haberdasher Clément Léger (1724-1797), known as ‘Légère’, for 1,250 livres:
'643. Two porcelain lisbets with cartouches, pagodas and rich embroidery, fitted with feet, collars, consoles, garlands and gilded bronze leaves; height 27 inches' and “644. Two other lisbets, similar to the previous ones”.
Another sale, organised by Pierre Rémy in Paris for the estate of Nicolas Beaujon on 25 April 1787, included two pairs of the same model, lots 274 and 275. The two lots were purchased by Clément Léger for 942 and 981 livres respectively:
'274. Two large vases, named Lisbet, blue and gold background, with cartouches, white background, small pagodas and foliage on the front, and enriched with floral panels around the circumference of the body; they are decorated with baguette and leaf gorges, console handles with laurel garland scrolls, with ornamental feet and front body in gilded bronze. Height 28 inches, diameter 11 inches' and “275. Two vases of the same shape, type and quality as the previous ones”.
Several similar pairs have been auctioned in recent decades. One pair is reputedly from the collection of Machault d'Arnouville (1701-1794), ancestor of the Comte de la Panouse, at the Château de Thoiry. While the porcelain is similar, the bronzes are different. The scrolls follow the shape of the neck and the friezes feature a pattern of acanthus leaves alternating with fluting. The laurel wreaths and garlands of flowers are smaller than on our pair. It was first sold at Sotheby's Monaco on 11 February 1979, lot 230, then at Sotheby's London on 24 November 1988, lot 23, and finally at Sotheby's New York on 10 December 1994, lot 264.The Piasa auction catalogue of 26 June 2001, lot 37, features a pair similar to ours, with a mount dating from the first half of the 19th century. The taste for these pieces enjoyed a certain longevity and continued into the late 18th century. Another similar pair was sold at Christie's New York during the L'art du Luxe: Masterpieces of French Furniture sale on 12 December 2024, lot 113. The bronzes are similar to ours, with protruding volutes and a similar base. The neck differs, with a frieze alternating fluting and flowers.
Cette paire de vases est caractéristique du goût pour les porcelaines asiatiques montées, ainsi que celui pour les œuvres néoclassiques qui se développent dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle à Paris. Hérités d’un savant mélange des genres, ils ont sans doute été conçus par un marchand-mercier qui a accès à une porcelaine japonaise de qualité et une compréhension approfondie du désir naissant de ses contemporains pour les objets néo-classiques. La forme balustre, sa décoration et ses bronzes sont très appréciés et fréquemment reproduits, comme en témoigne le dessin de Charles-Germain de Saint-Aubin illustrant la marge d’un catalogue de vente pour le duc d’Aumont en 1782. Les marchands-merciers proposent également à la vente des porcelaines sans monture, comme le montre le dessin du marchand Dominique Daguerre au duc et à la duchesse de Teschen, aujourd’hui conservé au Metropolitan Museum à New York (inv. 61.680.1.4).
DES OEUVRES PRISÉES DU XVIIIE SIÈCLE À NOS JOURS
Deux paires du même modèle, également ornées de bronzes dorés, ont été vendus par le marchand Pierre Rémy, à Paris, lors de la vente de succession de Blondel de Gagny (1695-1776), le 10 décembre 1776, lot 643 et 644. La première paire a été acquise pour la somme de 980 livres par Nicolas Beaujon (1718-1786) et la seconde par le marchand mercier Clément Léger (1724-1797), dit "Légère" pour 1250 livres :
'643. Deux lisbets de porcelaine à cartouches, pagodes & broderies de la plus grande richesse, garnis de pieds, collets, avec consoles, guirlandes & feuilles de bronze doré ; hauteur 27 pouces' et '644. Deux autres lisbets, pareils aux précédents'.
Une autre vente, organisée par Pierre Rémy, à Paris, pour la succession de Nicolas Beaujon, le 25 avril 1787, compte deux paires du même modèle, au lot 274 et 275. Les deux lots mis à l'encan ont été acquis par Clément Léger pour les sommes de 942 et 981 livres :
'274. Deux grands vases, nommé Lisbet, fond bleu & or, à cartouches, fond blanc, petites pagodes & ramages sur le devant, & enrichis de panneaux à fleurs sur le pourtour de la panse ; ils sont ornés de gorge à baguette & feuilles, d'anses en console à volutes à guirlandes de laurier, avec pieds à ornemens & avant corps en bronze doré. Hauteur 28 pouc. diamètre 11 pouces' et '275. Deux vases de même forme, genre & qualité que les précédents'.
Plusieurs paires similaires sont passées à l'encan ces dernières décennies. Une paire provient, par réputation, de la collection de Machault d’Arnouville (1701-1794), ancêtre du Comte de la Panouse, au Château de Thoiry. Si les porcelaines sont similaires, les bronzes sont différents. Les volutes épousent la formes du col et les frises présentent un motif de feuilles d’acanthe alternées de cannelures. Les couronnes de lauriers et les guirlandes de fleurs sont plus petites que sur notre paire. Elle a d’abord fait l’objet d’une vente chez Sotheby’s Monaco, le 11 février 1979, lot 230, puis d’une vente chez Sotheby’s Londres le 24 novembre 1988, lot 23, et enfin d’une vente chez Sotheby’s New York le 10 décembre 1994, lot 264.
Le catalogue de vente de la maison Piasa du 26 juin 2001, lot 37, présente une paire semblable à la nôtre, dont la monture est datée de la première moitié du XIXe siècle. Le goût pour ces pièces a connu une certaine longévité et se perpétue à la fin du XVIIIe siècle. Une autre paire semblable est passée en vente chez Christie’s New York, lors de la vente L’art du Luxe : Masterpieces of French Furniture qui a eu lieu le 12 décembre 2024, lot 113. Les bronzes sont à rapprocher des nôtres, avec des volutes saillantes et un socle similaire. Le col diffère, avec une frise alternant des cannelures et des fleurs.
JAPANESE PORCELAIN MOUNTED IN THE 18TH CENTURY
This pair of vases is characteristic of the taste for mounted Asian porcelain, as well as that for neoclassical works, which developed in Paris in the second half of the 18th century. The result of a skilful blend of styles, they were undoubtedly designed by a merchant who had access to high-quality Japanese porcelain and a deep understanding of his contemporaries' emerging desire for neoclassical objects. The baluster shape, its decoration and its bronzes were highly prized and frequently reproduced, as evidenced by Charles-Germain de Saint-Aubin's drawing illustrating the margin of a sales catalogue for the Duke of Aumont in 1782. Merchants also offered unframed porcelain for sale, as shown in the drawing by merchant Dominique Daguerre to the Duke and Duchess of Teschen, now in the Metropolitan Museum in New York (inv. 61.680.1.4).
PRIZED WORKS FROM THE 18TH CENTURY TO THE PRESENT DAY
Two pairs of the same model, also decorated with gilded bronze, were sold by the merchant Pierre Rémy in Paris at the estate sale of Blondel de Gagny (1695-1776) on 10 December 1776, lots 643 and 644. The first pair was acquired for 980 livres by Nicolas Beaujon (1718-1786) and the second by the haberdasher Clément Léger (1724-1797), known as ‘Légère’, for 1,250 livres:
'643. Two porcelain lisbets with cartouches, pagodas and rich embroidery, fitted with feet, collars, consoles, garlands and gilded bronze leaves; height 27 inches' and “644. Two other lisbets, similar to the previous ones”.
Another sale, organised by Pierre Rémy in Paris for the estate of Nicolas Beaujon on 25 April 1787, included two pairs of the same model, lots 274 and 275. The two lots were purchased by Clément Léger for 942 and 981 livres respectively:
'274. Two large vases, named Lisbet, blue and gold background, with cartouches, white background, small pagodas and foliage on the front, and enriched with floral panels around the circumference of the body; they are decorated with baguette and leaf gorges, console handles with laurel garland scrolls, with ornamental feet and front body in gilded bronze. Height 28 inches, diameter 11 inches' and “275. Two vases of the same shape, type and quality as the previous ones”.
Several similar pairs have been auctioned in recent decades. One pair is reputedly from the collection of Machault d'Arnouville (1701-1794), ancestor of the Comte de la Panouse, at the Château de Thoiry. While the porcelain is similar, the bronzes are different. The scrolls follow the shape of the neck and the friezes feature a pattern of acanthus leaves alternating with fluting. The laurel wreaths and garlands of flowers are smaller than on our pair. It was first sold at Sotheby's Monaco on 11 February 1979, lot 230, then at Sotheby's London on 24 November 1988, lot 23, and finally at Sotheby's New York on 10 December 1994, lot 264.The Piasa auction catalogue of 26 June 2001, lot 37, features a pair similar to ours, with a mount dating from the first half of the 19th century. The taste for these pieces enjoyed a certain longevity and continued into the late 18th century. Another similar pair was sold at Christie's New York during the L'art du Luxe: Masterpieces of French Furniture sale on 12 December 2024, lot 113. The bronzes are similar to ours, with protruding volutes and a similar base. The neck differs, with a frieze alternating fluting and flowers.
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