Masque Bété
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Masque Bété

Côte d'Ivoire

Details
Masque Bété
Côte d'Ivoire
Hauteur : 39 cm. (15 3⁄8 in.)
Provenance
Charles Ratton (1895-1986), Paris, acquis ca. 1956
Merton D. Simpson (1928-2013), New York
Charles Moreau, New York, acquis auprès de ce dernier ca. 2010
Dori et Daniel Rootenberg, New York, acquis auprès de ce dernier
Judith Schoffel et Christophe de Fabry, Paris, acquis auprès de ces derniers en 2015
Collection privée, acquis ca. 2018
Roberta et Lance Entwistle, Londres, acquis ca. 2019
Collection privée, Europe
Literature
Allemand, M., L'art de l'Afrique Noire et « l'époque nègre » de quelques artistes contemporains, Saint-Étienne, 1956, p. 14, n° 45 et 53
Moos, P. et al., « Galerie Schoffel de Fabry », in Parcours des mondes, Arquennes, 2016, p. 127
Martínez-Jacquet, E. et al., « Parcours des mondes », in Tribal Art Magazine, Arquennes, automne 2016, n° 81, p. 36
Moore, S., « Publicité Schoffel de Fabry - Schoffel de Fabry Advertisement » et « Parcours des Mondes. Susan Moore selects her Highlights of the Fair », in Apollo, juillet - août 2016, pp. 2 et 39, n° 5
Deparis-Yafil, M., Schoffel de Fabry, J. et al., Au delà du masque, Paris, 2016, pp. 23 et 116, n° 44
Valluet, M.-C., Regards visionnaires. Arts d'Afrique, d'Amérique, d'Asie du Sud-Est et d'Océanie - Collectors' Visions. Arts of Africa, Oceania, Southeast Asia and the Americas, Milan, 2018, p. 131
Martínez-Jacquet, E. et al., « Publicité Galerie Entwistle - Galerie Entwistle Advertisement », in Tribal Art Magazine, Arquennes, automne 2019, n° 93, p. 7
Exhibited
Saint-Étienne, Musée d'Art et d'Industrie, L'art de l'Afrique Noire et « l'époque nègre » de quelques artistes contemporains, 20 mars - 10 mai 1956
Paris, Galerie Schoffel de Fabry, Au delà du masque, 6 - 11 septembre 2016
Further details
Bete Mask, Ivory Coast

Brought to you by

Alexis Maggiar
Alexis Maggiar International Head, African & Oceanic Art, Vice Chairman of Christie's France

Lot Essay

Ce masque monumental, patiné par un long usage rituel, appartient à la tradition sculpturale du peuple Bété, établi dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Il représente une catégorie de masques appelés n’gré, incarnations d’esprits tutélaires de la brousse. Ces entités, puissantes et ambivalentes, président à l’ordre moral, à la justice, à la protection collective et à la régulation du monde invisible. Il matérialise une force spirituelle, gu, dont la manifestation visible accompagne certains grands moments de la vie communautaire. Ces masques, médiateurs entre le monde des vivants et celui des esprits, canalisent la puissance de la forêt et des ancêtres afin d’assurer la cohésion et la survie du groupe.

L’aspect plastique de ce masque témoigne d’un équilibre magistral entre stylisation et expressivité. La composition s’organise autour d’un visage architecturé aux volumes puissants : le front proéminent et bombé, marqué d’un sillon médian, domine un visage anguleux aux traits volontairement amplifiés. Les éléments les plus spectaculaires se trouvent dans les projections cornues, évoquant à la fois des défenses et des crocs, qui surgissent non seulement de la partie inférieure du visage, mais également au-dessus des yeux, encadrant le nez. Cette duplication formelle confère à l’ensemble une vigueur plastique singulière : le masque semble se déployer dans l’espace. Ces formes animales, stylisées à l’extrême, traduisent l’union du monde humain et du monde sauvage. Elles rappellent que le n'gré incarne une puissance à la fois civilisatrice et terrifiante. Les excroissances symbolisent la projection de la force vitale dans l’espace, comme si le masque étendait son pouvoir spirituel au-delà de ses propres limites. La bouche, béante et géométrisée, accentue la tension dramatique. L’ensemble dégage une impression de densité et de monumentalité, renforcée par une patine sombre, polie par les nombreuses manipulations. Son apparence volontairement dissuasive vise à inspirer une crainte respectueuse, condition nécessaire à la reconnaissance du pouvoir spirituel qu’il incarne.

Pour un exemplaire analogue, voir celui conservé au Metropolitan Museum of Art (inv. n° 1985.419.1), dont le traitement des volumes présente une parenté manifeste avec le présent masque.

This monumental mask, its surface burnished by long ritual use, belongs to the sculptural tradition of the Bété people, established in the southwestern region of Ivory Coast. It represents a category of masks known as n’gré, embodiments of the tutelary spirits of the forest. These powerful and ambivalent entities preside over moral order, justice, collective protection, and the regulation of the invisible world. The mask materializes a spiritual force, gu, whose visible manifestation accompanies certain major moments of communal life. As mediators between the world of the living and that of the spirits, such masks channel the potency of the forest and of the ancestors to ensure the cohesion and survival of the group.

The formal qualities of this mask reveal a masterful balance between stylization and expressiveness. The composition is structured around a powerfully modeled, architectural visage: a prominent, rounded forehead marked by a central groove dominates an angular face whose features are deliberately exaggerated. The most striking elements lie in the horn-like projections, recalling both tusks and fangs, that spring not only from the lower part of the face but also above the eyes, framing the nose. This formal duplication imparts to the whole a singular plastic vigor, as though the mask were unfolding into space. These animal forms, pushed to the limits of stylization, express the union of the human and the wild realms, reminding us that the n'gré embodies a force both civilizing and fearsome. The protrusions symbolize the outward projection of vital energy, as if the mask extended its spiritual power beyond its own boundaries. The gaping, geometric mouth heightens the dramatic tension. The work exudes an impression of density and monumentality, further enhanced by the dark patina, polished through countless ritual handlings. Its deliberately intimidating aspect was intended to inspire a respectful fear, an indispensable condition for the recognition of the spiritual authority it incarnates.

For a comparable example, see the mask held in the collection of the Metropolitan Museum of Art (inv. no. 1985.419.1), whose treatment of volume displays a manifest kinship with the present work.

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